samedi 29 décembre 2018

Une page sombre de l'histoire politique de Trois-Rivières vient d'être tournée.


Une page sombre de l'histoire politique de Trois-Rivières vient d'être tournée.

Le maire Yves Lévesque a annoncé cette semaine sa démission.

Des témoignages plus flatteurs les uns que les autres se sont multipliés. 

Presque trop beaux pour être vrais. Il y a même un peu d'indécence dans ce concert d'éloges qui nous rapproche dangereusement du culte de la personnalité et de ses errances dictatoriales.

Trois-Rivières a enclenché une révolution citoyenne via son actuel conseil de ville.

Désormais, notre cité ne sera plus sous l'emprise d'un démagogue qui pousse l'odieux de mettre sa maladie sur le compte de son principal opposant politique au cours de ses trop longues années de règne: la démocratie.

La maladie est une chose. La démocratie en est une autre. Confondre les deux avec le sort de sa propre personne me semble de la perversion narcissique poussée à son comble.

Trop souvent les Trifluviens et Trifluviennes ont failli dans leurs devoirs et responsabilités envers la défense de leurs droits légitimes.

Je ne peux pas leur en vouloir. De Duplessis à nos jours, le culte de la personnalité a toujours connu des temps heureux aux Trois-Rivières. Cet état d'esprit nuit encore à notre développement. 

Il en dit long sur la fragilité de nous-mêmes face à nos institutions mal soutenues. Nos institutions démocratiques décrépies comme ces pyramides de gypse qui s'effritent en moins d'une génération.

Néanmoins, l'histoire n'appartient à personne.

Ceux et celles qui viendront pourront juger par eux-mêmes l'homme et son époque.

Triste époque selon moi.

L'avenir s'annonce meilleur.

C'est comme si un vent de fraîcheur soufflait sur la ville.

C'est comme si nous retrouvions enfin le sens du mot démocratie.

Merci aux conseillers municipaux de ramener l'ordre et la raison dans ma ville natale: Trois-Rivières.

jeudi 20 décembre 2018

Les mains sales

Je me souviens vaguement d'avoir lu Les mains sales de Jean-Paul Sartre. En fait, je me souviens vaguement d'avoir lu Sartre. La Nausée était un roman un peu broche à foin qui rappelait vaguement L'Étranger de Albert Camus, lequel roman rappelait aussi vaguement Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Sartre est toujours ronflant, ennuyant, parle pour rien dire et écrit n'importe quoi sans vraiment le comprendre lui-même. C'était à la mode dans les années '60 pour une raison qui m'échappe. De nos jours, je pense bien que Sartre doit être sur le point de disparaître de notre mémoire collective et cela me semble sain. Il y a des limites à faire semblant.

Les mains sales est une mauvaise pièce de théâtre de laquelle je n'ai rien retirée. Sinon que Sartre tentait d'ajouter un peu d'existentialisme au marxisme pour se montrer lui-même indispensable, malgré qu'il ait toujours eu les mains propres.

J'y fais référence par habitude. Parce qu'Untel rappelle de temps à autres qu'il faut parfois avoir du sang sur les mains pour faire avancer ses idées. Il se réfère alors aux Mains sales de Sartre qui, pourtant, ne touche pas tant à cette idée.

L'essentiel de mon propos touche aux mains.

Aux mains qui peuvent être sales ou propres.

L'intellectuel rappelait indirectement qu'il  avait les mains propres, mais que le monde de la justice et de la Grande Idée n'adviendrait pas sans avoir les mains sales.

Il faudra donc étriper son lot d'ennemis en méditant sur le sens de l'existence...

C'est ça, la philosophie...

Du moins, une part importante de l'existentialisme dans sa version sartrienne.

Contrairement à Sartre, Albert Camus avait les mains sales.

Il a vraiment fait partie de la Résistance. Il a pris et porté les armes contre les fascistes. Il ne s'est pas camouflé sous les oripeaux de la littérature pour rédiger dans une langue opaque sa soi-disant rébellion contre le fascisme: Les mouches, Les mains sales...

Pourtant, Camus m'a toujours semblé plus humain et plus digne que Sartre dans ses positions publiques.

Jamais Camus n'a justifié l'injustifiable. On n'a jamais pu compter sur Camus pour défendre les massacres commis par les jeunesses maoïstes au cours de la Révolution culturelle chinoise. Camus n'a jamais considéré les massacres comme une «bagatelle», comme un événement naturel de l'histoire en marche.

Je ne m'embarquerai pas dans une controverse entre Camus et Sartre.

Vous vous doutez bien que je suis cent fois plus près de Camus que de Sartre.

Premièrement, parce que Albert Camus était aussi un authentique artiste, c'est-à-dire un écrivain.

Ce que n'a jamais été Jean-Paul Sarte malgré toutes ses pages insipides qu'il a pu écrire au cours de sa longue vacuité qui ferait passer l'être pour du néant.

La vraie pensée philosophique, évidemment, se tient toujours loin des salons et des coteries.

Il ne pouvait rien sortir de bon de Sartre.

Parce qu'il singeait les émotions, les attitudes, les déclarations.

Je ressens toute sa profonde malhonnêteté intellectuelle, sa vanité, sa fatuité.

Jamais je n'ai ressenti ce petit iota de respect pour son statut de vedette immérité.

Tandis que Camus, il m'arrive encore de le lire et de le méditer.

***

J'ai les mains sales.

D'abord parce que je suis de basse extraction.

Il est difficile d'imaginer un petit gars né dans un quartier pauvre de Trois-Rivières qui n'ait jamais mis ses mains dans la merde. C'est notre destin commun. Nous sommes nés pour patauger dans la merde, sous le regard indifférent des habitants de la Haute Ville.

Là d'où je suis, nous sommes un peu comme des parias de la plus basse caste qui soit. Nous naissons pour aller à l'usine ou à l'aide sociale. Si d'aventure l'usine ferme, on se désolera parmi les notables que l'on envoie tant de pauvres à l'université alors que leur seule université devrait être l'usine. Ils feront entendre cette version-là de leur réalité, l'imposeront subtilement à tout le monde. Celui ou celle qui rêvera de devenir universitaire se fera ramener à son rang par des crapules à cravates qui trop souvent puent de l'intérieur. Il n'y en aura pas de facile. Ce sont encore les gosses de riches qui passeront en premier pour perpétuer le Désordre Social et l'injustice qui vient avec.

Bien que j'aie les mains sales, je me refuse à voir la violence comme un moyen politique.

Cela ne veut pas dire que je vais me laisser faire ou bien que je vais tendre l'autre joue.

Cela veut simplement dire que l'on ne sort pas son arsenal nucléaire tous les jours.

J'ai les mains sales d'aider ce système en lequel je ne crois pas en y collaborant directement ou indirectement.

Je m'efforce de combattre en moi-même ce qui n'est pas moi-même.

J'y réussis plus ou moins bien.

Je ne suis pas tout à fait un ange, mais certainement pas un diable.

Et je ne vous lancerai pas une mode intellectuelle demain matin.

Je veux seulement vivre et laisser vivre. Aider la vie autant que faire se peut. Me maintenir debout et respirer sans crainte.

Je conçois que les mains sales n'aient rien à voir avec cela.

C'est idoine pour Sarte et Camus. Je me permets ce genre de digressions pour je ne sais trop quelle raison. Je m'abandonne moi aussi à rabaisser la philosophie au niveau d'un strudel aux pommes.

Pourquoi pas?

C'est moins fatiguant que la réalité.

Moins complexe.

Et puis ça fond dans la bouche.

Même s'il se peut que l'on ait ensuite les mains sales.













mercredi 19 décembre 2018

Trotsky



Je termine de visionner la série russe Trotsky.

C'est disponible sur Netflix en version originale russe avec des sous-titres en français.

La série a été produite par Konstantin Ernst en 2017.Le populaire acteur russe Konstantin Khabenski tient le rôle de Léon Trotsky.

La série est bien faite. L'ombre de Dostoïevski semble planer au-dessus d'elle. La psychologie des personnages se rapproche de Crimes et châtiments ou bien du roman Les Démons. Pascal disait que qui veut jouer à l'ange fait souvent la bête. La série explore toutes les zones sombres de Trotsky et du pouvoir politique.

La révolution est financée par les banquiers allemands. Et, comme Poutine, Trotsky se retournera contre ceux qui l'ont porté au pouvoir.

La série peut se prêter à toutes les interprétations. D'où le génie de sa conception. Elle servira autant la cause des adorateurs de Trotsky que de ses accusateurs.

Elle nous montre surtout l'âme russe racontée par elle-même plutôt que par des esthètes exsangues.

Même les histoires d'amour n'y sont pas banales ou anodines. C'est très bien fait et, pour tout dire, passionnant.

mardi 18 décembre 2018

Kitché Manitou

J'ai consacré l'essentiel des deux dernières semaines à mon nouveau travail. Il exige des compétences, des formations, des certificats. Mes congés se sont transformés en journées de formation. J'ai renouvelé ma carte de secouriste pour le RCR et les premiers soins. Je peux donner des médicaments. Je peux faire ma job.

***

Il y a certainement une dimension spirituelle dans le fait de reprendre un métier que j'ai pratiqué il y a 30 ans. Un métier que j'avais abandonné depuis 30 ans pour me promener à travers les méandres de l'administration ou bien de l'organisation communautaire.

Plutôt que de finir mes jours à me sentir inutile, à enrichir des chacals ou bien des pervers narcissiques, je me suis dit que ce serait dans la droite ligne de ma philosophie que de tout abandonner pour aller prendre soin d'autrui.

Plutôt que de philosopher sur le sort des gens, je vais les aider, tout simplement.

Plutôt que d'élaborer des grandes théories, je mettrai en pratique l'empathie et la bienveillance.

Tout le reste, l'argent et même l'image que me renvoie le miroir sont sans importance.

L'essentiel consiste à être pleinement ici et maintenant, avec mes frères et soeurs humains.


***

Cela fera bientôt un an que j'obtiens des résultats dans ma quête spirituelle.

Je me sens parfois submergé par des émotions que je ne peux pas expliquer.

Je vais dans mon petit sous-bois, seul, et je prie Kitché Manitou ainsi que mes défunts.

C'est ma centrale d'énergie.

Il se peut que ce ne soit que mes lubies.

Permettez-moi d'apprécier mes lubies, de les tenir pour aussi vraies que l'amour, l'amitié et autres données abstraites qui ne s'expliquent pas selon une vision positiviste, une déformation matérialiste de la conscience en éveil.

Je ne dis pas que j'ai raison.

Je dis seulement que j'ai une sensation.

Un feeling.

Une fringale d'éternité comme dirait Rimbaud ou bien Ti-Gus.

***

Rien n'est plus froid qu'une pensée froide sur la vie.

Même le mensonge semblerait plus humain qu'une vérité froide.

Dire que l'amour n'est qu'un échange de fluides corporels est un peu court.

Dire que ce n'est que de l'habitude ou bien de l'instinct grégaire ne me suffit pas.

L'amour c'est beau, noble, intense, pur... Ça ne peut pas être une formule mathématique.


***

Selon les mythes des Anishnabés (Algonquins) Kitché Manitou alias le Grand Esprit rêva le monde avant que de le créer. C'est pour concrétiser son rêve qu'il le créa. Il créa l'être humain en dernier, après avoir créé toutes choses et toutes créatures. Il ne lui donna pas la plus grande force, ni la plus grande vitesse, ni la vue la plus perçante. Cependant il lui donna le plus beau cadeau de tous: celui de rêver.



mercredi 12 décembre 2018

Engeance de vipères

Un vieux prêtre est assis dans un café avec deux vieilles religieuses.

Ils parlent de théologie, de ce qui est convenu et convenable en matière de célébration.

Puis le vieux prêtre tombe ensuite dans la médisance. Il se moque d'un jeune qui profite du Wi-Fi du café sans rien acheter. Puis il se moque d'un autre et encore d'un autre.

Si le Christ avait été là, je pense que ça aurait très mal fini avec le curé et cette engeance de vipères qui peuplent le clergé.

mardi 11 décembre 2018

Guérir de la sensation d'être inutile

La sensation d'être inutile disparaît dès qu'on aide quelqu'un.

C'est tellement simple, quand on y pense, qu'on se demande pourquoi tant de gens ont l'impression de ne servir à rien...

La devise de Lucifer, d'ailleurs, est non serviam: je ne servirai pas.

On se sert de cette devise, de coutume, pour signifier qu'on ne suivra pas l'avis de la majorité, surtout quand cet avis est débile.

On pourrait aussi l'utiliser pour signifier les limites de ne servir à rien, d'être totalement inutile parce qu'on n'aide jamais personne.

***

Le narcissisme et l'anxiété sont les fondements des sociétés de type occidental.

Pour nous, le partage est une affaire d'État, jamais une affaire personnelle.

Devenir une meilleure personne, plus accueillante, plus empathique, n'apparaît aucunement dans nos devoirs.

On en veut pour notre argent, en toutes circonstances.

On paie pour se disculper et se dispenser de toute action, bonne ou mauvaise.

Avant que de commettre quelque acte de charité il faut toujours se demander si cela peut nuire à notre carrière et à nos intérêts.

Après moi le déluge est la devise classique de mon époque et de ma civilisation.

Le sentiment d'être inutile, ce spleen répété inlassablement par les écrivains nihilistes russes, ne mène à rien.

Tchekhov en a montré les limites dans Salle 6. J'en ai déjà parlé, ici sur mon blog.

Philosopher alors qu'on aurait les capacités d'agir pour changer concrètement les choses ne mérite finalement que mon mépris.

***

Je reviens souvent sur cette parabole de Dostoïevski racontée via Ivan Karamazov.

Ce dernier raconte le poème qu'il est en train de rédiger.

Un poète se trouve sur le bord de la plage et voit un naufrage au loin.

Et vous savez ce qu'il en pense?

-Ne regardez pas les naufragés au loin qui se noient, mais moi qui souffre de les voir se noyer.

Toute la sagesse de notre monde se résume à cette parabole.

Des tas de petits merdeux qui ne font jamais ni le bien ni le mal qui regardent les autres mourir au loin sans rien faire, en faisant semblant d'être triste comme l'enfer...

Cette tristesse ne vaut rien: c'est du toc!

Notre monde ne vaut rien: c'est aussi du toc.

***

On a beaucoup parlé de la révolution russe qui a eu 100 ans l'année dernière.

On a souvent parlé de la lutte entre l'Armée Rouge et les l'Armée Blanche mais jamais du coup d'État des bolcheviques qui a tué la révolution russe dans l'oeuf.

Cette révolution a débuté dans la rue, un 8 mars 1917. Des milliers de femmes sont descendues dans la rue pour réclamer du pain et l'abdication du tsar Nicolas II. Les partis politiques ont d'abord dénoncé ces manifestations qui ne venaient de nulle part. Puis ils ont tenté de récupérer les revendications des foules en colère, comme toujours.

On ne peut pas refaire l'histoire malheureusement.

Elle aurait été toute autre si Vladimir Korolonko, opposant au tsar, écrivain et tolstoïen convaincu était devenu président de la jeune république de Russie.

Je m'étonne qu'on ait si peu parler de cet homme.

Comme je m'étonne que l'on connaisse si peu Varlam Chalamov, un autre personnage méconnu de cette révolution avortée.



dimanche 9 décembre 2018

Bonne fête Jeannine...



C'est l'anniversaire de ma défunte mère aujourd'hui.

Les 9 décembre ne seront plus jamais les mêmes depuis qu'elle nous a quittés il y a deux ans.

J'ai une pensée spéciale pour ma mère, Marie Gaétane Jeannine René.

Je sais qu'elle veille sur moi, quelque part.

Je porte son histoire.

J'ai ses doigts habiles, sa bouche, ses ricanements.

Et puis j'exerce le seul métier qu'elle aura vraiment aimé: préposé aux bénéficiaires.

Bonne fête mouman.

mardi 4 décembre 2018

Les 36 façons de s'en faire

Il n'y a pas trente-six façons de s'en faire.

En fait, il y en a bien plus.

Les gens aiment bien quantifier les états et les choses.

Ça les rassure de pouvoir les compter.

Il y a dix commandements.

Il y a 101 dalmatiens.

Il y a 1000 babouins.

On compte les moutons pour s'endormir et, au bout d'un temps, le cerveau est repus de chiffres et s'enfonce dans le monde des rêves.

Il y a donc plusieurs façons de s'en faire.

Pas trente-six.

Ni quarante-trois.

Plusieurs.

Qu'est-ce à dire?

Rien.

Comme d'habitude.

Il faut bien savoir jouer un peu avec les chiffres et les lettres.

Appelons ça de la petite littérature.

Un exercice littéraire.

Un délire spontané.

D'autres, plus audacieux, qualifieraient cela de poème.

Moi, plus prosaïque, je dirais que ça m'a détendu les doigts.

Je ne m'en fais pas du tout.

Ne vous en faites pas.

J'ai les doigts bien légers.

C'est le temps de prendre ma guitare.

Et peut-être de retourner un moment ailleurs.

Là où la guitare finit par reposer en équilibre sur mon ventre pendant que je ronfle.

Oui.

dimanche 2 décembre 2018

Mon Docteur Jivago

Docteur Jivago m'inspire une vie à hauteur d'homme.

Alors que tout le monde s'entre-tue, Docteur Jivago sauve des vies.

Il réchauffe des coeurs, concrètement, sans hésiter de se salir les mains.

C'était assez pour que j'en fasse le thème d'une toile.

Un hommage à Boris Pasternak et à la littérature russe classique.