mercredi 27 juin 2018

L'étude des époques avec le palmarès Billboard de la chanson populaire

Résultats de recherche d'images pour « billboard hits »Il m'arrive d'écouter des niaiseries sur YouTube.

Un jour, sans raison, j'ai tapé Billboard 1968. Et je suis tombé sur le palmarès Billboard de l'année 1968. 

Hello I Love You du groupe The Doors était au palmarès cette année-là. Born To Be Wild du groupe canadien Steppenwolf aussi. Et Jumpin' Jack Flash des Rolling Stones. 

Ça brassait cette année-là. C'était l'année de ma naissance. Mais aussi celle où j'aurais aimé avoir vingt ans et cela se reflétait jusque dans le palmarès Billboard.

Je me suis mis à écouter le palmarès des autres années. Et j'ai été relativement stupéfait par l'évolution des paroles et des rythmes des chansons populaires de 1945 jusqu'à nos jours. 

Dans les années de 1940 à 1955, on trouve parmi les hits des chansons un peu martiales ainsi que des valses qui rappellent le Troisième Reich. 

En 1955 Rock Around The Clock de Bill Haley & The Comets côtoie encore The Yellow Rose of Texas de Mitch Miller ou bien Ballad of Davy Crockett . Les soldats et les héros de la mythologie américaine sont au centre de ces chansons.

Puis viennent les années 1956, 1957... Toujours plus de rock. Le monde et les temps changent. Les politiciens essaient eux aussi d'avoir l'air dans le coup. Davy Crockett prend le bord...

Le Billboard s'enflamme. Des pouilleux contestataires comme Jim Morrison figurent en première position du palmarès Billboard! Il n'y a plus de mononcles et de matantes. Plus de Blancs qui volent des chansons aux Noirs. Rien qu'une nouvelle culture, un nouveau monde.

Le Billboard des années '70 donne la couleur à l'époque.

Idem pour celui des années '80, '90, 2000, 2010 - alouette!

L'an dernier c'était Shape of You de Ed Sheeran qui était en première position du palmarès. Je ne pourrais même pas vous dire qui c'est. Je suis devenu trop vieux. Je me souviens d'avoir entendu cet air à l'épicerie. Et je ne saurais vous en dire plus sur Bruno Mars et Despicato. Si c'est le son de notre époque, il me déprime totalement.


dimanche 24 juin 2018

C'est aussi la Fête nationale des Canadiens-Français à Rivière-la-Paix en Alberta

J'ai parcouru le Canada d'un océan à l'autre. En autobus, sur le pouce et même à pieds quand personne ne voulait m'embarquer.

Au fil des ans, j'ai fini par développer d'autres vues sur notre soi-disant réalité nationale.

C'est aujourd'hui la Fête nationale du Québec. Une fête qui s'appelait autrefois la Fête de la Saint-Jean-Baptiste, elle-même calquée sur la fête du solstice d'hiver, Noël, fixée au 24 décembre et l'autre le 24 juin.

Les Autochtones considèrent eux-mêmes le 21 juin comme une Fête nationale. Et puis les Franco-Ontariens et autres Acadiens continuent tout de même de fêter la Saint-Jean, qu'ils considèrent encore comme la Fête nationale des Canadiens-Français, de Rivière-la-Paix à Tracadie, en passant par Sudbury.

Les Canadiens-Français, groupe dont on a trop souvent tendance à renier l'existence au Québec, se sentent souvent abandonnés du Québec et des Québécois-Français peut-on dire.

Autrement dit, il se peut que le 24 juin soit aussi la Fête Nationale des Français d'Amérique ou quelque chose du genre.

Cela me chicote l'esprit.

Je ne suis pourtant pas nationaliste, sinon fier de ma culture française mâtinée de diverses cultures pour me forger un destin universel et transcendant.

Je trouve qu'il y a une certaine tristesse, sinon une injustice, dans le fait de mépriser d'une manière qui va jusqu'à renier l'existence des communautés francophones hors-Québec. Comme si elles n'étaient que des créations artificielles de feu Pierre Trudeau.

J'ai donc une pensée toute particulière en ce 24 juin envers tous les francophones d'Amérique, incluant Haïti et autres anciennes colonies françaises.

Ce n'est pas du nationalisme.

C'est quelque chose de subtil comme nos relations familiales, avec ses hauts mais surtout ses bas.

Il serait temps que les hauts reprennent la première place.

Bon congé férié pour le reste.

Que tout le monde en profite.

On peut faire du vélo.

Ou agiter des drapeaux.

Moi je vais faire du vélo.


mardi 19 juin 2018

Dix-neuf de juin

Dessin stupide réalisé avec le logiciel Paint
Gaétan Bouchard, artiste comme tout le monde
L'espoir ne peut pas mourir.

Et la vie ça sert à vivre.

On se demande pourquoi tant de mots.

On se demande pour qui tant d'émois.

La vie au petit bonheur la chance.

La vie un pied devant l'autre pour toujours recommencer.

La vie comme ça vient.

La vie comme ça va.

Et subitement il neige du pollen.

Le soleil brille d'entre les nuages.

Et c'est l'été.

Ou presque.

Dix-neuf de juin.




lundi 18 juin 2018

Maurice Duplessis

Maurice Duplessis porte le même nom que l'ex-Premier ministre du Québec. À la grande différence qu'il est un criminel aux yeux de la loi. Pour ce qui est du physique, disons qu'il ressemble à Maurice Duplessis en plus cool.

Mais il ne faut pas se fier sur les apparences. Sous des dehors cool, Maurice Duplessis s'avère le plus gentil des hommes. Son seul crime, en fait, c'est de ne pas réfléchir aux conséquences de ses passions effrénées pour toutes les drogues, du café à l'alcool en passant par toutes les substances prohibées inimaginables.

Maurice Duplessis est un vieux freak qu'on n'a pas réussi à remettre dans le rang. Aussi fréquente-t-il la prison de temps à autre. Cela fait partie des risques du métier puisque son métier c'est de payer pour s'intoxiquer. Maurice Duplessis vend donc de la drogue et des cigarettes.

On le dirait malade, bien sûr. Puisqu'il faut être malade pour se saouler du matin au soir et veiller jusqu'à très tard le soir en balbutiant des conneries inaudibles. Pourtant, il semble heureux. N'était-ce des petits inconvénients du métier.

Parmi ses récentes démêlées avec la justice, il y avait cette année de prison qu'il venait tout juste de terminer.

C'est l'un de ses clients qui l'avait dénoncé. Une manière d'atténuer sa sentence. Maurice Duplessis lui en voulait. Mais il avait fini par s'en sacrer. Et, d'ailleurs, on n'avait plus jamais revu ce mouchard.

Il s'était fait prendre avec plusieurs sacs de poudre, du pot, des pinotes, des cigarettes, etc. Toutes substances qu'il testait sur lui-même devant ses clients rassurés.

Maurice Duplessis en avait bavé un peu plus qu'à l'accoutumé lors de son dernier séjour en prison.

-J'approche de 76 ans batêche! C'est long un an de prison dans la vie d'un vieux...

Ce n'est pas tout. Après qu'il eut payé sa dette à la société, Maurice Duplessis dut payer sa dette à l'Agence de revenu du Canada et Revenu Québec qui lui réclamaient quelque chose comme 100 000$ de taxes non perçues sur le produit de ses ventes de cigarettes...

Évidemment, Maurice Duplessis n'a plus un rond.

Il l'a tout dépensé dans la surconsommation en attente de son procès. Le reste était passé à la cantine de la prison...

Donc, Maurice doit faire des travaux compensatoires. À 76 ans. Quelque chose comme je ne sais combien de milliers d'heures. Autant dire qu'il n'aura jamais le temps de les faire, ses heures. Il mourra sur les travaux compensatoires...

D'ailleurs, il a de la difficulté à se déplacer.

On peut être criminel et infirme en même temps, même si ça ne rentre pas dans le coeur de tout le monde.

Maurice Duplessis, pour oublier qu'il est faitte à l'os, continue de surconsommer jusqu'à la fin de son temps.

Il est puni en quelque sorte.

Tout le monde n'en est que plus heureux sans doute...




mercredi 13 juin 2018

L'art à grands coups de pieds dans l'cul

Voici en vedette mes mannequins préférés: Hector et Nowhereman.

Bon cop bad cop

Bon cop bad cop. C'est le titre d'un film. Mais c'est aussi une méthode bien établie pour mener un interrogatoire. Un peu de brutalité suivie d'un peu de douceur, ça rend le prisonnier moins récalcitrant. Il vendrait sa mère et son père après plusieurs séances de bon cop bad cop. 

Le bon cop, celui qui a l'air humain, veut la même chose que la brute.

Ils font partie de la même paire.

Mais le prisonnier ne le sait pas. Ou ne veut pas le savoir. Ou voudrait être ailleurs.

Les baffes succèdent aux privilèges: fumer une cigarette, boire un verre d'eau, dormir dans un lit.

À la fin de plusieurs cycles de bon cop bad cop, le prisonnier est cassé. On fait de lui ce que l'on veut. Ou presque.

***

C'est ainsi que je vois la politique. Un cycle de bon cop bad cop dont nous sommes les prisonniers. Les lobbies du pétrole ou des armes ou de la schnoute-en-canne nous servent parfois une crapule qui charcutent les programmes sociaux et détruit tout sur des kilomètres à la ronde. Ensuite ils nous servent son opposant, payé par les mêmes fonds, pour nous chanter la pomme et nous doter de grands principes qui ne coûtent pas cher tandis que l'on pille encore plus fort nos poches ainsi que nos ressources naturelles.

Dans le fond, nous sommes prisonniers de ce système de marde.

Et nous tentons de croire aux promesses du bon cop tout en sachant que le bad cop va revenir pour nous arracher les dents et les ongles.

***


5.8 millions de Québécois et Québécoises ne sont membres d'AUCUN parti politique. Cela représente 96% des électeurs inscrits en 2014 (6 012 440). 96% de la population est prise en otage par 4% d'acteurs politiques... Et si on leur donnait leur 4%?

***

Le jeu continue.

On fera semblant d'y participer.

Il y aura encore des guerres.

Encore du bang-bang pis du clinquant.

Et beaucoup de schnoute-en-canne.

Tout le monde vivra heureux mais moins libre.

La liberté, ça fait rien que de la chicane.

Et puis le bon cop nous a donné un verre d'eau.

Même s'il est tiède, c'est toujours bien donné.

Les gens se plaignent pour rien.

La «poutinisation» du monde

L'âge moyen d'une personne qui habite dans une démocratie occidentale est d'environ 45 ans. C'est l'âge auquel on associe la Génération X.

L'âge moyen d'un humain est beaucoup plus bas ailleurs dans le monde. Au Nigéria ou en Iran, ça tourne autour de 19 ans. Vous pouvez vous amuser à lire ce rapport de l'ONU si ça vous chante.

Mon point, c'est que nous vivons en ce moment avec les problèmes et les solutions de ma génération, une génération pas très militante, cynique par rapport aux droits sociaux et soumise à toutes sortes de contraintes économiques et de clauses orphelins qui ont fait d'elle cette génération aigrie qui n'a jamais vraiment été jeune.

Les hooligans d'hier sont devenus les hooligans d'aujourd'hui pour toujours rentrer servilement au travail sans jamais contester les autorités. Il n'y en a que contre ceux et celles qui osent encore chialer et se tenir debout: les féministes, la go-gauche et autres bronzés qui réclament des droits civiques...

Le populisme à tendance fasciste a toujours été là mais il a repris de la vigueur avec Reagan pour mettre fin à ses crottés anti-guerre de Vietnam qui se promenaient avec une fleur dans les cheveux.

On a remis l'homme occidental au pas.

De sorte qu'aujourd'hui on peut assister à une rencontre du G7 à Charlevoix où l'on dénombre 6 000 policiers pour 30 manifestants, comme si nous étions à Moscou, sur la Place Rouge, en 1977...

La «poutinisation» du monde va se poursuivre avec toute une gamme de leaders vieillots à la mâchoire carrée qui hurleront des insanités en balançant leurs excréments sur la foule qui en redemandera.

Heureusement que l'âge moyen de la population mondiale en ce moment n'a rien à voir avec celui de la génération X, la génération la plus larbine d'entre toutes, la plus asociale, la plus amorale et atypique de toute l'histoire de l'humanité.

L'histoire va se poursuivre malgré tous ces vieux pets qui veulent nous plonger dans les vicissitudes et les turpitudes de leur morale déglinguée de hooligan qui prend le contre-pied de tout ce qui est sain, humain et naturel pour un bipède.

On veut plus de pollution, plus de gros chars, moins d'hôpitaux, moins de taxes, moins d'impôts, des cheeseburgers full gras et des stationnements à n'en plus finir.

On s'en crisse d'hier et de demain. On veut tripper aujourd'hui et crever comme une ordure.

Rien à foutre...

Je continue de croire, contre vents et marées, qu'il est possible de servir le bien, la beauté et la justice au sein de la communauté.

Je ne me ferai pas attraper au piège tendu par les trumpistes et autres scélérats crypto-fascistes de notre monde en ruines.

Je vais ouvrir mon esprit et mes bras aux étrangers pour régénérer ce monde vieux et décrépi qui malheureusement tend à s'enfoncer dans le déni des malheurs et injustices commises par nos maîtres adorés envers les populations de ces pays bien plus pillés que sous-développés.

Je ne céderai pas à la «poutinisation» du monde.

Je ne me réjouirai pas de voir une réunion de 6000 policiers pour mater 30 manifestants qui se font coller des contraventions et des amendes pour s'être seulement tenus debout devant 6000 flics armés jusqu'aux dents...

Dans quel hostie de monde sale vivons-nous?

Dans quoi s'embarque-t-on avec Trump, Doug Ford, la CAQ et le diable sait quelle calamité encore?

Une fuite en avant dans la ruine morale de l'Occident.

Un combat perdu d'avance où les losers ne sont pas ceux qu'on le croie.

Car il est là le problème: Trump, Doug Ford et la CAQ n'attirent visiblement que des losers en leur donnant l'impression qu'ils sont gagnants parce qu'ils ont le privilège de pouvoir participer avec eux au saccage et à la destruction de ce monde qu'ils vouent eux-mêmes aux gémonies.

Plus de pollution, moins de soins de santé, moins d'école et à coups de pieds dans l'cul toé chose...

Fuck you Trump!


mardi 12 juin 2018

Billy Lacasse le trou du cul qui faisait de sa vie une oeuvre d'art

Billy Lacasse, l'an passé, devant le hublot d'une porte de cuisine.
Il se souvenait vaguement qu'un type, probablement un artiste ou un écrivain, avait dit quelque chose comme il faut faire de sa vie une oeuvre d'art. Était-ce Oscar Wilde ou bien Charles Baudelaire, esthètes hors du commun, qui avaient noté cela dans le grand livre de l'humanité lettrée? N'importe qui aurait tout aussi bien vous dire ça. Ça ne prend pas un génie pour faire de sa vie autre chose qu'un travail.

Alors voilà, Billy Lacasse voulait faire de sa vie une oeuvre d'art. Parce que tout le reste ne lui disait rien. L'art ne lui en disait pas vraiment plus, mais c'était encore mieux que rien.

Un gars passant par là salua Billy Lacasse qui, trou du cul de naissance, n'avait jamais conduit une automobile ou bien une bicyclette. Il n'y avait pas d'art ni d'argent chez-lui. Ils vivaient huit à quinze personnes dans une boîte de bois en papier briques oubliée des pics des démolisseurs. Ils n'étaient pas heureux mais pas malheureux de ne pas l'être puisqu'ils ne connaissaient rien d'autre.

Billy Lacasse, trou du cul de naissance et de vieillesse aussi, avait donc fait de sa vie une oeuvre d'art.

Et le gars qui passait par là, et qui saluait Billy, eh bien c'était Ti-Caille. Pourquoi Ti-Caille? On n'en sait rien. Bien sûr qu'il est laid. Et pauvre. Autrement on l'aurait appelé Votre Excellence. Ou bien Votre Majesté. Mais pas Ti-Caille.

-Salut Billy! hurla Ti-Caille avec son air qui faisait peur aux passants qui ne le connaissaient pas encore.

-Salut Ti-Caille, susurra Billy.

-Qu'est-cé tu fais?

-Je fais de ma vie une oeuvre d'art!

Billy poursuivit son chemin, avec une canette de Coke Diète en main tandis que Ti-Caille ne comprenait pas ce qu'il voulait dire par oeuvre dard.

Billy se sentait gonflé d'orgueil d'avoir fait ce choix.

Sa vie serait donc une oeuvre d'art.

Ça le changerait de dire qu'il est sur l'aide sociale.

Parce que Billy n'aimait pas travailler.

À vrai dire, Billy a travaillé vingt ans sur une chaîne de montages à monter des pinouches après des quossins. Il était payé au salaire minimum. C'était plate à mourir. Il a fait un genre de dépression en garrochant les pinouches et les quossins au visage de son superviseur, Lévis Bouvin, un gars qui dépensait ses payes au vidéo poker.

Puis un jour, il est parti et a reçu du chômage pendant quelques temps. Puis l'aide sociale a pris le relais. Maintenant, Billy prétend qu'il étranglerait quiconque voudrait le faire travailler à nouveau.

-Qu'on ne me parle plus jamais de job! JAMAIS!

Billy avait des idées bien arrêtées, voyez-vous, et surtout ça cognait trop fort dans sa tête. Quelque chose qui lui disait de regarder les oiseaux du ciel, dont le plumage est plus beau que celui des lys des champs qui, bien sûr, ne sont pas des oiseaux. Pourquoi s'en faire, hein? Pourquoi travailler?

-Que faites-vous dans la vie Billy?

-Je fais de ma vie une oeuvre d'art! répond-t-il dorénavant à tout un chacun du commun des mortels...

Mouais. C'est sans doute ordinaire comme réponse.

Mais quand ça vous vient d'un authentique gars des bas-fonds, ça prend une toute autre résonance.

Ça vous rappelle que même les pissenlits poussent entre les fentes des trottoirs maganés.

Et que tout est matière à faire de l'art, à défaut de faire de l'argent.

On y gagne tous en dignité et en distinction.

L'art, ça fait distingué non?

Ça calme Billy qui de toute façon n'a pas besoin de dépenser toutes ses payes au vidéo poker.



Trois nouveaux airs d'harmonica improvisés...

Harmoniciste de Saint-Wenceslas
Acrylique, 8 X 10 po.


Trois nouveaux airs d'harmonica improvisés...

1 Semelles de bottes

2 Ritournelle 

3 Printemps criard 

jeudi 7 juin 2018

Le savetier et le financier


Résultats de recherche d'images pour « le savetier et le financier »Je suis souvent hanté par cette fable de La Fontaine qui met en scène un savetier et un financier. Le savetier chante du matin au soir en fabriquant ses souliers. Le financier vit à l'étage supérieur et n'en revient pas qu'un homme si fruste soit si dépourvu de ces soucis sans lesquels les affaires ne sont pas les affaires. De plus, ses chansons l'empêchent de dormir.

Alors il demande à le voir pour discuter avec lui. Il l'interroge sur ses revenus, évidemment. Le savetier n'est pas loin de la misère mais s'en accommode. Alors le financier décide de lui donner cent écus pour l'asseoir sur un trône, comme pour le narguer. Le savetier n'a jamais vu autant d'argent de sa vie. Il s'en va le cacher dans sa maison et capote au moindre bruit, comme si l'on voulait lui voler ses cent écus. Du coup, le savetier n'a plus le coeur à la chanson. Il devient triste, anxieux, méfiant.


Heureusement que la fable se termine bien.

La savetier monte chez le financier qui, d'ailleurs, dort très bien depuis qu'il ne se fait plus réveiller par les chansons du pauvrichon.

-Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, et reprenez vos cent écus.

La fable s'arrête là.

Mais sans doute que le savetier s'est remis à chanter.

Pourquoi cette fable vient-elle me hanter?

Parce que fabuler est le propre des artistes.

Et parce que je soupçonne La Fontaine autant de fainéantise que de révolte contre l'autorité.

Fusse-t-elle financière, cette autorité...

N'allez pas croire que je vais vous laisser sur cette note.

Il est évident que je vais vous laisser le texte intégral de cette fable de La Fontaine. 

Pas besoin de me remercier.

J'ai déjà ma récompense.

Et je chante matin et soir moi aussi.

***
Le savetier et le financier
Jean de La Fontaine


Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir : 
C'était merveilles de le voir, 
Merveilles de l'ouïr ; il faisait des passages, 
Plus content qu'aucun des sept sages. 
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or, 
Chantait peu, dormait moins encor. 
C'était un homme de finance. 
Si sur le point du jour parfois il sommeillait, 
Le Savetier alors en chantant l'éveillait, 
Et le Financier se plaignait, 
Que les soins de la Providence 
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir, 
Comme le manger et le boire. 
En son hôtel il fait venir 
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire, 
Que gagnez-vous par an ? Par an ? Ma foi, Monsieur, 
Dit avec un ton de rieur, 
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière 
De compter de la sorte ; et je n'entasse guère 
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin 
J'attrape le bout de l'année : 
Chaque jour amène son pain. 
- Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée ? 
- Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ; 
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,) 
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours 
Qu'il faut chommer ; on nous ruine en Fêtes. 
L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le Curé 
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône. 
Le Financier riant de sa naïveté 
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône. 
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin, 
Pour vous en servir au besoin. 
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre 
Avait depuis plus de cent ans 
Produit pour l'usage des gens. 
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre 
L'argent et sa joie à la fois. 
Plus de chant ; il perdit la voix 
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines. 
Le sommeil quitta son logis, 
Il eut pour hôtes les soucis, 
Les soupçons, les alarmes vaines. 
Tout le jour il avait l'oeil au guet ; Et la nuit, 
Si quelque chat faisait du bruit, 
Le chat prenait l'argent : A la fin le pauvre homme 
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus ! 
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, 
Et reprenez vos cent écus.



mercredi 6 juin 2018

Chaise qui craque n'amasse pas mousse


Sa chaise craquait.

Elle craquait toujours.

On entendait un bruit sourd de réfrigérateur et de multiples ventilateurs servant à refroidir diverses machines.

La chaise craquait par-dessus tous ces bruits devenus imperceptibles à force de les entendre.

C’était un peu comme vivre avec un acouphène permanent. 

Il avait presque fini par s’y faire.

Jusqu’à ce qu’il craque. 

Il n’était vraiment plus capable de l’entendre craquer.

Il  a enfourché son vélo et a franchi les 15 kilomètres qui le séparaient d’un endroit peu fréquenté, pratiquement inhabité, en bordure d’un plan d’eau dont il nous faut taire le nom pour des raisons bien évidentes.

À cet endroit, il n’entendait plus sa chaise craquer. Ni les bruits des frigos ni ceux des autos. C’était le calme plat. La bise qui soufflait dans ses cheveux. Le chant des oiseaux. Quelques poissons qui venaient renifler en surface.

Puis il fallut rentrer.

Le bonheur n’est jamais éternel.

Chez-lui, il y avait toujours sa chaise qui craque.

Puis le bruit sourd du frigo et de toutes les foutues machines qui servent à emmerder la quiétude des braves gens.

Il s’est mis les Gymnopédies d’Érik Satie pour étouffer tous ces sons et se créer une bulle de beauté dans la petite boîte carrée qui lui servait de salle d’attente.

Avec sa chaise qui craquait.

Comme s’il avait un acouphène.

Alors qu’il n’en avait même pas…

mardi 5 juin 2018

14 faits historiques ignorés de tous

Tout pigiste qui se respecte n'écrit que des textes qui s'avèrent des énumérations de bêtises.

Heureusement que je ne suis pas pigiste.

Autrement j'écrirais les 10 façons d'être plus heureux dans la vie. Ou bien les 5 défauts qu'il ne faut pas communiquer aux autres lors d'un souper.

Les 14 faits historiques ignorés de tous c'est pas mal plus dans mes cordes de chroniqueur de l'absurde en des temps troublés et toxiques.

Commençons donc par le 14.

****

14. 27 982 av. J.-C. : Smoumphus trouve un champ de fraises derrière sa hutte. Smoumphus était le roi des Zanus, une tribu oubliée dont on n'a jamais entendu parlée. Cette tribu évoluait sur l'actuel territoire du Vatican il y a exactement 30 000 ans. Si je dis ça c'est parce que je le sais bon.

13. 27 982 av. J.-C. : J'oubliais d'ajouter que le même jour il faisait un peu froid.

12. 34 av. J.-C.: Cette année-là, quoi qu'en disent les historiens, il ne se passa strictement rien dans le monde. L'année d'ensuite ils s'entre-tuèrent à force de mourir d'ennui. Les survivants s'appelèrent les Joyeux Troubadours.

11. 33 av. J.-C.: Les Joyeux Troubadours commencent leur tournée d'un village antique à l'autre à jouer de la lyre et de la cithare devant des tas de gens ravis.

10. 0 pendant J-C.: Pendant que jouaient les hautbois et résonnaient les musettes, un monsieur a perdu un soulier. Il croit que c'est en grimpant la petite colline. Son soulier s'est pris dans une cavité et pas moyen de le retrouver. Vous direz que son soulier était sûrement une sandale. Tout le monde portait des sandales à l'époque. Mais peut-être que ce monsieur était Romain. Ou cordonnier. Ou inventeur. En tout cas, on ne parle jamais de ça...

9. 1933: Un ver de terre est sorti de son trou parce qu'il pleuvait trop.

8. 1934: Le fond de l'air est frais. Il y a une hirondelle sur un chapeau.

7. 1976: Cet exercice devient tout à fait fastidieux.

6. 1989: Place Tien An Men.

5. 1997: L'ancien hockeyeur et gardien de but Vladislav Tretiak est nommé Ken Dryden par erreur au cours d'une cérémonie quelconque au Kremlin.

4. 2012: Les érables coulaient très tôt cette année-là et le petit Flavien, de St-Flavien, a attrapé une barbote à la pêche.

3. 2016: Ayoye.

2. 2017: Prout.

1. ______________ (Écrivez ce que vous voulez.)


lundi 4 juin 2018

Alex le voyageur du temps

Toute histoire reposant sur des réalités intangibles nécessite tout ce que les nécessités de la vie ne suffisent pas à nous enseigner. Si vous croyez que tout est croyances c'est que vous sous-estimez le ridicule du scepticisme.

C'est complexe, bien entendu. Comme tout sujet complexe.

Et cette histoire, complexe, met en scène un gars sans complexes qui s'appelait Alex. Certains l'appelaient Alec. Comme Beauchemin par exemple. Beauchemin qui avait une déformation du palais. Du coup, il ne prononçait jamais les ixes. D'où Alec.


Cela dit, tout le monde l'appelait Alex et Beauchemin n'a rien à voir avec notre histoire, qui est déjà bien assez complexe comme ça.

Alex était capable de voyager dans le temps voyez-vous. Présent, passé et futur n'avait plus de secret pour lui. Parce qu'il avait hérité d'un passage, une porte qui lui permettait de visiter l'année 1922 et l'année 2069 en raison d'une anomalie de l'espace-temps comme on en trouve un peu partout de nos jours. Peut-être n'avez-vous jamais vu ça, un passage spatiotemporel, mais bon les lois de la physique existent pour tout le monde. C'est pas seulement pour les fous.

Donc, Alex était un voyageur du temps.

En 1922, c'était plutôt épuisant. Il tombait au milieu d'un champ et des chiens errants courraient après lui. Parce que le passage tombait au milieu de nulle part.

Évidemment qu'en 2022, aujourd'hui, c'est plus confo. De plus, Alex a ses amis, hormis Beauchemin qu'Alex ne connaît pas vraiment.

Pour ce qui est de 2069, bof. Tout est en décrépitude. Et l'air est irrespirable. Y'a plus aucune loi. Des drônes volent partout et explosent dans la gueule des curieux.

Alors Alex a condamné la porte vers 2069.

Il va parfois se reposer en 1922.

Parce que c'est beau, un champ, l'été.

Et c'est pareil l'hiver.

Quant aux chiens, ils ont fini par aimer les petits biscuits qu'Alex leur apporte.

Et Dieu sait que les chiens sont toujours gentils avec ceux qui les nourrissent.

Alex peut se la couler peinard en 1922.

2022 n'est pas si mal certains jours.

Il y sent un petit côté vintage.

Mais ne lui parlez pas de 2069!

Ce monde-là, c'est le cloaque.


vendredi 1 juin 2018

Gratte, gratte la guitare

Parler de soi-même est toujours un peu inconvenant. On risque de passer pour un fat, sinon pour un pervers narcissique. Il y a sans doute un peu de tout ça, à divers degrés, en chaque être humain. Pourtant, un trèfle demeure un trèfle, si vous voyez ce que je ne veux pas dire.

Je vais donc vous parler de ma guitare, pour éviter de vous parler de moi-même ou bien des trèfles.

Ce sera difficile de ne pas vous parler de moi au passage puisque je ne forme qu'un avec ma guitare.

C'est comme si elle avait épousé les formes de ma bedaine. Ce qui fait qu'avec elle toujours je m'endors. Surtout après un repas, le soir. Quelques notes et squrouïïï-nk! Je râpe mes doigts sur les cordes et je ronfle.

Évidemment, il m'arrive d'en jouer un peu plus longtemps.

Et, même quand je ne m'endors pas avec ma guitare, cela demeure une relation fusionnelle.

Oh! je ne suis pas Jimmy Hendrix, ni Django Reinhardt, ni Harry Manx.

Je suis entre Bob Dylan et Woody Guthrie à la guitare, avec quelques tonalités de Johnny Cash et de vieux blues. Je m'accompagne à l'harmonica, sur lequel instrument je suis nettement meilleur, pour compenser mon manque de technique et de variations. Et je mets un capot sur les cordes parce que je suis nul pour faire des accords barrés avec mes gros doigts de géant vert.

Je joue au son, évidemment. Je n'ai jamais appris les notes. Sinon pour savoir quel accord d'harmonica correspond à tel accord de guitare. Si je joue en mi à la guitare ça me prend un la à l'harmonica. Donc mi-fa-sol-la. Si je joue en fa c'est un harmonica en si: fa-sol-la-si. Vous comprenez? Moi aussi j'ai eu de la misère à le comprendre mais c'est mathématique.

Accorder ma guitare a été le plus grand défi que m'a posé la guitare et cela continue encore malgré le temps.

Je m'accorde avec mon vieux diapason qui donne un la. Ou bien je vais sur Youtube et clique sur guitar tuning. Ça dépend.

Dans tous les cas, il faut capter la dernière vibration, celle qui s'en va: laaaaa.a.a..a..a...a...a!

Et hop! Voilà que la guitare est accordée. C'est déjà la joie. Tout ce qui suivra sera pur plaisir.

***

J'ai quelques guitares, dont une électrique, une petite pour débutant ainsi qu'un ukulélé.

Ma guitare favorite est ma guitare classique Yamaha. C'est d'elle dont je parle.

Je la traîne partout depuis plus de 20 ans.

J'aime ses cordes de nylon. Parce que je déteste jouer avec un pic. Je préfère utiliser mes doigts, pincer les cordes, les gratter avec le cuir épais de mon pouce. Il me semble pouvoir faire vibrer ma guitare plus intensément de cette façon, comme si le son ne se limitait plus qu'à des pincements de plastique mal amortis. Le son me semble plus doux, plus voluptueux, plus bossa nova.

C'est mon affaire.

On peut aimer ou ne pas aimer.

La guitare ne m'en veut pas pour mes illusions.

Et elle me permet d'en vivre d'autres tous les jours.

Et hop! je me tape un petit reggae... Et pourquoi pas un peu de folk? Tiens je vais jouer Tracy Chapman. Ah oui celle-là de America... Willy Lamothe... Paul Brunelle... Bob Marley... Police and Thieves in the street! Oh yeaaah! Et voilà que je chante et gratte ma guitare depuis une heure. J'ai inventé trois blues au passage et raconté une histoire à propos d'un dépotoir.

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J'ai fait de la scène, guitare en main, harmonica en bouche et micro devant moi.

Je détestais le son de la scène. Le son étouffant d'un bar. Ce son que l'on n'entend pas lorsque l'on joue, même avec un moniteur, de sorte qu'on en vient presque à faire seulement des mathématiques au lieu de se laisser aller.

Cela explique sans doute mon préjugé favorable envers les albums réalisés en studio, sans spectateurs.

La musique y est bien plus vivante selon moi.

On me dira que j'ai tort.

Je défendrai mon point de vue.

Je n'ai jamais trippé musique sur scène. Tu rentres dans ta bulle et tu fais ta job.

Tandis qu'en studio, en trio, en duo ou en solo, c'est comme si tous les instruments nous guidaient.

La musique hypersonorisée me dérange. Au-delà de 100 décibels on me perd. Je deviens agressif. Je n'éprouve plus aucun plaisir. Je cherche une pierre pour écraser le haut-parleur. Ce qui fait que je vais rarement voir des spectacles. Je suis plate comme ça. Ou bien j'ai quelque chose dans l'oreille que les autres n'ont pas. Et c'est sans doute un défaut. Le son dans le prélart ça me fait sortir de mes gonds. Comme si on faisait crisser une craie sur un tableau d'école.

Cela dit, mon vrai trip c'est de jouer de la guitare en inventant toutes sortes de trucs et de chansons.

Créer est le vrai trip.

En toutes circonstances.