vendredi 24 mai 2019

La chute à cinq piastres

Il était une fois un type très nerveux qui avait suivi un parcours très typique de typographe.

Les temps étant ce qu'ils sont, ce type ne sut pas se convertir à l'infographie. L'eusse-t-il fait que même ce métier-là n'en serait pas moins mort aujourd'hui. Tout le monde s'improvise infographe. Même les paresseux.

C'était donc un type pauvre qui maintenant poursuivait un chemin atypique de grain de poussière comme vous et moi, charrié par les glaciers du temps.

Il vivotait autant qu'il vivait et s'il devait mourir il le ferait avec le sentiment du devoir qui ne doit jamais être accompli. Plutôt mourir que de se fendre le cul pour quelqu'un qui mange toute la galette.

C'était un type typiquement typographe il y a de cela des lustres déjà.

Un type paumé, comme plusieurs, vous et moi j'imagine -peut-être pas.

Il était nerveux même s'il ne fumait pas.

Il mangeait et dormait peu.

Il attendait.

Quoi? N'importe quoi.

N'importe qui n'importe quand n'importe comment.

On attend toujours pour rien.

Sa vie n'aurait pu être que de couler du plomb dans des moules d'imprimerie.

Elle n'était maintenant qu'une habitude à tuer le temps.

Ce temps qui ne voulait pas mourir.

Ce temps qui lui survivrait quoi qu'il fasse.

Et j'oubliais évidemment d'écrire que ce type-là n'avais jamais aimé jouer au parchési.

Il était même plutôt maigre.

Et il manquait une branche à ses lunettes.

Quand il souriait il ressemblait à Iggy Pop.

Mais lorsqu'il ne souriait pas, il ne ressemblait même pas à un typographe déchu.

Vraiment, ce type-là était un mystère.

D'autant plus qu'on ne l'a jamais revu.

C'est rare que l'on passe par Notre-Dame-de-Montauban-des-Mines pour aller visiter la chute à cinq piastres.

jeudi 23 mai 2019

La laïcité inclusive contre la répression conservatrice

Les sociétés qui meurent, faute d'espoir, se réfugient invariablement dans le passé.

La Turquie de Erdogan rêve de rétablir l'Empire ottoman.

En Italie, sous le règne des néo-fascistes, on se tourne vers l'Empire romain.

Aux États-Unis, on revient à l'Alabama d'avant les marches pour les droits civiques.

Au Texas, des conservateurs qui ne portent pourtant pas le voile rêvent d'une législation qui condamnerait à la peine de mort une femme qui se ferait avorter. Au même moment, des femmes qui portent le voile musulman défendent l'accès à l'avortement libre et gratuit. Cherchez l'erreur...

Il est infâme de promouvoir des atteintes aux droits de l'Homme et de la Femme.

On s'en prend par-dessus tout au droit des femmes, surtout les musulmanes, d'afficher leur différence. On taxe les musulmanes d'obscurantisme comme si tous les catholiques étaient membres des Bérets blancs. Une simple discussion avec une femme voilée suffit généralement à faire lever le voile (sic!) sur ce tissus de ragots ignorants qu'on nous sert. Tout ça pour justifier cette tentative de voter une loi qui favorise la ségrégation et porte atteinte aux droits civiques reconnus par les tribunaux.

Le rouleau-compresseur continue de broyer tous ceux et celles qui ne correspondent pas au grand rêve du passé: femmes voilées, transgenres, homosexuels, écologistes, syndicalistes, féministes, etc.

Tout ce qui n'est pas uniforme passera au cash, qu'on se le tienne pour dit. Ne croyez pas que ça s'arrêtera aux femmes voilées. Ça va bientôt s'étendre comme une flambée envers tous ceux et celles qui menacent les privilèges d'une certaine élite de bourreaux pleins aux as qui prennent des postures victimaires pour se dédouaner de leurs agressions quotidiennes envers les minorités.

Voilà pourquoi je m'oppose au Projet de loi 21 portant sur l'interdiction des signes religieux.

C'est un projet de loi tourné vers le passé qui ne correspond en rien à une société de droit.

Cela contrevient aux chartes canadienne et québécoise des droits et libertés.

Cela va à l'encontre de la Déclaration universelle des droits de l'Homme que le Canada a signé en 1948.

La liberté de religion est tout aussi précieuse que la liberté d'expression. C'est le sens à donner à la laïcité ouverte qui respecte les personnes et engage l'État à adopter la neutralité dans ses institutions communes. C'est le Canada et le Québec d'aujourd'hui: fiers, debouts et modernes.

J'ai parfois l'impression que le Projet de loi 21 n'est qu'une tentative de déifier des idéologies politiques au détriment des libertés et droits fondamentaux.

Ce n'est pas de la laïcité, mais un règlement de compte.

C'est du ressentiment face à l'avenir.

Du repli identitaire vers un passé révolu.

Je demande donc à tout homme et toute femme de bonne volonté de manifester clairement son opposition à ce projet de loi réactionnaire et moralement douteux. Le Projet de loi 21 n'est que la première manifestation de nombreuses atteintes aux droits de la personne à venir si nous laissons le passé gouverner le présent.

Ne laissons pas les apprentis-sorciers de la CAQ, bouffis de conservatisme amer, faire des expériences de laboratoire avec nos droits civiques.






mercredi 15 mai 2019

Pouding à l'avocat: un délice!

Un blog ça vous servirait n'importe quoi.

Dont une recette pour un pouding au chocolat à l'avocat... J'en remercie Ricardo et les Sud-Américains qui mangent l'avocat en dessert.

C'est le meilleur pouding au chocolat que j'aie goûté de ma vie. Et je pèse mes mots.

L'avocat confère au pouding une texture plus onctueuse que du lait bourré de féculent. La texture se rapproche de celle du beurre. C'est doux, crémeux, céleste...

J'ai changé un peu la recette de Ricardo.

Je remplace le sucre à glacer par du miel.

Et le cacao par des barres de chocolat Lindt pur à 99%.

J'ai aussi adapté la recette pour faire une mousse aux fraises et aux bananes aromatisée au sirop d'érable: un smoothie qui tient ferme. La même texture crémeuse. Le goût sensationnel.

Les premiers missionnaires sud-américains surnommaient l'avocat «le beurre du pauvre». Il s'agit bien d'un beurre. Mais il est riche en nutriments. Et excellent pour faire baisser le taux de cholestérol dans le sang.

J'ajoute qu'un diabétique peut se le permettre de temps à autres.

Comme je le fais.

Dans la mesure où l'on compense par l'activité physique pour contrôler sa glycémie.

Je retourne flatter mes petits pots de pouding dans mon frigo en pensant au plaisir que j'aurai à en manger un ce soir avant d'aller au travail.

mardi 14 mai 2019

Pour un débat civilisé avec Achile Tapon

Achile Tapon passe ses journées à dénigrer les musulmans.

Il lui est tellement important de les présenter subtilement comme des rats ou bien des parasites qu'une grande entreprise de presse québécoise qui n'est pas membre du Conseil de presse a retenu ses services pour sévices rendus envers les minorités.

Achile Tapon occupe désormais toutes les tribunes offertes par ladite entreprise.

Il est grassement payé pour écrire qu'on veut les égorger, lui et nous-mêmes, peut-être pas vous ou moi, mais certainement Nous...

Des intellectuels à la petite semaine, farcis de nationalisme frileux comme des écureuils anxieux qui hurlent comme des loups, relaient ses propos et renchérissent pour bien montrer le poids qu'a cette élite au sein de notre Petit Québec.

S'attaquer à cette élite, de près ou de loin, c'est invariablement s'attaquer à Nous, peut-être pas à vous ou moi, mais certainement à Nous...

65% des Nous veulent entre autres, si l'on se fie à des sondages très scientifiques, abolir les chiffres arabes de nos écoles, couper les barbes des prêtres orthodoxes, raccourcir les boudins des rabbins et dénuder la tête des terroristes islamiques... C'est du sérieux ça. Beaucoup d'intellectuels québécois me l'ont rappelé chaque fois que j'ai osé dire qu'Achile Tapon est un idéologue bas de gamme à l'image de l'entreprise qui l'emploie pour exciter la meute des ignorants fiers de l'être.

Ce Nous dont Tapon parle mange depuis toujours des fèves au lard et aime plus que tout les chansons francophones autorisées d'être entendues à La Voix devant toute la nation frémissante.

De la canaille d'extrême-droite qui circule autant sur les médias sociaux que dans nos rues se prend évidemment d'affection pour Achile Tapon.

Celle-ci relaie toutes ses chroniques incendiaires qui réclament le juste châtiment envers les minorités, les étrangers, les immigrés et autres gens bizarres qui ne savent pas s'ils sont homme ou femme.

Encore une fois, le Nous du Petit Québec nous incite à comprendre les besoins légitimes de cette canaille raciste qui encourage ce qu'il y a de plus laid en l'être humain. Tout ça avec la bénédiction des ayatollahs fleurdelisés fiers de disposer d'une meute pour protéger tant l'orthodoxie du Parti que leurs misérables privilèges de colons. Ils ne veulent pas être décolonisés et s'attachent à des principes qui faisaient de leurs ancêtres des chasseurs de grenouilles autour des châteaux des seigneurs du Royaume.

Achile Tapon leur dit que c'est la faute des judéo-bolcheviques, des islamo-gauchistes, des cosmopolites, des étrangers, des apatrides, des libéraux, des multiculturalistes, des communistes, des anarchistes, des syndicalistes, des féministes, des avorteurs...

La liste de conneries qu'Achile Tapon profère s'allonge à tous les jours, à la même vitesse que celle de son patron qui lui allonge les chèques et autres gâteries comme des balades en hélicoptère.

Achile Tapon ne craint pas tant la disparition du Québec que sa propre disparition en tant que privilégié si d'aventure le pouvoir se déplaçait vers l'inclusion et le multiculturalisme...

Il est échec et mat avant même que d'avoir commencé la partie.

Le problème, c'est qu'il ne veut pas jouer aux échecs.

Il veut se la jouer pour lui-même et par lui-même, comme Humpty Dumpty sur son mur, décidant de la valeur et de la signification des mots selon son bon vouloir, comme un gras et gros bébé gâté étouffant sous sa propre fatuité.

Il a encore quelques vaniteux de son bord, Tapon, mais son temps achève.

L'époque ne roule plus pour lui et c'est le seul point avec lequel je sois d'accord avec lui.

Elle ne roule pas plus pour moi que pour vous, l'époque.

Elle écrase et charrie tout le monde, comme de vulgaires cailloux sous un glacier monstrueux.

Au bout de tout ça, Nous redeviendrons poussière.

Et ce sera la fin de l'histoire pour tout un chacun, beau, grand, blanc, mauve ou laid.

D'ici là, Achile Tapon continuera de vomir sa bile dans les médias de son patron.

Et il vous fera encore accroire qu'il n'y a pas pire victime que lui-même en ce monde cynique et froid qui ne laisse pas un honnête homme s'en prendre calmement aux minorités, avec tout le calme et la distinction que nécessitent les grandes décisions.







jeudi 9 mai 2019

Nous ne sommes rien



La Terre tourne à toute vitesse autour du Soleil. Le Soleil tourne encore plus vite autour du trou noir au coeur de la Voie Lactée. Et puis la Voie Lactée s'éloigne encore plus vite du point que l'on pourrait appeler le Big Bang.

J'essaie seulement de concevoir à quelle vitesse tout ça s'organise et je manque vraiment de repères.

Au-delà du million, les chiffres me deviennent totalement abstraits.

Alors, plutôt que de me tourner vers les mathématiques, eh bien je procrastine avec la politique, la religion et autres bouffonneries humaines décevantes et désagréables.

Il faut bien se battre pour quelque chose.

Même si le cosmos va trop vite.

Même si le temps qu'il nous reste à vivre ne représente même pas celui d'un clignement d'oeil au plan spatio-temporel de l'univers.

Je me réjouis de savoir que nous ne sommes rien.

Cela rend ma vie plus agréable.

Et plus douce aussi.

mercredi 1 mai 2019

Bonheur social au centre-ville de Trois-Rivières

Les rues de Trois-Rivières sont toujours très animées. Surtout les premiers du mois.

Hier après-midi, vers quatorze heures trente, un jeune homme probablement intoxiqué affichait sa colère avec un madrier dans la main. Il s'en servait comme d'une massue des temps préhistoriques pour signaler son existence et manifester sa rage. Chaque arbre du Parc Champlain goûtait de ses coups de madrier. C'était à la limite de l'effroi et de l'insolite pour les nombreux badauds du centre-ville. Tout le monde lui laissait le passage libre. Pas question de stopper ce singe en risquant de recevoir un coup de madrier en plein visage.

Je m'en suis d'abord voulu de ne pas lui faire faire un de ces célèbres vols planés qui ont fait ma fortune en tant qu'agent de la sainte paix. Cependant il n'y avait personne devant lui même s'il avançait d'un pas vif vers le Couche-Tard de la rue Laviolette.

J'ai donc communiqué avec les policiers pour leur signifier qu'il y avait un singe en liberté au centre-ville qui devait être remis en cellule au zoo aussitôt que possible par mesure de sécurité contre toutes les personnes qu'il risquait de croiser avec son madrier.

Je ne sais pas comment cette histoire s'est terminée bien honnêtement.

J'ose croire que le type au madrier a été arrêté.

Faudra-t-il que je me promène bientôt avec du poivre de cayenne au centre-ville de Trois-Rivières?

Il me semble parfois qu'une ville de 135 000 personnes avec un centre-ville recouvert de tripots et autres bordels pourrait se permettre le luxe de deux policiers qui patrouillent autour du Parc Champlain les premiers du mois...

Les policiers n'aimeront probablement pas cette idée. Je peux comprendre qu'ils aient peur eux aussi.

Cela dit, le centre-ville se détériore à la vitesse grand v avec tous ces zombies sur le crystal-meth ou bien autre une autre cochonnerie qui donnent des coups de madrier sur les arbres dans le Parc Champlain.