lundi 30 novembre 2009

Mingo l'Indien


Tout petit, quand je regardais Daniel Boone à la télévision, je rêvais de devenir Mingo. J'aimais son caractère stoïque, son air imperturbable, cette façon qu'il avait de retrouver son chemin n'importe où.

Je savais bien que nous étions des Sauvages, nous les Bouchard, avec ma mère foncée comme une mûre et mon père aux pommettes asiatiques. Puis les récits, quoi, ça ne trompe pas. Je viens d'une longue lignée de conteurs et autres analphabètes essentiellement animés par une littérature orale extrêmement riche dans laquelle je continue de puiser la source de tous les enseignements que je puis espérer de la vie. Même pour les questions les plus difficiles j'y trouve les réponses appropriées, ne serait-ce qu'un sacre bien senti, un tabarnak lâché le plus simplement du monde et qui en dit bien plus long qu'on ne saurait le croire.

J'exagère un peu puisque mes parents savaient lire, compter et écrire. Mes grands-parents en arrachaient un peu plus avec le langage codé des Blancs.

Donc, donc, doncques, je suis là à vous parler de Mingo pour je ne sais plus quelle raison. Peut-être parce que Misko m'a laissé un commentaire. Misko qui est un autre métis d'ascendance anishnabé-algonquine. Comme moé. Sacré Misko! Migwetch. Wachiya. Et c'est Makwa qui te le dit.

Bon, ben, c'est ça qui est ça.

dimanche 29 novembre 2009

Trois nouvelles toiles de format 12 X 36 po.

Trois nouvelles toiles de format 12 X 36 po. viennent de quitter mon atelier pour aller s'accrocher sur un mur. Voici les titres, dans l'ordre de leur apparition.

1) Un automne bigarré
2) Ristorante
3) Lycanthrope hivernal

Merci beaucoup!

ON FAIT CE QU'ON NOUS DIT


Je ne porte pas de blouse blanche et ne puis prétendre d'aucune façon au statut de spécialiste en matière de santé publique...
Cela dit, je sais lire un petit peu et presque compter. La grippe A-H1N1 n'a tué à ce jour qu'une portion de ce qu'une grippe saisonnière peut tuer. Il y a 8452 décès recensés à ce jour, selon les chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. La grippe saisonnière en tue 250 000 à travers le monde, chaque année.
La vaccination? Je ne suis pas contre. On a enrayé la polyomélite et la variole.
Mais pour ce qui est de la grippe A, franchement, j'ai l'impression que tout cela ne fait que confirmer les thèses de Stanley Milgram développées dans son livre intitulé La soumission à l'autorité. Dès qu'un type portant une blouse blanche dicte telle ou telle action, on obéit aveuglément, comme si la science ne nous trompait jamais.
Je ne suis pourtant pas contre la science, l'empirisme et tout le saint-frusquin...
Je suis juste sceptique comme un vieil Indien devant les remèdes des blouses blanches et les prières des robes noires. Je ne dis pas que j'ai raison. Je dis seulement que je n'irai pas me faire vacciner et c'est mon choix personnel, la conséquence logique d'une analyse sérieuse des chiffres et données qui s'offrent à moi.
Allez-y, allez-y pas, ce n'est pas de mon ressort.
J'ai un doute. Y'a quelque chose qui cloche.
On fait ce qu'on nous a dit. We do what we're told...

samedi 28 novembre 2009

La conjuration des imbéciles


John Kennedy Toole croyait fermement qu'il était un écrivain raté. Il s'est suicidé en 1969 à l'âge de trente-deux ans. On l'a retrouvé dans sa voiture, les fenêtres fermées, avec un tuyau relié aux gaz d'échappement.

Il nous a tout de même laissé un chef d'oeuvre de littérature picaresque, A Confederacy of Dunces. Jean-Pierre Carasso, traducteur français, a préféré le titre La conjuration des imbéciles. Traduit en québécois ça donnerait La ligue des tarlais. Cela dit Carasso a fait du bon boulot à mon avis. Ça sonne un peu comme l'original. Kennedy Toole a été mieux traduit que Kerouac, je vous en torche un papier.

A Confederacy of Dunces n'a été publié qu'en 1980, onze ans après la mort de Kennedy Toole. C'est un roman qui a tout de suite connu un immense succès et reçut même le prestigieux prix Pulitzer à titre posthume en 1981.

Cela dit, on aurait tort de lire ce roman en n'y voyant qu'un témoignage laissé par un suicidé. Il doit bien y avoir quelques liens à faire mais le roman a tellement de qualités en lui-même qu'il pourrait tout aussi bien se passer de la biographie de son auteur.

C'est ce qui fait de ce roman un grand livre, un bon livre, bref un chef d'oeuvre.

John Kennedy Toole avait tort de croire qu'il était un écrivain raté. C'était, tout au contraire, un écrivain accompli.

La conjuration des imbéciles, franchement, c'est décapant.

J'ai lu des tas de romans dans ma vie. Peu d'entre eux m'ont semblé aussi déjantés que celui-là.

Alors que je m'essaie à vous le résumer, je sens tout plein de contradictions m'assaillir. Par où commencer? C'est un roman tellement riche, plein de surprises et de rebondissements que je ne sais plus sous quel angle vous le présenter.

Le plus simplement du monde ça donnerait ceci: un universitaire qui vit seul avec sa mère alcoolique est contraint à se trouver du travail. Le travail l'horripile et on sent bien que cet Ignatius J. Reilly n'est pas à sa place dans ce monde, à l'instar de Boèce, son auteur préféré, à qui l'on doit la Consolation de la philosophie, un traité écrit en prison juste avant d'être exécuté sous l'accusation de trahison. C'était en 524, pendant le règne de Theodoric le Grand, roi des Ostrogoths...

L'«anneau pylorique» d'Ignatius se ferme à la moindre évocation du mot travail. Cependant il n'a pas le choix d'aller travailler depuis que sa mère, complètement saoule, a rentré dans un pilier qui soutenait un balcon de fer forgé, quelque part dans les vieux quartiers de New-Orleans. Elle devra payer pour ça et Ignatius ne pourra plus passer ses journées à malbouffer, boire du Dr Pepper's et roter comme un porc en se plaignant des caprices de son «anneau pylorique»...

Donc, il travaille d'abord à titre de commis administratif, dans une fabrique de jeans Levi's, avec Gonzales, un gérant gentil mais un peu con et Miss Trixie, une secrétaire vieille et complètement lessivée mentalement. Ignatius correspond avec une péronnelle, Myrna Minkoff, qui ne lui parle que de sexe alors qu'il en semble totalement éloigné sous plus d'un rapport, bien qu'il soit parfois surpris en train de se masturber entre deux gorgées de Dr Pepper's.
Cette Myrna fait un peu penser à Lisa Simpsons. Elle épouse toutes les idéologies à la mode du jour pour mieux relancer Ignatius, qu'elle perçoit comme un conservateur un peu homo qui boit du Dr Pepper's. Et Ignatius manigance toutes sortes de projets pour mieux se gausser de Myrna Minkoff. Il va jusqu'à organiser une Croisade pour la libération des Maures avec les Noirs qui travaillent majoritairement dans l'usine.
Et suite à cela, fiou, tout dégringole et explose en une myriades de récits hallucinants.

Le roman comprend plusieurs scénarios sousjacents qui finissent tous par se rejoindre au fil du récit. Tous les personnages ont un côté bon enfant. Même les méchants s'en tirent bien.

Une intrigue policière est alimentée tout le long du roman. L'agent de police Mancuso est à la recherche d'un individu louche. Son patron trouve que c'est un incapable et lui ordonne de se promener en tutu sur la rue, un déguisement pour trouver cet individu louche. C'est que Mancuso n'arrête que des innocents, dont ce vieux Robichaud, ennemi juré des communistes qui tombe amoureux de la pauvre mère d'Ignatius, suite à une rencontre organisée par la tante de l'agent Mancuso...

Après la Croisade pour la libération des Maures, Ignatius organisera un grand rassemblement d'homosexuels, toujours pour défier Myrna Minkoff.

Et là, fiou, c'est au tour des Levi d'entrer en jeu. Ignatius est soupçonné d'avoir écrit une lettre d'insultes à un client des pantalons Levi's. Et la lettre est signée du nom Levi. Et Levi, le fils, en a tout simplement marre de l'entreprise léguée par son père et ne voudrait qu'aller aux courses de chevaux. Sa femme lui reproche d'être un raté et de saloper l'entreprise de son père défunt. Si ce client n'achète plus les jeans Levi's, c'en est fini! Évidemment, Ignatius est coupable, lui qu'on a congédié suite à sa Croisade pour la libération des Maures au sein de l'usine... À moins que ce ne soit Miss Trixie?

D'une page à l'autre, l'anneau pylorique se resserre. L'entourage de la mère d'Ignatius la presse de faire passer son fils pour un fou.

Imaginez! Il en est rendu à vendre des hot-dogs sur la rue, déguisé en pirate, des hot-dogs qu'il mange avant même que de les vendre, ce qui congestionne encore plus son anneau pylorique...

Et voilà qu'il s'acoquine avec un gaillard amateur de marins qui porte sur sa tête le chapeau de la mère d'Ignatius...
Et l'agent Mancuso... Et funky Jones, concierge noir dans un bar géré par une Sudiste, Lana, où travaille aussi une pauvre fille qui danse nue avec son vieux perroquet...

Et Myrna Minkoff qui s'approche, se rapproche, tandis que Levi veut sauver l'entreprise familiale et forcer sa femme à la raison. La vieille secrétaire Miss Trixie doit prendre sa retraite à l'usine, elle qui souhaite tant s'en aller mais qui a tant besoin de garder son emploi, selon Mrs Levi, pour préserver son estime de soi...
Et New-Orleans qui étouffe Ignatius...

Franchement, La conjuration des imbéciles, ce n'est pas l'oeuvre d'un suicidé mais le chef d'oeuvre d'un écrivain. J'ai ri tout le long et ri de bon coeur qui plus est. C'est à classer dans la catégorie inclassable.
***
John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles, traduit de l'américain par Jean-Pierre Carasso, Éditions Robert Laffont, coll. 10-18, 1989, 478 p.

vendredi 27 novembre 2009

DES CONFETTIS POUR QUELQUES MALFORMATIONS CONGÉNITALES ANORMALEMENT ÉLÉVÉES AUTOUR DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE GENTILLY 2


Sébastien Bois s'est fait bannir à vie de l'Assemblée Nationale du Québec pour avoir envoyé des confettis sur les tailleurs et complets-vestons-cravates impeccables des membres du gouvernement du Québec. Il en avait contre le fait qu'on réinvestisse un milliard de dollars dans la réfection de la centrale nucléaire Gentilly 2, sans tenir de consultation populaire à ce sujet, sans tenir compte des impacts environnementaux documentés, dont un taux anormalement élevé de malformations congénitales dans les environs de Bécancour, et tout le reste qui porte à croire que le nucléaire n'est pas une énergie propre et sécuritaire.

La ministre Normandeau est l'ancienne ministre des affaires municipales qui se foutait bien qu'à Trois-Rivières le maire agisse en potentat de république de bananes en ne respectant pas le quorum d'un registre réclamant la tenue d'une consultation populaire.

J'ai écrit et envoyé ma pétition pour que le gouvernement oblige le maire à respecter les règles du jeu, pour qu'il nous soit encore permis de croire qu'il y a des moyens pacifiques pour des citoyens d'exprimer leur point de vue et d'intervenir dans les affaires de la communauté.

C'était à l'époque où les médias ne parlaient pas encore de collusion sinon de corruption dans le monde de la politique municipale. Elle s'en est torchée le cul et quelque fonctionnaire minable m'a écrit pour me dire qu'il ne voyait rien de mal là-dedans, que tout était ok, que ça passait comme une lettre à la poste, que je pouvais aller me torcher avec ma pétition, le registre à la con, les grandes phrases pompeuses sur la démocratie et tout le reste. On m'a rappelé que la démocratie, ça se mérite, et qu'il fallait se battre pour elle, tout le temps, tous les jours, autrement ils finiront par faire tout ce qu'ils veulent ces menteurs, ces fumiers, ces pleins d'marde...

Donc, Sébastien Bois, le gus qui s'oppose à Mister Burns et tous les diablotins nucléaires, a lancé des confettis jaune fluo sur le tailleur de la ministre Normandeau et, franchement, ça ne se fait pas, n'est-ce pas? Il est banni à vie de l'Assemblée Nationale. J'ai bien peur qu'il en fasse maintenant un titre de gloire. Après tout, il y en a qui siègent là-dedans qui font bien plus déshonneur à cette assemblée sinon à la fonction qu'il représente. Des demi-démocrates, demi-civilisés, plus actuaires que représentants du peuple ou bien défenseurs du pouvoir populaire.

Quand l'État gouverne injustement, la place d'un homme juste est dans l'indignation, dusse-t-elle se transmettre par des confettis jaune fluo ou bien par un soulier lancé sur George W. Bush.

Ce n'est pas tout à fait mon style. Je suis un peu trop poli sans doute. Cependant, s'il y a un jour moins de malformations congénitales aux alentours de Gentilly 2, ce sera peut-être à une tête chaude comme Sébastien Bois qu'on devra un petit quelque chose. Quand on gueule on se fait voir et entendre. Quand on joue à la moquette, comme le voudraient les péquistes, petits bourgeois bien plus offusqués par une poignée de confettis que par des radiations nucléaires, on a tout simplement rien et on se fait écraser une fois pour toutes.

La neige tombait à gros flocons sur la ville endormie

La neige tombait à gros flocons sur la ville endormie.

Charles-Henri Dupont ne dormait pas. Il était seul dans sa petite guérite, à l'entrée d'un stationnement vide. Seul avec sa petite télé qui ne captait que trois postes, sa boîte à lunch et son portable. C'était le plus beau métier du monde, parfois. Il n'avait qu'à trouver le moyen de rester éveillé pour contempler la neige qui tombait à gros flocons sur la ville endormie.

Sa guérite c'était aussi sa cabane sur la glace, sa capsule dans l'espace, son skidoo sur la neige, son voilier sur la mer.

Dupont se faisait tout plein d'idées comme ça pour passer le temps, quand ce n'était pas pour le tuer férocement.

Quand il s'ennuyait trop, hop! il ouvrait son portable. Et il discutait de physique quantique avec ses potes au Yémen, en Mongolie et au Japon. Dupont parlait couramment l'anglais, comme à peu près tout le monde, et la physique quantique c'était son dada.

Le monde ne savait pas encore quelles nouvelles découvertes jailliraient de la tête d'un simple gardien de stationnement, que la neige tombe à gros flocons ou pas sur la ville endormie.

jeudi 26 novembre 2009

Umf!


Imaginons un instant que vous échappiez un poil de nez dans le lavabo sans le faire exprès, juste en expectorant un peu du nez, umf! comme pour dire «je le sais!»

Imaginons cela, hein...

Bon, y'a pas grand chose à rajouter là-dessus. Sinon qu'Émile Laflamme alias Latorche faisait souvent ça, umf, à s'en arracher les poils du nez et il n'était pourtant pas du genre à dire «je le sais!»

Et ses poils de nez, évidemment, finissaient souvent dans le lavabo puisque Latorche faisait cela devant le miroir. Umf! Umf! Umf! Et ziouppe! Des poils de nez dans le lavabo! Avec quelques glosettes, des crinkles et tout le reste... Brrr... Ouache!

Latorche était manchot, voyez-vous, et il pratiquait le métier de ténor au sein d'un quelconque orchestre symphonique de banlieue. Bien que sans bras, Latorche avait de solides poumons et ce n'est pas pour rien qu'il expectorait du nez au-dessus du lavabo. Il fallait bien que ça sorte! Comment vous décrotteriez-vous le nez si vous êtiez manchot, hein?

Réponse: umf!

Et voilà!!!

Donc, on n'en fera pas tout un plat de ces quelques poils de nez, de ces expectorations nasales, de ces umfs tonitruants et glaireux. Latorche ne chante pas le nez plein et quand bien même qu'il umferait à s'en arracher les poils, hein, qu'est-cé ça peut ben calisser hein? Dites-moi?

Rien. Ça donne rien de dire que Latorche est un hostie d'cochon, un dégueulasse, ou ce que vous voudrez, juste parce qu'il umfe du nez.

Il est manchot! Man-chot-te! Comment voulez-vous qu'il se cure le nez? Avec les orteils dans le nez et la queue dans la bouche tant qu'à faire? Voyons donc!

Umf! Umf! Umf! Et c'est final bâton. Ces poils de nez et tout le reste y passent. Il ne lui reste plus ensuite qu'à faire ses vocalises. Et à passer une très belle soirée à l'opéra avec ses copains et ses copines.

Oh! C'est un bon ténor, Latorche. Je vous l'ai dit. Il n'a pas de bras mais quels poumons! Et comme il umfe souvent, on croirait que sa cage thoracique a pris de l'ampleur. Il peut chanter fort longtemps, très fort et pendant un hostie d'bout d'temps. Latorche, c'est quelque chose l'entendre. Sérieux. C'est vraiment que'que chose. On voit qu'il ne s'empêtre jamais dans les poils de son nez en chantant. Jamais. Et il rythme la musique avec ses sourcils broussailleux, son nez et autres appendices.
C'est vraiment un fameux musicien Latorche à Laflamme. Fameux, sérieux...

Fameux. Ouais.



mercredi 25 novembre 2009

DEHORS LES NÉO-CONS!

Les néo-cons gravitant autour de Herr Harper n’en manquent pas une pour passer pour de vrais cons, salauds et pourris dégueulasses. Ils se torchent le cul avec tous les traités internationaux. Ils rotent plus qu’ils ne pensent. Ils pètent, reniflent leurs vesses et pensent qu’ils ont réfléchi.

Après le jeune soldat Omar Khadr qu’on laisse pourrir à Guantanamo, on apprend par Colvin, qui a été diplomate canadien en Afghanistan, que l’armée canadienne envoyait des prisonniers se faire torturer par des pourris qui seraient sensés faciliter la démocratie et les droits de la personne dans ce pays de cul qui n’en finit plus de sentir mauvais.

Franchement, qu’est-ce que le Canada fout avec ces néo-cons?

On a craché sur Stéphane Dion qui avait au moins un mérite, soit celui d’avoir préconisé une forme d’union progressiste face à la droite régressive, unie autour d’une bande d’idéologues déconnectés presque autant qu’une secte marxiste-léniniste…

Dehors les néo-cons! Arrêtez de faire honte au Canada et au Québec avec vos niaiseries d’incultes barbares et réactionnaires!

PROGRESSISTES DU CANADA ET DU QUÉBEC: UNISSEZ-VOUS!

Du baloney pour Noël


C'était le jour même de Noël, en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, quelque part dans le quartier Saint-Roch, à Quebec City, oui monsieur.

Je devais avoir dans les trente-et-une révolutions complètes de la Terre autour du Soleil.

Je produisais une émission hebdomadaire pour Radio Basse-Ville, CKIA 96,1 FM, une émission qui s'appelait Simplement. Simplement, comme pour mon blogue. Signe que j'ai de la suite dans les idées ou bien que j'ai tout simplement des idées fixes.

Pour Noël, j'allais faire tout autrement. Il manquait d'animateurs ce jour-là et j'avais été retenu pour bouche-trou.

-Hey Gate, ça t'tente-ti d'être en ondes à Noël? qu'on m'avait demandé.

-Bah! Pourquoi pas?

Et voilà comment j'avais hérité de ce privilège: présenter une émission spéciale pour la Noël de mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.

J'entre donc en ondes à une heure pile en après-midi, le jour de Noël.

-Bonjour mesdames et messieurs. Vous êtes à l'écoute d'une émission spéciale de Noël qui s'intitule «Du baloney pour Noël». Je la dédie à tous ceux et celles qui mangeront du baloney aujourd'hui.

Et j'enchaîne avec la célèbre toune de Capitaine Nô, la toune intitulée «Baloney» bien sûr.

Quand j'embarque dans ma sandwiche
Dans ma sandwiche au baloney (...)

(Y'a des extraits ici... mais y'a pas Baloney...)

Ça ne fait pas trente secondes que la toune tourne à la radio que je reçois l'appel d'un auditeur.

-Radio Basse-Ville joyeux Noël! que je réponds.

-Ah man! C'est hot en hostie c'que tu fais man pour les ceusses qui mangent du baloney aujourd'hui... 'Ai r'viré une christ de brosse la nuitte passée pis à matin pis sais-ti c'que j't'en train de manger toé-là hein? Du baloney!

-J'ai mon hostie d'voyage! Tu manges du baloney?

-Yes sir man! Du baloney!

-Bon ben j'te souhaite un joyeux Noël.

-Aurais aussi à'... une... demande spéciale.

-Ah oui? C'est quoi?

-Mangez tous d'la marde!

-C'est qui qui joue ça?

-M'en souviens p'us... Plume e'j'pense...

-Ok. Merci d'avoir appelé et bonne journée.

J'enchaîne donc avec Bienvenue au cabaret Chez Dieu de Plume Latraverse.

Bonjour, bonsoir mesdames et messieurs!
Mangez d'la marde et bienvenue Chez Dieu!

Et l'émission se poursuit allègrément pendant une heure. Et tous les ivrognes de Québec semblent s'être donnés le mot pour me téléphoner ce jour-là.

Ce fût un Noël que je n'oublierai jamais.

Du baloney pour Noël...


lundi 23 novembre 2009

La Noël de Leboeuf en 1889



Ça se passait la veille de la Noël de dix huit cent quatre-vingt-neuf, quelque part dans le bas du rang des vieilles filles allongées, entre le rang des grands brûlés et le rang St-Joseph.
Leboeuf, c'était un mécréant, comme de raison, et il ne voulait pas aller à la messe de minuit parce que c'était un gars d'même, un gars qui se moquait du Bon Dieu et qui buvait pas mal en plus.

Ça fait que la Noël arrive. Leboeuf, bien à son affaire, gras dur, prospère sur sa terre de trente arpents, liseur de journaux de Montréal et de gazettes des Vieux Pays, libre-penseur comme il dit pour ne pas dire qu'il était rien qu'un saoulon, Leboeuf, eh bien il avait déjà commencé à y aller pas mal fort sur sa bouteille de gin.

-Hostie que ça fait du ben! qu'il disait la veille de Noël, imaginez-vous don', en buvant du fort. Tabarnak que ça s'prend ben du gin à 'a veille d'la Nouëlle! Pis calice de christ qu'i' s'attendent pas à c'que j'aille me pointer e'l'nez à leu' sacrement d'messe de minuit! Dieu pis Santa Claus qui vient porter des jouets aux enfants, ça fait longtemps qu'j'ai compris qu'c'est des fables calice!

Leboeuf blasphémait, sacrait et buvait comme un animal. Et pendant ce temps, tous les bons chrétiens de Saint-Isidore-des-Lamentations s'en allaient à la bonne vieille messe de minuit pour réciter leurs patenostres et autres fariboles sur des airs d'orgues des temps apocalyptiques. Les anges étaient dans les campagnes. C'était les Grenon qui avaient été retenus pour personnifier toute la bande rassemblée dans la crèche: Marie, Jésus, Joseph et tous les ânes. Hosannah au plus haut des cieux!

Évidemment, Leboeuf était le sujet de conversation de toute la paroisse. Leboeuf ne viendrait pas à la messe de minuit!!!

Pauvre madame Leboeuf! Une femme si pieuse... qui avait enfanté d'un tel impie, trop intelligent, toujours en train de lire à se rendre fou et à se renseigner sur tout, un spécimen d'incrédulité, de scepticisme et d'athéisme déguisé en paganisme!

Et pauvre monsieur Leboeuf! Travaillant comme dix. Jamais un mot plus haut que l'autre. Toujours prêt à réparer le toit du presbytère pour trois fois rien! Et un tel fils... Riche, oui, mais si traître envers Dieu et notre Sainte Mère l'Église!

Oui, le malheur avait frappé la famille Leboeuf. Il avait fallu que ce soit ces bons catholiques romains qui écopent d'un fils tenté par tous les diables qui sacrait comme un déchaîné et disait même que Dieu n'existait pas!

-C'est dans vos têtes hostie! Vous êtes mêlés! qu'il leur disait à tous, tout le temps, n'importe où.

Mais cette veille de la Noël de dix huit cent quatre-vingt-neuf, alors que résonnaient les douze coups de minuits du clocher de la paroisse de Saint-Isidore-des-Lamentations, voilà que se fit entendre de grands coups de cannes à pommeau d'or sur la porte de la demeure du fils mécréant des Leboeuf.

Et vous savez qui c'était, n'est-ce pas? Le Diable lui-même, tiré à quatre épingles comme c'est devenu son habitude. Il s'était parfumé à l'eau de Cologne, le sagouin, et parlait avec un léger accent parisien tout à fait insupportable.

-Monsieur Leboeuf! hurla le Diable. Je suis le Diable! Ouvrez la porte je vous en prie! Je viens vous faire signer un contrat!

Il voulait lui acheter sa terre, le tabarnak. La terre de Leboeuf. À minuit pile, le jour de Noël. On a beau être athée qu'il y a des choses qui ne se font pas.

Leboeuf lui ouvrit la porte et, tout nu sous sa chemise de nuit tachée de vin rouge, il se mit à l'insulter vertement.

-Que tu soyes le Diable ou son beau-frère veux-tu ben m'calisser 'a paix tabarnak? E'j'vendrai pas ma terre hier ou après-demain, pis encore moins à minuit pile e'l'jour d'la Noël! Calice ton camp d'icitte! Crisse-moé la paix!

Le Diable, dépité, rebroussa chemin vers une autre maison où il semblait y avoir plus de gens et plus de lumière aussi. Cette nuit-là, un vieux mourut d'un infarctus dans cette maison et c'est sûrement parce que le Diable y joua quelques airs de violon de son cru, dont sa célèbre gigue du pied cornu.

Pour le reste, Leboeuf s'en tira bien cette fois-ci, comme les années précédentes, comme quoi la chance sourit parfois aux ivrognes en dépit de tous les bons enseignements du catéchisme.

Que voulez-vous! Notre royaume n'est pas toujours de ce monde...

dimanche 22 novembre 2009

DEUX NOUVELLES TOILES

Je vous présente deux tableaux que je viens tout juste de vernir. J'ai pris les photos à l'extérieur et, bien sûr, ce ne sont que des photos. Mes tableaux me semblent avoir des couleurs plus vives que ce que l'on peut voir ici. Illusion d'optique? Pas du tout. C'est vrai!!! Des photos, ça ne reste que des photos... Voilà pourquoi les gens de bon goût et les musées achètent des toiles à un prix hors du commun. C'est de la grosse ouvrage, croyez-moi, bien plus que d'appuyer sur un piton...

Enfin! Assez de jérémiades. Laissez-moi donc vous présenter ces deux tableaux.

D'abord «Un souper entre amis». Format 3 pieds par 3 pieds. Tout à l'acrylique. Avec trois bonnes couches de vernis.
Ensuite, «Un parc en milieu urbain». Format 2 pieds et demi par 4 pieds. Avec trois bonnes couches de vernis aussi.
Trois toiles sont sur le point d'être terminées. Elles devraient figurer ici bientôt. D'autres projets sont aussi en chantier. Je vous en reparle. Etc.






vendredi 20 novembre 2009

Face de rat


Georges Sanschagrin, conseiller municipal et préfet de discipline à ses heures, en avait gros à dire sur la responsabilisation des itinérants, vagabonds et autres va-nu-pieds qui pullulent dans les rues de nos villes.

Les traits de son visage s’ajançaient de manière à rappeler la figure du rat quand il parlait de discipline et de responsabilités, sinon de devoir. Il y avait en Sanschagrin un zeste de Savonarole, sinon d’inspecteur Javert, qui faisait de lui la personne la plus inapte à tenir les rênes du pouvoir. Pourtant, c’est à ce rat que l’autorité avait été confiée et les gus du patelin devaient tout de même faire affaire avec cet escogriffe quand il était temps de débloquer des budgets ou bien de bloquer des rues pour une quelconque activité caritative.

Ce matin-là, Damien Lafortune se tenait devant cette sale tronche de rat pour obtenir de la municipalité l’autorisation de bloquer une rue pendant une journée pour «la kermesse des paumés». C’était pour financer des projets de réinsertion sociale pour des gens tout croches qui mendient généralement sur les trottoirs.
Cheveux longs, l’air vaguement hippy, Damien était un grand gaillard bâti comme une armoire à glace qui chaussait des bottes d’armée et portait un tee-shirt avec un signe de Peace.
Quel supplice c’était que d’avoir à s’expliquer devant le Rat pour ce pauvre Damien, si révolté devant la bêtise et le manque de compassion des types comme Sanschagrin, alias le Rat.

Le Rat était particulièrement volubile ce matin-là, bien enfoncé dans son fauteuil, jouant du crayon comme s’il tenait une trique de SS.

-Vous savez Damien, disait-il sur un ton condescendant, vous savez que les personnes qui vivent dans la rue doivent absolument savoir qu’ils n’ont pas que des droits, mais qu’ils ont aussi des obligations envers la société, donc il faut leur enseigner la discipline et les écarter de la drogue et de l’alcool, les obliger à retourner à l’école ou bien à se trouver du travail au plus vite car… enfin… n’est-ce pas… évidemment... tout à fait... bien sûr... donc... car...

C’est là que Damien avait pété les plombs…

-M’sieur Sanschagrin, tout ce que j’ai à vous répondre c’est…ta-bar-nak! Comment voulez-vous enseigner la discipline à quelqu’un qui fouille dans les poubelles et est en révolte contre la terre entière parce qu’il s’est fait violer par son père, hein? Vous voulez lui enseigner quoi, lui donner quels ordres au juste? Comptez-vous chanceux qu’on soit là pour éteindre les feux, nous les travailleurs de rue et autres bébites sociales… Si nous n’étions pas là pour leur donner un début d’écoute et une poussière d’espoir, ben calice, ils lâcheraient peut-être les poubelles pour aller vous étrangler chez-vous, dans votre maison… Comptez-vous chanceux qu’on soit là, nous les pouilleux de travailleurs de rue qui n’ont pas envie de donner des ordres et d’enseigner la discipline à quelqu’un qui est à terre, au plancher, déconcrissé de la vie… À la guerre, hostie, on ne tire pas sur les ambulances! Ça fait que fermez-la, la calice de rue, pendant une journée pour qu’on s’fasse un peu de cash pour remettre su’ l’piton les trous d’cul que vous voulez pas voir traîner dans votre belle ville à marde!

Sur ces sages paroles, Damien s’était levé et avait crissé son camp.
Sanschagrin, dépité, avait tout de suite songé à un moyen pour que cet impudent perde son emploi. Cependant, avec tous ces gauchistes qui pullulaient dans le milieu communautaire, il s’était ravisé.

-Il faut savoir mener des guerres d’usure… Nous les aurons, ces crottés!

Il se versa un bon verre de gin puis il regarda fixement devant lui, avec ses yeux de rat, sa face de rat et ses cheveux ras.

mercredi 18 novembre 2009

LA BEAUTÉ EST ÉPHÉMÈRE


La beauté est un besoin tout aussi viscéral que le manger et le boire. Évidemment, il n’est pas donné à tout le monde de le comprendre. Ceux qui ont faim et soif finissent généralement par concentrer toutes leurs pensées sur leur estomac. Mais les autres, qui peuvent aussi avoir faim et soif à l’occasion, en viennent tout de même à faire de la beauté un besoin qui touche tout autant aux viscères. « Qui prend aux tripes » comme on dit.

Réjean avait besoin de beauté et le mois de novembre, si triste avec ses arbres dénudés, s’y prêtait tout à fait.

-Ça, j’suis sûr que ça va ramener d’l’espoir dans ‘a maisonnée!

« Ça », c’était une grosse boîte qu’il n’était pas si facile d’embarquer dans la valise du taxi.

-Qu’est-cé « ça »? demanda Francine, la conjointe de Réjean, quand elle le vit sortir du taxi avec sa grosse boîte qu’il peinait à ramener vers le logis.

-Comment ça va mon amour? répondit malicieusement Réjean tout en rentrant la boîte.

-Ça va, ça va… Mais veux-tu bien m’dire qu’est-cé ça c’te grosse boîte-là?

-Ça, bébé, c’est d’la beauté… la magie de Noël!

Et la magie de Noël, c’était une énorme masse de plastique rouge et blanche qu’il suffisait de gonfler pour qu’elle se transforme en superbe décoration de Noël : un bonhomme de neige dans une bulle qui reçoit des morceaux de styromousse en pleine gueule comme s’il neigeait, grâce à un procédé ingénieux qu’il serait fastidieux de vous expliquer ici. Disons seulement qu’on en voit un peu partout de ces grosses boules de Noël et autres bidules gonflables du Temps des Fêtes : Père Noël, Fée des Étoiles, lutins et autres rennes au nez rouge.

-Wow! C’est une grosse boule ça! ajouta Francine quand le bidule fût gonflé et installé sur le perron avant par une belle journée ensoleillée de la mi-novembre.

-Nos voisins vont nous envier! poursuivit Réjean. Regarde comme c’est beau!

En fait, personne ne les envia et presque tout le monde trouva que c’était de mauvais goût. « Ça fait béesse! » prétendirent quelques drôles.

Les jours et les semaines passèrent. Francine et Réjean finirent par se chicaner à propos de la boule géante. Elle avait coûté trop cher pour rien, aux dires de Francine, et tout ce bel argent aurait dû être investi dans la nourriture plutôt que dans la décoration.

-C’est toujours comme ça Réjean! hurla Francine par un jour pluvieux de la mi-décembre. T’achètes toutes sortes de cochonneries pour rien pis après il ne nous reste plus rien à manger! Ça s’mange pas une boule gonflable tabarnak!

-Toé, hurla Réjean, tu penses ben rien qu’à manger! Faut qu’la vie soye belle un peu me semble!

-Tiens! Calice! M’a t’la péter ta bulle! cria de plus belle sa conjointe en plantant une paire de ciseaux dans la toile de plastique, ce qui eut pour effet immédiat de faire fondre le bonhomme de neige artificiel.

-Ah oui? Puisque c’est comme ça, je m’en vais! Je te quitte! cria Réjean, dépité devant tout ça.

Les jours passèrent. Et les camions de déménagement aussi. Tant et si bien que le logement de Francine et Réjean devint complètement vide le 21 décembre, à quelques jours de Noël.

Tout avait été ramassé, sauf la bulle dégonflée, sale et poussiéreuse, qui s’était lamentablement échouée sur le perron parmi d’autres détritus.

La beauté, voyez-vous, est toujours éphémère…

mardi 17 novembre 2009

Y'A DES JOURS DE PLAINE


Mon père m'a souventes fois parlé de Frontenac et Louis Riel quand j'étais jeune. Pour Frontenac, franchement, j'en avais rien à cirer. Qu'il ait ou non parlé par la bouche de ses canons, je m'en tabarnaquais et m'en crisse d'autant plus aujourd'hui.

Par contre, j'ai toujours eu une faiblesse au coeur quand il me parlait de Louis Riel. C'était comme s'il me parlait de Géronimo, Crazy Horse, Red Cloud ou Sitting Bull. Cette histoire était la mienne, bien plus que celle de Frontenac et de ses canons.

Je me suis promené quelques jours au centre-ville de Winnipeg au milieu des années '90 et j'ai été étonné par trois choses: 1) la bière à un dollar vendue aux Sauvages défuntisés des environs de l'Hostel for Men de la Salvation Army, 2) les tas de putes laides, malpropres et décalissées de la vie qui vendaient leur corps pour un paquet de cigarettes ou deux gorgées d'alcool à friction, 3) les graffitis, dont Red Power et Remember Louis Riel, qui me semblaient le seul espoir de ce coin sale et déprimant. Évidemment, je me tenais essentiellement à la bibliothèque de l'université. Et je lisais des trucs sur Antonin Artaud, ce qui n'a rien à voir avec ce dont je viens de vous parler.

Quoi qu'il en soit, Remember Louis Riel.

Il a été pendu le 16 novembre 1885, par John A. MacDonald, un hostie d'ivrogne qui vomissait sur ses discours au Parlement quand il relevait de brosse. C'est à cet excrément de la politique canadienne que l'on doit la pendaison d'un des plus grands héros du Canada moderne, sinon de l'Île de la Tortue.

Cette vieille catin conservatrice ne voulait pas d'un sale métis devant lui pour discuter du budget ou bien des préparatifs du bal en l'honneur d'un quelconque petit monsieur Windsor.

Le Nouveau parti démocratique (NPD) a déposé hier une motion pour reconnaître Louis Riel comme étant l'un des Pères de la Confédération canadienne. Bon, c'est une manière de dire Remember Louis Riel. Qui peut être contre la vertu, hein? D'autant plus à une époque où c'est un métis qui est président des États-Unis et non pas un membre du Ku-Klux-Klan.

Ok pour la statue devant la Chambre des Communes, mais j'aimerais mieux encore que ce soit un gros hostie de totem qu'une face de Louis Riel sculptée par un ancien artiste soviétique à la retraite.
Riel, pour moi, c'est plus que ça. Plus qu'un personnage politique. C'est la voix d'un Indien, du petit-fils de sa grand-mère maternelle Chipewiyan, d'un Sauvage, métissé avec la Marseillaise, qui suit plusieurs fois la voie légale et pacifique en se faisant toujours claquer la porte dans 'a face. Jusqu'à ce tout ce qu'il y avait de sauvage et de français au Manitoba se soulève d'un coup sec pour fonder la République du Manitoba!
Le pendu a eu raison sur ses bourreaux. Leur nom sera sali pour des générations à venir.
***

lundi 16 novembre 2009

QUELQUES TABLEAUX RIEN QUE POUR VOS YEUX

Quelques tableaux rien que pour vos yeux.
Par ordre de présentation:

1) Vieux freak (acrylique, extrait numérisé d'un tableau de format 9 X 18 po., ...le reste rentre pas dans le scanner! )
2) Il fonce dans la neige blanche (acrylique, 10 X 12 po.)
3) Les quatres patineurs (acrylique, 10 X 12 po.)
4) Alors là pour les deux dernières photos j'ai un petit problème... Pas moyen de prendre une photo à l'intérieur. On voit toujours le flash... Faut que j'attende qu'il fasse soleil pour la prendre à la lumière naturelle du jour. Autrement, ça ne vaut pas le cul. La preuve est ici, deux photos intérieures: une avec flash et l'autre sans flash... De la calice de marde! Je vous la remontrerai bientôt. Cela rappelle l'importance de l'oeuvre réelle par rapport à sa reproduction technique qui ne sera jamais que l'équivalent du Cheese Whiz pour un fromage cru de haute gastronomie... (Serais-je en train de me vanter, moé, hein?) Quoi qu'il en soit c'est à l'acrylique et sur un tableau de format trois pieds par trois pieds. Le tableau s'intitule Un souper entre amis. J'ai dû passer des jours et des nuits, rien que pour trouver le titre.





























vendredi 13 novembre 2009

La comète




Une comète allait un jour ou l'autre s'écraser sur la Terre. C'était évident: il n'y avait qu'à regarder les traces laissées par les comètes précédentes sur les cartes géographiques. Prenons seulement le Québec, tiens: c'est plein de cratères! Le Lac St-Jean? Un ancien cratère maintenant rempli d'eau. Idem pour l'étrange demi-cercle dans la Baie d'Hudson. Alors, vous voyez bien qu'une comète s'écrasera un jour ou l'autre, n'est-ce pas? S'il y en a eues c'est qu'il y en aura encore. Et que se passera-t-il cette fois? L'extinction de l'humanité, tiens.

Ces propos formaient le coeur du discours de Matthew Salem, lobbyiste pour la firme d'ingénierie Vulcan, Vulcan qui était aussi le principal contributeur du Parti de la Famille, ignoble parti de la droite puritaine qui se crissait autant de la famille que des comètes. Money talks était leur devise. Et, oui, on fera du cash avec la comète.

Une comète allait bientôt s'écraser sur la Terre et il fallait que le Parti de la Famille investisse de beaux milliards dans un projet insensé: bâtir dans l'espace une immense toile de satellites en mesure d'envoyer des tas de missiles sur la comète avant qu'elle ne vienne tous nous annihiler.

Quelle comète? Ça paraît que vous vivez en ville. Regardez le ciel, rien qu'un peu, et il y'en a plus que vous ne pourrez jamais en compter. Donc, n'importe quelle comète.

Évidemment, des experts en communication de chez Vulcan se chargeaient d'envoyer des tas de communiqués de presse pour vendre l'idée d'une catastrophe imminente si l'on ne créait pas cette toile de satellites bourrés de missiles pour contrer la comète maudite.
Comme c'était des experts, les média du monde entier se relayèrent bientôt l'information. En Chine. Au Burkina Faso. Au Québec.

Et le Parti de la Famille n'allait pas demeurer en reste. Il y avait de l'argent à faire avec ça. Des tas de contrats pour tout le monde, du livreur de pizza jusqu'à l'ingénieur nouvellement diplômé.

À tous les jours, les chaînes de nouvelles en continu en remettaient. La comète allait tout détruire, tout, tout et tout.

Matthew Salem s'en frottait les mains, comme un vulgaire brigand fier de son larcin.

Et le Premier ministre et tous les autres bouffons s'en frottaient les mains aussi.
Même les poètes et les musiciens y trouvaient leur compte. Les voilà qui joignaient leurs voix et leurs coeurs pour combattre la comète.

-Non, non, non nous n'en voulons plus de la comète!
Ça tournait tous les jours à la radio, cette chanson insignifiante. Et les librairies débordaient de récits lyriques et délirants sur l'art de survivre à la comète.

Pendant ce temps, moi, et bien je riais tout seul dans mon coin.
Et je me disais en moi-même que les gens étaient plus bêtes que je ne l'aurais cru.

jeudi 12 novembre 2009

ON S'EN COLISSE


On m'a fait entendre hier une petite chanson produite par des gars de Twois-Wivièwes. Leur toune s'intitule On s'en colisse et c'est signé Sir Pathétik que l'on voit ici, à gauche, sur la photo.

Je ne suis pas amateur de rap, mais compte tenu des circonstances, je dois avouer que cela me rejoint tout à fait. Ce qui fait de cet air anodin, On s'en colisse, un hymne trifluvien.
Je me doute que la plupart des Trifluviens s'en colissent. La politique? Nous autres on s'en colisse. Que t'aie du cash ou des diplômes: nous autres on s'en colisse. Que tu sois bi ou fif ou riche ou pauvre: on s'en colisse!

C'est libérateur, en quelque sorte, de s'en colisser.

La grippe A? On s'en colisse!
L'ADQ, Taillon, Deltel, Caire, Dumont, Ducon-Lajoie? On s'en colisse!

Les Canadiens de Montréal perdent encore? On s'en colisse!

Le taux d'échec aux examens de français est dans l'tapis, au Cégep? On s'en colisse!

L'économie s'écroule? On s'en colisse.

Chu ben avec ma blonde, ma famille, mes amis pis j'trippe pis c'est toutte colisse.

C'que vous en pensez? On s'en colisse!
***
Bravo à Sir Pathétik pis sa gang pour le Félix qu'ils ont remporté au gala de l'Adisq. Vraiment, on s'en colisse!

mercredi 11 novembre 2009

Histoire du gars qui voulait mourir


Laframboise voulait mourir. C'est du moins ce que racontait Cloutier-dit-e'l'clou-à-Cloutier, vendeur de bière à crédit qui comptait sur les premiers du mois pour boucler son budget.

Autrement dit, E'l'clou-à-Cloutier avait un petit dépanneur dans un secteur pauvre et sale du centre-ville et sa clientèle était essentiellement constituée de personnes qui recevaient des prestations de vieillesse ou d'aide sociale.

Et Laframboise, qui ressemblait à un caniche maigrichon avec des yeux de hibou chauve, eh bien c'était comme la médiane de tous les calculs et statistiques qu'E'l'clou-à-Cloutier pouvait faire rouler dans sa tête pour se faire un tableau de sa clientèle-type.

E'l'clou-à-Cloutier ressemblait à mon beau-frère Jumbo, mais comme vous ne connaissez pas Jumbo je vous dirais qu'il aurait pu personnifier Mafalda avec une barbe. C'était un gros et grand gaillard qui vivait grassement sur le crédit des autres. Et gaffe à ceux et celles qui ne le payaient pas! Il se montrait alors intraitable et envoyait ses sbires chez-vous avec des bâtons de baseball aux bouts graissés à la vaseline pour empêcher la victime de retenir les coups.

Évidemment, il en fallait beaucoup avant qu'E'l'clou-à-Cloutier en vienne à cette extrémité. En bas de cinq cents dollars, E'l'clou-à-Cloutier savait se montrer magnanime en limitant sa cote à cinquante pourcent d'intérêt sur tout paiement qui n'était pas effectué dans le délai prescrit. Au-delà de cinq cents, il faisait travailler les trous du cul qui lui devaient de l'argent en les envoyant au front collecter l'argent de la canaille.

Cela dit, Laframboise voulait mourir...

Il s'en tenait toujours à deux caisses de vingt-quatre par semaine, avec deux ou trois paquets de cigarettes plus un pain plus un pot de beurre d'arachide.

Il payait toujours son dû au moment convenu, le premier, quand il recevait son chèque.

Sauf que ce premier-là, sa tante était morte.

Sa tante Imelda. Et il s'était saoulé la gueule tant et tant qu'il avait oublié de payer E'l'clou-à-Cloutier.

Laframboise fût doublement embêté: il n'avait plus d'argent et il n'avait plus rien à boire. Dans un cas comme dans l'autre, il lui fallait absolument aller voir E'l'clou-à-Cloutier.

Évidemment, E'l'clou ne voulut pas rajouter quoi que ce soit sur le compte de Laframboise, déjà passablement élevé.

-J'va's mourir si j'ai rien à boire mon bon m'sieur Cloutier! brailla Laframboise. Pour l'amour du bon Dieu, laissez-moé au moins une caisse avec un paquet de cigarette!

-Non c'est non. J'su's pas l'Armée du Salut calice! rétorqua E'l'clou.

-Une king can, hein? Avec deux, trois cigarettes! S'i'-vous-plaît mon bon monsieur! Ma tante Imelda est morte! J'va's mourir si j'en boés pas au moins une! La vie est trop dure!

-Non c'est non. Es-tu sourd hostie?

-J'va's mourir! Pitié m'sieur Cloutier! Rien qu'une gorgée... une poffe... J'attends l'héritage de ma tante Imelda... A' l'en avait d'coller! J'vas mouriiiiiir!

-Correct! Correct! Maudit braillard! Prends-toé une caisse pis un paquet d'cigarettes, mais oublie-moé pas une autre fois l'premier st-cibouère parce que tu vas avoir mal aux jambes!

-Merci m'sieur Cloutier! Vous êtes un homme bon! Ça en prend des gens comme vous, compréhensifs, attentionnés, dépareillés...

-C'est ça... C'est ça... Prends ta bière pis décrisse!

-Merci! Dieu vous le rendra au centuple!

-Ouin ben rends-moé ça à cinquante pourcent pis j's'rai ben content. Oublie-moé pas là cibouère, ok?


Du coup, Laframboise ne voulait plus mourir...

mardi 10 novembre 2009

Sacré Romuald!


Romuald Lachandelle est un électricien de son métier qui dort dans un garde-robe.

Dans un garde-robe? Oui, dans un garde-robe.

Sa chambre à coucher est remplie de pièces de toutes sortes, manomètres, métronomes, condensateurs, moteurs, gratte-dos, etc.

Ce qui fait qu'il doit dormir dans son garde-robe, heureusement d'une dimension suffisante pour qu'un homme de cinq pieds sept puissent y déplier les jambes tout à son aise.

Cependant, c'est un vieux garde-robe rempli de laine minérale. Ça pique un peu quand il se frotte un peu trop sur les côtés. Ce qui fait que Romuald a cloué un vieux drap pour que ça cesse de lui piquer tout partout sur le corps.

Romuald mange généralement des biscuits aux pépites de chocolat arrosés de bière.

Son passe-temps consiste à démonter des moteurs de scies sauteuses pour en faire des moteurs pour de futurs androïdes qui pourront faire tout ce que vous voudrez, même l'amour ou bien la sauce béchamel.

Hélas, son projet n'avance pas vite, manque de fonds. Ce qui fait que Romuald passe aussi son temps dans le fin fond de son garde-robe à regarder ses petites télés, quatre en tout, qui lui permettent de voir quatre émissions simultanément. Dont des quizz. Romuald raffole des quizz.

Hormis qu'il mesure cinq pieds sept pouces de hauteur, Romuald n'a pas de moustache. Il est imberbe de naissance. Cependant il a un gros sourcil broussailleux qui lui traverse le front. Son sourcil est souvent couvert de pellicules mais pas son front puisqu'il n'a plus un traître cheveu sur le caillou, Romuald. Il a trente-deux ans et trois jours. Eh oui, il a fêté ça en fin de semaine, dans son garde-robe.

Évidemment, Romuald Lachandelle vit seul et ne s'en plaint pas devant les autres. Mais le soir, quand il voit sa chambre, ses murs dégueulasses et sa vie sordide il se dit que ce serait bien un petit peu de féminité.

Alors, pour se consoler, il regarde un petit film érotique et ne se lamente pas longtemps. Ensuite, si la veillée est jeune, il va prendre un café chez McDonald's parce que c'est moins cher et ouvert vingt-quatre heures. Il ne parle à personne. Si la serveuse lui sourit, il rougit. Il lit Le Journal de Montréal, en commençant par la dernière page.

Puis c'est à peu près tout.

À part de ça, il est bien sympa.

Des diplômes dans des boîtes de Cracker Jack...


Au Québec, on peut obtenir son diplôme dans une boîte de Cracker Jack.

Vous ne connaissez pas les Cracker Jack? Maïs soufflé et arachides caramélisés contenus dans une boîte de carton ornée d'un petit matelot et de son chien. C'est accompagnés d'une surprise: une figurine, un sifflet ou bien un diplôme. De nos jours, le plastique a remplacé la boîte de carton. Les Cracker Jack goûtent la même chose, mais le look en a souffert un peu.

Des tas d'illettrés sortent de nos collèges et universités avec des diplômes qu'ils ont trouvés dans une boîte de Cracker Jack. C'est plus souvent la norme que l'exception.

On a beau dire que le français n'est pas une langue facile à maîtriser que les Chinois maîtrisent tout de même la leur, tout aussi complexe, une fois rendus aux études supérieures. Idem pour les autres tribus et nationalités.

Pourquoi c'est toujours plus poche, ici au Québec? Pourquoi ce culte de la médiocrité et de l'insignifiance, du laxisme et de la procrastination? Pourquoi l'incompétence est-elle élevée au rang d'un système au Québec? C'est à cause des Cracker Jack...

Regardons nos politiciens: franchement ça ne vole pas haut. Il y en a dans le lot qui n'ont rien fait d'autre que ça dans la vie: de la politique. Ce n'est pourtant pas un métier. Cependant, un diplôme trouvé dans une boîte de Cracker Jack suffit amplement...

Regardons ensuite l'élite dans son ensemble: ... Trois points de suspension. Comme une fourchette coincée dans une prise de courant. Et on a la main dessus évidemment. Et on buzze à n'y rien comprendre. Bzzz...

Finalement, on va s'acheter son sac de Cracker Jack, au dépanneur du coin, et on y trouve la sempiternelle figurine du marin Cracker Jack ou bien un diplôme ou bien une carte de membre de l'ADQ, gratisse pour un an, tiens, pour aller perdre son temps avec quelques lourdauds particulièrement incultes qui se donnent des airs d'inspecteur Javert ou d'anges exterminateurs à la Tartarin de Tarascon.

Le Québec mérite un meilleur avenir, en dépit de ses politiciens et de ses soi-disantes élites.

C'est affaiblir la communauté que de la contraindre à la lâcheté et à l'ignorance.

On assistera bientôt au retour de l'effort, du courage et de l'abnégation.

Parce que nous sommes vraiment allés au fin fond du trou.

Parce que la nature a horreur du vide.

Parce que manger de la gélatine constamment est le lot des personnes qui sont sur le point de crever.

Et la gélatine de ses dernières années d'imbécillité élevée au rang des plus hautes vertus ne peut qu'en faire vomir plus d'un, qui voudront un peu plus de fibres et de croquant, tant pour le corps que pour l'esprit.

Finalement, une bonne poignée de Cracker Jack pour se redonner de l'élan et un peu plus de rigueur, ça ne ferait pas de tort. Qu'on applique à l'intelligence les règles du hockey. Quand tu patines sur la bottine, tu dois rester sur le banc et regarder la partie.

lundi 9 novembre 2009

BREAK DOWN THE WALL!

Il y a vingt ans aujourd'hui le Mur de Berlin tombait.

Ce souvenir heureux va certainement m'aider à passer une belle journée.

Break down the wall.

Vive la liberté!

dimanche 8 novembre 2009

20E ANNIVERSAIRE DE LA CHUTE DU MUR DE BERLIN: UNE VICTOIRE DU CAMP DE LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE


Ça fera vingt ans demain que le Mur de Berlin s'est effondré sous le poids incontrôlable de la désobéissance civile.

Des tas de gens ordinaires sont devenus des héros par un beau jour de novembre, le neuf novembre mil neuf cent quatre-vingt-neuf pour être plus précis.

Ils sont descendus dans la rue et ils se sont dits fuck les autorités et autres crétins communistes, nous allons faire une virée dans l'Ouest s'acheter des petites douceurs comme du savon et du dentifrice, nous pétons les plombs, nous faisons sauter le couvercle de la marmite, nous ridiculisons une fois pour toutes tous les fascismes, qu'ils soient de droite ou de gauche, qu'ils portent des faisceaux ou des faucilles.

Le pouvoir du peuple c'est ça: des gens ordinaires qui, par un beau jour, se disent fuck them. Qu'i' mangent d'la marde. On fait lever le Mur. On le calice à terre.

Et on hurle de joie. On fait le signe V for Victory avec l'index et le majeur. Et on s'achète des tas de tubes de dentifrice, du savon et même des fruits frais en plein hiver, imaginez.

Les deux Allemagnes sont réunies. Wir betreten feuertrunken himlische von eligtum et c'est Beethoven et puis Schiller qui prennent leur revanche. La Neuvième retentit au neuvième jour de novembre dans toute l'Allemagne puis dans le monde entier. L'hymne à la joie. Les dictatures prennent ces années-là de solides coups de massues. Des tas de héros sortent de l'ombre, partout sur la planète, et les tyrans ont une vilaine gueule de bois.

Je rends hommage à ces millions de héros qui ont crissé à terre le Mur de Berlin.

Ces millions de gens ordinaires qui n'ont pas attendu un ordre ou bien suivi un plan organisé avant que de prendre la seule décision qui s'imposait: crisser à terre le Mur de Berlin.

***

Pour leur rendre hommage et résumer un peu, je vous propose ce petit reportage BD des plus fascinant. C'est l'oeuvre d'un certain Chapatte. Magnifique est le mot qui me vient en tête pour décrire ce petit bijou de documentaire. Technologiquement, il permet de faire plusieurs pas de géants à la BD dont le support est de plus en plus statique et permet toutes sortes d'insertions tant au niveau du son que de l'image. Magnifique. Oui. Magnifique.

samedi 7 novembre 2009

LES MÉCHANTS PERDENT TOUJOURS À LA FIN


«(C)’est un malheur extrême que d’être assujetti à un maître dont on ne peut jamais être assuré de la bonté, et qui a toujours le pouvoir d’être méchant quand il le voudra. Quant à obéir à plusieurs maîtres, c’est être autant de fois extrêmement malheureux.»

Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire ou le Contr'un

***

Je ne reprendrai pas au complet Le discours de la servitude volontaire ou le Contr'un d'Étienne de La Boétie. Seulement les deux titres: la servitude est volontaire et soyons contre le pouvoir d'un seul, d'où l'autre titre méconnu, Le Contr'un.

Tout est dans les titres.

La Boétie estimait que la servitude était volontaire, que le peuple secondait en quelque sorte la tyrannie en restant à genoux.

Pour La Boétie, la force d'un tyran provient du fait que les gens sont à genoux devant lui. Qu'ils se lèvent et le tyran fondra comme une neige au soleil de juillet.

Quand le peuple sortira de sa torpeur, il n'y aura pas de trou assez sombre pour que le tyran se cache de l'horreur et du dégoût universels que suscite le despotisme dans toute histoire qui se termine bien.

Comme les gens aiment les belles histoires, les méchants perdront toujours à la fin.

Bon, maintenant, le titre secondaire: le Contr'un. Contre le pouvoir exercé par un seul, bien sûr, qui met les autres à la merci des caprices imbéciles du roi, de l'empereur ou du plein d'marde qui se prend pour Dieu. Tous contr'un. Et un pour tous. On est pas ici-bas sur terre pour se faire chier.

Il ne faut pas avoir peur de changer le monde, de renverser les dictatures, même à petite échelle puisqu'il faut bien s'entraîner quelque part.

Les tyrans s'attendent à ce que tout un chacun plient l'échine et baissent le regard.

Soyez fermes. Dites non. Ne clignez pas des yeux. Ne détournez pas le regard. N'ayez pas peur: il n'y a rien là!

Montrez au despote que vous êtes un puis deux puis mille à ne plus vouloir s'agenouiller. Et vous les verrez fondre, les tabarnaks, vous les verrez se transformer en boue, en gélatine, en vase, en purée d'excrément.

Riez alors plus fort qu'à l'accoutumé.

Bombez le torse.

Marchez droit devant et de l'audace, oui, encore de l'audace.

Partez la fanfare.

Rameutez la meute.

Tout est possible, gang, et ils le savent en hostie en face de vous. Ils le craignent. Ils en chient dans leurs culottes. Parce que c'est dans la nature des choses: les méchants perdent toujours à la fin.

Cela fera vingt ans lundi prochain que le mur de Berlin est tombé.

Un beau matin, tout le monde s'est levé pour aller crisser à terre le mur de Berlin. Les tyranneaux d'Allemagne de l'Est en furent surpris. Le monde entier s'en est réjoui.

Tout est possible, oui, tout.


vendredi 6 novembre 2009

DON'T WORRY BE HAPPY


L'esprit de sérieux mine les rapports humains. Dès que le sérieux s'empare d'un esprit, il perd la tête. Les réflexions sont bientôt toutes orientées autour d'idées fixes qui s'écraseront lamentablement contre les rocs et les photons de la vie quotidienne. Et le gus finira par ressembler à un chameau ou bien un bouledogue, avec les joues pendantes, le regard de merlan frit et tout le reste qui fait en sorte qu'il ressemble plus à un carré qu'à un chameau ou bien un bouledogue...

L'expérience d'une vie vous confirme que les gens atteints de l'esprit de sérieux, tant détesté par Nietzsche entre autres philosophes, finissent toujours par devenir pour la vie et pour les autres des irritants majeurs qui finissent par vous obliger à les ignorer pour le mieux-être de votre âme.

Ce qui fait que Nietzsche plaidait pour la Gaya Scienza, le Gai Savoir: autrement dit il faut que ça soit le fun d'apprendre, qu'il y ait du feu et de la passion dans nos hosties de vies.

Le premier idiot venu qui serait drôle et amusant battrait à plates coutures n'importe quel prétendu génie qui ne ferait que chiquer de la crotte toute la journée en voyant la paille dans tous les yeux de ses voisins, alors qu'il y a des tonnes de poutres dans les siens.

Franchement, on est sur Terre pour rire et s'amuser. Et je dirais même que c'est la plus digne manière d'apprendre.

On est bien quand on est décoincé.

On pue moins de l'âme.

Et on lance un formidable défi à la vie: être heureux malgré tout.

Rire même s'il fallait pleurer.

Rire jusqu'aux éclats, parce que la bêtise doit bien servir à quelque chose.

Rire dans son for intérieur et en faire extérieurement un fort inexpugnable.

Rire comme un con de la corruption et de tous ces sales excès d'autorité.

Se tenir debout, le sourire aux lèvres, sans jamais cligner des yeux devant de méprisables créatures atteintes par l'esprit de sérieux qui voudraient enfermer la joie sous une chape de plomb pour que tout devienne triste, occulte et moribond.

Nous sommes des fils et filles de joie... et de lumière... et de tout ce que vous voudrez!

Assez de l'esprit de sérieux et de la platitude qui vient avec!

Don't worry be happy. Ce n'est pas de la résignation. C'est de la révolte pure!

jeudi 5 novembre 2009

Syllogismes

Un alcoolique n'est jamais anonyme. Il est toujours notoire.

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Quand il pleut dehors, c'est parce que c'est comme ça.

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La plus belle qualité du monde est la courtoisie. Ok là tabarnak?

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Quand les vaches se couchent, les chiens jappent. Quand les chiens jappent, les gens les frappent. Et quand les gens se frappent entre eux on dit que c'est plutôt vache ou plutôt chien. Donc?

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Un incompétent est toujours une personne distinguée qui occupe une fonction importante dans la société.

***

Etc.

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Je suis en train de découvrir un nouvel auteur russe: Ivan Bounine. Je lis Sacrement de l'amour en ce moment et tiens à lire Le Village et Le monsieur de San Francisco aussitôt que possible. Je vous reviendrai là-dessus, bien sûr. Les auteurs russes, c'est ma marotte.

***

Etc. encore.

mercredi 4 novembre 2009

LES RÉVOLTÉS DU BOUNTY


Gueuler vaut mieux que de se taire.

Les personnes qui se taisent finissent toujours écrasées un jour ou l'autre.

Ce sont des réflexions idoines qui transformèrent radicalement Steve Fossette, un gars à sa place, rameur comme tous les autres rameurs de la galère sociale, qui n'en pouvait plus d'un quotidien dominé par des tas d'imbéciles stressants qui avaient un petit pois à la place du cerveau, illettrés fonctionnels et ignares pitoyables qui avaient fait en sorte qu'il n'y avait plus de bonne place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier et pour tous les Steve Fossette aussi.

J'oubliais de dire de Steve Fossette qu'il était de taille moyenne et qu'il se rasait pourtant la barbe. Petits détails anatomiques nécessaires pour qu'un récit s'écrive selon les règles de l'art. Maintenant que je suis débarrassé de cette formalité, revenons au coeur du récit, ok?

Steve Fossette était journalier pour tel journal qu'il imprimait journellement.

Tous les jours, il se faisait dire des conneries en plus d'en lire.

Il ne disait jamais un mot plus haut que l'autre, Fossette, et se contentait de faire son boulot en écoutant les niaiseries de ses supérieurs, des egos démesurés dans de la cervelle de Jell-O.

Il les écoutait s'en prendre à l'un et l'autre pour des hosties de caprices de marde. Ils étaient tellement stressés, ces pauvres cloches, qu'ils ne s'excusaient jamais quand ils accusaient quelqu'un injustement, ce qu'ils faisaient régulièrement, juste pour casser du sucre sur le dos des travailleurs, ce qui est le passe-temps favori des personnages de peu d'envergure et autres mirlitons de la gérance ordinaire de tout camp de travail.

Et ils se croyaient, les caves, comme si leur position obtenue par des subterfuges plus que par le mérite nécessitait des explications superflues dont tout le monde se gaussait.

Mais là, c'en était assez.

Le gros Verdail l'avait fait sortir de son mutisme. Verdail s'était approché de lui alors qu'il travaillait sur la presse trois. Verdail, gros, gras et plutôt mauve, était un surdoué en matière d'imbécillité récurrente. Toutes ses paroles, tous ses actes étaient teintés d'incompétence. C'en était foudroyant. Tout le monde se disait, en murmurant, «comment ça s'fait qu'i' l'gardent encore c'te gros calice d'innocent?»

Il n'y avait pas de réponse à cela. Et tout le monde continuait de ramer dans la galère en se faisant houspiller par Verdail et consorts, petits despotes qui jouaient au golf pour se donner un look, qui n'avaient aucun sens de l'écoute et bégayaient en clignant des yeux lorsque d'aventure ils racontaient leurs mensonges préférés.

Et cette fois-là ce fût comme la coupe qui fait déborder la vase. Oui, de la vase. De la boue. De la marde...

Verdail avait reproché à Fossette ceci ou cela en menaçant de le crisser dehors. Fossette a lâché son poste à la presse trois et s'est mis à gueuler, lui qui ne gueulait jamais. Et ce fût comme un tremblement de terre, une victoire douce non seulement pour le coeur de l'Indien, mais aussi pour celui des travailleurs.

-Écoute moé ben mon hostie d'plein d'marde! rétorqua Fossette à son patron. Pis cligne pas des yeux quand j'te parle! On en a plein le cul de tes hosties d'accusations fondées sur rien, juste parce que t'as pas assez de couilles pour travailler pour vrai! Ton passe-temps favori, mépriser les autres, on s'en contretorche, comprends-tu? Tu l'veux l'tas d'marde? Ben mange-lé calice! Y'a toujours ben des hosties de limite à s'laisser dire n'importe quoi par un hostie de deux watts!

Tous les employés présents quittèrent leurs machines et applaudirent Fossette à tout rompre.

-M'en va porter plainte! brailla Verdail.

-Vas-y porter plainte hostie d'twit! ajoutèrent les autres. Y'a raison Fossette!

La foi déplace les montagnes.

La justice peut advenir de temps à autres sur terre comme sur mer.

Les révoltés du Bounty... Ouais, quel beau film!

mardi 3 novembre 2009

UNE VIEILLE AVEC UNE CANNE QUI CHERCHE LE BUREAU DES RENSEIGNEMENTS


De retour à mes pinceaux, loin des vicissitudes du temps et de l'espace.

J'ai des tas d'histoires à vous raconter, des tas de récits déjantés qui me font tordre de rire rien que d'y penser. Des tas de contes et de paraboles où je me moquerai de tout, même de moi, sans que mon je ne vienne tout souiller. Le narcissisme me fait chier, le mien comme celui des autres. Donc, je vais raconter des histoires où je ne serai pas vraiment là, enfin j'y serai le moins souvent possible parce qu'on en a rien à foutre du «j'me suis levé de bonne heure pis j'ai mangé deux toasts». À moins que ce ne soit dans un cadre narratif surprenant où tout se termine dans l'apothéose d'une orgie de guimauves rôties délicatement dans un four à bois, quelque part à Ste-Anne-de-la-Pérade, dans une cabane à pêche aux petits poissons des chenaux.

Oui je vais vous raconter des histoires folles. Comme d'habitude. La politique municipale? Ce sera ailleurs qu'ici désormais. Faut pas mélanger les carottes pis les navets. (Quoi que ça en valait le coup. J'ai perdu des lecteurs, mais je me suis franchement amusé! Bah! Ils vont tous revenir quand ils vont lire mes trucs débiles, avec les petits poissons des chenaux et tout le reste. Je les connais, ces voyeurs impudents.)

***

J'ai plusieurs tableaux en chantier, des scènes d'automne, des scènes d'hiver, des gens qui portent un toast autour d'un bon repas, des tas de trucs qui sortent de ma tête sans que je ne sache trop pourquoi.

J'ai terminé cette vieille avec une canne qui cherche le bureau des renseignements. C'est l'image qui décore ce billet. J'ai pitché de l'acrylique sur la toile et j'ai gossé des formes et des personnages. Voilà le résultat final. Le bureau des renseignements, franchement, je ne sais pas pourquoi. Comme je ne m'explique pas la femme si peu vêtue alors que tous les autres personnages semblent avoir froid. S'il fallait que j'explique tout ce qui sort de ma tête je ne serais pas un artiste mais un emmerdeur, hein? Donc, je me tais.

Donc, une vieille avec une canne qui cherche le bureau des renseignements et qui va sans doute le trouver puisque mes toiles distillent l'espoir, l'abnégation et la réussite sociale la plus totale qui soit.

C'est une toile de format, oh, je dirais huit par quatorze pouces. C'est vernis comme un charme. Et ça reluit dans le noir.

Merci beaucoup de lire Simplement, un blogue animé par moi, ouais, un type qui se lève tôt et se sent d'attaque toute la journée. On dit aussi de moi que je ne pue pas trop des pieds.

Merci beaucoup. Merci beaucoup.

Merci.

lundi 2 novembre 2009

UNE DÉFAITE QUI RESSEMBLE À UNE VICTOIRE



Il y a des victoires qui se transforment en défaites et des défaites qui se transforment en victoires.

45% des Trifluviens et Trifluviennes ont voté contre l'autocrate Yves Lévesque à la mairie de Trois-Rivières. C'est mieux que la dernière fois et cela laisse supposer que c'est son dernier mandat. Quand on vote contre Yves Lévesque, c'est pour la vie.

Il sera suivi de près, le p'tit père et doit avoir le caquet bas ce matin.

Il a perdu 20% du vote en deux semaines. On lui donnait 70% des intentions de vote dans «le» sondage. Que s'est-il passé, hein? Ses intentions de vote ont lamentablement fondues, alors que tout le monde, même la plupart de ses opposants, ne croyaient pas possible de lui ravir la mairie.

C'était possible... Il ne manquait qu'un peu plus d'enthousiasme. Les astres étaient alignés pour que Yves Lévesque court vers son désastre et vous savez quoi? Les astres sont encore alignés on dirait... C'est pas fini. Ce n'est qu'un début. Yves Lévesque nous a unis contre lui: remercions-le chaleureusement pour nous sortir de la torpeur, de l'aboulie et de l'apathie. Nous sommes maintenant comme un peuple en marche et la démocratie ne s'arrête pas pour quatre ans. Yves Lévesque devra rendre des comptes. Yves Lévesque devra marcher droit et cesser de jouer à l'autocrate où il affrontera un vent terrible comme il doit lui-même se douter.

Une semaine de plus de campagne électorale et il était out.

Félicitations à André Carle et son équipe pour avoir mis l'éthique au centre des enjeux électoraux.

Ce n'est qu'un début continuons le combat!

IL NE FAUT PLUS AVOIR PEUR DE GAGNER!

dimanche 1 novembre 2009

Pourquoi faut-il aller voter, hein?

C'est aujourd'hui le premier novembre, jour des élections municipales à Twois-Wivièwes et ailleurs autour.

Pourquoi faut-il aller voter, hein?

Parce que ceux qui se font élire pourront finir par souhaiter que plus personne ne vote et, croyez-moi, tout n'ira pas pour le mieux. Le pouvoir absolu ne flirte jamais avec l'humanisme, la tolérance, la justice et la compassion. Encore moins avec la liberté.

Votons pour le moins pire, puisqu'on n'a rien trouvé de mieux pour changer le monde.

Je ne crois pas au «caractère révolutionnaire» de ceux et celles qui ne votent pas. Ils subiront les choix que d'autres feront à leur place, dont le choix de ne pas être administré par des brutes, des bandits, des crapules, des racistes, des incultes, des caves, des morons, des deux de pique qui se croient pour Dieu, etc. N'oubliez pas de les remercier qu'ils soient allés voter si vous en recevez des bénéfices par la bande, dont l'assurance-maladie et l'assurance-fromage, qui ne sont pas le produit d'une opération du Saint-Esprit, mais le résultat de nombreuses pétitions, manifestations et finalement la conséquence de millions de bulletins de vote déposés dans des urnes.

Les autocrates sont bien contents que vous soyez si nombreux à ne jamais vous rendre aux urnes. Ils savent d'instinct que vos votes n'iraient pas vers eux et que vous auriez cette faiblesse d'appuyer celui qui vous semble le moins crosseur de la gang, faute de mieux.

Et c'est bien ça notre choix, aujourd'hui, voter pour le moins pire. Les ficelles dépassent de chaque côté des candidats. Il y a toujours quelques farceurs derrière eux pour leur souffler les répliques.

Pourtant il n'en tient qu'à nous de mieux comprendre cette structure de marde pour présenter les candidats de notre gang, comme ils le font, eux, en face.

Et c'est qui notre gang?

Tous ceux et celles qui ne vont jamais voter.

Ceux qui croient fermement que tous les politiciens sont des hosties de crosseurs qui veulent s'en crisser plein les poches, profiter du système, mentir, faire ce qu'ils veulent à n'importe quel prix. Jusqu'à ce que la communauté soit exsangue, sucée de tout son fric, avec des dettes plus grosses que le ventre et des projets d'hosties de niaiseux qui ne voient pas plus loin que les grues de leurs amis.

Donc, allons voter. Pour le moins pire, d'ici à ce que l'on propose quelque chose de mieux.

Sacrement, reprenons nos vies en main. La politique, ça sert aussi à ça. Wake up gang d'endormis! Arrêtez de vous gratter le cul et de sniffer vos doigts. Une vie ça ne sert pas qu'à regarder les autres la vivre. Participer. Join the party. Faites-vous entendre. Vos conneries valent bien les leurs.

Dehors les bandits, les corrompus, les pollueurs, les polluants, les arrogants, les trèfles à deux feuilles et les têtards qui se croient plus grosses que le boeuf!

Vive la démocratie ciboire, la liberté pis toutes ces affaires-là!

Fuck aux dictateurs et autres autocrates!

V for Victory hostie!

V comme dans votez.