Je n'ai pas dit ni écrit grand chose au cours des derniers jours.
Il y a des moments où un homme doit savoir se taire et écouter.
Je n'ai pas dit ni écrit grand chose au cours des derniers jours.
Il y a des moments où un homme doit savoir se taire et écouter.
Il était une fois un royaume d'la poutine où tout un chacun était devenu méchant les uns envers les autres. C'était à qui ferait la pire face de boeuf devant autrui. C'était à qui jouerait le rôle du crétin triste bouffi de rancoeur pour magnifier un peu les ratés de sa vie.
Dans ce royaume saugrenu, seuls les pires rabat-joie et autres cuistres haut-parleurs occupaient les meilleures positions. Au royaume du «au plus fort la poche» vous croyez bien qu'on ne laissait le meilleur qu'aux pires. C'était en partie par l'habitude et d'autre part par la peur que ce royaume s'enfonçait dans la merde.
Toujours est-il que Momina, bien que paysanne en ce triste royaume, n'en partageait aucun des traits de caractère les plus laids et désagréables au genre humain. Ce qui fait qu'elle était aimé par tout le monde. Du moins par le monde encore capable d'aimer...
Momina était tendre, toute en douceur. Au lieu de crier comme un gorille en se tapant le torse, elle parlait comme une pieuvre, en jetant son encre et en étalant ses envoûtantes tentacules. Les railleries des étrons sur deux pattes n'avaient aucun effet sur elle. Plus ils l'insultaient, plus le peuple, enfin ce qu'on aurait cru le peuple, sortait de sa profonde léthargie pour en faire un symbole de changement.
Tant et si bien qu'un jour Momina fût portée au pouvoir par ce qu'il restait d'honnêtes gens dans ce royaume de putois décérébrés. Elle devint présidente de la première république. Le roi et sa cour connurent l'exil pour ne pas affronter tous les procès auxquels ils pouvaient s'attendre.
Les gens n'en devinrent pas moins stupides tout de suite.
Cependant, on vit de moins en moins de racistes et haineux pleins d'marde à la télé.
Sa tête dodeline de gauche à droite pour signifier une nouvelle désolation qui s'impose à son esprit, sinon à son corps qui en arrache pour encore se tenir debout.
Madame Whitaker avance lentement, péniblement, derrière son déambulateur, sans fléchir malgré tout.
Le temps a fait son oeuvre. Elle est rendue à la fin de ses jours. La fin des temps n'est plus qu'anecdotique. Elle aurait cru la mort plus banale somme toute. Quelle époque! 2020...
Elle est toute menue, haute comme trois pommes et pourtant encore debout sur ses jambes, avec sa fidèle marchette pour tenir l'équilibre.
Elle pose encore des questions. Sa curiosité est demeurée insatiable. Elle veut encore tout savoir, même si depuis longtemps elle n'y comprend plus rien avec tous ces trucs électroniques compliqués à comprendre.
-Cou' don' Trump y'est-tu mort? me demande Madame Whitaker.
-Non. Il est encore vivant à ce que je sache...
-Ah... C'est parce que y'est bin chéti... bin méchant avec le monde pis les pauvres... I' font pitié aux États-Unis... vraiment pitié...
Madame Whitaker poursuit son chemin en dodelinant de la tête.
Elle s'éloigne au bout du couloir comme lorsque Lucky Luke et sa fidèle monture se perdent vers le couchant.
Un vent froid mais vivifiant soufflait sur la vallée. L'automne s'annonçait déjà. Il faudrait bientôt voir à sortir les manteaux, vêtements et bottes d'hiver. Cela faisait partie du cycle naturel de la vie humaine dans ce coin-là du monde.
Tommy n'avait pour tout manteau qu'un vieux coupe-froid rouge écarlate arborant le logo de la Salle de quilles Chez Pitre. Cela n'avait rien à voir avec Tommy, sinon qu'il avait trouvé ça cool de le porter après l'avoir trouvé sur un banc. C'était devenu son manteau beaucoup trop grand pour lui et beaucoup trop léger pour la saison froide en cours.
Tommy n'avait pas plus de bottes. Il portait des espadrilles trouées qui prenaient l'eau de toutes parts. L'hiver dernier, pour ne pas geler des pieds, Tommy avait porté des sacs de plastique par-dessus ses bas pour les imperméabiliser. Malheureusement pour lui et pour les autres, il s'est mis à puer terriblement des pieds à force d'y cultiver de l'humidité. Mais bon, puer des pieds n'était pas le problème le plus préoccupant de sa vie.
En fait, Tommy n'avait pas vraiment de vie et ne la gagnait vraiment pas.
Il faisait partie du bois mort retrouvé sur la berge, quelque part dans la vallée. C'est du moins l'opinion qu'il se faisait du lui-même, celle d'un naufragé.
N'allez pas croire que Tommy se droguait. Il ne prenait rien. Peut-être aurait-il dû prendre quelque chose. Les médicaments contrôlaient un tant soit peu sa schizophrénie. Maintenant qu'il n'en prend plus, il erre d'une ville à l'autre en parlant avec son ami imaginaire, un gars qui s'appelle Le Comte de Rodrigue du Perrier-de-l'Île-du-Thym.
Le vent froid et vivifiant de la vallée n'était pas pour stopper Tommy.
Après Trois-Rivières, ce serait Sorel ou Montréal. Il s'était déjà rendu à Toronto. Il avait surtout aimé son séjour de deux semaines sous un viaduc situé près d'un verger naturel. Il avait pu se nourrir de pommes et d'eau fraîche pendant tout ce temps-là. Jusqu'à ce que des types de la construction se pointent pour y faire des travaux. Ce qui lui fit perdre sa tanière.
Oui il faisait froid.
Oui Tommy marchait encore et encore.
Il ne demandait rien à personne.
Il discutait avec son ami, le meilleur ami du monde.
Le soleil se couchait peu à peu à l'Ouest.
Tommy serait pris pour se trouver un trou pour coucher à Louiseville.
Les mots n'expriment pas tout. Autrement on n'écrirait pas des poèmes. Les poèmes sont des tentatives de jouer une dernière fois avec les mots avant que de se taire. N'y cherchez pas la logique ou bien le sens d'un avis. L'homme ou la femme derrière le poème n'avait manifestement plus rien à dire s'il s'est mis à le chanter.
***
Je me forme bien plus que je ne m'informe.
Je ne veux pas tout savoir. Je veux être quelqu'un de bien. Quelqu'un qui fait encore la différence entre miam c'est bon et ouche ça fait mal.
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Le plus grand mal de notre temps c'est la peur. Je croyais que c'était l'anxiété. Je me trompais. La peur est un mal plus grand. L'anxiété n'est qu'un symptôme. La peur de manquer de quelque chose nous fait surconsommer. Et comme s'il allait toujours manquer de quelque chose, on doit produire l'imprévu. Du coup, il en manquera toujours. Un c'est trop. Deux ce n'est pas assez. Il faudra des moyens de production de masse pour tout. Pour l'école comme pour l'usine. Et rien comme la peur pour huiler les machines. L'anxiété n'étant que la réaction naturelle de l'animal qui a peur de se faire broyer par sa propre machine.
Bref, la peur nous étouffe et l'anxiété n'est pas surnaturelle.
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Le bonheur tient en peu de choses. Il est plus facile à ressentir lorsque l'on n'écrit pas des aphorismes.
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Seul un esprit au plafond bas peut mépriser quelqu'un pour la couleur de sa peau. Seul un coeur desséché peut haïr.
L'idéologue en chef de Québecor et du Caquistan, MBCile, profitait hier de la mort d'une Atikamekw pour exposer sa thèse sur l'inexistence du racisme systémique.
C'était sur les ondes de Québecor. Où vouliez-vous que ce soit? Le québécorisme est systémique au Québec...
Trois visages pâles entouraient le Dr Amir Khadir qui soutenait que le racisme est systémique avec un argument tout simple. Si les joueurs de hockey se battent entre eux c'est que la violence est systémique dans le hockey. C'est d'une logique implacable, irréfutable, à moins d'être un colon ou bien un visage pâle à la langue fourchue qui vit de prébendes et de ratiocinations.