mercredi 31 octobre 2007

Le peuple invisible

Richard Desjardins vient de sortir un nouveau documentaire, Le peuple invisible, qui présente les dures conditions de vie des Algonquins, loin des préjugés habituels véhiculés par le petit monde, contaminé par les historien blancs de tradition catholique et française.J’ai bien hâte de le voir et de le commenter.
Ce n’est pas pour rien qu’on ne raconte plus l’histoire de Dollard des Ormeaux et Madeleine de Verchères dans nos écoles : l’un était un bandit tueur d’Indiens et l’autre une esclavagiste tueuse d’Indiens… Comme il n’est plus à la mode de tuer des aborigènes, ces personnages ont été lentement mais sûrement évacués de l’histoire enseignée à tous les enfants de la province. Dans le bon vieux temps, on a pu faire des héros avec des personnes qui avaient commis des crimes contre l’humanité. De nos jours, le génocide des aborigènes d’Amérique n’est plus bien vu, n’en déplaisent aux historiens et aux prêtres catholiques.
La situation des Autochtones est lamentable. Parqués dans des réserves, souvent sans eau courante ni électricité, ils vivent de la « charité » de nos gouvernements qui leur lancent des miettes pour les milliards qu’ils empochent en exploitant leurs terres.
Par ailleurs, je prétends qu’il y a plus de 60% de métis au Québec, compte tenu de plusieurs faits, dont les registres d’État civil, tenus par l’Église catholique jusqu’en 1962.
Plusieurs aborigènes, à l’arrivée des Européens, étaient eux-mêmes des descendants d’immigrants d’origine européenne qui ont suivi les glaciers, de l’Europe jusqu’à l’Amérique du Nord, il y a de cela 15 000 ans. Ces premiers occupants sont devenus des Indiens alors qu’à peine quelques siècles les séparent des Celtes et des Gaulois. L’assimilation fût d’autant plus facile que les traits du visage se confondaient avec ceux des premiers colons de la Nouvelle-France. Ce n’est pas pour rien, par ailleurs, que la ceinture fléchée, symbole huron par excellence, est aussi un symbole pour les Québécois dits de souche, des descendants de Hurons-Wendates qui s’ignorent…

mardi 30 octobre 2007

Solution finale

Je suis 100% d’accord avec le M. Jean Charest, Premier Ministre du Québec, qui accuse les partis d’opposition d’attiser la braise de l’intolérance. J’aurais ajouté du racisme : je suis moins subtil, ça ne fera jamais de moi, heureusement, un Premier Ministre. Je laisse ça pour d’autres, pour Jean Charest tiens, qui le mérite bien aujourd’hui.
Les propos qu’il a tenus dans sa lettre arrivent cependant avec plusieurs mois de retard. Le brasier est en voie de se transformer en incendie majeur. Je n’ose même pas envisager quels pourraient être les dommages. Les extrémistes toutes tendances confondues ont pris le devant de la scène. Il manque de voix apaisantes. Il manque de sagesse au Québec, en ce moment.
Comme je ne suis pas subtil, j’ai confiance que cette crise s’éteindra, souhaitant que l’apathie et la lassitude de la foule l’emportent une fois de plus. Rien n’est plus dangereux que de jouer avec les foules. Une fois qu’elles sont en mouvement, même les révolutionnaires les plus purs et durs peuvent passer pour des timides. Les passions se déchaînent, la raison s'éteint, la haine s'installe.
Le conseiller Drouin, de Héroulxville, prétend que les politiciens ne font que gérer des problèmes. Lui, il veut amener des solutions…
Je ne suis pas subtil. Je suis même un peu timbré. Alors, j’ai pensé qu’il y en avait pour professer des solutions aux problèmes raciaux, en Europe. Des solutions finales…
Je suis d'accord à 100% avec le Premier Ministre du Québec.
Qu'on lui reproche ce qu'on voudra, c'est bien le premier politicien québécois qui dise quelque chose d'intelligent dans ce faux-débat identitaire qui, une fois de plus, nous divise.

lundi 29 octobre 2007

Le français: de l'Alaska à la Terre de Feu!

Le fait français… Parlons-en! Je lis, j’écris et je chante la plupart du temps en français. Ce n’est pas par patriotisme que je le fais. Ça m’est naturel. Et mon anglais est parfois hasardeux, surtout le soir, quand vient le temps de compter les moutons.
Cela dit, je ne me reconnais aucunement dans les défenseurs de la langue française au Québec. Plus souvent qu’autrement, je les trouve trop fanatiques pour éprouver quelque plaisir à discuter avec eux. Je les laisse à leur peur, à leurs grandes envolées verbales sur la disparition de la langue sacrée, et tous ces tralalas d’exaltés qui remplacèrent l’Église catholique par le Parti Québécois dans les années ’70. Cela laisse encore des traces dans le paysage politique, malheureusement, et jamais le français n’a été aussi mal servi.
La langue française s’est tout bonnement encroûtée sous des théories pédagogiques --très mal écrites par ailleurs. Il est plus important à l’école, voyez-vous, de développer son «estime de soi» que de savoir lire et savoir bien écrire. Cela donne des adultes dépourvus d’estime de soi qui se paient des diplômes tout en demeurant illettrés, parfois même jusqu’au doctorat.
Ma vision de la langue française, en tant que langue porteuse de culture, d’art et de science, n’a rien à voir avec celle du mouvement indépendantiste québécois. Ma vision du français est internationale. Voltaire fait partie de ma patrie intellectuelle. Et l’on admire Voltaire partout sur le globe : aussi bien en profiter!
Voltaire était anglophile. Il admirait les droits et libertés des Anglais. Par conséquent, les Anglais aussi l’admiraient et se faisaient un devoir d’apprendre le français pour rivaliser de finesse d’esprit avec notre plus grand ambassadeur, un esprit libre et indépendant, chassé par les siens, toujours englués dans des coutumes ridicules et asservissantes.
S’il y avait plus de Voltaire au Québec et au Canada, l’Amérique au complet, de l’Alaska à la Terre de Feu, parlerait peut-être français. Nous avons bien eu Pierre Eliot-Trudeau, que les séparatistes veulent faire passer pour un ogre, un genre de Gargamel mangeur de schtroumfs bleus. John Lennon, au contraire de ceux-ci, a cru que ce serait la paix sur la terre s’il y avait plus d’hommes politiques comme Trudeau. Trudeau n’était pas Voltaire, mais si des Canadiens anglais ont appris le français, c’est à cause de lui.

Docteur Jivago et notre temps

Le Docteur Jivago est un pur chef d’œuvre, tant le roman de Boris Pasternak que le film éponyme de David Lean, dans lequel Omar Sharif tenait le rôle principal.
Plus le temps passe et plus je ressens la tragédie du Docteur Jivago, un médecin qui s’acharnait à sauver des vies en une époque où la vie humaine ne comptait pour rien.
De la guerre contre l’Allemagne en passant par la révolution russe puis la guerre civile, Jivago ressemble à un naufragé perdu au milieu d’un océan d’hémoglobine. Au milieu de cet océan, rien n’est plus cher pour Jivago que d’écrire des vers pour sublimer cette vie misérable ravagée par la haine, le vol, le viol, le génocide : les lois éternelles se sont évanouies et il ne reste plus rien de sacré. Jivago contemple tout de même les cieux, les arbres enneigés, le givre aux fenêtres. Jivago s’attarde encore à ces menus détails qui n’intéressent plus personne. Il rêve en un temps déraisonnable où triomphent les brutes, les truands et les crapules.

DÉGÉNÉRATION AU GALA DE L'ADISQ

Le groupe Mes Aïeux a tout raflé au gala de l’ADISQ, un assemblage hétéroclite de numéros de variétés bâclés et de remerciements ennuyants, qui avait lieu hier. Je vous avouerai que je ne l’ai pas regardé à la télé. J’ai bien fait. Cela m’a permis de terminer un tableau, que je vais intituler Le bon voisin. Vous le verrez bientôt. Je le dédie à l'industrie québécoise du disque, du moins à ce qu'il en reste en cette ère de profonde mutation technologique. Était-ce le dernier gala de l'ADISQ? L'ADISQ pourrait bien disparaître comme les cassettes 8 pistes et les VHF.
L'Internet va plus vite que les artistes officiels du pays. Les artistes non-officiels ont plus de chance de faire carrière longtemps, à mon avis. Je m'expliquerai plus tard.
***
Pour en revenir à Mes Aïeux, je ne suis plus capable d’entendre la chanson Dégénération.
D’abord, le rythme et l’air rappellent trop Réveille de Zachary Richard, qui n’est pas sa meilleure aussi. La chanson Dégénération est du même ordre et ses paroles sont trop mélodramatiques pour que j’y accroche. «Ton arrière, arrière-grand-père, y mangeait du gros pain noir», bon ça va, du moment que l’on ne se sert pas de lui pour dénoncer son arrière-petit-fils, que l’on suppose être un baby-boomer, qui a vendu la terre de son père pour l’investir dans ses réhères (REER…), pendant que son rejeton souffre dans son petit trois et demi, fait un hold-up dans un dépanneur et regrette que sa blonde se fasse avorter tout le temps, tout en rêvant d’une table entourée d’enfants…
Encore la fille qui se fait reprocher d’aller à droite et à gauche pour se faire avorter ensuite… Bon. Pauvre petit gars.
Pour beaucoup d’entre nous, je parierais que l’arrière-arrière-grand-père avait les dents noires, n’avait peut-être même pas de terre, ni d’argent, ni d’éducation, ni de soins de santé, ni rien d’autres. Notre arrière-arrière-grand-mère a dû avoir 80 enfants, parce que le vieux aimait la gaudriole quand il rentrait saoûl. L’Église disait à la bonne femme de s’ouvrir les jambes et de faire son devoir de bonne chrétienne envers son mari. D’une génération à l’autre, l’éducation et l’électricité ont produit ce jeune cuistre qui donne la leçon à tout un chacun sur un air de tambour pas très sophistiqué, deux temps, pas de mouvement : qu’on ne me dise pas que c’est la meilleure de Mes Aïeux! Ils sont plus musiciens que ça.
Dégénération me rappelle Life is Life du groupe Opus, sans que je ne puisse trop m’expliquer pourquoi. C'est le genre de toune qui fait danser du monde sur les tables juste assez pour que l'on n'ait plus envie de l'entendre à la radio pour au moins deux siècles.

dimanche 28 octobre 2007

VOUS PROMENERIEZ-VOUS AVEC UN POISSON POURRI DANS LE DOS?

Faisons un peu de philosophie, tiens, puisque c’est dimanche.
Diogène le cynique, alias le chien, ça vous dit quelque chose?
Bon, au risque de prendre un ton didactique, je vais me contenter de rapporter une anecdote qui le concerne.
Pour l’arrière-fond historique, contentons-nous de quelques idées reçues. Diogène était un philosophe grec qui vivait au temps d’Alexandre le Grand, Socrate, Platon et Aristote. Diogène vivait dans un tonneau, près des portes d’Athènes. C’était un hippie en son genre qui prétendait pouvoir vivre d’un rien. Il pratiquait la simplicité volontaire hard-core en quelque sorte.
Certains le prenaient pour un fou, d’autres pour un sage. Dont ce jeune homme, appelons-le Zorba, tiens, qui voulait tirer profit de la sagesse de Diogène et devenir son disciple.
Zorba se présenta donc à Diogène et lui tint à peu près ce langage :
-Diogène, je veux devenir ton disciple. (C’est un peut court, je sais, mais qui peut vraiment savoir comment l'on devenait disciple de quelqu’un en ce temps-là, hein? Bon, je recommence.)
-Diogène, je veux devenir ton disciple!
-Ah oui? Hum… (Réfléchissant tout en se grattant le ventre.) Parfait. Tu vois le poisson là-bas, près de la berge?
-Tu veux dire le poisson pourri, couvert de mouches?
-En effet.
-Bien. Et qu’est-ce que je dois faire?
-Va le chercher, attache-le toi dans le dos et suis-moi.
Zorba fit tout ce que Diogène lui avait dit. Il surmonta sa suffocation du mieux qu’il le pouvait face à l’odeur répugnante du poisson qui exhalait un parfum de putréfaction avancée. Zorba comprenait qu'il y ait nécessairement dans la vie des rituels et des initiations à subir avec renoncement pour enfin accéder à un niveau supérieur de la connaissance. Zorba n’allait pas abandonner pour si peu. Ce n’était, après tout, qu’un poisson pourri.
Les minutes puis bientôt les heures passèrent.
Diogène pouvait marcher pendant des heures, lentement, mais sûrement, cherchant au passage de quoi manger, de quoi boire, sans trop s’en faire, avec sa gueule de métèque, de juif errant et de pâtre grec, de voleur et de vagabond. (Moustaki)
Zorba suait abondamment. Le poisson puait toujours plus et les mouches tournoyaient autour du pauvre disciple. Il n’en pouvait plus.
-Maître Diogène, quand est-ce que l’on fait une pause?
Rien. Diogène ne dit absolument rien.
-Le sage est silencieux, se dit en lui-même Zorba, il teste ma résistance.
Alors Zorba continua de marcher, avec son poisson pourri, derrière Diogène.
Évidemment, le duo faisait sensation à Athènes.
-Eh! T’as vu Diogène, disaient les Athéniens, il promène un pauvre type avec un poisson pourri collé dans le dos!
-Eh! Ducon, ton poisson, dans ton dos, il est pas frais!
Et toutes ces sortes d’insultes, quoi.
Du coup, Zorba commençait à en avoir marre. Non, il n’était pas assez fort pour supporter tout ça. Notre homme cessa de courir comme un abruti derrière Diogène. Il lança son poisson pourri sous un olivier puis, honteux, revint sur ces pas.
Diogène l’interpella.
-Où t’en vas-tu comme ça Zorba?
-Chez-moi. Je n’ai rien appris aujourd’hui. Je me suis promené toute la journée avec un poisson pourri dans le dos sans même que tu daignes me parler. Je n’ai rien appris aujourd’hui! Je ne veux plus être ton disciple!
Zorba était mauve de colère et sentait franchement mauvais, même s’il s’était débarrassé de son poisson.
Diogène sourit. Tous les Athéniens s’attendaient à ce qu’il en sorte une bonne, comme seul Diogène en avait le secret. Ils ne furent pas déçus.
-Zorba, dit Diogène tout en le fixant droit dans les yeux, Zorba tu prétends donc n’avoir rien appris aujourd’hui? Tu ne veux plus être mon disciple?
-Oui! C’est cela! Je n’ai rien appris aujourd’hui!
-Tu n’as rien appris aujourd’hui? Diogène esquissa un large sourire. Ce matin-même, Zorba, tu étais prêt à me suivre n’importe où avec un poisson pourri collé dans le dos. Et maintenant que tu rejettes le poisson pourri, ne vois-tu pas que je t’ai appris à devenir maître de toi-même?

***

Des tas de gens autour de moi semblent se promener avec des poissons pourris dans le dos, sans le savoir. Ce poisson pourri peut être représenté par une idéologie qui nous dépossède et fait de nous de simples instruments de maîtres plus mal avisés que Diogène qui, au fond, enseignait la liberté.

***

Deux mil cinq cents ans plus tard, on peut encore rire de cette histoire. Grâce à Diogène de Laërte et Plutarque, entre autres, auteurs de l’antiquité de qui l’on tient quelques anecdotes sur Diogène le cynique.
Pour en savoir plus sur lui, vous devez absolument lire Les cyniques grecs de Léonce Paquet. C’est disponible en livre de poche.

vendredi 26 octobre 2007

La cheminée de Mark Twain



Mark Twain, célèbre romancier américain, avait pris coutume de toujours laisser ses lettres sur le bord de la cheminée pendant une semaine avant de les envoyer. Il craignait qu’en les expédiant trop vite il ne fasse parvenir des textes amers, fielleux ou hargneux qui pourraient desservir sa pensée.
À l’ère du courrier électronique et du chauffage électrique, la cheminée reste difficile à trouver. On finit par trouver son doigté sur le clavier et voilà que l’on peut s’exprimer à toute heure du jour ou de la nuit, sur n’importe quel sujet, sans censure, comme on l’a toujours rêvé sans vraiment y croire. Un simple clic et la lettre est partie. Il ne faut pas craindre la controverse. Il faut savoir retomber sur ses deux pattes rapidement.
Je relis le texte que j’ai écrit ce matin et, bien que je sois d’accord avec le contenu, je me demande pourquoi je me fais si fielleux dans mon contenant. La comparaison avec Hitler est exagérée et, pourtant, je la maintiens. Non pas pour banaliser Hitler, mais pour montrer jusqu’où l’on peut se rendre avec des propos xénophobes. Et Dieu sait que l’on en entend par les temps qui courent depuis que le sujet est à la mode. Des stations de radio vont jusqu’à publier des sondages pour demander aux Québécois s’ils sont racistes. Les résultats donnent l’idée de ce que pourrait être un référendum gagnant : il n’y a qu’à être encore plus con pour vendre la souveraineté aux Québécois. Le racisme cela sonne conditions gagnantes. Il fallait y penser.
Cela dit, j’exagère, je le sais, j’exagère…
Bon, je vais mettre du feu dans ma cheminée virtuelle.
S’il fait du soleil à Paris, il en fait partout.
Dixit Jean-Pierre Ferland.
Bon début de fin de semaine!
***
Au fait, l'image au début de mon texte est de moi... Désolé de faire preuve d'autant d'amour-propre. J'illustre mes propos seulement les fins de semaine... Excusez-la!

IDENTITÉ QUÉBÉCOISE OU LIBERTÉS DE LA PERSONNE?

Hitler se plaisait à dire aux Allemands qu’il était venu les délivrer du fardeau de la liberté.
Quels étaient les ennemis naturels de Hitler? D’abord les juifs, puis tous ces maux qu’il associait à la «juiverie internationale» : le libéralisme, le cosmopolitisme, le capitalisme, le bolchévisme, etc.
Quand j’entends certains «intellectuels»(sic!) répéter que l’identité québécoise est menacée par le libéralisme, le cosmopolitisme et le capitalisme, cela m’inquiète un peu quant à la santé intellectuelle de notre prétendue nation.
Cela me fait d’autant plus froid dans le dos que les juifs et les arabes se font de plus en plus «tasser» dans le coin dans leurs discours insidieux.
«La tolérance, semblent éructer nos ultranationalistes d’extrême-droite qui s’ignorent, c’est bon pour les Canadians. Elle a été inventée par Pierre Eliot-Trudeau, avec son démoniaque multiculturalisme canadian! »
Il y a un examen de conscience à faire là-dessus.
Je pense que les vrais intellectuels du Québec ont le devoir de se faire entendre à ce moment précis de notre histoire, avant que cela ne bascule dans la bêtise.
Bien que je sois fédéraliste, j’apprécie l’initiative de Gilles Duceppe d’atténuer le jeu en souhaitant hier, lors d’une déclaration, que le projet de loi 195 sur l’identité québécoise soit présenté devant la Commission des droits de la personne.
C’est ce qui s’est passé d’ailleurs puisque ce matin Cyberpresse m’apprend que la Commission des droits de la personne juge que le projet de loi de Mme Marois est discriminatoire.
Peut-être que Gilles Duceppe deviendra chef du PQ sous peu.
Si c'était le cas, j’espère qu’il en profiterait pour épurer le langage politique des péquistes.
Lutter contre le libéralisme, le cosmopolitisme, le capitalisme, l’anglais, les juifs et les «ethnies», cela compliquera certainement la reconnaissance du Québec en tant que membre à part entière de la communauté internationale, en cas d’une hypothétique accession à l’indépendance. Cela compliquera même sa reconnaissance en tant que pays membre de l’Amérique du Nord…
Si René Lévesque était vivant, je crois qu’il redeviendrait fédéraliste et se réconcilierait avec Trudeau, dégoûté de voir ce qu’est devenu le Parti Québécois.
Péquistes en faveur des droits et libertés de la personne, SVP, resaisissez-vous! Ne vous laissez pas dériver vers le racisme et la xénophobie! Ne jouez pas le jeu des «Ben Béland» du Québec qui ont peur d'avoir peur quand ils entendent le mot couscous!

jeudi 25 octobre 2007

LE NOUS ET LE JE

Je viens tout juste de lire un texte très intéressant sur le blogue de Pierre Duhamel. C'est à propos des délires identitaires des nationalistes québécois.


http://blogues.lactualite.com/duhamel/?p=52#comment-543


Quand j'entend les péquistes défendre leur projet d'exclure les anglophones, nos principaux partenaires commerciaux, de la citoyenneté québécoise, eh bien je ne peux que rire jaune. Il y a un coût économique au racisme et le PQ fait vraiment tout pour faire payer aux chômeurs et assistés sociaux québécois leur volonté de devenir calife à la place du calife... It's no good, Mrs. Marois.

Et nos intellectuels séparatistes qui, plus que jamais, font des pirouettes verbales pour expliquer des tas d'atteintes à la Déclaration universelle des droits de l'Homme, commises allègrément par une bande de flibustiers politiques pour qui la fin justifie tous les moyens. Le peuple ne veut pas de référendum? Faisons l'indépendance avec Québecor. Allons-y avec des sondages: 60% des Québécois se disent racistes: c'est une majorité claire...

mercredi 24 octobre 2007

Les conditions gagnantes à 99,999%





«D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?» Ces grandes questions qui forment le titre d'un célèbre tableau de Gauguin, me poussent bien plus à la réflexion intellectuelle que les réponses boîteuses des tribuns de pacotille qui se prennent pour nous.
Qui veut vraiment de la lapidation, de l'excision du clitoris, de l'infibulation – et j'en passe! – en ce pays?
Personne. Ni vous, ni moi. Bref, nous n'en voulons pas…
Héroulxville a trouvé la formule gagnante qui rallie tout le monde à 99,999%é Cela lui confère le droit de parler au nous. Un sondage c'est plus pratique qu'un référendum.
Donc, même si le Code criminel interdit déjà la lapidation, l'excision du clitoris et l'infibulation, les héraults nationalistes de Hérouxville veulent que le Canada modifie la Charte des droits et libertés, rien de moins, pour que ce soit clair à 110% pour tout le monde, même pour les juifs et les arabes, puisque l'on ne se garde même plus une petite gêne pour sombrer lentement mais sûrement dans la ségrégation raciale par la bande, hypocritement, la seule façon de ne pas se faire prendre par la loi.
Si le Canada ne veut pas sanctionner les réflexes identitaires et racistes du conseil municipal de Héroulxville, ce sera l'indépendance du Québec, rien de moins, sortie comme par miracle d'un chapeau, avec tout le monde d'accord à 99,999%.
La séparation qu'il faut rentrer dans la gorge des Québécois par tous les moyens, en ayant recours aux sondages plutôt qu'aux consultations populaires.
La séparation, conséquence logique de l'isolement, du repliement sur soi, du culte de l'ignorance où l'on tente de faire passer ses pléonasmes et son étroitesse de vues pour les trouvailles constitutionnelles du siècle. Ce n'est pas très rassurant pour notre avenir. Ça donne froid dans le dos.
Le projet des conseillers municipaux de Héroulxville dérape autant que celui de Mme Pauline Marois qui restreindrait le droit des anglophones, une petite minorité qui constitue encore 20% de la population au Québec et 90% de la population de nos partenaires commerciaux principaux : le Canada anglais et les Etats-Unis.
Vraiment, je n'ai pas honte par ces temps-ci d'être un Canadien, un Québécois et surtout un Trifluvien en faveur du libéralisme, du multiculturalisme et de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Je me dissocie donc du «nous» employé par André Drouin et Pauline Marois.
Je ne leur reconnais pas le droit de parler en mon nom.

dimanche 21 octobre 2007

Identité québécoise et racisme refoulé

Pauline Marois et le PQ n'entendent pas se laisser doubler par l'ADQ sur la question de l'identité québécoise... Ovation des péquistes de gauche à un discours chauvin qui nous fera passer pour une bande de clowns aux yeux du monde.

Ainsi, on ne pourra plus se présenter aux élections scolaires, municipales ou provinciales si l'on ne parle pas français... «Gulp! Yes sir madame. Sorry about that. But is it cos' you can't speak English, madame Marois? Uh?» Traducteur SVP. Madame Marois devra s'expliquer à tous les Américains et tous les Canadiens anglais qui achètent leurs produits au Québec.

Il y a 20% d'anglophones au Québec, au cas où vous ne le sauriez pas, et ce 20% représente beaucoup plus de poids politique que nous n'en avons parmi nos partenaires commerciaux, des anglophones dans plus de 85% des cas... Ce n'est pas pour rien qu'il y a plus de descendants québécois dans la diaspora que dans la terre d'origine. Les élites québécoises ont de tout temps entretenu un climat de médiocrité intellectuelle essentiellement fondé sur un nationalisme puéril. Les meilleurs ont fui et nous fuient encore. Chaque fois que l'on en rajoute sur notre «identité», c'est notre racisme refoulé qui remonte à la surface.

Dans le monde tel qu'il devient, on peut s'identifier à n'importe quel romancier chinois ou sportif australien et se bâtir la culture de son choix, par affinités intellectuelles tout autant que par un besoin viscéral d'appartenir tout entier à l'histoire de l'humanité, et non pas d'être le simple rouage d'un État ethnique, un homme façonné par une élite peu scrupuleuse des moyens employés pour l'asservir totalement à sa volonté de puissance.

***

L'imam Jaziri pourrait être déporté demain vers la Tunisie. L'ultime recours, c'est la ministre canadienne de l'immigration Diane Finley. Elle a le pouvoir de revoir la décision. On peut lui envoyer un courriel:

Ministre@cic.gc.ca

Liberté religieuse versus liberté d'expression?

La commission Bouchard-Taylor sera à Trois-Rivières cette semaine. La bête médiatique se nourrira de toutes les bêtises et pléonasmes surréalistes énoncés par nos bons Gaulois. Selon le conseiller municipal de Hérouxlville, il faudrait inscrire l'abolition de l'esclavage dans la Constitution, tiens, comme s'il n'y avait rien prévu à cet effet dans le Code criminel!
Ce n'est pas l'abolition de l'esclavage, l'excision ou le port du voile qui les démangent au conseil municipal de Héroulxville, non, c'est juste les «ceusses qui font pas comme tout le monde».
La pensée est si désarticulée qu'on peine à croire l'intérêt que les médias peuvent y porter. C'est comme si tous les feux de l'actualité étaient sur celui qui fait le meilleur «freak show» pour que les spectateurs en bavent d'en savoir plus, par une forme de voyeurisme putride et de racisme trop longtemps refoulé.
La commission Bouchard-Taylor est la commission la plus inutile et la plus nuisible qu'un gouvernement ait pu instituer au Québec au cours de son histoire. Elle génère bien plus de noirceur que de lumière. Les accommodements raisonnables sont des formes d'entorses au règlement que l'on pratique parfois au niveau inférieur de toute administration publique. Ces petites entorses à la règle sont une preuve d'intelligence, de souplesse et d'adaptation de notre système à des situations qui n'enlèvent rien à qui que ce soit. Aucun accommodement déraissonnable potentiellement dangereux pour l'évolution de nos droits et libertés individuelles n'a eu lieu. Il n'y a rien de grave pour le moment dans les quelques accommodements raisonnables qui ont été pris avec tel ou tel groupe de citoyens. La constitution canadienne reconnaît autant la liberté d'expression que la liberté religieuse. S'attaquer à l'une, c'est aussi s'attaquer à l'autre.
Par ailleurs, le monde change. Les dogmes passent et s'en vont.

jeudi 18 octobre 2007

Contre le renvoi vers la Tunisie de Saïd Jaziri

Je n’ai pas d’affinités avec les idées de l’imam Saïd Jaziri. Cependant, un principe doit ratisser plus large que le simple champ des affinités qui nous sont propres. Je suis athée et favorise non seulement la laïcité mais aussi les droits de la personne, même pour les imams, les prêtres, les chamanes, les prisonniers et, bien sûr, les immigrés.
Renvoyer Saïd Jaziri vers la Tunisie, alors que sa femme, une Canadienne, est enceinte de lui, cela ne fait pas honneur au Canada. Il me semble qu’on devrait en tenir compte.
M. Jaziri, Tunisien d'origine, n'a plus de statut légal au Canada depuis qu’il a perdu son statut de réfugié en 2006. Il aurait omis, entre autres, de révéler aux autorités canadiennes qu'il avait un casier judiciaire en France. Il aurait incité des gens à battre quelqu’un, ce qui n’est pas très fort, cependant il n’a battu personne depuis plusieurs années et, même si les idées de l’imam me répugnent, je crois que notre démocratie est assez forte pour ne pas se sentir menacée par un ex-délinquant qui a le malheur de s’être converti en porte-parole de la communauté musulmane par la force des choses, étant le seul imam à se prononcer sur des sujets chauds d’actualité pour alimenter la bête médiatique.
M. Jaziri affirme qu’il pourrait être torturé en Tunisie s’il y retourne. Il dit peut-être vrai. Qu’on ne me dise pas que les Canadiens cautionnent le renvoi vers la torture du père d’un futur citoyen canadien pas tout à fait blanc comme neige, mais peut-être pas totalement mauvais.
N’en faisons pas un bouc émissaire, même si c’est justement ce que lui reproche son casier judiciaire, d’avoir pris un homme pour bouc émissaire et de lui avoir fait administrer une raclée. Il a payé pour ses crimes, en France. Il n’en a pas encore commis un seul ici à ce que je sache, même si ses propos peuvent frôler la propagande haineuse contre les homosexuels.
Cet enfant qui naîtra sous peu pourrait un jour nous en vouloir à tous d’avoir été aussi sévères envers ce que d’aucuns au pays pourraient considérer comme un bon musulman, que je partage ou non ses croyances.
C’est facile de défendre ceux que l’on aime. C’est plus difficile de défendre ceux que l’on n’aime pas. Tout est une question de principes.
Je souhaite que le gouvernement du Canada accorde à l’imam Jaziri une prolongation de son statut de résident canadien pour des raisons humanitaires, compte tenu que sa femme est enceinte et qu’il pourrait, effectivement, subir la torture en Tunisie.
Je propose, par ailleurs, que les médias revoient leurs pratiques quant aux tribunaux populaires et autres dîners de cons qui ramassent de la cote d’écoute en diabolisant les uns et les autres. Si l’imam Jaziri avait pris une bonne gorgée de vin en chantant « En r’venant d’voir mon ragoût » de Lucien Boyer, le renverrait-on en Tunisie? Et le prochain qui ne voudra pas manger un sandwich à la graisse de roti de porc, on fera quoi avec lui?
Je suis à cent lieues des idées de Jaziri, mais mes idées sont aussi à cent lieues de toute forme d’intolérance envers qui que ce soit, dont ceux avec qui je suis foncièrement en désaccord.
Je m’oppose donc formellement au renvoi en Tunisie de Saïd Jaziri.

mardi 16 octobre 2007

Dieu et le Père Noël

Lorsqu’on me dit le mot religion, je doute tout de suite. Dieu me fait le même effet que le Père Noël : un concept sympathique que l’on ne critique pas trop pour ne pas faire de peine aux enfants. Quand les enfants sont couchés, on peut se parler entre adultes et se dire, dans l’ombre, que le Père Noël n’existe pas, même s’il existe des milliers de chansons sur le thème.
Certains ont besoin du Père Noël, d’autres lui préfèrent Dieu. Moi, au fond, je n’ai besoin de rien et je ne ressens aucune consolation au fait de prier telle ou telle entité imaginaire en retenant mon souffle ou bien en m’agenouillant pour rien.
Croyez-moi, j’aurais préféré que Dieu existe. Force m’est d’admettre, après plusieurs tentatives de communication, qu’il se fait aussi discret que le Père Noël. Je pourrais prier tous les jours ou passer des années à contempler un mur blanc, assis dans la position du lotus, que le Père Noël pourrait finir par apparaître devant moi, avec des éléphants roses ou des lapins géants, mais cela témoignerait plus de la fragilité de mon esprit que de l’authenticité de ma foi. Jeûner ou se saouler la gueule provoquent des visions de foi, mais le hic c’est que le foie ait besoin de manger un sale coup pour créer ces images plus grandes que natures.
J’ai cru aux fables chrétiennes jusqu’à 13 ans. J’ai cessé de croire pour des raisons intellectuelles. Après avoir longtemps questionné Dieu et être demeuré sans réponse, je me suis questionné moi-même et, bien que mes réponses n’aient pas toujours été les bonnes, c’étaient les miennes et pas celles de Pierre, Jean, Jacques. J’ai eu mal au foie, moi aussi, pour trouver quelque raison à la foi. Et je ne l’ai pas trouvée, la foi, comme si j’étais trop honnête pour me mentir à moi-même.
J’ai plus de respect pour les hommes que je n’en ai pour les fables ou les légendes qui veulent se faire passer pour des vérités absolues et contraignantes. Libres aux hommes de craindre les chats noirs, de porter des amulettes ou de se perdre en longs discours sur les farfadets ou le sexe des anges. Cependant, qu’ils ne viennent pas tenter de restreindre ma liberté : je risquerais de les insulter vertement.
Sans chercher à être méchant envers les croyants, je considère le sentiment religieux comme une béquille pour se délivrer de la peur d’avoir peur.
Je mourrai un jour, pour toujours, et cela ne me semble ni triste ni gai, c’est tout simplement le cycle normal de l’existence : naissance, croissance et putréfaction. On peut observer ce cycle chez les fourmis, les orangs-outans et les saints : tout finit par finir.
Il y a une vie avant la mort et la vie après la mort, c’est comme parler des rennes du Père Noël : une discussion qui peut être fort intéressante si elle ne se prend pas trop au sérieux. Cependant, c’est là que le bât blesse : ceux qui croient en Dieu se prennent souvent plus au sérieux que ceux qui croient au Père Noël.
Je ne tiens pas non plus à sombrer dans l’excès de rationalisme, qui n’est pas une attitude scientifique dans la mesure où la connaissance ne doit pas se fixer de limites artificielles par commodité, pour obtenir une certaine compréhension du monde par le biais d’une doctrine, fusse-t-elle une doctrine laïque et athée. Je renvoie les ultra-rationalistes au premier chapitre du roman Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. Mettons que le Diable, à défaut que ce soit Dieu, joue un bon tour aux rationalistes. Cela m'oblige à mettre un bémol sur la rationalité, ne serait-ce que pour des raisons esthétiques: peut-être qu'il faut de mauvaises raisons pour expliquer l'inexplicable...
À trop vouloir être rationnel, on perd de vue les mystères très réels de notre monde. Cependant, je ne vois pas de mystère dans un gris-gris, une croix ou bien un quelconque symbole de foi : je ne vois là qu’un besoin naturel qu’a l’homme de s’identifier à une communauté, pour le délivrer, encore une fois, de la peur d’avoir peur.
Il y a plus de mystère, cela dit, dans les hypothèses de la physique quantique qu’il n’y en a dans les livres sacrés.
Je ne dis pas qu’il n’y a rien dans les livres sacrés, sinon qu’il n’y a rien de sacré dans les livres, que les livres restent des livres, rien de plus, rien de moins.
Bon assez de religion, ça va finir par sentir le renfermé sur ce blogue. Je vais aller prendre un peu d'air.

jeudi 11 octobre 2007

Gutenberg et l'Internet

Les médias traditionnels se font de plus en plus tasser dans le coin du ring par l’Internet. On sait déjà que l’Internet va gagner, quoi qu’il advienne.
Le parchemin n’a rien pu faire contre l’invention de Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg. Le télégraphe a mangé une raclée par le téléphone. Et maintenant, c’est au tour de tous les médias de se faire broyer par l’Internet, d’ici à ce que l’on invente la télépathie, une question d’années avec les nouveaux développements survenus en génétique... C’est normal. Cos’ the times they are a changin’, comme le chantait Dylan.
Je ne sais pas comment l’on négociait dans l’industrie du parchemin, à l’époque où c’était en vogue de se procurer St-Augustin copié minutieusement par un moine, pendant des mois, voire des années. Peut-être qu’il n’y avait pas de marché pour la littérature à cette époque, d’autant plus que personne ne savait lire hormis les moines…
L’invention de Gutenberg a démocratisé la lecture. La disponibilité des livres a favorisé l’alphabétisation et l’accès à la culture. Une économie s’est forgée autour de l’invention. Des imprimeurs sont subitement devenus aussi riches que des rois. Des idées imprimées ont circulé parmi tous les royaumes de la terre, et toutes les couronnes du globe en ont été ébranlées, pour le meilleur comme pour le pire.
La même chose se produit avec l’Internet en ce moment. Ceux qui s’en méfient font penser à ces moines qui devaient s’accrocher à leurs parchemins, vieilles curiosités artisanales, face à ces millions puis bientôt ces milliards de pages imprimées.
Je lisais hier un article fort intéressant de Marie-Ève Morasse, paru dans la section Technaute, sur Cyberpresse. Chris Anderson était de passage à Montréal mardi dernier. Rédacteur en chef du magazine Wired et auteur du populaire livre The Long Tail, Anderson constate l'importance des blogues et prédit que la musique sera un jour gratuite.
Ce n’est certainement pas la prophétie du siècle, mais elle importe d’être rappelée : la musique sera un jour gratuite. Le produit que l’on doit vendre, à l’ère de l’Internet, ce n’est pas la musique, mais le musicien. Et le musicien doit se servir du produit, la musique, pour vendre ses spectacles et ses apparitions publiques. Son médium privilégié, bien sûr, sera l’Internet. Il en ira ainsi des écrivains. Les livres seront gratuits. L’auteur profitera des retombées médiatiques. Les gens du domaine de l’édition et les autres de l’industrie du disque devront se recycler en préposés de stationnement. Et c’est très bien ainsi.
Source:
http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/texte_complet.php?id=81,12399,0,102007,1387232.html&ref=rss_technaute

mercredi 10 octobre 2007

Une émeute n'est pas une révolution

La junte militaire s’accroche encore au pouvoir en Birmanie. On demandait la semaine dernier au journaliste Patrick Brown, correspondant de Radio-Canada à Pékin, de donner son avis sur la suite des événements survenus au Myanmar. Brown a déclaré, substantiellement, qu’il ne peut y avoir de révolution réussie tant et aussi longtemps que l’armée ne prend pas le parti des manifestants.
Vous voulez savoir comment réussir une révolution? Rien de plus facile. Vous n’avez qu’à lire Techniques du Coup d’État de Curzio Malaparte. Malaparte a si bien compris le principe que Mussolini l’emprisonna, par peur de voir des têtes brûlées s’inspirer de Malaparte.
Dans son traité, fondé sur les coups d’État survenus au vingtième siècle, Malaparte nous fait très bien comprendre que pour renverser un État il faut en premier lieu s’assurer la sympathie de l’armée et, ensuite, s’emparer des moyens de communication : télégraphe, radio, télévision, etc.
Une fois la reine détrônée, on se charge alors d’envoyer de nouveaux messages à la fourmilière humaine : voici maintenant la Nouvelle Loi et vous feriez mieux d’y obéir de peine de vous faire raccourcir d’une tête.
Les manifestants de la place Tien An Men ont échoué parce qu’ils n’ont pas vraiment suscité l’appui de l’armée et n’ont pas pu s’emparer des médias. Les manifestants de Pologne, d’Allemagne de l’Est et de Tchécoslovaquie ont réussi leur coup d’État parce que le pouvoir ne pouvait plus passer ses messages par les médias ni compter sur le soutien de l’armée.
Cela dit, lancer des cocktails Molotov contre les forces de l’ordre n’est pas le meilleur moyen de mettre la police et l’armée de son bord, condition indispensable pour s’emparer des médias et y rester. Une émeute n’est pas une révolution.

LA NATURE EST UN TEMPLE

Voici l’opinion de Charles Baudelaire relativement aux accommodements raisonnables :

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.


Ce que je retiens, c’est que les hommes laissent parfois sortir des paroles confuses au nom de symboles qui l’observent comme autant de garde-chiourme, pour leur rappeler que la liberté n’est pas encore accomplie à ce jour.
Cela dit, juste pour mêler un peu le jeu, je vous recommande de lire Le confort intellectuel de Marcel Aymé, mon auteur préféré après Boulgakov. Baudelaire se fait varloper comme il faut dans ce roman anti-romantique qui a du tonus et de l’esprit, comme toutes les œuvres de Marcel Aymé. Je suis tombé la semaine dernière sur Les contes du chat perché, du même auteur, et je m’en régale déjà.
Pour ceux qui ne connaissent pas du tout Marcel Aymé et qui souhaitent le connaître en moins de trente minutes, je vous recommande de lire deux de ses nouvelles qui donne la juste mesure de toute son œuvre à mon sens.
Lisez Le passe-muraille, l’histoire d’un simple employé de bureau qui a la faculté de passer au-travers des murs, et sautez ensuite dans La bonne peinture, qui vaut bien 10 000 théories sur la peinture. Vous devriez rire aux éclats, à moins que vous ne soyez un peu constipé de l’intellect, ce qui est fort courant en ces temps de littérature pédante et bêtement universitaire. Les mauvais auteurs qui pullulent de nos jours finiraient presque par me faire croire que le français n’est pas du tout la langue de Rabelais, mais bien celle des commentateurs ronflants de son époque qui écrivaient dans un français lourd, triste, empesé de grec, de latin et de crottes de souris de sacristie.

mardi 9 octobre 2007

Che Guevara selon Jacques Lanctôt

C’est le 40e anniversaire de la mort d’Ernesto Guevara, dit le Che, un assassin devenu célèbre pour avoir édifier une dictature de type soviétique sur l’île de Cuba. Ce Saint-Just du vingtième siècle raffolait des pelotons d’exécution, des passages à tabac et des emprisonnements arbitraires. C’était un tueur froid et sans âme. Seuls quelques vieux cons, issus du temps où l’on dévissait sa tête pour psalmodier des comptines tirées du Petit livre rouge de Mao, verseront une larme pour le Che. Pour ceux-là, je recommande vivement de lire cette chronique du camarade Jacques Lanctôt, qui publie sur le site Internet de Canoë, pour service rendu à ceux qui souhaitent se faire obéir au doigt et à l’œil par les prolétaires :


http://www.canoe.com/infos/chroniques/jacqueslanctot/archives/2007/10/20071009-080036.html


«Il ne faut pas désespérer Billancourt», disait Sartre, sur sa boîte à savon, devant les travailleurs en grève de l’usine Renault. Et ne pas désespérer les travailleurs de Billancourt, cela signifiait cacher les crimes de Staline, de Mao, de Ceaucescu, du Che, de Pol Pot, pour que les travailleurs continuent d’espérer quelque chose du communisme, une belle idéologie pour ceux qui souhaitent faire reculer de 100 ans les droits de la personne tout autant que la technologie. À Cuba, on a remplacé les tracteurs par des chariots tirés par des bœufs : quel progrès humain exceptionnel… Non, il ne faut pas désespérer nos pauvres en leur disant qu’ils seraient encore plus pauvres, malheureux et maltraités en Corée du Nord ou bien sur l’île du Docteur Moreau…

Merci à Canoë de nous livrer la plume «engagée» de Jacques Lantôt. C’est vrai que c’était cool le Parti communiste ouvrier, pas vrai Gilles? Pas vrai Pierre-Karl?

Christ que ça fait pitié… Je vais aller relire «Les possédés» de Dostoïevski pour me détendre...

dimanche 7 octobre 2007

L'art est juste

L’art est juste. Il appartient toujours aux meilleurs, peu importe la gloire des uns et les formidables moyens techniques des autres.
Des afro-américains qui ne pouvaient pas s’acheter de guitare s’en sont confectionnés avec des boîtes à cigare pour jouer des blues qui ont fait le tour du monde. D’autres ont recyclé des panneaux de bois et des fonds de tiroir pour en faire des canevas sur lesquels ils ont peint des chefs-d’œuvre.
C’est donc dire que la meilleure guitare et les meilleurs pinceaux ne font pas nécessairement les meilleurs artistes.
Le vrai artiste est comme le roi Midas. Tout ce qu’il touche se transforme en art, voire en or s’il excelle aussi en stratégies de commercialisation.
Des tas de pédants s’accaparent des outils artistiques de qualité avec lesquels ils ne savent rien faire. Untel a une guitare de renom et ne sait pas en tirer une belle note. Tel autre possède le nec plus ultra des chevalets italiens, avec pinceaux en poils de martre et tout le tralala, et il achève à peine son premier tableau après huit années de travail sporadique.
L'artiste, même quand il n'a rien, est capable de tirer de l'art de tout ce qui l'entoure. Il ne se donnera pas d'excuses, comme le bourgeois, pour justifier sa paresse. Manque-t-il de couleurs qu'il sera dans sa période bleue, comme Picasso, jusqu'à ce qu'il puisse se racheter des pigments. Manque-t-il d'argent pour s'acheter un tambour qu'une vieille valise vide viendra faire office de support rythmique.

***

Je viens de terminer un tableau. Je vais l'intituler «L'harmoniciste». Je vais l'afficher sur mon blogue aussitôt que je pourrai.
Par ailleurs, je prépare un nouveau tableau aux couleurs de l'automne.
Je m'inspire beaucoup du décor urbain qui m'entoure ces jours derniers. Cela paraît sur mes derniers tableaux. Je deviendrai plus bucolique suite à cette «période urbaine». Je ne peindrai plus que des paysages, tiens, c'est facile et cela se fait les deux doigts dans le nez.

mardi 2 octobre 2007

La société ouverte et ses ennemis

J'ai écrit le texte qui suit il y a deux semaines. Il a été publié sur le site du quotidien Le Devoir, dans la section des commentaires, alors que je réagissais à un texte de Denise Bombardier. J'ai cru bon de le partager avec vous puisqu'il constitue, en quelque sorte, un condensé de mes «opinions» dans le débat entourant les accommodements raisonnables.

Ceux qui se croient des intellectuels, au Québec, ne font généralement que s'embourber dans les délires et les mystifications des idéologies collectivistes. La philosophe Simone Weil avait raison de dire que «les collectivités ne pensent point». Seul l'individu peut penser, et penser seul, sans se soucier de plaire à telle ou telle bande de gredins, avec ou sans paillettes.
Or, l'acte de penser fait pitié au Québec. Tout converge vers la tribu, comme s'il fallait porter un chef sur un bouclier pour se mériter un micro ouvert. Les autres n'existent pas encore, jusqu'à ce que nous fassions notre «révolution Orange» qui nous débarrassera des faiseux de discours social-nationalistes et autres continuateurs de Borat aux yeux du reste du monde.
On ne pense pas ici, on hurle avec les loups, on crie des slogans, on ramène tout vers le plus bas dénominateur commun et, si la réalité trahit le discours, on s'en prend aux mots et on rôte des comptines d'enfants qu'on veut nous faire passer pour des traits de génie.
La conception de l'État, pour les Gardes Bleus de la Révolution québécoise, est intimement reliée à l'ethnicité.
Dans mon enfance, mon père qui était pourtant un Métis d'ascendance huronne-wendate de première génération, ne manquait jamais de nous rappeler que nous n'étions pas des «Sauvages», tout en nous narrant les exploits de Frontenac et Lévis comme s'il s'agissait vraiment de notre histoire. Contaminé par une histoire qui était loin d'être sans faille (on ne fête plus Dollard des Ormeaux, ce «conquistadore», brigand, tueur de bisons et de Sauvages...), mon père et ses parents ont appris à se confondre avec cette histoire qui, manifestement, n'était pas tout à fait la leur. La grande histoire des Wendates et des Métis reste encore à écrire.
Le Québec est occupé par des hommes depuis la dernière période glaciaire. Jacques Cartier et Samuel de Champlain n'ont rien découvert. Et j'aimerais bien connaître l'appellation sous laquelle les Autochtones identifiaient le territoire d'Hérouxville, par exemple, juste pour rappeler qu'il y a eu 10 à 15 siècles d'occupation humaine du territoire avant l'arrivée des Européens, au cas où ça intéresserait encore quelqu'un...
Quoi qu'il en soit, je ne me rattache pas tant à l'histoire d'une tribu que je ne me rattache à la formidable évolution des droits et libertés de la personne.
Les libertés collectives sont des abstractions qui ne donnent rien à qui que ce soit. Les libertés de la personne se goûtent concrètement dans la vie pour tout un chacun. Un État de droit c'est une personne plus une personne plus une personne, jusqu'à ce que tout le monde soit réuni. Un État ethnique, c'est la Grande Idée moins un traître, un vendu, un ennemi du peuple, bref une société qui refuse l'Autre et ne reconnaît qu'une seule manière de sentir et de penser la vie.

On aurait intérêt à relire «La société ouverte et ses ennemis» de Karl Popper avant que d'exprimer un point de vue à propos des «accommodements raisonnables» et autres faits divers entourant la consommation d'un sandwich au jambon.

Les poètes autoproclamés s'affrontent!

Le Festival « international » (sic!) de la poésie de Trois-Rivières a toujours été l’un des événements les plus loufoques de la Mauricie. Je souhaite qu'il soit éternel car chaque année amène sa moisson de tirades arrachées par les cheveux, signe que les poètes s'en viennent en ville pour mon plus grand bonheur d'amateur de faits divers.

Premièrement, avouons-le entre nous, la poésie n’est pas un genre littéraire qui demande du génie. Jouer du violon, écrire Les frères Karamazov ou faire des mots croisés en demandent un peu plus. Pour jouer du violon, il faut connaître la musique. Pour faire de la poésie, cela ne demande que de connaître M. Gaston Bellemare. Bien sûr, l'homme n'est pas sans intérêt. Mais avouons qu'il en faut un peu plus pour savoir jouer du violon et écrire des vers à peu près compréhensibles.

M. Gaston Bellemare, président du festival, s’en est pris ces jours derniers à quelques poètes amateurs sympathiques qui se réuniront au bistrot Le Charlot pour réciter des vers en marge du festival. M. Bellemare réplique comme un écrivain officiel de Cuba, grassement subventionné par l’État, pour décréter que seuls les poètes qui publient sont des poètes et que les rustres du Charlot parasitent son festival, pour ne pas dire la poésie.

Parlons-en donc de ce fameux festival de la poésie.

De la poésie, vraiment? Si l’on peut appeler de la poésie ces procédés littéraires fumeux et ces vers à la syntaxe plus que médiocre, preuve irréfutable que l’on peut être publié sans savoir écrire.

M. Bellemare a du culot de dire que seuls les poètes qui publient sont des poètes. Il vient un temps où il est préférable d’adopter un profil bas afin que l’évidence ne saute pas aux yeux.

La ville entière sait qu’il n’y aura de la poésie qu’au Charlot, en octobre. Tout le reste sera constitué de frelaté, de poncifs et de subventions. Untel ira lire ses vers insipides chez St-Hubert BBQ, dans l’indifférence générale. Une autre ira réciter ses comptines à la cafétéria de l’UQTR. (Ça va les faire chier, sachez-le tout de suite!)

On mettra les livres des poètes « invitables » au programme des lectures obligatoires, au Cégep, pour les récompenser de ne pas avoir vendu un seul livre pendant le festival. Heureusement que seuls ceux qui publient sont poètes, aux yeux de M. Bellemare. Il aurait pu être plus sélectif : seuls ceux qui vendent, sans être inscrit au programme des lectures obligatoires au Cégep (cela fausse le jeu, vous ne trouvez pas?) sont des poètes!

La poésie qui émane de ce festival a souvent eu, par le passé, une odeur de conformisme béat, odeur caractéristique des révolutionnaires de salon qui n’ont lu que des livres obligatoires. Ça sent le gras de peau et le poids de l’habitude. Les mots sont empesés, ronflants, maladroits. Bref, c’est de la poésie d’écrivains officiels du régime bureaucratique québécois. C'est une poésie fade qui n’a pas grand pouvoir d’évocation, une poésie soporifique à mettre au programme des lectures obligatoires, au Cégep, pour trouver quelques lecteurs de force… C'est une poésie faite par et pour la rééducation de nos étudiants qui, incidemment, pourraient bien se réunir au Charlot pour réciter de vrais vers, n’importe quoi, pourvu que cela n’ait pas reçu l’imprimatur des Écrits des Forges et que cela ne sonne pas le préfabriqué littéraire.

Tous les poètes, cela dit, sont autoproclamés.

C'est très bien qu'ils s'affrontent.

Je suis convaincu que ça va être cool au Charlot.