«On est ce que l'on mange», écrivait Jean-Anthelme Brillat-Savarin dans Physiologie du goût, un livre incontournable pour tout amateur de gastronomie.
Je vais paraphraser Brillat-Savarin pour parler de la lecture: on est ce que l'on lit.
La nourriture, pour Brillat-Savarin, doit être élevé au niveau d'un art. Il y a des principes de base à connaître pour la cuisson des viandes, la présentation des fromages, la succession des vins, etc.
De la bouffe ce n'est pas de la gastronomie. Ça comble un besoin élémentaire, mais ça ne vous conduit pas vers la jubilation entourant un bon repas préparé avec finesse en tenant compte que ça doit aussi être digéré par un organisme vivant, et non pas par une bétonneuse.
Brillat-Savarin n'aurait certainement pas mangé une tranche de baloney. Je sais qu'il faut écrire saucisson de Bologne en français, mais c'est insulté les Bolognais que d'associer cette nourriture à chien à de la bouffe. Baloney ça rapproche plus de l'usine où l'on produit en série ce mastic carné synthétique.
«On est ce l'on mange.» Je veux bien croire qu'on n'a pas toujours le choix de décider ce que l'on mange. Cependant, n'importe quel imbécile devrait savoir faire la différence entre des langoustines à l'ail et du baloney en termes de raffinement spirituel associé à l'acte de manger.
À moins que cette personne n'aime pas le poisson.
Alors, qu'elle mange du baloney. Je m'en tape.
On ne se privera pas des fruits de mer à cause de ceux qui n'aiment pas le poisson, les épices, l'ail, les oignons, le brocoli, les pois verts, le piment, bref de ceux qui n'aiment vraiment que le baloney.
Mangez-en du baloney. Mangez un char de baloney.
ON EST CE QUE L'ON LIT?
Où en étais-je?
Ah oui! On est ce que l'on lit...
Je lis Les Relations des Jésuites en ce moment. J'ai le tome 1, qui relate les débuts de la Nouvelle-France. C'est la seule source écrite disponible pour mieux connaître certaines cultures autochtones presque disparues, dont celle des Iroquois et Hurons-Wendates.
Cette semaine, je suis aussi plongé dans Voyages of Peter-Spirit Radisson. C'est disponible sur Internet par le biais du projet Gutenberg. Le célèbre aventurier Pierre-Esprit Radisson a écrit ce livre dans un anglais approximatif qu'il faut lire à haute voix pour comprendre quelque chose. Il écrit en anglais comme quelqu'un qui pense en français. Radisson est une légende de Trois-Rivières qui est aussi la plus grande figure historique du Canada.
Si je me fie à ma maxime, empruntée de Brillat-Savarin, je suis donc un lecteur de récits historiques. Paf! En plein dans le mille.
J'emprunte un raccourci pour parler de ma maxime parce qu'au fond de moi je n'y crois déjà plus.
Ça ne colle pas du tout.
J'ai perdu tout ce temps à défendre une paraphrase que je suis déjà prêt à renier.
On est ce que l'on lit?
Voyons donc!
Et si je me mettais à lire Hitler, dans le cadre d'études historiques ou par simple curiosité intellectuelle, est-ce que je serais Hitler?
Pas du tout.
J'écris encore des conneries.
Juste pour passer le temps.
J'espère que ça vous amuse.
Et ça, ça vous amuse aussi?
Et ça?
Si vous vous relisez, vous mangerez-vous ? La question se pose Gaétan. La réponse est fort simple; eh bien oui. J'ai écrit de nombreux poèmes (non-édités, pour toutes sortes de raisons), relus, ils goûtent la saveur de mon âme.
RépondreEffacerOseriez-vous vous goûtez ?
Un Drummondvillois qui s'ennuie des Trois-Rivières...