mercredi 28 octobre 2020

Savoir se taire et écouter

Je n'ai pas dit ni écrit grand chose au cours des derniers jours.

Il y a des moments où un homme doit savoir se taire et écouter.





lundi 19 octobre 2020

AU ROYAUME D'LA POUTINE

Il était une fois un royaume d'la poutine où tout un chacun était devenu méchant les uns envers les autres. C'était à qui ferait la pire face de boeuf devant autrui. C'était à qui jouerait le rôle du crétin triste bouffi de rancoeur pour magnifier un peu les ratés de sa vie.

Dans ce royaume saugrenu, seuls les pires rabat-joie et autres cuistres haut-parleurs occupaient les meilleures positions. Au royaume du «au plus fort la poche» vous croyez bien qu'on ne laissait le meilleur qu'aux pires. C'était en partie par l'habitude et d'autre part par la peur que ce royaume s'enfonçait dans la merde.

Toujours est-il que Momina, bien que paysanne en ce triste royaume, n'en partageait aucun des traits de caractère les plus laids et désagréables au genre humain. Ce qui fait qu'elle était aimé par tout le monde. Du moins par le monde encore capable d'aimer...

Momina était tendre, toute en douceur. Au lieu de crier comme un gorille en se tapant le torse, elle parlait comme une pieuvre, en jetant son encre et en étalant ses envoûtantes tentacules. Les railleries des étrons sur deux pattes n'avaient aucun effet sur elle. Plus ils l'insultaient, plus le peuple, enfin ce qu'on aurait cru le peuple, sortait de sa profonde léthargie pour en faire un symbole de changement.

Tant et si bien qu'un jour Momina fût portée au pouvoir par ce qu'il restait d'honnêtes gens dans ce royaume de putois décérébrés. Elle devint présidente de la première république. Le roi et sa cour connurent l'exil pour ne pas affronter tous les procès auxquels ils pouvaient s'attendre. 

Les gens n'en devinrent pas moins stupides tout de suite.

Cependant, on vit de moins en moins de racistes et haineux pleins d'marde à la télé.

vendredi 16 octobre 2020

Trump selon Madame Whitaker

Sa tête dodeline de gauche à droite pour signifier une nouvelle désolation qui s'impose à son esprit, sinon à son corps qui en arrache pour encore se tenir debout.

Madame Whitaker avance lentement, péniblement, derrière son déambulateur, sans fléchir malgré tout.

Le temps a fait son oeuvre. Elle est rendue à la fin de ses jours. La fin des temps n'est plus qu'anecdotique. Elle aurait cru la mort plus banale somme toute. Quelle époque! 2020... 

Elle est toute menue, haute comme trois pommes et pourtant encore debout sur ses jambes, avec sa fidèle marchette pour tenir l'équilibre.

Elle pose encore des questions. Sa curiosité est demeurée insatiable. Elle veut encore tout savoir, même si depuis longtemps elle n'y comprend plus rien avec tous ces trucs électroniques compliqués à comprendre.

-Cou' don' Trump y'est-tu mort? me demande Madame Whitaker.

-Non. Il est encore vivant à ce que je sache...

-Ah... C'est parce que y'est bin chéti... bin méchant avec le monde pis les pauvres... I' font pitié aux États-Unis... vraiment pitié...

Madame Whitaker poursuit son chemin en dodelinant de la tête.

Elle s'éloigne au bout du couloir comme lorsque Lucky Luke et sa fidèle monture se perdent vers le couchant.


vendredi 9 octobre 2020

Tommy

Un vent froid mais vivifiant soufflait sur la vallée. L'automne s'annonçait déjà. Il faudrait bientôt voir à sortir les manteaux, vêtements et bottes d'hiver. Cela faisait partie du cycle naturel de la vie humaine dans ce coin-là du monde.

Tommy n'avait pour tout manteau qu'un vieux coupe-froid rouge écarlate arborant le logo de la Salle de quilles Chez Pitre. Cela n'avait rien à voir avec Tommy, sinon qu'il avait trouvé ça cool de le porter après l'avoir trouvé sur un banc. C'était devenu son manteau beaucoup trop grand pour lui et beaucoup trop léger pour la saison froide en cours.

Tommy n'avait pas plus de bottes. Il portait des espadrilles trouées qui prenaient l'eau de toutes parts. L'hiver dernier, pour ne pas geler des pieds, Tommy avait porté des sacs de plastique par-dessus ses bas pour les imperméabiliser. Malheureusement pour lui et pour les autres, il s'est mis à puer terriblement des pieds à force d'y cultiver de l'humidité. Mais bon, puer des pieds n'était pas le problème le plus préoccupant de sa vie.

En fait, Tommy n'avait pas vraiment de vie et ne la gagnait vraiment pas.

Il faisait partie du bois mort retrouvé sur la berge, quelque part dans la vallée. C'est du moins l'opinion qu'il se faisait du lui-même, celle d'un naufragé.

N'allez pas croire que Tommy se droguait. Il ne prenait rien. Peut-être aurait-il dû prendre quelque chose. Les médicaments contrôlaient un tant soit peu sa schizophrénie. Maintenant qu'il n'en prend plus, il erre d'une ville à l'autre en parlant avec son ami imaginaire, un gars qui s'appelle Le Comte de Rodrigue du Perrier-de-l'Île-du-Thym.

Le vent froid et vivifiant de la vallée n'était pas pour stopper Tommy.

Après Trois-Rivières, ce serait Sorel ou Montréal. Il s'était déjà rendu à Toronto. Il avait surtout aimé son séjour de deux semaines sous un viaduc situé près d'un verger naturel. Il avait pu se nourrir de pommes et d'eau fraîche pendant tout ce temps-là. Jusqu'à ce que des types de la construction se pointent pour y faire des travaux. Ce qui lui fit perdre sa tanière.

Oui il faisait froid.

Oui Tommy marchait encore et encore.

Il ne demandait rien à personne.

Il discutait avec son ami, le meilleur ami du monde.

Le soleil se couchait peu à peu à l'Ouest.

Tommy serait pris pour se trouver un trou pour coucher à Louiseville.

El' brochet du Père Ovide qui n'aime pas écrire au je

Il effaçait au moindre je tout ce qu'il venait d'écrire.

-Bon! Me voilà encore à parler de moi-même comme le dernier des sans-dessein!

Une fois rassénéré, Ovide, puisqu'il s'appelait ainsi, retournait péché du brochet sur le bord de la rivière. 

Ce n'est pas qu'il aimât vraiment le brochet. Cependant, c'était aussi facile à attraper que de la barbote. Le brochet se pêchait deux kilomètre moins loin de chez-lui. Il devait se rendre à l'Île St-Christophe pour la barbote. Tandis que le brochet, il était disponible tout de suite, là sous votre ligne, avec une simple troll rouge et blanche en tôle achetée à vil prix chez Canadian Tire.

Il n'y a que deux façons d'apprêter le brochet selon Ovide.

-Ou bin don' tu te fais des fricadelles de poisson en passant au hachoir le brochet pis tous 'es arêtes a'ec des patates pilées... Ou bin don' tu l'fais fumer au bois d'érable... C't'un poisson gras comme l'esturgeon... Ça goûte presqu' p'us el' brochet... Moé j'le fume dans mon cabanon su' ma galerie d'en arrière. 

C'est vrai qu'il était bon en crétak le brochet du Père Ovide.

Il le servait avec une sauce barbare, quelque chose qui ressemblait à de la sauce tartare mais qui goûtait fortement la chlorophylle. Va savoir ce qu'il mettait dedans. Tout le monde riait ensuite en prétendant aimer tout le monde, comme si cela se pouvait, aimer tout le monde.

Enfin! Le brochet était servi et on y faisait honneur d'autant plus qu'Ovide, qui était pauvre et sans job, n'avait que ça à nous offrir, tout le temps. Il y mettait tout son coeur et croyait que ça faisait plaisir à tout le monde. Pourtant, d'une fois à l'autre c'est sa sauce barbare qui remportait tous les honneurs et tous les fous rires hallucinés.

-Pis el' Père Ovide, quand est-ce le brochet fumé à la sauce barbare? qu'on lui disait.

Et lui d'aller encore pêcher du brochet, pour le fumer, et le servir avec sa fameuse sauce barbare.

Tant et si bien qu'il ne trouvait plus le temps de parler de lui.

Ce sont les autres qui parlaient désormais tout le temps de lui, Ovide.

Et l'idiot ne s'en rendait pas compte.

On croyait qu'il ne voulait pas décevoir.

Il en faisait désormais le commerce. On lui achetait du brochet fumé. C'était du troc, mais c'était mieux que rien. Cela lui avait permis d'obtenir une belle paire d'espadrille ainsi qu'un ukulélé. Voilà.

Le Père Ovide, quarante-trois ans bien sonnés, seul au monde et sans attaches, allait pêcher du brochet pour son monde.

Il lui arrivait encore de tenter d'écrire des ceci et des cela. Malheureusement, il effaçait tout au moindre je.

Ce n'est pas qu'il croyait, à l'instar de Blaise Pascal, que le Moi soit haïssable.

Non, c'était plus profond que ça,

Les babillages à la première personne du singulier le faisaient singulièrement chier. Ce n'est pas le Moi qu'il haïssait, mais l'usage des milliards de fois répétés du Moi. 

Il y avait plein d'épidémies et de pandémies en ces temps-là.

Ovide n'invitait plus personne du coup.

Il mangeait lui-même ses brochets, sans sauce barbare.

Et il avait hâte à l'an prochain, comme tout le monde.

-Hostie que 2021 doit être autr' chose que c't'hostie d'marde-là du calice!

Un autre brochet s'accrocha à sa troll bicolore à trois hameçons.

La ligne à pêche se ploya et se déploya dans toutes les directions.

C'était plus gros qu'un brochet. C'était un gros christ de maskinongé.

À force de patience, Ovide finit par fatiguer complètement ledit maskinongé qui se débattit encore quelques instants dans son filet de pêche avec cette moue de résistant imperturbable.

-Crétak! Un maskinongé d'au moins trente livres!!! J'me d'mande comment j'ai pu faire pour pas casser ma ligne...

Ce soir-là, Ovide fuma le maskinongé et le mangea tout fin seul en compagnie de deux ou trois chats de ruelle. Il se roula une cigarette de sauce barbare. Puis le monde redevint noble et bon autour de lui en dépit de la banqueroute et de la mort.



lundi 5 octobre 2020

Aphorismes à la bonne franquette

Les mots n'expriment pas tout. Autrement on n'écrirait pas des poèmes. Les poèmes sont des tentatives de jouer une dernière fois avec les mots avant que de se taire. N'y cherchez pas la logique ou bien le sens d'un avis. L'homme ou la femme derrière le poème n'avait manifestement plus rien à dire s'il s'est mis à le chanter. 

***

Je me forme bien plus que je ne m'informe. 

Je ne veux pas tout savoir. Je veux être quelqu'un de bien. Quelqu'un qui fait encore la différence entre miam c'est bon et ouche ça fait mal.

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Le plus grand mal de notre temps c'est la peur. Je croyais que c'était l'anxiété. Je me trompais. La peur est un mal plus grand. L'anxiété n'est qu'un symptôme. La peur de manquer de quelque chose nous fait surconsommer. Et comme s'il allait toujours manquer de quelque chose, on doit produire l'imprévu. Du coup, il en manquera toujours. Un c'est trop. Deux ce n'est pas assez. Il faudra des moyens de production de masse pour tout. Pour l'école comme pour l'usine. Et rien comme la peur pour huiler les machines. L'anxiété n'étant que la réaction naturelle de l'animal qui a peur de se faire broyer par sa propre machine.

Bref, la peur nous étouffe et l'anxiété n'est pas surnaturelle.

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Le bonheur tient en peu de choses. Il est plus facile à ressentir lorsque l'on n'écrit pas des aphorismes. 

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Seul un esprit au plafond bas peut mépriser quelqu'un pour la couleur de sa peau. Seul un coeur desséché peut haïr.





jeudi 1 octobre 2020

MBCile et son idéologie

L'idéologue en chef de Québecor et du Caquistan, MBCile, profitait hier de la mort d'une Atikamekw pour exposer sa thèse sur l'inexistence du racisme systémique.

C'était sur les ondes de Québecor. Où vouliez-vous que ce soit? Le québécorisme est systémique au Québec...

Trois visages pâles entouraient le Dr Amir Khadir qui soutenait que le racisme est systémique avec un argument tout simple. Si les joueurs de hockey se battent entre eux c'est que la violence est systémique dans le hockey. C'est d'une logique implacable, irréfutable, à moins d'être un colon ou bien un visage pâle à la langue fourchue qui vit de prébendes et de ratiocinations.