lundi 30 septembre 2019

La nature a horreur du vide

La nature a horreur du vide.

Le vide c'est tout ce qui va contre la nature.

On ne bâtira rien sur ce vide.

Tout se tient. Tout est possédé d'une âme. De l'arbre au moindre grain de poussière d'étoile.

Nous participons au concert des étoiles.

Nous sommes aussi des étoiles.

Les matériaux qui constituent la vie sont les mêmes qui constituent la nôtre.

Le vide aura bien tenté de nous annihiler tous et toutes autant que nous sommes.

Le vide de tyranneaux d'opérette qui auraient été méprisées par toute la communauté en d'autres temps.

Le vide abyssal de cohortes d'imbéciles confortés dans leur ignorance crasse qu'ils tiennent pour de hautes raisons parce qu'ils tiennent une hache dans la main et du cash dans l'autre.

Je ne sais si c'est Sitting Bull ou Géronimo qui a dit que l'argent ne se mange pas.

Néanmoins nous savons tous que le fric ne se mange pas.

Qu'on pourrait tous en finir à s'acheter un pain en bringuebalant une barouette de billets verts. tout simplement parce que le fric serait dévalué suite à une escroquerie de quelque bête méchante du capitalisme sauvage qui devrait être derrière les barreaux plutôt que sur toutes les tribunes.

On tombe malade. Toute notre fortune y passe en deux ans. Et on finit dans un mouroir de l'État souffrant de sous-financement public parce que le vide a horreur de la nature.

L'argent ne se mange pas.

Même si de petits politiciens s'achètent moins cher que l'on ne le croie. Pour une cravate et une chemise propre donnés à un vendeur de démocrasserie l'on obtient dix millions de fois la valeur initiale. Un petit cadeau ici et là, ça ne coûte pas cher.

Et voilà qu'on rase encore des espaces verts.

Voilà que l'on veut bâtir plus de stationnements et faire des grands prix automobiles.

On torture des animaux dans des rodéos. On loue des jeunes filles pour trois fois rien. On fait des shows de boucane et beaucoup de boucan.

De la vraie rapace au pouvoir qui nous chie dessus jour après jour en jouant aux fins finauds alors qu'ils ne sont que des bougres d'abrutis.

Des baveux de d'arrière-cour d'école qui sont effrayés par une fillette de 16 ans qui se tient debout.

Parce qu'ils sont ce qu'ils sont. Non seulement du vide. Mais aussi des lâches.

Qui n'est pas tout à fait un jambon cuit voit ce trou béant entre l'intelligence et le vide généré par des promoteurs, des gestionnaires et des fabricateurs de néant.

Ils ne méritent pas de gérer nos vies. Ils s'en sont montrés souvent indignes et encore plus souvent incapables.

Le monde et les temps changent. Ici. Maintenant.

Il n'est pas extrémiste que de laisser la nature suivre son oeuvre.

La nature a horreur du vide.

Le temps du vide est déjà passé.

L'humanité pensante est due pour autre chose.

L'âge moyen d'un être humain sur Terre est de dix-neuf ans.

Dix-neuf ans...

Alors que nos sociétés sont essentiellement gérées par de vieilles idées tout autant surannées que vides. Nos vieilles sociétés ne se renouvellent plus au plan des idées et s'effondrent dans un rire tragico-comique de politique ubuesque et foncièrement grotesque. Des clowns fascistes sont au pouvoir. Ils s'appuient sur 20% de la population en âge de roter pour imposer leurs vues xénophobes et climato-sceptiques à l'autre 80% qui n'y comprend rien mais viendra un jour à se laisser contaminer par la révolte contre le vide.

La Terre est en feu.

Nous allons vers la sixième extinction de toutes les espèces.

Ce n'est pas de la connerie de crétin qui crache sa morve dans la cour d'école en menaçant les intellectuels et les premiers de classe parce qu'on se croit tout permis quand on rote en troupeau de lâches.

La science ne se laissera plus ridiculisée par de petits farceurs infâmes et sans finesse d'esprit.

La nature ne se laissera plus faire.

La nature a horreur du vide.

Remplissons-le, ce vide.

Changeons-le, ce monde.






jeudi 26 septembre 2019

Lettre à Madame Greta Thunberg

Je tiens d'abord à saluer la force que vous donne vos convictions, Madame Thunberg.

C'est une force rare pour des convictions aussi nobles qui transcendent tous les froids calculs des mafieux planétaires.

C'est une force précieuse.

Loin de moi l'idée de vous instrumentaliser, de vous signifier quoi dire ou que faire.

Je n'ai rien dit ni rien fait de mieux à ce jour pour rameuter le monde entier face à ce que l'on peut appeler la sixième extinction des espèces, conséquence de l'activité humaine qui dérègle les climats et massacre la vie sur Terre.

Que pourrais-je vous conseiller Madame Thunberg?

Rien.

Je ne peux qu'espérer plus de votre génération que de la mienne, prise au piège et asservie aux impératifs de l'argent avec tous les vices et cruautés que cela génère. Ma génération est perdue, mesquine, malade, mais aussi au pouvoir.

Le monde va changer, avec des gens comme vous, peut-être sans moi, sans nous, parce que nous sommes vraiment trop cons.

Demain, je ferai la grève du sommeil avant que d'aller travailler et je me mêlerai aux Trifluviens et Trifluviennes qui répondront à votre appel d'une manifestation pour le climat, vendredi le 27 septembre 2019.

Changeons-le, ce monde, ici aussi.

Merci Madame Thunberg d'être ce que vous êtes.



lundi 23 septembre 2019

La démocratie c'est pas un focus group

Il était une fois un focus group.

Mangez-vous de la salade ou de la saucisse?

Quelle est votre parfum préféré?

Voteriez-vous pour un phoque?

Et finalement, à la fin du focus group, il était une fois un programme politique.

Un programme sur mesure, basé sur des données empiriques.

Tant de mangeurs de salade soutiennent tel ou tel parti.

Tant de mangeux de saucisses appuient le combat contre les cors aux pieds.

Les cors aux pieds sont un enjeu électoral si le clown en parle à la messe du dimanche.

Il était une fois un focus group.

Un groupe d'humains gouvernés par des sondages et des données empiriques.

Ces gens-là s'empourpraient pour rien.

Pour un programme politique qui ressemble à un catalogue de Simpsons Sears.

Avec des vendeurs d'un autre temps qui vivent dans le déni de la faillite imminente de l'humanité.

Devant eux, il y a ceux qui ne participent jamais à un groupe de discussion commandité par la firme Poudre de Perlimpinpin Inc.

Ceux qui ignorent le génie des grands politiciens qui savent se battre, se laver les mains, attacher les lacets de leurs souliers, courir un demi-marathon ou bien participer à une danse en ligne au Festival de la cruauté animale de St-Tite.

Il y a la publicité, écrasante, totalitaire.

Et il y a les bas-fonds.

Là où parvient à peine l'écho des focus groups.

Là où l'on finit par se dire qu'ils sont tous une belle bande de tabarnaks de crosseurs.

Là où l'on vote peu ou pas du tout.

Là où prendre la rue, fusse-t-elle de briques jaunes, vaut encore mieux que de faire le zouf pour un focus group commandité par le Magicien d'Oz, un nain caché derrière un show de boucane.


jeudi 19 septembre 2019

J'ai failli vous parler d'Aristote et je ne l'ai heureusement pas fait

Un peu plus et je rédigeais un texte philosophique à l'effet que les hominidés vivent tous en groupe. J'ai supprimé mon texte à partir du passage où je citais Aristote...

-Voyons gros niaiseux! De la bouette d'étudiant... Aristote... La cité... Les citations... La méthode académique de noyer les grandes questions dans les bourdonnements d'un bazar antique...

Zap! Et il n'y a plus de politique. Ni d'élucubrations.

Il ne reste que ce beau et tendre silence.

Et, pourquoi pas, une chanson.

N'importe laquelle.

Celle-ci fera l'affaire.

mercredi 18 septembre 2019

Hommage aux personnes qui n'aiment pas qu'on leur rende hommage

Les personnes les plus admirables que j'aie connues ne seraient pas nécessairement contentes de me voir leur faire une dithyrambe.

Elles ne cherchent ni les éloges, ni les honneurs.

Elles se contentent de se chercher elles-mêmes et, du coup, échappent à toutes les notions de réussite.

Il leur importe peu de réussir d'ailleurs.

Elles ne vibrent pas à l'évocation du mot «argent».

Au contraire: ce mot les mortifie. Elles savent que le monde est dégueulasse sous plusieurs aspects et ne veulent pas en rajouter une couche. Elles ne veulent pas servir l'absurdité de ce monde, mais y résister sans renier leurs principes moraux.

Les personnes que j'admire ont autant d'argent qu'elles n'en ont pas. Si elles en ont, c'est par hasard et je parie qu'elles auront tôt fait de s'en débarrasser. Dans tous les cas, ces personnes que je voudrais glorifier ne sont pas intéressées à discuter longtemps de l'argent. Elles préfèrent regarder les étoiles. Écouter la brise qui soulève les feuillages des arbres. Sentir la présence de quelque chose de moins mesquin que l'humain ou l'argent.

Elles se reconnaîtront dans mes propos, ces personnes-là.

Et même si elles ne s'y reconnaissaient pas, je ne les renierai pas.

Parce que ces personnes-là sont rares en ce monde.

Surtout dans notre monde. À 1000 kilomètres à la ronde pour mieux délimiter le champ d'étude.

C'est trop souvent à qui va humilier l'autre à la grande satisfaction de la meute des baveux et baveuses de la petite cour d'école qui ont mal grandis.

Les personnes que j'admire n'aiment pas humilier les autres.

Elles n'aiment pas les baveux et les baveuses, les injustes, les lâches et les mesquins.

Elles aiment les naïfs, les doux, les humbles.

Les personnes qui vaudraient la peine d'être nommées ici sont parfois anonymes.

Je me souviens d'Untel et d'Unetelle qui sont passés comme un coup de vent dans ma vie en laissant derrière eux une longue filée d'étoiles.

J'en connais d'autres qui brillent encore au firmament de mon esprit.

Parce que les personnes qui ne recherchent ni les honneurs ni l'argent, ni les éloges ni rien, sinon faire du bien à leur prochain, simplement, sans fanfare ni trompettes, eh bien ces personnes-là sont ma seule raison valable de vivre et de ne pas désespérer d'être parmi une bande d'idiots.


mardi 17 septembre 2019

ÉLECTIONS CANADA 2019 : «Flouche mou gadoue boue vous nous pouet.»

«Flouche mou gadoue boue vous nous pouet.»

C'est tout ce que m'inspire la campagne électorale fédérale.

Voter libéral, c'est voter pour le pipeline sur le Saint-Laurent et surtout pour Valérie Renaud-Martin l'ancienne numéro deux de l'ancien maire Yves Lévesque qui se présente sous la bannière conservatrice dans mon comté. Je ne pourrais pas voter pour des partenaires de Yves Lévesque même en me bouchant le nez. Elle l'a appuyé jusqu'à la fin, le petit despote de Trois-Rivières qui se présente maintenant pour les conservateurs, champions du recul des femmes et saboteurs de tous nos acquis sociaux.

Voter conservateur, cela dit, c'est impensable. 

Voter Mad Max Bernier c'est même pire. De la pure bêtise. Du racisme décomplexé et trumpien.

Voter Vert, c'est comme voter pour Steven Guilbeault, déjà rendu avec le parti libéral des pipelines.

Voter pour le Bloc, c'est voter pour le Nous raciste et xénophobe de la CAQ.

Voter NPD, c'est voter pour un candidat qui a peur d'afficher son chef avec un turban sikh sur la tête et qui ne semble pas s'opposer à l'atteinte aux droits et libertés relative à loi sur l'interdiction des signes religieux... 

Voter pour qui, pour quoi?

Mon vote ira au NPD, de reculons, mais j'ai tout de même l'envie d'ajouter «Vive l'anarchie!»

Plus de 97% des électeurs et électrices inscrits ne sont membres d'AUCUN parti politique.

Seulement 3% appartiennent à un parti. Et parmi ce 3% on peut dire que moins du dixième milite vraiment activement.

Les minorités sont toujours au pouvoir. La majorité aime marcher à grands coups de pieds dans le cul. Que ce soit les conservateurs ou les communistes au pouvoir, le peuple continuera d'obéir en maugréant tant qu'on lui demandera seulement de fermer sa gueule comme d'habitude.

On forme des gouvernements majoritaires avec moins de 25% du vote du total des électeurs et électrices inscrits.

On appelle ça la démocratie.

Chez les Autochtones, les Haudenosaunees en particulier, aucune décision n'était prise sans avoir obtenu l'aval de l'ensemble des membres de la communauté. Cela devait faire de longues discussions mais on ne peut envisager une démocratie plus directe et plus absolue.

Dans nos grandes cités, soumis à tous les esclavages modernes, l'homme et la femme qui n'appartiennent à rien, comme 97% de la population, ont peu ou pas de voix dans le Parlement. Des experts parlent à notre place et on s'étonne qu'ils aient la langue de bois...

Tout le monde joue le jeu. Ou presque. Suffisamment pour entretenir l'illusion que le Magicien d'Oz est un grand homme.

La petite Dorothée est toujours perdue sur ces chemins d'asphalte jaunes qui promettent mers et mondes et qui ne débouchent que sur un marécage nauséabond camouflé sous un écran de fumée.

Le robot n'a pas de coeur. L'épouvantail n'a que des diplômes. Et le lion rugit comme ceux qui ont perdu leur virilité.

C'est mou, flou, flasque.

«Flouche mou gadoue boue vous nous pouet.»

C'est tout ce que m'inspire la campagne électorale fédérale.

lundi 2 septembre 2019

Cet homme-là

Un homme portait le poids du monde sur ses épaules.

Il avait attrapé cette maladie d'enregistrer bien malgré lui toutes les souffrances dont il était témoin.

D'autres, plus sains d'esprit et meilleurs en affaires, avaient cette faculté bien naturelle de tout oublier sans trop développer de tics nerveux.

Mais lui! Lui, il fallait que ça lui colle à l'esprit et au coeur toute la journée et parfois toute la nuit.

Il n'en parlait à personne, évidemment. Et il ne demandait pas de l'aide pour s'en guérir. Comment peut-on se guérir d'avoir trop de coeur? Ou trop de mémoire? Franchement, ça ne lui venait même pas à l'esprit qu'il était malade. Il allait même jusqu'à croire que tout le monde était malade autour de lui.

Était-il homme à ne se rappeler les souffrances d'autrui sans jamais rien y faire?

Pas du tout. Il était même prêt à se salir les mains pour les autres. Voire à se déposséder. Si quelqu'un n'avait pas ce qu'il avait, c'est qu'il était lui-même un voleur finissait-il par se dire.

N'allez pas croire que c'était un saint. Cet homme-là ne croyait en rien. Enfin, il ne croyait plus en rien. Il avait peut-être cru en quelque chose, il y a longtemps. Mais sa mémoire lui rappelait que les croyances participaient aussi aux souffrances d'autrui. Et il tenait mordicus à ce devoir de se tenir l'âme loin de tout métalangage.

Il vivait pour cesser de souffrir. Et voir les souffrances de tout un chacun, ça lui cassait son party.

Comment avoir du fun, si tout le monde crève?

Chaque moment de plaisir serait donc irrémédiablement gâché par sa conscience.

Ou magnifié par celle-ci.

Être conscient, n'est-ce pas afficher plus de présence, plus d'authenticité?

Bon. Cet homme-là ne faisait pas que se poser de grandes et longues questions.

Il tenait sa philosophie un peu de côté, comme le gars de chantier ne parle pas à tous les jours de ses clous ou de ses marteaux, à moins de chercher à faire fuir ses amis.

Il avait peu d'amis, cela dit. Parce qu'on a toujours peu d'amis. Ceux qui pensent en avoir trois milles le sauront le jour où ils tomberont malades.

Non, cet homme-là n'était pas malade.

Il retenait trop ce qui se passait ou ne se passait pas autour de lui.

Il voyait un gars s'arracher les dents lui-même avec un pince-grippe et ne comprenait pas le suicide de la dentiste qui affichait pourtant un large sourire sur son affiche.

Il voyait une femme de ménage perdre conscience pendant son quart de travail et il revoyait sa mère à demi morte d'épuisement à travailler comme une folle à petit salaire pour ses enfants.

Le mendiant sur la rue était plein de métastases. Il lui restait trois semaines à vivre. Quatre si nous lui donnions deux piastres. L'homme vida toutes ses poches. Quatre piastres et trente-cinq sous.

Et ça continuait comme ci comme ça, partout, tout le temps.

Cet homme-là portait le poids du monde sur ses épaules un peu voûtées.

Et pourtant, il parlait avec les étoiles.

Cet homme-là, je vous le dis, il parlait avec le ciel.

Il ne le faisait pas devant tout le monde.

À vrai dire, il ne le faisait devant personne.

Il le faisait simplement, comme ça lui venait.

Pour se laver l'esprit de toutes les saletés qui auraient pu l'empêcher de se rappeler les souffrances d'autrui.

Sans cette mémoire, il savait qu'il n'était rien.

Pour vous, qui êtes normaux, c'est possible qu'il en aille autrement.

Mais pas pour lui.

Et il n'en ferait pas tout un plat, j'en suis sûr, s'il était là pour vous en parler.

D'abord, il ne parle jamais de ses affaires-là, ce gars-là.

Il est tellement occupé à résoudre l'énigme de la souffrance ici-bas qu'il en oublie des bouts.

Voilà.