lundi 31 décembre 2007

N'AIE PAS PEUR

Je n’ai pas beaucoup en commun avec Jean-Paul II sinon que j’ai fait mon école primaire dans la P’tite Pologne, un quartier pauvre de Trois-Rivières. Je n’ai jamais su pourquoi cela s’appelait la P’tite Pologne. Peut-être parce qu’il y avait des immigrés polonais. Ou parce qu’il y eut tout simplement une confusion entre le saucisson de Bologne, communément appelé baloney, et la Pologne. Si vous savez pourquoi, faites-le moi savoir s’il-vous-plaît.

Quoi qu’il en soit, j’ai presque fait mienne la formule de feu Jean-Paul le Deuxième. «N’ayez pas peur.»

Évidemment, il y a quelque chose de pontifiant dans la formule. Je lui préfère ma correction : «N’aie pas peur.»

Parlez pour les autres, émettre des lois, ce n’est pas mon truc.

Par contre, je peux très bien vivre de mes formules revues et corrigées.

J’ai souvent pris de mauvaises directions dans la vie, mon tempérament impulsif me jouant de mauvais tours. Je serais non seulement prétentieux mais aussi sans cœur que de me poser en leader éclairé. Je ne suis ni l’un ni l’autre, ni leader, ni disciple, ni éclairé, ni tout à fait ignorant.

Je suis juste ce que je suis parce que je suis ce que je suis, vous me suivez?

C’est comme pour Borgne le marin, alias Popeye : «I am what I am cos’ I am what I am, I’m Popeye the sailor man!» (Tou! Tou!)

Je suis un con un jour, le lendemain presque brillant, et la plupart du temps, eh bien, je suis ce que je suis et je n’ai pas peur.

La Boétie disait que la force des maîtres provient de la peur de ceux qui sont à genoux. Que disparaisse cette peur et les maîtres se retrouveront très seuls face aux milliards d’esclaves qui n’auront plus peur.

Max Stirner, dans L’Unique et sa propriété, un livre très peu lu sans doute, reprenait sensiblement la même idée. Il rapportait entre autres l’histoire du philosophe cynique Lucianus qui traitait Caligula de salopard incestueux. Caligula tuait tout son entourage d’un claquement de doigts. Il fît arrêter le philosophe et ordonna qu’on l’amène devant lui. Le philosophe répéta devant Caligula tout ce qu’il avait dit, à savoir qu’il était un salopard incestueux et tout le reste. Et vous savez quoi? Caligula ne le tua pas. Il le laissa libre. Pourquoi? Parce que c’était la première fois que Caligula n’avait pas une lopette devant lui, une sacrée lopette qui lui lècherait la mousse entre les orteils. Pour la première fois, depuis qu’il était l’empereur de Rome, Caligula rencontrait un homme, et non pas une imitation d’homme, comme tous ces courtisans, lopettes et sénateurs obéissants.

La peur, dans tous les cas, est malsaine.

Elle paralyse non seulement l’action mais aussi le cerveau.

N’aie pas peur, que je me dis.

Fonce.

Et mieux vaut se planter que de faire semblant d’essayer.

Remarquez que c’est facile pour moi de ne pas avoir peur.

Je ressemble à Shrek.

Un ogre, Shrek c’est moi tout craché.

Les gens changent de trottoir quand je marche la nuit.

Mes six pieds deux pouces trois cent vingt-cinq livres imposent le respect.

N’aie pas peur?

Elle est facile, celle-là…

Je devrais plutôt me dire «Ne fais pas peur.»

Ou bien visiter la Pologne.

Je vous quitte sur cette histoire fascinante.

Bonne fin d’année 2007.

On se retrouve l’an prochain à Jérusalem ou ailleurs, si mon portefeuille le veut.

dimanche 30 décembre 2007

MON BILAN 2007 - PRISE 2

Mon bilan de l’année 2007? Je pose la question à ma blonde qui me répond, laconiquement : «Le monde est plus fou qu’il était, c’est tout’e!».

Si je ne m’en tenais qu’à cette réponse, je passerais tout de suite à un autre sujet. Cependant, je veux bien me prêter un peu à l’exercice.

En 2007, il y a eu des guerres, des famines, des catastrophes naturelles, des cataclysmes politiques, des tueries insensées et des explosions de nihilisme un peu partout sur la planète.

Comme l’an passé?

Comme l’an passé.

Et cette année, ça se passera comment?

LA FIN DU MONDE EST PRÉVUE POUR LE 21 DÉCEMBRE 2012

Hier, à Canal D, j’ai visionné un documentaire gnangnan sur la fin du monde qui, selon une vieille prévision maya, devrait survenir lors du solstice d’hiver de l’année 2012, soit le 21 décembre 2012. Le 21.12.2012…. La terre sera alignée avec le soleil vers le centre de la Voie Lactée, où se trouve un trou noir, comme le savent tous les astrophysiciens. Tous ces chiffres qui se suivent, ces deux, ces uns et ce zéro… Les Mayas connaissaient le calendrier grégorien? Quelle science…

Les prédicateurs qui passaient chez-nous, quand j’étais jeune, se faisaient revirer de bord assez vite par mon père quand ils venaient lui faire peur avec la fin du monde. «La fin du monde, c’est quand j’va’s mourir. C’est d’même pour tout le monde.»

Mon père est mort, et pourtant son souvenir ne meurt pas.

J’en conclus qu’il n’y aura pas de fin du monde.

Arrêtez de me faire scier avec ça.

La fin du monde, c’est quand j’vais crever.

MES BONNES RÉSOLUTIONS

-Quelles seraient tes bonnes résolutions pour 2007? que je demande à ma blonde.

-Fermez ma gueule plutôt que de jaser avec des idiots, qu’elle me répond.

J’espère qu’elle ne me prend pas pour un idiot parce que je n’arrête pas de lui poser des questions aujourd’hui.

La résolution me semble bonne.

Je ne sais pas si je vais la prendre.

Au fait, est-ce nécessaire d’attendre le 1er janvier pour prendre des bonnes habitudes?

Bon. Là je viens de dire à ma blonde que je parle d’elle dans mon blogue. Elle en rajoute : «Ma bonne résolution ce pourrait être aussi laissez croire aux idiots qu’ils ont raison.»

Hum? Elle en est incapable.

Pour le moment, donc, je n’ai pas de bonnes résolutions, sinon quelques niaiseries qui font déjà partie de mes bonnes habitudes : moins de viande rouge, saines habitudes de vie, etc. Pas de trouble avec ça, les légumes et le reste. J’ai gagné sur ce point.

On verra dans le temps comme dans le temps pour mes défauts et tout le reste.

La fin du monde, c’est quand j’vais crever.

MES PRÉDICTIONS

L’ordinateur portable sera vendu moins de 200$ chez Wal-Mart.

Le disque compact va rejoindre la cassette 8 pistes au cimetière des vieilles technologies.

Le Pakistan sera une démocratie libérale où il fera bon vivre et planter des lilas devant sa maison.

Céline Dion portera une barbe postiche dans un film posthume de Louis de Funès.

samedi 29 décembre 2007

Mon bilan de l'année 2007

Cette année, il ne s'est rien passé.
Nous avons tous eu l'illusion qu'il s'était passé de nobles et de mauvaises choses.
En fait, cette illusion représente l'événement de l'année, l'illusion qu'il s'est passé tout plein de trucs, ici et là, alors qu'il n'y avait absolument rien.
Mon bilan de l'année? Néant. Non pas parce que je professe une quelconque forme de nihilisme, bien au contraire, mais tout simplement parce que je suis objectif avec les faits. Et le fait est qu'il ne s'est rien passé.
Bien sûr, vous allez me citer ceci ou cela et encore plein de trucs qui ne sont que des mots lancés comme ça, à la va comme je te pousse, rien que pour prouver que vous êtes branchés ou que vous lisez les journaux, si vous avez plus de quarante ans et tremblez encore d'effroi devant un clavier d'ordinateur.
Bref, il ne s'est rien passé et vous pourrez dire n'importe quoi, d'ores et déjà je ne vous crois pas. C'est de la frime ce que vous dites. Je n'ai jamais entendu parler de ça. Ces noms de famille et ces noms de pays que vous me citez me sont parfaitement inconnus. Avez-vous vraiment les deux pieds bien sur terre? Vous prenez trop de pilules, c'est certain. Le mal du siècle, ce n'est pas ces noms inconnus que vous citez, non, le mal du siècle c'est l'épuisement mental, qui fait dire à quelqu'un qu'il s'est passé des tas de trucs cette année alors qu'il ne s'est rien passé du tout.
La preuve? Écoutez, vous n'entendez pas?
(Long silence.)
Rien. Il ne s'est rien passé en 2007.
Et je souhaite qu'il ne se passe rien en 2008.
Merci beaucoup.

PS: Je me sens comme ça aujourd'hui. C'est con, je sais. Demain, je vous citerai tout plein de noms et d'événements et vous regretterez ce texte aussi réconfortant qu'un bon bouillon de poulet. On aime lire des conneries, pas vrai? Ça se lit comme l'on slurpe avec appétit une bonne sousoupe.
Voici mon bilan visuel de l'année 2007, pour ceux qui m'en voudraient d'avoir écrit un texte aussi nul.

jeudi 27 décembre 2007

QUEL EST LE RAPPORT ENTRE NOËL ET L'ÎLE DE PÂQUES?



La chaîne Historia présentait hier après-midi Rapa-Nui, un film de Kevin Reynolds mettant en vedette Jason Scott Lee, Esai Morales et Sandrine Holt. C’est un très beau film avec de belles scènes de nudité puisque l’action se passe à l’époque de la construction des énormes statues de pierre plantées un peu partout sur l’île, une époque moins pudique que la nôtre sans doute.
Rapa-Nui est une tentative d’interpréter la civilisation unique de l’île de Pâques, une île perdue au milieu de l’océan Pacifique, peuplée par des hommes qui se croient les derniers humains de la terre.
Les habitants de Rapa-Nui sont divisés en deux classes, les Grandes-Oreilles représentant le pouvoir royal et les Courtes-Oreilles, esclaves entièrement dédiés à la construction des gigantesques statues.
Toute l’énergie de la communauté est canalisée vers la construction de ces statues.
Pour produire des statues, il faut monter des échafauds. Pour monter ces échafauds, cela prend du bois. Eh bien ces imbéciles ont coupé tous les arbres de la forêt pour que les statues soient toujours plus hautes. C’est le désert et la désolation qui s’installent dans l’île Rapa-Nui. Évidemment, ce n’est pas l’historien qui parle ici, mais le critique de cinéma improvisé que je suis.
Vient un jour où il n’y a plus de bois, plus de bouffe, plus rien, et y’en a marre chez les esclaves de suer sang et eau pour ces statues stupides alors que l’estomac gargouille et que la marmaille meurt. Les sermons des prêtres n’ont plus aucune influence sur les esclaves. Que se passe-t-il alors? C’est la révolution.
«Vos statues, vous pouvez vous les crisser dans l’cul!», crient les esclaves, en fonçant vers le village des Grandes-Oreilles. Du coup, les Grandes-Oreilles se font tous massacrer. Dieu est mort. Le pouvoir magique des statues, ce n’est que de la connerie. On abat les statues. On mange la chair des Grandes-Oreilles. L’ordre est aboli et il n’y a rien pour le remplacer. L’île sombre dans le cannibalisme.
Morale de l'histoire: un couple de tourtereaux tente sa chance de fuir l’île, sur un frêle esquif, dans l’espoir qu’il y ait quelque chose «ailleurs», l’espoir qu’il y ait une terre au bout de l’océan, une île où l’on puisse vivre libre et heureux, loin de Rapa-Nui, cette île ravagée par les horreurs de la guerre civile.

QUEL EST LE RAPPORT ENTRE NOËL ET L’ÎLE DE PÂQUES?

Ouin. C’est quoi le rapport? J’y viens.
Eh bien, j’ai l’impression que nous sommes devant Noël comme les esclaves de l’île de Pâques. Nous avons élevé des statues pendant des lustres, sans nous questionner, pour nous rendre compte un jour que ces statues sont vides de sens, qu’elles représentent notre souffrance, notre misère, bref notre esclavage. Quelques prêtres s’agitent pour nous rappeler l’importance de s’agenouiller devant les statues ou les croix, mais nous les esclaves, nous en avons marre de tout ça. Je n’ose même pas imaginer la suite. J’espère que cela ne se passera pas comme dans le film. D’autant plus que j’ai de grandes oreilles…


mercredi 26 décembre 2007

LA MUSIQUE, FOGLIA, LES RACISTES ET LES ACCOMMODEMENTS RAISONNABLES



La musique est mon illusion suprême. Je lui prête toutes les qualités, comme un collégien qui viendrait tout juste de découvrir la poésie et mènerait une vie dissoute par souci de ressembler à Rimbaud ou Jim Morrison. Cela dit, je ne veux ressembler à aucun de ces voyous et mon foie n’a pas l’intention de me laisser mener une vie dissoute. Par contre, je suis encore ébloui par la musique, comme un enfant qui déballe des cadeaux, une comparaison qui m’évitera ces digressions sur Rimbaud et Morrison...
Les figures de style m’épuisent, surtout un lendemain de Noël. Vous vous doutez bien qu’hier j’ai mis en valeur mon illusion suprême, la musique, au risque de casser les oreilles de tout le monde.
Je m’en foutais éperdument, quoi qu’il en soit, puisque c’était Noël pour moi aussi. «Excusez-là» d’avance, mais je voulais jouer de l’harmonica, de l’accordéon, de la guitare, du tambour, de la cuillère, etc.
Alors j’ai joué, joué et joué.
Filou (c’est le surnom affectueux du fils de ma blonde) a sorti sa guitare et le beau-frère slave a apporté ses instruments de percussions, dont son tambour et… sa planche à laver! Nous avons jammé sur tout et n'importe quoi, de Highway to Hell du groupe AC/DC en passant par Oscar Thiffault, U2, Johnny Cash et Paul Brunelle.
Les guitares chauffaient. Le beau-frère slave tapait sur son tambour avec son inimitable style. Filou m’impressionnait avec son jeu de guitare. Le voilà pleinement converti à la musique. Cela m’émeut, vous ne pouvez pas savoir comment…
J’ai poursuivi la musique avec le beauf slave tandis que les autres socialisaient. Nous avons formé un petit band maison. C’était, par moments, comme dans une veillée de Noël à Dubrovnik ou bien dans une scène d’«Un violon sur le toit».
Bref, j’ai passé un beau Noël tout en musique sans même abuser de la bouffe ou de l’alcool, comme quoi la musique peut tout faire. Elle adoucit les mœurs autant qu’elle peut vous empêcher de grossir.
ET ENCORE DE LA MUSIQUE…
Au fait, connaissez-vous Matishayu? C’est un juif orthodoxe qui chante du reggae mâtiné de hip-hop. Pour la petite histoire, rappelons que le reggae est fondé, entre autres, sur les croyances des rastafariens, secte religieuse jamaïcaine dont faisait partie Bob Marley. Les rastafariens croient qu’ils sont la treizième tribu d’Israël et qu’un jour ils reviendront tous vers la Terre Sainte, l’Éthiopie.
Les rastafariens croyaient que l’empereur d’Éthiopie, Hailé Sélassié, était le dieu vivant qui allait les ramener vers l’Afrique… Pour en savoir plus, en français, je n’ai rien trouvé de mieux que cet article tiré de la très pratique encyclopédie virtuelle Wikipédia.
En 1979, par ailleurs, Israël a reconnu la «judaïté» d’Éthiopiens qui, sur cette base, ont pu immigrer en Israël. Ces juifs noirs d’Éthiopie ont peut-être aussi de lointains parents du côté de la Jamaïque. Comme quoi le métissage se fait dans toutes les communautés.
Et Sandor Lakatos, ce gitan virtuose du violon, le connaissez-vous? Écoutez ça pour voir… Pour voir, puisque sur YouTube on voit vraiment ce que l'on écoute.

FOGLIA, LE RACISME, LES BONS SENTIMENTS ET LES ACCOMMODEMENTS RAISONNABLES

Pierre Foglia, chroniqueur de La Presse, se moque souvent des beaux sentiments des gens qui se prononcent contre le racisme dans le cadre de la commission Bouchard-Taylor. Tout au contraire de Foglia, je me réjouis de ces beaux sentiments. Il y a tellement de caves racistes que je ne dirai rien contre les beaux sentiments, même ceux qui sont à la guimauve. Le ressentiment de merde d’ignorants incultes et illettrés me fait pas mal plus chier.
Quand un type qui ne sait même pas écrire son nom en lettres attachées vient se moquer des «nègres» qui chauffent des taxis, je pense tout de suite à Évariste, un Rwandais qui a un doctorat en biologie et qui doit laver de la vaisselle parce que nos élites n’aiment pas être bousculées par des gens qui, en plus d’être noirs, savent lire, écrire et parler plus que convenablement.
Bref, les racistes m’écoeurent et ceux qui les défendent font partie du nombre. J’aime mieux avoir l’air d’un niaiseux accueillant et hospitalier que d’être un hostie de cave intolérant et raciste, un hostie de crétin qui se permet de juger les autres sur la couleur de leur nombril alors que ça sonne creux dans son cœur et dans sa tête.

Un raciste c’est un cave et, pendant le Temps des Fêtes, c’est la première chose à dire en arrivant dans un party pour éviter d’avoir à supporter des jérémiades racistes : «Moé, j’pense que les racistes sont des astis d’caves.»

Dites-le bien fort pour éviter qu’un «mononcle» ou un beau-frère ne se mette à vous vomir ces conneries sur les noirs, les juifs, les arabes, les indiens et les étrangers. «R’garde, selon tes critères j’fais partie d’ta race, pis moé j’trouve que ta race pue d’la yeule…» S’il persiste, prenez-le comme une déclaration de guerre. Ne laissez pas les racistes prendre le plancher. Faites-moi le plaisir de les humilier en public. C’est tout ce qu’ils méritent pour Noël les tabarnaks.
Pour le Jour de l’An, passez-leur un sapin. Faites-leur ravaler leur vomi identitaire. Riez-leur en pleine face en les traitant d’imbéciles. Imitez l’accent joual, prononcez-le très fortement pour marquer qu’ils sont mal placés pour rire de l’accent des autres alors qu’ils s’expriment en «taouins» ahuris qui n’ont rien dans la cavité crânienne.

S'ils persistent encore, posez-leur des questions sur la physique quantique ou la littérature marocaine, n'importe quoi pour bien leur faire comprendre qu'ils ne savent rien et qu'ils sont, vraiment, des hosties de caves.

Excusez-là.

dimanche 23 décembre 2007

SUIS-JE UN MAGOUA?



Avez-vous déjà entendu parler des magouas? Jusqu’à ce jour, les magouas c’était pour moi un mot mystérieux qui désignaient ceux qui vivent tout croche et veulent tout casser, sans fouiller plus. On disait «c’t’un hastie d’magoua!» ou bien «c’est une famille de magouas».
En naviguant sur le ouèbe je suis tombé sur ce texte publié dans Le Devoir, en 2006, où il est justement question des Magouas, pas les magouas de mon enfance, mais les Magouas en chair et os, population métisse qui vivait et vit encore au Nord de Yamachiche, près de Trois-Rivières.

Les Magouas pourraient être des descendants de ces Algonquins de Trois-Rivières, ville portuaire située au confluent de la rivière Métabéroutin (anciennement St-Maurice) et du fleuve Magtogoek (anciennement St-Laurent).
On a même publié une étude sur le parler magoua. Ça ressemble étrangement au parler de mon enfance. Est-ce une étude sérieuse ou une «joke»? Je me le demande… Cela s’appelle « Les créolismes syntaxiques du français magoua parlé aux Trois-Rivières», une étude de Henri Wittmann. Allez lire ça, si ça vous chante.
Ça aussi, même si c’est Wikipédia, institution snobée pour rien qui rend des services utiles à l’internaute avisé.
J’ai peut-être des ancêtres magouas puisque je parle très bien le magoua, comme l’appelle ce linguiste de l’UQTR.
Conna ça en t’arnak e’l’magoua mwé.
Mwé viens d’Twois-Wivièwes.
Twois-Wivièwes, pô l’Cap-d’la-Magdlène st-crèche mais juste Twois-Wivièwes, Twois-Wivièwes. C'que j'aime à Twois-Wivièwes c'est c'qu'c'est pas Kébek ou Mourial. Non, Twois-Wivièwes c'est Twois-Wivièwes.
Je n’ai rien contre les Magouas, vous voyez bien que je le parle. Je ne l'ai pas appris dans une boîte de Cracker Jack saint-citron...
Au fond, pour tout prendre, j'ai la sensation d'être un Magoua.

Je devrai m'inviter à leur pow-wow l'an prochain pour tirer ça au clair.

Ah! J'oubliais...

Connaissez-vous François Boisvert, chef de la tribu des Serpents? Il aurait été rencontré dans l'Ouest américain, au milieu du XIXe siècle... Un grand chef originaire de Yamachiche, un exilé magoua. C'est sur le blogue Vivre le Québec libre. C'est instructif comme tout. Et cela rappelle que, où que l'on soit dans le monde, il y aura toujours quelqu'un de Twois-Wivièwes pour nous tendre un café ou une bière.

PS: L'image, en exergue de ce blogue, c'est le drapeau métis. Je ne trippe pas vraiment sur les drapeaux. Mais, bon, il faut ce qu'il faut. Je me sentais trop fatigué pour dessiner un Magoua. Numériser des dessins, ça me fait chier.








LES PAUVRES DE TROIS-RIVIÈRES-OUEST...

Quelle belle lettre d’Olivier Gamelin publiée cette semaine dans Le Nouvelliste !
Suite à la tempête de neige, la marche était vraiment devenue un sport extrême à Trois-Rivières. En temps normal, les chauffards sont déjà nombreux à Trois-Rivières, conséquence directe de lois trop permissives envers la conduite automobile.
On traque les fumeurs jusque dans les garde-robes et pendant ce temps les fous du volant ont le champ libre pour écraser n’importe qui, volume au fond, silencieux modifié, avec la froide assurance d'un homme-machine méprisant toute forme de vie bien saignante s'interposant sur son passage.
Je déteste, entre autres, le secteur ouest de la ville, secteur qui n’est pas fait pour les piétons et encore moins pour les pauvres.
Croyez-moi, on se sent moins pauvre parmi les pauvres.
Les pauvres de Trois-Rivières-Ouest font vraiment plus pitié que les pauvres de Ste-Cécile ou de «la p’tite Pologne», où se tissent plus facilement des liens de solidarité et où le jugement des autres pèsent moins lourd. Les pauvres de Trois-Rivières-Ouest me semblent encore plus isolés et plus misérables que tous les autres pauvres de la ville.
La pauvreté parmi les gens aisés est plus humiliante parce que l'on finit par se sentir un paria sans espoir. Être pauvre dans Ste-Cécile, c'est comme avoir une piscine à Trois-Rivières-Ouest: c'est juste normal.
Les pauvres ne sont rien à Trois-Rivières-Ouest. Ils circulent tant bien que mal sur la chaussée jamais déglacée et se font menacer de mort par les fous du volant qui ne seraient que trop contents de les tuer, d’un coup de roue, si ce n’était du risque d’abîmer la peinture de leur véhicule.
Par ailleurs, je me demande pourquoi ça prend trois jours pour déblayer le terminus d'autobus de la STTR, un service public... Je ne parle pas de déblayer toute la ville, mais au moins le devant des hôpitaux et les terminus d'autobus... Est-ce trop demander? Est-ce que la ville avait besoin de bénévoles?
Ça fait trois ans que je prends l'autobus au moins cinq fois par semaine. Le terminus du centre-ville fait dur en tabarnak. Il est dangereux pour les piétons et, vous vous en doutez bien, pour les vieillards et les parents qui traînent leurs enfants en carosse. Ils partagent la chaussée avec les automobilistes aux heures de pointe, risquant leur vie pour ne pas manquer le «transfert».
Quel souci a-t-on pour les pauvres dans cette tabarnak de ville?
Je voudrais bien le savoir...

samedi 22 décembre 2007

The Flying Rabbit

Bernie Moses est un trappeur de la communauté crie de Chisasibi, un village situé à la Baie James. Il est en fait le tallyman de la trapline W-21, située au Nord de la rivière Eastmain. Autrement dit, Bernie est le tallyman (gestionnaire) du lot de trappe W-21 du point de vue juridique canadien. En ce qui concerne Bernie, il est le responsable de la terre et des animaux de sa trapline.
Gouvernement ou pas, Bernie est un Cri. Et un Cri existe pour les animaux, pour la terre, pour les autres et pour tous les éléments. Il n’existe pas par décret, ce Cri. Il existe et habite ces lieux, depuis des temps immémoriaux.
Certains d’entre les Cris, bien sûr, sont devenus avocats, médecins et ingénieurs. Il en faut, dans chaque communauté. Mais il faut aussi des iyéyou (hommes) comme Bernie, pour continuer la tradition. Des iyéyou solides et infatigables.
Bernie est âgé de quatre-vingt-deux ans et parcourt en raquettes un territoire aussi grand que la Suisse. Il vérifie ses pièges, mesure son cheptel, chasse et pêche ce dont il a besoin pour nourrir lui-même et les siens.
L’hydravion fait trois voyages aller-retour par année. Bernie passe à peine quelques semaines par année en ville, en ville c’est-à-dire sur la réserve de Chisasibi. Tout le reste du temps, Bernie vit sur sa trapline.
Bernie parle anglais. Un anglais teinté d’un accent cri, qui prouve que la langue crie est encore bien vivante.
L’écrit ne saurait rendre cet accent, d’autant plus que ses propos seront présentés ici sous traduction. Traduire, c’est choisir.
Ce ne sera pas «trahir», quoi qu’il en soit.
Voici donc la légende du Flying Rabbit, telle que racontée par Bernie Moses à un gars d’Hydro-Québec.
«Ça arrive à un chasseur qui a beaucoup d’années de chasse dans le corps.
-Quoi ça Bernie?
-Avant de te raconter ça, est-ce que je peux te prendre encore du café et du sucre? C’est bon du café.
-Oui, bien sûr Bernie.
-Megwish! Merci…
-Pas de problèmes Bernie… Au fait ton ptarmigan (perdrix blanche) fumé, quel délice!
-Bon, as-tu déjà entendu parler du Flying Rabbit?
-Le lapin volant? Raconte-moi ça Bernie.
-Eh bien ça m’est arrivé en 1971. Ça faisait déjà trente ans que je parcourais ma trapline.
C’était deux jours avant Noël. Tout était paisible. Pas un bruit ni même un craquement. La paix. Puis j’ai aperçu des traces de lapin dans la neige. J’ai suivi ces traces pendant cinq à dix minutes. Les traces m’ont mené au beau milieu d’un lac. Là, plus de traces. Rien. C’était bien le Flying Rabbit. Ça ne pouvait être que lui.
-C’est étrange…
-Oui. Et note bien que cela n’arrive qu’aux chasseurs expérimentés, une seule fois dans leur vie.
-Wachiya Bernie. Megwish.
-Wachiya. Y’a pas d’quoi.»
***
MORALITÉ:
Land of The Cree
Une chanson de Don Charbonneau sur YouTube.

vendredi 21 décembre 2007

MICROMÉGAS EST PARMI NOUS

On relègue facilement à la rubrique des nouvelles insolites les phénomènes inexplicables.
Un phénomène de cette nature s’est produit en Italie, en 2004.
Des chercheurs provenant de toute l’Europe ont déclaré forfait, incapables d’expliquer le phénomène. Que s’est-il donc passé?
«En 2004, une série d’incendies spontanés se déclarent dans le village de Canneto di Caronia, en Sicile. Plus de 180 appareils électroménagers non branchés s’enflamment spontanément, les téléphones portables sont pris de folie, les GPS fondent littéralement.» (Réf. : Courrier International) Allez voir ce reportage...que vous compreniez ou non l'italien.
Dans la suite des événements, le gouvernement italien a créé un groupe de travail regroupant des experts de l’armée et de la protection civile, de même qu’un chercheur de la NASA, qui ont conclu, dans leur rapport, que «(des) technologies militaires évoluées, éventuellement d’origine non terrestre, pourraient à l’avenir exposer des populations entières à des conséquences non désirées. Les incidents de Canneto di Caronia pourraient être des tentatives d’engagement militaire entre des forces non conventionnelles ou un test non agressif visant à l’étude des comportements et des réactions dans une zone faiblement habitée choisie au hasard.»
Par ailleurs, Cyberpresse nous apprend que le Japon se prépare en cas d’invasion extra-terrestre...
Je ne suis pas un névrosé, du genre à sombrer dans la théorie du complot.
Cependant ces deux nouvelles, même si elles figurent sous la rubrique des nouvelles insolites, nous rappellent, en quelque sorte, la présence du monolithe noir, le monolithe du film 2001, A Space Odyssey de Stanley Kubrick.
Sont-Ils là, ici, partout à nous regarder, l’air de rien, comme nous regardons nos vaches?
Est-ce une farce militaire secrète?
Est-ce le champ magnétique de la terre qui n’a pas révélé tous ses pouvoirs?
Est-ce le monolithe?

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui c'est le solstice d'hiver.

Les extra-terrestres peuvent remettre leur invasion au 8 janvier 2008.

Je veux passer un temps des Fêtes tranquille cette année.

PS: Micromégas, c'est le type de Sirius, aussi grand que le dieu micmac Glouskap, qui observe la terre d'un point de vue tout autre que le nôtre, vous le devinez mien. Nous sommes pour Micromégas des sujets d'études parmi tant d'autres. Voltaire a inventé le personnage. C'est disponible dans toutes les bonnes bibliothèques dans la section pleine de poussière.

mardi 18 décembre 2007

DIX MINUTES POUR GLOUSKAP

Je me lance parfois des défis stupides. Comme celui-ci par exemple : écrire un texte qui se calculera en minutes plutôt qu’en lignes, dix minutes en l’occurrence avant qu’il ne soit mis en ligne… N’est-ce pas que c’est con?
En dix minutes, je ne réglerai certainement pas le sort du monde.
Ce n’est pas le temps de se lancer dans des démonstrations exponentielles.
S’il ne me restait que dix minutes à vivre, je ne vous parlerais pas de Mario Dumont, peut-être de Glouskap (voir mon texte du 18 décembre) mais pas du démagogue de Rivière-du-Loup.
Évidemment, je vivrai encore d’ici dix minutes et je pourrais facilement ne vous parler que de Mario Dumont et de sa bande d’anges exterminateurs de l’ADQ. Je ne le ferai pas. Je me ferai plus artiste. Déjà cinq minutes se sont écoulées et je ne vous ai parlé que de Mario Dumont…
Revenons donc illico à Glouskap et aux mythologies autochtones.
Que connaît-on de ces mythologies?
Fort peu, je m’en doute.
On sait qu’il y a une tortue, un loup, un renard et un lièvre…
Peut-être des carcajous, des blaireaux, des ours…
Glouskap? Connais pas.
Et on vit sur leurs terres.
Ce sont nos voisins.
Et on braille que les Canadiens anglais ne connaissent rien de notre culture…
Comme le disait grosso modo un grand chef autochtone, lors du référendum de 1976, «les Québécois devraient se regarder dans les miroirs qu’ils ont échangé contre des ballots de fourrures aux autochtones».
En dix minutes, je n’ai pas le temps de trouver la référence.
Bernard Assiwini?
Un documentaire de l’ONF?
Ma mémoire fait défaut.
Mes connaissances des mythologies autochtones aussi.
Grâce à la bévue de Mario Dumont, je vais maintenant m’acharner à tout connaître de Glouskap.
Peut-être que la prophétie disait vrai…
Peut-être que Glouskap renaît.
Mon dix minutes est écoulé.
Bonne journée!

lundi 17 décembre 2007

Glouskap contre Mario Dumont



Connaissez-vous Glouskap ou Glooskap? J’ai un peu honte de l’ignorer. J’ai du sang indien, comme on dit, mais je suis parfaitement assimilé, c’est-à-dire acculturé face aux autochtones. Je ne parle aucune langue aborigène. J’ai quelques mots en langue crie et en langue wendate qui traînent dans ma mémoire, mais ce ne sont pas des mots dans lesquels j’ai baignés. Je les ai empruntés dans les livres ou dans des conversations furtives avec des autochtones.
Ce sont des mots aussi éloignés de moi que le sumérien. Et pourtant, ces mots sont aussi les miens, il n’y a pas si longtemps, peut-être cent cinquante, deux cents ou trois cents ans, certains de mes ancêtres employaient ces mots. Et ils parlaient de Glouskap avec verve. Glouskap, le géant originel, le Prométhée autochtone, qui a décidé d’employer sa force à faire le bien, pour aider les hommes à surmonter même l’insurmontable, en parfaite symbiose avec la nature.
Que s’est-il passé? Les lois de Glouskap ont été rejetées par l’homme blanc. Son frère jumeau, le faible et vicieux Malsum a pris toute la place jusqu’à ce que Glouskap renaisse et revienne le terrasser. Malsum, loup-garou qui craint la lumière du jour, complote dans l’obscurité pour faire du mal aux animaux et aux hommes. Son temps s’achève. Le temps de Glouskap s’en vient. Le géant reviendra pour aider, une fois de plus, les hommes. Oui, Glouskap sera toujours là pour les aider. Et c'est ce que pensent une bonne partie de nos frères et soeurs autochtones, qu'on entend pas beaucoup parler, parce que nous parlons trop. Dans leur culture, c'est un devoir d'écouter son interlocuteur. Face à un imbécile qui parle trop, l'autochtone reste coi et stoïque, comme le commande sa nature. On ne connaît rien des autochtones parce que nous parlons trop et que nous n'écoutons pas ce qu'ils pourraient nous apprendre, de manière symbolique, pour nous montrer le formidable échec de notre civilisation aux plans métaphysique, spirituel et, surtout, humain.
UN À ZÉRO POUR GLOUSKAP CONTRE MARIO DUMONT
Bravo à Alexis Wawanoloath, Député du Parti québécois dans Abitibi-Est, qui signe cette lettre dans Le Devoir aujourd’hui. Encore une fois, Mario Dumont méritait cette ferme mise au point. Son attitude me lève le cœur : attitude mesquine de visage pâle qui rince son char en parlant trop. Le type idéal de politicien pour dire des conneries. Le député Wawanoloath fait bien de lui donner la leçon. Mario Dumont doit non seulement s’excuser, mais les citoyens de son comté doivent aussi s’excuser de nous envoyer à l’Assemblée nationale un démagogue aux valeurs de plus en plus mesquines et méprisables.
Dumont est sous l'influence de Malsum. Et Glouskap, croyez-moi, va lui en crisser une tabarnak. Dumont est fini en tant que politicien dans la société québécoise telle qu'elle est devenue. Cessez de rêver, conservateurs et grenouilles de bénitier, la grande noirceur ne reviendra pas.
Le Québec est en plein jour, avec Glouskap, contre les tueurs de bison...
Kwé-kwé.
Iro.
Wachiya Iyéyou!

samedi 15 décembre 2007

NI DIEU NI MAÎTRE

Je suis sceptique en toutes choses.
Vous me montrez quelqu’un qui prétend sortir de son corps et, comme cela ne m’est jamais arrivé, que voulez-vous, je doute.
Vous me dites qu’il a marché sur les eaux et je me souviens plutôt des deux fois où j’ai failli me noyer.
Vous m’affirmez qu’il est le seul et unique prophète et, à voir vos yeux exorbités de foi, je doute toujours plus de vos capacités intellectuelles.
Je suis fait comme ça. Ce que je n’ai jamais expérimenté, jamais vu, je n’y crois tout simplement pas. Vous aurez beau dire tout ce que vous voudrez ensuite, je vous écouterai avec la condescendance de quelqu’un qui ne sait rien face à un ignorant qui prétend tout connaître.
Je tiens mes doutes pour du pur savoir, voyez-vous. Fort heureusement, je doute aussi de mes doutes et ne fais pas profession de gourou. (Si vous cherchez des réponses à tout dans ma pauvre petite tête, c’est que vous êtes vraiment stupide!)
Des masses phénoménales de gens peuvent être hypnotisés par des idées qui sont une insulte aux faits tout autant qu’à la spiritualité.
Je ne doute pas qu’il y ait des mystères. Je doute cependant de ceux qui se servent des mystères pour jeter sur la vie réelle un peu de psychose collective fondée sur rien, ce rien qui constitue un vrai mystère en soi.
La religion me dégoûte. Toutes les religions. C’est du toc, du chiqué, de la fraude intellectuelle.
Je ne ressens pas, dans ma vie, le besoin de m’agenouiller et de me couvrir la tête de cendres en faisant la danse de celui qui ne sait pas quoi faire pour calmer son anxiété face à la vie ou la mort.
Pour me calmer, moi, je prends ma guitare et mes harmonicas. Quand ma crise est passée, je me fais quatre toasts au beurre d’arachides, je les mange, je les rote et je les chie.
Pour ma vie spirituelle, je regarde ma blonde ou les étoiles et ça meuble mon cœur juste assez.

J’AI GRANDI DANS DEUX RELIGIONS

Dans mon enfance, j’ai baigné dans deux religions le dimanche.
Ma première, c’était la religion catholique.
Ma deuxième, c’était la lutte que l’on regardait en famille à la télévision, après la maudite messe plate.
Que d’heures passées à se pratiquer dans le salon sur notre frère le plus jeune, cobaye par excellence des prises du sommeil, en quatre, en huit ou en neuf.
Le vocabulaire liturgique de l’église catholique accompagnait parfois les coups et les blessures : «mon tabernacle d’hostie de christ de st-ciboire de fou!», «prends ça mon sacrement de niaiseux!», «et encore ça mon calice!». La synthèse parfaite des deux religions : aimez-vous les uns les autres et dites «pardon mononc’» pour vous libérer d’une prise particulièrement douloureuse.
Ces deux religions me semblaient de même nature, arrangées avec «le gars des vues». Cependant, Mad Dog Vachon offrait un bien meilleur spectacle que celui du curé, avec ses gestes mous et ses paroles lancées à la va-comme-je-te-pousse pour ne pas perdre ses derniers paroissiens parce que ses messes sont trop longues.
Mad Dog respectait son public, lui. Et il ne nous demandait pas de s’inventer des péchés pour le curé, histoire de se créer de la mauvaise conscience au confessionnal, source évidente de maladies mentales dans notre société.

L’EXORCISME

Que d’astuces j’ai dû trouvées pour ne pas aller à la messe! La menue monnaie que ma mère me confiait pour que je la donne à la quête était systématiquement détournée vers la salle de billard. Vers l’âge de douze ans, la messe et l’église catholique ont commencé à me lever le cœur.
Le bulletin paroissial plate et le Prions en Église gnangnan ne pouvaient plus rivaliser avec La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade, par exemple, livre que j’avais acheté par hasard à la librairie L’Exèdre, à Trois-Rivières, et auquel je dois mon athéisme précoce.
Je me suis levé un matin et –hop!- je ne croyais plus. Finies les mortifications et autres humiliations rituelles devant les prêtres catholiques. Je ne crois pas en Dieu et foutez-moi tous la paix, bande de menteurs et d'hypocrites!
J’ai tenu ça mort pendant un ou deux ans, faisant encore semblant d’aller à la messe, tout comme je faisais semblant de frapper quand je jouais à la lutte dans le salon avec mon père et mes frères.
Le temps n’a rien arrangé.
Déjà, dans les années ’70, peu de jeunes de ma génération allaient à la messe. J’y allais avec le sentiment d’aller à l’église en 1936, en URSS. Tout le monde se moquait de la religion catholique autour de moi et moi, qui vivais dans une famille très catholique, je me faisais l’écho de la rue pour cracher sur l’église devant mes parents médusés. Je revirais les croix à l’envers. J’insultais le curé, le jour de la dîme, en lui reprochant de faire partie d’une secte d’assassins complètement déconnectés des valeurs morales qui animaient Jésus.
Je lui ramenais Copernic, Galilée, l’Inquisition, les aborigènes, la Grande Noirceur… Ma mère, horrifiée, demanda même au curé de bénir ma chambre pour chasser les mauvais esprits. J’étais à deux doigts de l’exorcisme et je n’avais qu’un doigt, le majeur, pour le catholicisme. Je disais à mes parents croyants, au moins vingt fois par jour, que Dieu n’existait pas. Pourquoi? Pour leur faire du mal? Non. Je me disais que je les respecterais mieux si je leur parlais comme je parle à mes amis, sans rien cacher.
Ont-ils perdu leur foi? Non. Mais ils ne l’ont pas nécessairement pratiquée comme des grenouilles de bénitier.
Puis je suis passé de la lutte professionnelle à la lutte des classes. Mais ça, c’est un autre épisode de ma vie qui prouve que la religion laisse des traces même chez les athées qui tentent, hors de l’église, de recréer les structures de l’église dans un monde sensément libre et laïque. J’ai milité pour les trotskistes comme l’on milite pour l’église. J’étais le Julien Sorel de Stendhal, quoi, partagé entre Le rouge et le noir. Et c'est la polychromie qui a triomphé: pas question de ne m'en tenir qu'à une seule version de l'histoire! Mieux vaut avoir mal à la tête que d'écarter, par paresse intellectuelle, ces exceptions qui détruisent toutes les règles.
LA PLACE DE LA RELIGION AU QUÉBEC
Je suis devenu un peu plus nuancé quant à la religion en vieillissant. Je ne lui veux plus de mal. Je lui ai remis les coups qu’elle m’a portés. Nous sommes quittes.
Quand j’entends le cardinal Ouellet ou le maire de Saguenay, je suis à deux poils de reprendre du service. S’ils ont le droit de dire qu’ils croient, j’ai le droit dire que je ne crois pas ce qu’ils croient. J’ai même le droit d’exiger des preuves, surtout si la religion veut jouer dans la sphère politique, où la reconnaissance des faits est essentielle pour favoriser un vrai débat de fonds. Je ne peux pas, en mon âme et conscience, placer sur un même pied d’égalité le créationnisme et la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces; Ptolémée et Galilée; les guérisons miraculeuses et la biogénétique.
LES CROYANTS PAS PRATIQUANTS
Toutes les églises sont désertes et l’on continue, malgré tout, d’accorder une importance démesurée au catholicisme.
Par ailleurs, les catholiques du Québec sont des protestants qui s’ignorent : ils ne leur manquent que la conviction religieuse. Les protestants sont plus dévots que les catholiques, c'est cette dévotion qui les a amenés à rompre avec le Vatican, à l'époque du pape Alexandre VI, un pape débauché et décadent.
Comme les protestants, la majeure partie des catholiques québécois n’obéissent pas au Vatican. Le Vatican peut donner les ordres qu’il voudra, on s’en torchera le cul ici, même parmi les catholiques. Le Vatican est contre l’avortement, les mariages gais et la pêche à la ligne? Qui s’en soucie au Québec?
Cela me rassure de savoir que même nos croyants ne sont pas très fervents.
Il paraît que c’est la même chose qui se produit chez les Témoins de Jéhovah. Les Québécois ne feraient pas de fervents Témoins. Ils se saoulent la gueule un peu plus souvent que les Témoins des États-Unis : comme quoi l’abstinence ne nous sied guère en tant que communauté humaine. Même nos Témoins finissent par se torcher avec les préceptes de Réveillez-vous! Chassez la nature, elle revient au galop.
Au fond, tout le monde doute.
Très peu vont l’avouer.
Pourquoi?
Parce que le capitaine d’un navire doit faire semblant de savoir où il s’en va, quitte à s’en remettre à des mensonges pour rassurer les matelots anxieux.
Nous sommes, chacun d’entre nous, le seul maître à bord après Dieu.
Nos pensées sont autant de matelots qui nous questionnent jusqu’à la migraine.
Pour les faire taire, on s’en remet à Dieu ou bien au temps qui arrange les choses.
On s’en remettrait aussi aux bouées de sauvetage si le navire devait sombrer.
Comme quoi les prières ne suffisent pas toujours.
Bon, suite à ce long texte-fleuve, je m’en voudrais de ne pas vous quitter sur une note un peu plus optimiste. Allez-voir ça.

mercredi 12 décembre 2007

MONSIEUR MÉTÉO & LES BEATLES EN VERSION INDIENNE

Ma rue est enveloppée d'une fine couche de neige ce matin. Le frimas s'accroche aux branches et se manifeste sous la forme de minuscules bâtonnets cristallins. Un peu partout dans la ville des montagnes de neige se sont créées spontanément, ça et là, dans les stationnements et les terrains vagues.
Je ne comprends pas ceux qui détestent l'hiver.
C'est la plus belle de nos saisons.
J'ai eu peur, l'an dernier, que l'hiver disparaisse à jamais de ma vie. Au train où allait les choses, j'anticipais avec effroi le jour où il pousserait des oranges dans nos champs au mois de janvier.
Cette année, les météorologues, devins modernes, nous prédisent un hiver froid et enneigé. Ont-ils égorgé un coq pour le savoir? Ça, je ne saurais quoi vous dire. Les méthodes scientifiques ont leurs secrets.
Cela dit, je n'ai rien trouvé d'autre à dire que de parler de la météo.
Qu'il en soit ainsi.
Je me sens trop léger ce matin pour me casser la tête.
Un deuxième café ne ferait pas de tort.
Bon, je vous laisse sur une version indienne des Beatles, ce sont ni plus ni moins les Baronets de l'Inde. Avouez que ça décoiffe...

lundi 10 décembre 2007

NOUS

Je n'ai jamais été capable de lire au complet un livre de Jean-François Lisée. Je vous avouerai que sa plume me semble lamentablement figée dans des démonstrations qui n'en finissent plus, sans compter ces statistiques froides, ces sondages et ces graphiques qui vous dégoûtent de la lecture. N'importe quel annuaire téléphonique parle plus vrai que les oeuvres complètes de Jean-François Lisée. Je ne dis pas que la vie intellectuelle devrait se rapporter à l'art de rédiger un annuaire téléphonique, ni qu'elle serait mieux servie si vous lisiez Lisée, un nom fleurdelisé, pour s'acheter une nation au gré d'analyses politiques soporifiques.

«Le style c'est l'homme», écrivait Voltaire. Le style de Lisée est lourd, verbeux, or, donc, car, etc. Cela me fait le même effet que de lire les commentaires des grands analystes politiques qui publiaient dans La Pravda, en 1938. C'est suffoquant de lyrisme.

Les délires identitaires des ultranationalistes québécois sont agréablement servis par cet humble serviteur, Jean-François Lisée, péquiste parmi les péquistes et soucieux de réhabiliter les discours de M. Jacques Parizeau, particulièrement vrais et «de souche» après quelques verres pris à la suite d'une défaite référendaire. N'ayons plus honte de ce «Nous» exclusif qui ne convient pas à tout le monde. Le «on» exclue la personne qui parle. Le «Nous» exclue aussi la personne qui parle trop.

Cela dit, le «Nous» de Lisée ne me concerne pas.

Je n'embarque plus dans les crises d'identité, je suis trop vieux. Je sais qui je suis et je me contretape de qui «Nous» sommes. Soyez qui vous voudrez et calicez-moi patience. Et merci de ne pas parler en mon nom et de ne pas «nous» embarquer dans des conneries en mon nom tout comme au vôtre, comme si «nous» avions élevés les cochons ensemble.

Mon histoire n'a rien à voir avec les délires identitaires et racistes d'un groupe de zoufs qui s'inventent des lignées normandes alors que leurs descendants étaient tous d'authentiques bâtards, voleurs ou putains, bref des exclus qui ne parlaient pas avec la bouche en trou de cul de poule, mais plutôt avec le trou du cul et autres blasphèmes en bouche. Des gens hors normes, dont le «nous» n'est qu'un rôle de figuration dans la mythologie péquiste. Ils sont là pour applaudir les maîtres ou pour souffrir dans l'attente que leurs bons maîtres les délivrent de maux hypothétiques, créés de toutes pièces pour avoir de l'emprise sur ces âmes faibles et crédules, ces «aliénés» pour reprendre le vocabulaire marxiste.

Et maintenant, on veut quoi? Une constitution québécoise, un pays, un chef, une équipe de hockey québécoise aux Jeux Olympiques?

Veut-on faire reculer le français toujours plus? Adoptons le projet de loi 195. Cela va bien sûr isoler le Québec de ses partenaires immédiats. Je ne crois pas que les Canadiens ou les Américains verraient d'un bon oeil de priver les anglais du Québec de leurs droits civiques par méconnaissance du français tout comme par révisionnisme historique.

Céline Dion a plus fait pour faire avancer le français en Amérique du Nord que Pauline Marois.

Nous pouvons être fière de notre Céline.

dimanche 9 décembre 2007

Winnipeg, 1993

Winnipeg, 1993. C'est écrit derrière la photo. Une photo de moi, prise dans une cabine, à l'époque où je parcourais l'Ouest canadien. C'est dimanche et ça porte à la nostalgie. Je ne me souvenais pas d'avoir pris cette photo. Ma mère me l'a donnée, avec de vieilles photos de mon enfance qui me rappellent que j'ai déjà été maigre.
Winnipeg, 1993. À cette époque, je me souviens des tavernes de St-Joseph Street, où l'on vendait de la bière aux Indiens pour 1$ le verre. Je me souviens des graffitis sur les murs des édifices: «Remember Louis Riel», «Red Power», etc.
Je me souviens surtout que je n'y suis pas collé très longtemps. Moins de deux semaines probablement. Je suis ensuite passé du côté de Thunder Bay puis je suis reparti vers Trois-Rivières, Montréal, Whitehorse, Québec, Vancouver...
À cette époque, j'écoutais souvent la chanson Riders on the Storm des Doors. J'étais en pélerinage au coeur même du rock. Je ne souhaitais réellement qu'une chose: décrocher totalement du système, des institutions, des contraintes, des contrôles, des normes, des obligations, bref vivre pleinement libre, quitte à manger du pissenlit par les racines plutôt que de vivre platement et bêtement, comme un ruminant, à regarder les trains passer.
J'ai d'ailleurs sauté sur des trains pour voyager, à la même époque. Je ne le recommande à personne. Jack Kerouac était un fieffé menteur. S'il avait vraiment voyagé en train, sûr qu'il aurait raconté que ça remue dans un train, quand ça file à pleines vapeurs. Cette omission me permet de croire qu'il n'a pas vraiment fait d'auto-stop ni voyager en train. Il a sublimé la vie des vagabonds qui l'entouraient. Personnellement, Kerouac était plutôt pantouflard, somme toute.
Voilà pour la petite histoire autour de Winnipeg, en 1993, où mes héros étaient Jack London, Jim Morrison, Bob Marley et Bouddha.

samedi 8 décembre 2007

TROIS TABLEAUX DE MA PÉRIODE BLEUE ET BLANCHE

Je viens tout juste de vernir trois nouveaux tableaux.

Permettez-moi de vous en présenter trois extraits que je viens tout juste de numériser. Je les prendrai en photo un peu plus tard pour vous montrer de meilleures reproductions.
Trois aventuriers du Grand Nord s'arrêtent pour souffler un peu, nimbés par la lumière qui émane de l'aurore boréale qui s'étend au-dessus de leurs têtes, comme un voile évanescent.
Rosebud, vous vous en rappelez? C'était dans Citizen Kane. C'est mon clin d'oeil à Orson Welles.


Et, last but not least, la séance de pelletage.
Je vous laisse sur la bande-annonce de Docteur Jivago, chef d'oeuvre de David Lean. Je le regarde chaque année, en décembre. J'suis dû...




CULTURE POUR TOUS

Avant de vous avancer plus loin dans la lecture de ce texte, je vous recommande de vous brancher, si vous le pouvez bien sûr, sur cet air d’Erroll Garner intitulé Mambo Erroll,
C’est beau, n’est-ce pas? J’écris par-dessus, comme si j’étais un membre de l’orchestre. Le pianotement de mes doigts sur le clavier se mêle à ceux d’Erroll Garner, avec moins d’art mais tout autant de feu, si je puis dire. Le contrebassiste Eddie Calhoun et le batteur Fats Heard nous accompagnent dans ce trio qui s’est transformé en quatuor, dans un autre espace-temps, à plus de cinquante ans d’intervalle. C'est de la magie...
Cette introduction n’est pas anodine. Rusé comme je le suis, vous vous doutez bien qu’elle servira à renforcer mon propos.
Je l’avoue, je sollicite toujours les meilleurs musiciens pour parler de musique ou de culture. Je ne les paie pas très cher, mais il m’est possible de les porter sur mon cœur sans mettre les mains dans mon portefeuille.
Si je ne devais avoir accès qu’à de la culture monnayable, je n’en saurais pas autant.
Quatre-vingt-quinze pourcent de ma culture générale ne m’a rien coûté. J’ai beaucoup fréquenté les bibliothèques publiques, puis l’Internet a pris le relais. Je proviens d’une famille modeste. Je n’ai pas toujours eu le fric pour m’acheter les grands auteurs publiés dans la collection La Pléiade. Pourtant je les ai lus, surtout lorsque je n’avais pas un rond, la pauvreté étant un puissant leitmotiv pour la lecture.
Si je ne devais écouter que les disques compacts que j’achète, je serais malheureux. Bien sûr, je pourrais rogner sur le budget consacré à la nourriture et autres dépenses frivoles comme s’acheter des bottes, des vêtements ou bien une pelle. Néanmoins, je consacre plus d’un pourcent de mon budget à m’acheter de la culture. C’est plus que ce que donne le gouvernement pour le programme de soutien aux artistes relié à la construction d’édifices publics comme le stade olympique, par exemple, pour ne citer que cet exemple de savoir-faire et de génie...
LE MÉLODRAME DE LA GROSSE INDUSTRIE CULTURELLE
Le mélodrame de l’industrie culturelle, bouleversée par les changements technologiques survenus à l’ère de l’informatique, n’a rien pour me faire verser une larme. Les gros joueurs traditionnels de l’industrie culturelle défendent leur bien, ce qui est tout naturel. Mais leur vision de la culture est réductrice et fait honte à l’esprit qui animait, par exemple, les philosophes du Siècle des Lumières. Leurs demandes égoïstes consistent à restreindre l’utilisation de l’Internet, à cloisonner le savoir et la culture à ceux qui peuvent payer. C’est irréaliste de penser ainsi au 21e siècle. C’est non seulement irréaliste mais stupide. Et non seulement stupide mais avaricieux. Tout le monde veut se cultiver. C'est comme respirer de l'air. Soit vous existez sur l'Internet, soit vous n'existez plus: c'est le début d'un temps nouveau.
Chaque discours contre le piratage sur Internet est à situer au même niveau qu’un discours contre le port de la mini-jupe. Ça sent le gras rance. C'est le genre de discours qu'on écoute en se bouchant le nez.
Pourquoi des milliards d’individus sur cette planète devraient-ils se soumettre aux diktats de semi-retraités qui tentent d’écouler leurs inventaires comme si les lois d’aujourd’hui devaient encore être celles d’hier? Pourquoi faire survivre une industrie moribonde dépassée par les événements? Les grosses compagnies de disque et les grosses maisons d’édition ne peuvent s’en remettre qu’aux arguments habituels des perdants pour sauver leur mise de fonds sur le dos des contribuables. Demander des subventions et encore des subventions : c’est tout ce qu’elles savent faire.
Pendant ce temps, le jeune artiste, de son sous-sol, peut être connu tout de suite dans le monde entier. Il n’a pas à se faire reconnaître par une bande de filous qui vont le déposséder de son âme et de son contenu pour une histoire de forme ou de contenant qui n’a rien à voir avec l’art, mais bien plus avec les règles à suivre pour recevoir des subventions.
LA CULTURE NE VA PAS MOURIR
«Le piratage sur l’Internet va faire mourir la culture», prétendent les bonzes de la grosse industrie culturelle. Pas question qu'ils s'adaptent. Le gouvernement devra sévir pour qu'ils puissent encore se servir, plutôt deux fois qu'une, au buffet à volonté réservé aux porteurs de vignettes officiellement reconnues par l'État. Ce n'est pas la culture qui va mourir, mais ces coquetels de têteux qui s'intéressent autant à la culture qu'au cours du charbon sur le marché mondial.
Quelle bêtise! Plus large est l’accès à la culture, plus elle meurt : il y a une faute de logique dans ce raisonnement.
La culture est vivante quand elle est accessible, mise en pratique et diffusée le plus largement possible.
Des tas de gens qui ne se sont jamais intéressés à Mozart pourront le découvrir sur You Tube, par hasard. Tiens, j’ai tapé Mozart sur You Tube, juste pour vous montrer à quelle vitesse l’on se cultive sur l’Internet. Premier clic, Jascha Heifetz joue un rondo de Mozart au violon. C’est joli, non?
Des tas de gens pourraient être gagnés à la cause de Mozart sans que l’industrie culturelle n’ait reçu un sou, si nous excluons bien sûr You Tube et autres sites du genre qui doivent bien empocher des millions chaque jour. You Tube pourrait bientôt crouler sous les poursuites. Le buffet à volonté ne devrait être qu'aux porteurs de vignettes et autres détenteurs de billets verts...
D'autres sites prendront la relève, ailleurs, lorsqu'un site tombera. Les mesures de contrôle finiront par tomber elles aussi, sous la pression des internautes, qui forment une masse critique de personnes qu'il ne sera pas facile à maintenir longtemps dans des enclos fermés.
Les censeurs ont perdu la partie avant même que de l'avoir commencée. Leurs victoires ne sauraient être que des reconnaissances symboliques de droits qui ne voudront plus rien dire un jour.
LE RECYCLAGE C’EST POUR TOUT LE MONDE
Je m’en réjouis et je ne me désole pas du mauvais sort qui s’acharne sur quelques têteux de subventions culturelles. Qu’ils fassent autre chose, bon sang! Le recyclage, c’est pour tout le monde.
Internet a favorisé un prodigieux accès à la culture et, par conséquent, une voie universelle, libre et gratuite vers la vraie richesse, favorisée par l’abolition de toutes frontières physiques ou économiques pouvant freiner la circulation de l’information entre les habitants de la Terre.
Ce ne sont certes pas les petites maisons de production qui se plaignent de l’Internet, mais les plus grosses avec leur culture préfabriquée. Les petites entreprises culturelles profitent de l’Internet et comprennent les nouvelles lois du marché. Elles peuvent rivaliser avec les grosses, avec un milliard de fois moins de moyens. Enfin, le génie vaut quelque chose et peut faire trembler les géants.
Sur ce, je vous laisse sur de la musique.
La chanteuse brésilienne Elis Regina interprète Aguas de março, d’Antonio Carlos Jobim, version originale de la chanson «Les eaux de mars» popularisée par Georges Moustaki.
Bon visionnement! Bonne écoute! Bonne fin de semaine!

vendredi 7 décembre 2007

TUERIE À OMAHA: L'ACTE SURRÉALISTE LE PLUS SIMPLE

«Un jeune homme a ouvert le feu mercredi du balcon d'un centre commercial à Omaha, dans le Nebraska. Bilan: huit morts et cinq blessés.» Cette dépêche de l’agence Reuters est semblable à une définition du dictionnaire : froide et précise. Les interprétations qui suivront ne sauraient être que des mots superflus.
À ce sujet, je n’irai donc pas vers l’essentiel.
J’y vais donc subjectivement, au risque de me tromper et de vous tromper.
Voilà. Il me semble qu’il faut être fou pour tirer dans la foule.
Si ce jeune homme doit être considéré comme une personne normale, c’est que nous sommes tous devenus fous.
«L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon »
Ces propos ne sont pas ceux d’un fou. Ce sont ceux d’André Breton, pape du surréalisme. (André Breton, Second manifeste du surréalisme, éd. Kra, 1930, Œuvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1988, p. 783.)
Nous vivons une époque tout à fait surréaliste, en effet.
Ce jeune homme était un fou. Il n’y a rien à rajouter. Il n’y a rien à comprendre. Il a une blonde. Il perd sa blonde. Il fait de l’acné. Il se masturbe ou pas. Et il tue froidement neuf personnes dans un centre commercial avant de s’enlever la vie. Fin de l’histoire pour dix personnes.
Oublions-le et souhaitons qu’il existe un enfer pour lui et un paradis pour ses victimes.
Si plus de gens portaient d’armes sur eux, peut-être que l’on pourrait descendre un fêlé de temps en temps, avant qu’il n’en massacre 9 ou 36, comme s’il jouait au tir au pigeon d’argile.
Le surréalisme a ses limites, vous ne trouvez pas?
J'ai envie d'aller relire «Le confort intellectuel», livre génial de Marcel Aymé, auteur qui m'aide à comprendre le climat pourri de mon époque. J'ai envie d'un peu de rigueur et de réalisme.

mercredi 5 décembre 2007

Divagations sur l'art, la télé et l'Internet

Quelle est la fonction de l'art? Facile. Je ne comprends pas que l'on ait écrit autant de théories pour décrire ce qui va de soi. La fonction de l'art est d'occuper l'artiste pour lui éviter l'ennui de divertissements nuls, comme celui de regarder Loft Story, La poule aux oeufs d'or et Le Banquier, pour ne nommer que ces émissions vides de transcendance. Bien sûr, ça trépigne comme des poules pas de têtes, ça feint la transe et ça semble danser mais, croyez-moi, la transcendance n'y est pas. Le rire non plus. Toctoc: ça sonne toujours creux.

Je me sens privilégié de savoir lire, écrire, dessiner, peindre, jouer de la guitare, de l'harmonica, du clavier, de la flûte ou de l'accordéon. Je ne m'ennuie jamais: voilà pourquoi l'art sollicite toute mon attention. L'art vivant, bien entendu. L'art que l'on pratique simplement, tous les jours, dans la spontanéité du moment, au gré des émotions. L'art qui nous fait oublier Loft Story, La poule aux oeufs d'or et Le Banquier...

Cela dit, je vais peut-être laisser l'art de côté ce soir. Que voulez-vous, je suis humain et con.
Je vais probablement regarder Les francs tireurs à la télé. Ou bien le canal aborigène APTN, une de mes chaînes favorites avec Historia, Évasion et ARTV. Je suis parfaitement blasé de la télé. L'Internet me promet beaucoup plus de surprises et de matières sensorielles pour mon divertissement le plus nul, juste une petite coche au dessus de Loft Story. Je vais souvent voir des scènes des classiques du cinéma sur You Tube, je l'avoue. Voir Le cuirassé Potemkine n'importe quand, je trouve ça plus intéressant que de regarder Le Banquier.

mardi 4 décembre 2007

MA CHAPKA A ÉTÉ MISE À RUDE ÉPREUVE



Je ne connais rien de plus stimulant que de marcher pendant une tempête de neige. Je me sens presque divin, défiant les éléments avec mon gros manteau, mes gros gants, mes grosses bottes et, surtout, ma chapka achetée dans un surplus d'armée, à Québec, en 1999. Oui, cette grosse chapka de poils synthétiques m'accompagne depuis un bout de temps. Je lui suis d'autant plus fidèle qu'elle a toujours bien accompli sa mission, soit celle de me protéger du froid et des intempéries.

Hier soir, ma chapka a été mise à rude épreuve. Il ventait à écorner les boeufs sur le boulevard Gene-H.-Kruger, l'ancien boulevard Royal qui longe le fleuve St-Laurent à Trois-Rivières. La fumée sulfureuse de la papetière Kruger se mêlait aux vents pour souffler sur ma figure une neige qui sentait les oeufs pourris: charme ineffable de Trois-Rivières. La Kruger fermera bientôt comme la Belgo, à Shawinigan. C'est écrit dans le ciel. Et ça ne fermera pas seulement parce que ça sent les oeufs pourris. Non. Il n'y a tout simplement pas d'avenir dans les pâtes et papier, d'autant plus que nous communiquons de plus en plus par les voies électroniques, qui seront un jour supplantées par la télépathie lorsque l'on trouvera le gêne qui rend cette fonction opérationnelle chez l'être humain.
Après avoir dépassé le corridor de pollution, je suis tombé en pleine féérie hivernale. La neige tourbillonnait entre les arbres majestueux du parc Pie-XII. On voyait à peine les contours de son étang artificiel, enseveli sous un pied de neige fraîche. Les bancs de neige atteignaient trois ou quatre pieds par endroits. Et je fonçais de plus belle dans la tempête, la chapka bien engoncée sur ma tête, à faire des enjambées de yéti avec mes grosses bottes de pointure 14.
Je suis finalement arrivé chez-moi, joyeux, avec de la glace figée aux cils et aux poils de ma barbe. Je me sentais tel un grand explorateur de National Geographic qui revient d'une expédition au Pôle Nord. Le repas n'en a été que meilleur, ma soirée douce et ma nuit, auprès de ma douce, on ne saurait plus confortable.
Je goûte pleinement les charmes de l'hiver, soyez-en sûrs.
Ah! comme la neige a neigé.
Ah! que je m'amuse de vivre...
Je déforme un peu Nelligan. C'est vrai qu'il y a trop d'imagination sous ma chapka. Puissiez-vous ne pas m'en vouloir de tout prendre à la légère quand la neige a neigé comme une bonne vieille tempête d'antan. Cela me met dans l'esprit des Fêtes. J'en giguerais presque toute la journée, en jouant de la cuillère, si ce n'était des obligations du jour.
Il faut ce qu'il faut.
Asti' qu'la neige a neigé...

lundi 3 décembre 2007

PUBLIER C'EST METTRE AUX ENCHÈRES L'ESPRIT HUMAIN

«Publier c'est mettre aux enchères l'esprit humain.» C'est un aphorisme d'Emily Dickinson, une grande poétesse américaine du XIXe siècle qui n'a écrit que pour ses tiroirs. Elle n'a rien publié de son vivant, sinon quelques petits poèmes dans son journal local. Pour qui écrivait-elle alors? Pour elle-même, pour mettre en pratique la maxime de Socrate, maxime qui figurait par ailleurs au fronton du temple d'Apollon: «connais-toi toi-même». Emily Dickinson a donc appris à se connaître, au fil de ses poèmes, de la dentelle philosophique qu'il faut lire tendrement, pour ne pas froisser cette pauvre vieille fille qui n'a pas su trouver d'autre passe-temps ou bien une bonne paire de bras pour confier ses secrets. Ses secrets sont dans sa poésie. Et sa poésie a tout de même fini par se publier, après sa mort, de sorte qu'elle est l'une des plus grandes plumes de la littérature américaine, aux côtés de Poe, Whitman et Melville.
Cela dit, Emily Dickinson écrivait tout de même que publier c'est mettre aux enchères l'esprit humain. Elle ne voulait pas marchander sa poésie ni la soumettre à quelques marchands de poetry qui lui auraient dit, par exemple, de remplacer le mot snow pour le mot calliflower.
Je me sens un peu comme Emily Dickinson parfois.
J'ai des tas de manuscrits dans mes tiroirs.
J'hésite à les envoyer aux éditeurs.
Si je voulais les rendre publics, par la voie de l'édition sur papier, je devrais attendre jusqu'en 2009 ou 2010, compte tenu des carnets de commande des maisons d'édition. D'ici là, des tas de morpions du langage viendraient fouiner dans mon manuscrit pour me dire de remplacer le mot neige par le mot choufleur. Ça me mettrait en beau tabarnak, je me connais.
Par ailleurs, je pourrais très bien publier mes manuscrits demain matin sur l'Internet, en me crissant bien des éditeurs et en me crissant aussi de l'idée de mettre aux enchères mon esprit.
Et c'est probablement ce que je vais faire, tiens.
Je vais vous donner un roman bientôt, chers lecteurs.
Et ce sera gratuit.
Vous cliquerez plusieurs fois sur mon blogue pour me payer par la bande...
Bon, les enchères commencent...

dimanche 2 décembre 2007

À propos de la littérature québécoise

Non, non, je ne vais pas chier sur la littérature québécoise. Ce serait trop facile. Plutôt que de me perdre en colères inutiles envers la majorité de nos auteurs, qui n'ont franchement rien à raconter, je vais plutôt mettre l'emphase sur les auteurs québécois que j'aime. C'est dimanche après tout et je me vois mal de me faire des ennemis par une journée qui, par ailleurs, menace déjà de se transformer en tempête de neige.
Tant mieux pour la neige, cette année nous aurons un vrai hiver. Je souhaiterais presque nous revenions à l'ère glaciaire pour se forger un caractère encore plus fort, plus altier et plus farouche. L'été rend trop mou. L'hiver donne faim pour de la viande. Et... où en étais-je? Ah oui. La littérature québécoise.
Parlons-en de la littérature québécoise, puisque ce n'est pas le temps de parler de Gogol, Dostoïevski, Tchékhov ou Boulgakov, mes auteurs préférés, ceux vers qui je reviens toujours, par sécurité, avec le sentiment que l'on a de revenir chez-soi après un long et pénible voyage parmi des gens qui nous ont lamentablement déçus par leur banalité, leur mesquinerie et, surtout, leur manque de talent.
Pourquoi parler de la littérature russe en avant-propos d'un texte traitant de la littérature québécoise? Eh bien, c'est pour ne pas oublier que la littérature est d'abord et avant tout universelle. Je me sens plus d'affinités avec Gogol qu'avec Jos Bricole, auteur «ben d'chez-nous» qui écrit le terrible mélodrame de sa vie plate en s'enlevant des crottes de nez.
Chez Gogol, il y a de la vie, des réflexions philosophiques, du symbolisme, du scénario.
Chez Jos Bricole, il n'y a rien que du vent et de la poursuite du vent.
Jos Bricole est pourtant un auteur québécois célèbre, récipiendaire de huit cent soixante-trois prix littéraires en 2007, dont celui du Gouverneur général du Canada et celui de telle ou telle rôtisserie québécoise. Fait à noter, il fait trois fautes d'orthographe par phrase et sa syntaxe est aussi logique que la sortie des boules au bingo. Jos Bricole écrit en sortant des mots de son chapeau, au hasard, et il connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît tel ou tel éditeur. Pour le reste, ce qu'il écrit est totalement soporifique et dénué de talent. Cependant, il est la norme en ce moment dans la littérature québécoise, l'exemple à suivre pour profiter de per diem ça et là, dans tous les salons littéraires du monde, à représenter fièrement la littérature nationale dans tout ce qu'elle a de plus conformiste et de plus transpirante des pieds.
Non, non, je ne chierai pas sur la littérature québécoise. Pourquoi le ferais-je? Ce serait trop facile...
Quelques auteurs seulement me touchent au cœur et à l'âme dans la littérature québécoise. D'abord des femmes. Nous avons surtout eu de grandes écrivaines québécoises: Gabrielle Roy, Germaine Guèvremont et l'autre là, voyons, qui a écrit La cordonnière? Ah oui, Pauline Gill.
Je voudrais bien faire entrer Jean-Charles Harvey du côté de la grande littérature, pour Les Demi-civilisés, un roman pamphlétaire paru en 1934. Le problème c'est que la plume de Harvey est un peu trop lourde.
La semaine dernière je vous ai raconté ma joie d'avoir découvert un vieil auteur trifluvien, Louis-Georges Godin, une belle plume de mon patelin qui est sombrée dans un oubli presque total. Peut-être qu'il y a eu trop de médecins et d'avocats dans notre littérature. Il fallait bien que le pauvre docteur Godin, mort à 35 ans, soit mis de côté pour laisser de la place au docteur Ferron, que j'ai apprécié un temps, et qui ne me dit plus rien aujourd'hui. Ferron a fini par me faire le même effet qu'Hubert Aquin, un auteur trop politique, qui a mis fin à ses jours, et que je n'ai jamais été capable de lire jusqu'à la fin.
J'ai bien aimé le livre «On n'est pas des trous du cul» de Marie Letellier, publié chez Parti Pris en 1971. J'ai bien dû le lire vingt fois. Est-ce de la grande littérature? Non. C'est une étude anthropologique au sein d'une famille québécoise pauvre, les Bouchard. Ce livre me parlait, malgré le charabia pseudo-scientifique qui accompagne les témoignages des Bouchard, lesquels tiennent des propos d'une crudité tout à fait saisissante.
Claude Gauvreau? À vingt ans, je croyais que c'était un génie. Vingt ans sont passées et je n'ai jamais relu Claude Gauvreau. Je suis passé, moi aussi, de Lautréamont à Isidore Ducasse. Les délires poétiques ne me rejoignent plus. Je suis plus sensible aux rythmes de Nelligan, qui copiait les symbolistes français et n'a pas écrit une œuvre originale vraiment significative. Cependant, Nelligan est un poète aimé et connu de tous. Alors, on peut bien lui accorder ce crédit, même s'il est un écrivain surestimé.
Yves Thériault est intéressant. J'hésite à me prononcer sur son compte. Je sens une certaine maladresse au point de vue de l'écriture. Le propos est souvent excellent. Cependant la forme est un peu trop carrée.
Mordecai Richler, je l'ai déjà dit, est notre meilleur romancier québécois en plus d'être un pamphlétaire efficace. Les nationalistes lui en veulent d'avoir écrit «Oh Canada! Oh Québec! Requiem pour un pays divisé», livre qu'ils n'ont lu qu'à travers les mensonges de Lise Bissonnette, qui accusait Richler d'avoir traité les femmes de truies reproductrices alors que, dans le livre, Richler accusait plutôt les nationalistes québécois de traiter les femmes telles des truies reproductrices, comme les curés d'antan soucieux d'accroître le nombre de leurs bonnes ouailles catholiques pour agrandir le presbytère.
Réjean Ducharme? Marc Favreau, alias «Sol», serait dans la même catégorie. Les jeux de mots m'indiffèrent un peu. Je n'ai pas la passion du calembour.
Michel Tremblay? Oui. C'est un grand de notre littérature, quoi qu'on en pense. Ça cogne, l'air de rien.
Ensuite? Fiou! Je pourrais écrire encore des pages et des pages, c'est donc dire que la littérature québécoise ne se porte pas si mal. Je crois néanmoins que le meilleur reste à venir.
***
Cela dit, j'ai fait la découverte d'un écrivain québécois sur l'Internet. Il s'appelle André Pronovost. Ses textes sonnent bien, sa tête raisonne bien: c'est un auteur à lire pour se rendre compte que la littérature québécoise n'est pas obligatoirement ennuyante. Vous pouvez, bien sûr, visiter son site Internet.

vendredi 30 novembre 2007

ON AIME ÇA D'MÊME NOTRE P'TIT QUÉBEC!

Les jeunes Québécois seraient les Canadiens les moins aptes à la lecture. Rien pour se réjouir, non plus, quant aux capacités de lecture à l'échelle mondiale. C'est du moins ce que révèle un article d'Ariane Lacoursière paru aujourd'hui dans Cyberpresse.
Cela ne me surprend pas. Cependant, je trouve un peu courtes les réponses que cet article fournit pour expliquer la situation.
Il n'y a pas de reconnaissance réelle du savoir lire et écrire dans la société québécoise. Des intellectuels de talent lavent de la vaisselle tandis que des analphabètes incultes occupent des postes de direction: «on aime ça d'même, notre P'tit Québec»...
Nos jeunes Québécois ont de la difficulté à comprendre le contenu d'un texte plutôt simple. On pourra donc les bourrer avec n'importe quelle connerie plus tard et maintenir en place nos ânes de service qui ne sont pas «impressionnés» par les études, Dostoïevski, Molière ou les logarithmes. Et qui ne comprennent pas le contenu d'un texte plutôt simple... À vrai dire, ils s'en torchent. Comme ils se torchent de la culture, de l'art, du savoir-faire, des compétences, du talent et du génie.
«Il n'y a pas de place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier», braillait l'autre.
Certes, il n'y a pas de place pour ceux qui savent lire et écrire au Québec et nos jeunes Québécois, pas fous, ont bien compris que la lecture est accessoire. Il faut seulement savoir faire du cash en profitant de l'apathie généralisée de notre société. Tout n'est qu'apparences pour se propulser à l'avant-scène d'une société où le nivellement vers le bas triomphe, condition nécessaire pour que le pouvoir soit toujours entre les mains de gens mesquins et dénués de réelles compétences, dont celles bien élémentaires de savoir lire et écrire.
Vraiment, «on aime ça d'même notre P'tit Québec»! C'est la seule société au monde où il est vraiment mal vu de savoir lire et écrire...
Alors, ne faisons pas trop chier avec les jeunes Québécois qui ne savent ni lire ni écrire. Ce n'est reconnu qu'à l'école. Dans la vraie vie, la plupart des Québécois sont fiers de réussir tout en étant incapables d'écrire une phrase de trois mots sans faire six fautes. C'est dans l'air du temps. Aussi, je me console d'assister à l'arrivée d'immigrants qui savent lire et écrire: cela va remonter le niveau général, qui en a bien besoin. Évidemment, ces immigrants devront surtout laver de la vaisselle pour les dix prochaines années, d'ici à ce que l'on se rende compte que la situation n'a plus de bon sens... On y est presque. Mais pas encore. Il reste encore bien des livres à s'empoussiérer d'ici là.

jeudi 29 novembre 2007

I' FA' FRETTE MAN

Je suis tombé hier sur la version trifluvienne de Beavis et Butt-Head, le célèbre dessin animé que l’on pouvait voir sur la chaîne MTV, en version anglaise originale, ou bien sur Musique Plus, il y a quelques temps déjà.
Sauf que mes protagonistes pour jouer le rôle de Beavis et Butt-Head seraient plus des yos, des adolescents qui aiment les espadrilles chères et la musique yo. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Mais cela ne les rend pas plus méchants pour autant. Ils font tourner l'industrie de l'espadrille. Réjouissons-nous.
Mes Beavis et Butt-Head version yo trifluvienne étaient assis juste derrière moi, dans le fond de l’autobus. Et ils se parlaient pour ne rien dire avec une désinvolture désarmante qui n’a pas manqué de me faire sourire de bon cœur.
-Heille man, i’ fa’ frette man.
-Mets-en man. I fa’ frette man.
-J’aime pas ça quand qu’i’ fa’ frette man.
-Comment ça man?
-Ben, c’est parce que e’j’joue au basket man. Pis j’peux pas jouer dehors man. C’est l’hiver.
-Loue-toé un gym man.
(Silence.)
-Des fois c’est frette un gym man.
-C’est sûr man.
-Heille man tu t'chicanes à tous les jours avec ta blonde, il paraît man.
-Pas vrai man, j'me suis chicané juste à Pâques l'an passé man.
-Ah. Ok man. C'est parce que c'est ta blonde qui m'a dit ça man.
-Non, on s'est juste chicanés à Pâques l'an passé man.
-Ah ben, ok man.
-On s'chicane jamais man.
-Ok man.
-Ouin ben i' fa' frette man.
-Ouin man. I' fa' frette man.

Sans commentaires…

mardi 27 novembre 2007

RÉFLEXIONS SUR L’ÉCOTOURISME EN MAURICIE

La rivière Saint-Maurice était mon terrain de jeu quand j’étais enfant. À l’époque, la rivière portait tous les signes visibles d’une pollution soutenue. L’eau était d’une couleur douteuse en plus de sentir mauvais lorsqu’on la buvait au robinet. Les papetières balançaient toutes sortes de produits toxiques dans la rivière. Je me promenais parfois en canot entre les îles du delta, près de la Wayagamak ou de la CIP. Je pagayais dans une mousse jaunâtre et nauséabonde. Je me baignais dans cette eau, comme plusieurs enfants ou adultes des quartiers pauvres, insensibles à l’idée de ne pas se baigner dans un cours d’eau.
La situation a changé lorsque le petit bateau de Greenpeace est venu jouer à l’arroseur arrosé dans nos eaux croupies. Le petit bateau pompait la mousse jaunâtre pour la projeter ensuite sur le terrain de la CIP, devant les médias.
Les plus beaux terrains de Trois-Rivières ont été occupés par les usines. Il y avait des plages sablonneuses là où s’installèrent les papetières, en bordure de la St-Maurice. La Wabasso a été construite sur le parc Wellington, une forêt de pins, dont il nous reste qu’un pâle souvenir sur une petite portion de la rue St-Paul ainsi qu’au coin des rues Cooke et St-François-Xavier. Les plages, la forêt de pins et l’eau disparurent pendant un siècle. Les paysans désertèrent les campagnes pour venir s’entasser dans des habitations construites en série, dans des quartiers dénués d’arbres et de beauté. Encore dans les années ’70, la neige était noire certains matins dans les quartiers environnants la Wabasso. On recommandait aux enfants de ne pas manger cette neige recouverte par la suie expirée par les cheminées.
Aujourd’hui, il y a toujours plus d’arbres dans les Premiers Quartiers. L’eau de la rivière St-Maurice est redevenue claire. Du haut du pont de l’Île St-Quentin, on peut voir les poissons nager en eaux peu profondes. L’eau du robinet n’a plus ce goût de soufre et de sapinage. Le comble : l’eau est même devenue propice à la baignade !
La rivière St-Mauricie est redevenue un cours d’eau majestueux qui n’a rien à envier à la rivière Saguenay. J’ai déjà fait la descente de la rivière en canot, de La Tuque jusqu’à Trois-Rivières, quand il y avait le flottage de bois. Si j’étais plus jeune, et plus en forme, je serais bien curieux de voir de quoi aurait l’air ma descente de nos jours.
Cette transformation, unique au Québec, n’est pas suffisamment exploitée à mon sens. C’est devenu un atout majeur pour la région. Cependant, tout ce tableau idyllique est gâché par ces niaiseux qui polluent les eaux et les chants des oiseaux avec leurs motomarines stupides et leurs partys de cons à l’île St-Quentin. On va sur l’île pour trouver un petit coin de verdure et on se retrouve souvent au beau milieu d’une fiesta soporifique commanditée par une radio assommante diffusant sans cesse les derniers tubes du jour entre deux publicités criardes. Nous montrons aux touristes le plus mauvais côté de nous-mêmes, malgré cette belle métamorphose de la rivière St-Maurice. C’est comme si nous rotions à table au restaurant, comme si nous étions chez-nous, advienne que pourra, qui vivra verra… Dommage.
Les infrastructures ferroviaires existent déjà pour relier Trois-Rivières, Shawinigan et le Parc de la Mauricie. On pourrait avoir un beau petit train du Nord…
Et que dire de cette idée stupide d’illuminer le pont Laviolette à l’année, comme si nous avions trop d’étoiles à contempler dans le ciel, au-dessus du fleuve : une grande ourse pâlotte, une lune mâte, un satellite scintillant et aucune trace de la Voie Lactée, comme si elle n’avait jamais existée.
Demeurez stupides et tuez les étoiles, messieurs les promoteurs à la noix.
Merci de détruire l’environnement, une fois de plus.

dimanche 25 novembre 2007

L'angoisse de la page noire

J'écris sans difficultés. L'angoisse de la page blanche m'est inconnue. Par contre, je connais l'angoisse de la page noire. Tout ce que j'écris prend toujours la voie d'un roman-fleuve. C'est fou tous les mots que j'enlève à mes textes avant de les mettre en ligne. Prenons la présente épître électronique, par exemple. J'ai bien écrit quatre versions de plus de trois milles lignes pour finalement terminer avec ce paragraphe unique, ces six lignes ridicules... Tous ces mots que j'aurai écrit pour rien dans ma vie... Dont ceux-ci. Bon, aussi bien d'éteindre l'ordinateur si je n'ai rien à dire. À demain, lecteur, lectrice. Welcome in my brain tomorrow.

vendredi 23 novembre 2007

CLANDESTINITÉ..

Le thème de la clandestinité me hante depuis hier. D'abord, j'ai vu sur RDI un reportage intitulé Los Mexicanos qui traitaient des conditions de travail difficiles vécues par les travailleurs mexicains embauchés sur les fermes québécoises.
Pour faire reconnaître leurs droits, qui par ailleurs n'ont pas été reconnus, le reportage montrait les Mexicains se réunir au beau milieu de la nuit pour discuter de leurs droits en tant que travailleurs, loin du fermier qui surveille leurs allées et venues comme s'il s'agissait de son bétail.
Ces travailleurs font de 70 à 75 heures par jour et sont casés dans des baraquements sales et moisis. Et, évidemment, ils doivent se cacher pour parler entre eux de ce qu'ils pourraient bien faire pour améliorer leur situation, pour ne pas se casser le dos pour le reste de leurs jours, par exemple, pour travailler dans le respect de certaines normes élémentaires de sécurité.
Je ne comprends tout simplement pas pourquoi ils doivent se cacher envisager une hypothétique défense de leurs droits dans un pays démocratique qui respecte les droits de la personne et la liberté d'association.
Je ne comprends pas pourquoi les syndicats ne font pas une grève générale pour changer, justement, ce contexte de clandestinité dans lequel les travailleurs non-syndiqués doivent nécessairement évoluer pour mettre un terme à ce qui n'est, somme toute, que de l'esclavage moderne, de la tyrannie.
Les pleins de marde qui veulent brûler les travailleurs à l'ouvrage, pour les jeter comme des vieilles guenilles quand ils sont malades à force de travailler dans des conditions dégueulasses, devraient tout simplement se faire emprisonner.
Atteindre à la dignité d'un travailleur, c'est-à-dire d'une personne, se croire au-dessus des lois qui régissent le monde du travail, se comporter en esclavagiste et en tyran: mettons que ça vaudrait bien deux ans de prison, la mise en tutelle de l'entreprise ou sa nationalisation, je ne sais trop.
N'importe quoi, sauf de laisser 4000 Mexicains être traités comme du bétail dans les champs québécois.
Honte à nos fermiers qui se comportent comme des Sudistes faisant suer leurs esclaves dans leurs champs de coton. Honte à nos gouvernements qui se ferment les yeux devant la misère bien réelle de ces travailleurs.
Cela dit, je pense qu'il faut envisager d'autres moyens pour combattre ces injustices. Les fermiers du Québec ont des courriels... Peut-être qu'on devrait les informer des droits des travailleurs au Québec et inscrire les entreprises fautives sur une liste noire. Si les fonctionnaires du Bureau des normes du travail ne font pas leur boulot, les citoyens peuvent le faire à leur place.

UN AUTEUR CLANDESTIN: LOUIS-GEORGES GODIN

Je viens de tomber sur un livre anonyme publié en 1921 aux éditions du Bien Public, une vieille imprimerie catholique de Trois-Rivières. «Les dicts du passant» que ça s'intitule, sans mention d'auteur. Le livre a été trouvé dans les ordures par un de mes amis qui me l'a donné. Je l'ai parcouru, en diagonale, puis en entier, avec la satisfaction d'avoir mis la main sur un auteur qui mérite de revenir à la vie littéraire. Pour ce que j'ai lu de lui, à date, c'est splendide. On croirait presque de lire un blogueur avant la lettre. Le «passant» a publié des billets portant sur à peu près tous les sujets, comme je le fais ici, pour votre plus grand malheur.
En fouillant sur Internet j'ai appris que «Les dicts du passant» ont été rédigés par Louis-Georges Godin, un ami de l'écrivain et abbé Albert Tessier, qui est né en 1897 et mort en 1932, à l'âge de 35 ans. Ce Louis-Georges Godin est aussi l'auteur d'un ouvrage intitulé «Mémorial trifluvien», un très beau livre qui devrait être réédité pour les fêtes du 375e anniversaire de Trois-Rivières puisqu'il décrit avec art la vie aux Trois-Rivières au début du siècle.
L'auteur possède une très belle plume. Retenez ce nom: Louis-Georges Godin, un auteur clandestin qui ne dormira pas dans les ordures ce soir, mais bien sur ma table de chevet.

mercredi 21 novembre 2007

À LA GUERRE ON NE TIRE PAS SUR LES AMBULANCES

Feu mon père me disait souvent qu’ « à la guerre, on ne tire pas sur les ambulances ». Il disait aussi qu’il n’y avait aucune noblesse au fait de frapper quelqu’un qui est déjà face contre terre.

Mon père m’a laissé quelques paraboles en héritage qui, souvent, m’ont très bien servi dans la vie. Je m’y réfère quand des trous du cul s’en prennent aux plus faibles.

Quand j’entends que les petits fils à papa et les petites filles à maman de l’Action démocratique du Québec (ADQ) se sont réunis en fin de semaine pour réfléchir sur les moyens de tirer sur les ambulances et de frapper des gens qui sont déjà étendus les quatre fers en l’air sur le plancher, je ne peux qu’avoir envie de leur botter le cul royalement.

Sur cette question, je me rapproche de Gauche Solidaire qui, fort heureusement, se détache aussi du Parti Québécois (PQ) en décochant quelques flèches au projet de loi 195 sur l’identité québécoise. C’est pas très « de gauche », le nationalisme ethnique. Le nationalisme civique, c’est plus libéral… je veux dire « socialiste ». Comme quoi les libéraux ne sont peut-être pas si loin de Gauche Solidaire, sur les questions ethniques, voire sur les questions sociales.

Je serais presque un sympathisant de Gauche Solidaire, si ce n’était de mon refus de porter des tee-shirts à l’effigie de Che Guevara, un criminel de guerre élevé au rang de héros pour avoir tué autant d’ennemis que d’amis politiques au cours de son génocide maquillé en lutte de libération nationale.

Les droits de la personne ne sont pas encore assez importants pour Gauche Solidaire pour que je m’y associe.

Cependant, leur duo de porte-parole a entièrement raison de vouloir botter le cul de Mario Dumont et de ses jeunes chemises brunes qui veulent s’en prendre aux pauvres plutôt que s’en prendre à la pauvreté.

Dénigrer les pauvres, ça ne demande pas de courage. C’est comme tirer sur une ambulance. Ou frapper au visage un type dans le coma.

Enlevons le BS aux pauvres, juste pour voir, et ce sera la pègre qui mettra des mitraillettes entre les mains des gueux et autres déshérités du grand « Nous » désintégrateur. Et non seulement la pègre. Imaginez les autres, dont des militants de gauche prêts et préparés pour la lutte finale...

***

La société repose sur de nombreux contrepouvoirs et mesures correctrices pour favoriser une certaine harmonie entre ses membres.

Le pouvoir corrompt, disait Thomas Hobbes, et le pouvoir absolu corrompt absolument.

Il ne faut pas laisser les pleins pouvoirs entre les mains de ceux qui en sont trop avides. Comme l'anneau, dans la célèbre trilogie de Tolkien, cela finit par déformer les traits d'un visage. L'anneau n'est pas fait pour tout le monde. Le pouvoir non plus. Ceux qui l'exercent en hurlant ne le méritent jamais.

***

Je proviens d’un milieu pauvre.

Chaque fois que les gosses de riches veulent forcer la note, comme de vouloir couper les chèques d’ assistance sociale par exemple, eh bien j’entends gronder la colère sourde de ceux qui se font dire non partout, sauf au bureau d’assistance sociale…

Quand la droite se fait trop extrême, la gauche prend la rue et occupe les bureaux des parlementaires pour leur rappeler qu’ils n’ont pas le pouvoir absolu dans la société. Et quand les parlementaires appellent les forces de l’ordre pour venir à leur secours, il se peut qu’elles ne se déplacent pas aussi vite. Même les forces de l’ordre sont syndiquées. Alors quoi? Faire intervenir l’armée pour respecter les délires de l’ADQ? Et si l’armée n’obéit pas? Si la police et l’armée ne voulaient pas défendre les projets de l’ADQ, eh bien ce serait une révolution.

Les jeunes adéquistes adoptent des positions dangereuses qui, dans le contexte québécois, pourraient facilement mener vers une guerre civile.

Je les aurai avertis. Qu’ils subissent les conséquences de leur manque de compassion et d’humanité envers les déshérités.

Je chanterais L’Internationale à tue-tête plutôt que de discuter des moyens de serrer la vis aux pauvres, même si je ne suis pas marxiste.

Adéquistes, si vous vous en prenez aux pauvres, vous devrez leur faire face dans des conditions où personne, peut-être, ne pourra vous défendre. Vous serez à terre, au plancher, ou dans une ambulance. Et j’essaierai, tant bien que mal, de contenir la foule pour l’empêcher de vous décolleter la tête pour la promener au bout d’une pique…

***

Je vous ai raconté que j’ai visionné, en format DVD, le film Amazing Grace de Michael Apted. Cela raconte la vie du député anglais William Wilberforce, qui s’est battu pendant des années pour abolir la traite des esclaves et améliorer le sort des travailleurs.

Les adéquistes se battent pour quoi? Pour frapper des pauvres et des petits travailleurs à coups de canne à pommeau d’or? Pour libérer un petit 5$ de plus par semaine sur la paie du gros cave qui roule en Hummer? Hum?