lundi 30 novembre 2020

Grenon l'égoïste qui profite de tout un chacun

 Grenon ne s'est jamais habitué à la solidarité. Tout ce qui s'appelle don, partage, communion, alliance... Eh bien, tout ça le rebute. À moins que ça ne lui soit totalement inconnu.

Grenon profite pourtant des dons, du partage, voire de la compréhension de tout un chacun autour de lui. Mais ce sacrement-là n'offre jamais rien en retour. Il se contente d'en vouloir à tout le monde pour à peu près n'importe quoi. Il s'invente un rôle d'ange exterminateur apportant le règne de ses lumières sur la Terre et, pour dire vrai, nous ne sommes pas nombreux à embarquer dans son trip.

C'est pas mal à partir de là qu'on s'est mis à perdre Grenon de vue.

Tant que Grenon se contentait d'être un genre de «mendiant ingrat», pour reprendre l'expression de Léon Bloy, eh bien l'on se disait que c'était sans doute le rôle que la Création lui avait attribué pour notre élévation morale...

Si Grenon s'était seulement contenté de tout prendre sans livrer ses théories, je pense qu'on l'aurait laissé vivre sa vie d'égoïste en lui cédant un peu de sa part. D'autant plus que cet égoïste n'a pas tout à fait les moyens de son égoïsme. On était encore capable de le prendre en pitié avant. Et puis il faut être égoïste pour refuser de l'aide à un égoïste. Grenon ne vit pas dans le sale monde où il croit vivre. Dans son monde, comme dans le nôtre, il dépend des autres autant que vous et moi. Dans le vrai monde, on pardonnait régulièrement à Grenon d'être Grenon. Jusqu'à ce qu'il vienne tout remettre en question dans ce fragile écosystème...

Grenon avait franchi une étape de trop aux yeux de plusieurs en devenant un illuminé de la secte d'un quelconque connard raciste et sans âme. Se mettre à donner des leçons de rénovation sociale et politique quand tu n'es pas foutu de te mettre un sourire au visage: pfff!!! Et surtout s'endoctriner de conneries ignobles et un tantinet racistes: beurk! 

Bref, Grenon est encore plus seul qu'auparavant. Même sa bande de conspirationneux a de la misère avec Grenon qui leur refile toutes ses factures à la moindre occasion. Là-dessus, Grenon n'a pas changé. Il veut changer le monde mais tout le monde doit encore payer pour lui.

On était capable de gérer Grenon en tant que parasite social qui voit des parasites sociaux partout. On se disait que c'était un pauvre diable qui ne méritait pas de crever de faim et surtout de soif. Entre nous, pour une raison qui m'échappe, c'était à qui lui en donnerait le plus. Comme si nous voulions tous le réchapper. Le ramener vers plus de sourires, plus d'amour. Mais non! Grenon résistait. Grenon s'enlisait dans son cynisme et sa paranoïa. Grenon faisait dur en tabarnak.

L'autre jour, Grenon s'est fait arrêter. Il voulait arrêter un élu. N'importe lequel. Il souffre de porter un masque voyez-vous. La COVID-19 n'existe pas. Et il veut rétablir la fierté de la race blanche... Alors il s'est mis en tête qu'il ferait une «arrestation citoyenne», qu'il était désormais le shérif de son far-west à la con. Comme il est un peu niais, il a pris par le bras la greffière de la cour municipale, croyant qu'elle était la Première ministre du Québec compte tenu qu'elle portait un tailleur. Le pire, c'est qu'il était totalement à jeun, sobre comme un verre d'eau de la rivière Mattawin. 

Bien sûr que Grenon est snappé. On n'avait jamais prétendu le contraire. Mais on ne s'attendait pas à ce qu'il se mette à tordre les bras d'une greffière toute frêle et toute menue...

Finalement, Grenon a été retiré de la circulation.

Il a tordu les bras à trop de monde dernièrement.

On l'a enfermé au zoo avec les autres.

-Penses-tu qu'on devrait aller voir Grenon? se disait-on.

-Êtes-vous fous calice! répondait-on. Grenon... Une hostie d'pourriture!

Pourtant, il se trouvait que Grenon était encore capable de recevoir un peu de compassion de Bogdan, un Roumain qui semblait en amitié avec l'humanité toute entière. Bogdan qui collectionnait des papillons et récitait des vers. Bogdan avait trouvé le temps d'écouter Grenon par une amitié qui transcendait tout ce dont nous étions capables d'offrir.

-Je suis allé voir Grenon! Lui très trrriste. ll veut comprendrrre pourquoi lui est trrrou-du-cul!

-Et qu'est-ce que tu lui as dit?

-J'ai dit toi trrrou-du-cul Grrrenon. Mais peut-êttre toi manger les biscuits que je emmener. Il a pris biscuist et lui très content je crrrois.

-Il t'a remercié?

-Non. Lui pas remercier immigrés... Lui dire que moi seulement pourrais avoir statut spécial et rester au pays spécial...Lui trrrou-du-cul.

Sacré Bogdan! C'est le meilleur d'entre nous.

C'est la seule chance de Grenon.

Qu'il ne la scrappe pas.



mercredi 25 novembre 2020

Neige

Rien n'est plus gracieux que des flocons de neige ensevelissant calmement mais sûrement la ville.

La neige est plus qu'un pays à habiter.

La neige est un état d'esprit. L'état le plus zen qui soit. L'état d'hibernation où les yeux mi-clos l'on contemple l'hiver qui s'en vient.

La neige est une beauté qui ne néglige pas les efforts.

Il faut la tasser du chemin, la neige, pour cohabiter avec elle. Lui faire une place près de nos foyers pour mieux les isoler du froid. S'en faire un igloo.

La cohabitation n'est pas toujours heureuse. Certains la font chauffer. D'autres la souillent. Au final la neige, comme tout ce qui touche l'homme de trop près, devient brune, grise et sale.

La neige me rappelle que la nature aura toujours le dessus malgré nos entourloupettes pour la détruire.

Elle reviendra, même si on la chasse. Même si l'on essaie de faire bouillir la Terre.

Parce que la neige est éternelle. Pas seulement sur le sommet de l'Everest. Mais ici-même, dans mon coeur d'enfant.

Je la prends dans mes mains. J'en fais des boules. Je la sens. Je la respire. Je la vis intensément.

Quiconque vient me dire du mal de ma neige me semble mesquin et mal intentionné.

La neige est ce qu'il y a de plus beau à Trois-Rivières.

Et sans doute ailleurs.

Ah! la neige...

mardi 24 novembre 2020

L'art plutôt que l'idolâtrie

Les Autochtones ne signaient pas leurs oeuvres. Totems et autres créations devenaient l'oeuvre de tout un chacun pour le bien de tous et toutes. Il n'y avait probablement pas ce culte de l'artiste et on ne lui aurait pas donné cent fois plus qu'aux autres qui se fendent le cul pour ramener de la nourriture. L'artiste aurait probablement été poussé à participer aux efforts de la communauté. On ne l'aurait certainement pas idolâtré. C'est du moins ce que j'en pense si je me fie à mes lectures et à mes conversations avec l'Île de la Tortue

L'empereur Néron se croyait un grand artiste. Il se croyait le plus grand poète de l'univers et s'organisait des concours de poésie qu'il remportait haut la main. On n'avait jamais entendu s'exprimer une âme aussi sensible selon les juges du concours. Comment aurait-il pu en être autrement? 

Dans notre civilisation gréco-romaine, on signe nos oeuvres. 

Il y avait des marques de garum à Rome. Le garum étant un genre de sauce aux poissons qu'affectionnaient particulièrement les Romains. On disait qu'il n'y avait rien de meilleur que le garum Marcellus. Il n'y avait pas plus grand poète qu'Ovide. Il n'y avait pas plus grand philosophe que Sénèque. Il n'y avait pas plus grand ceci ou cela qu'Untellus ou Untelautre. Tout était signé. Tout se rapportait à une personne. Sur l'Île de la Tortue, je veux dire ici (sic!), on n'en aurait pas fait tout un plat...

Nous sommes encore des Gréco-romains. Au fil des ans, j'y vois plus de mauvais que de bien. Cette culture est aussi responsable de nombreuses autres maladies qui nous affligent en tant que société. L'orgueil, le narcissisme, la volonté de s'imposer sur autrui, tout cela me pourrit la vie autant que la vôtre si je ne m'abuse. Ainsi que celle des colonies environnantes...

Je me dis parfois que l'on devrait aborder une oeuvre sans rien savoir de son auteur, comme lorsqu'on contemple un vieux totem ou bien un masque des Premières Nations. Ce n'est pas signé et c'est pourtant parfait.

Combien d'oeuvres d'art gagneraient à ce que leur auteur n'ait jamais été connu?

Mon oncle Antoine se regarde mieux si nous le visionnons pour la première fois sans savoir qui a fait ce film.

Il en va ainsi de plusieurs autres films, romans, poèmes. Ne pas savoir qui était la brute derrière une oeuvre fine et délicate, ça permet de mieux la savourer. Ça ne vous laisse pas un arrière-goût de caca dans la bouche.

Le temps fera sans doute son oeuvre de rédemption. J'ose croire que bien des biographies s'effaceront. Bien des noms disparaîtront. Peut-être somme toute que le meilleur sera sauvé.

Aux victimes de ces artistes qui se sont crus Néron, impunissables et au-dessus de tout, je ne peux que vous apporter mon soutien le plus total et le plus sincère qui soit.

Quant aux artistes infatués d'eux-mêmes et méchants envers autrui, je ne puis que leur souhaiter de sombrer au plus vite dans l'anonymat pour se guérir de leur ego crasseux et surdimensionné de petit fantassin gréco-romain.

Rien n'est au-dessus de l'humanité.

L'idolâtrie est une maladie grave qui affecte tout le monde.

Elle crée des situations psychologiques qui frôlent la démence.

Elle permet aux demi-divinités de faire ce qu'elles veulent.

Parce que c'est Néron.

Parce que c'est Marcellus.

Parce que c'est je m'en calice.







jeudi 19 novembre 2020

Il était une fois dans un étang peuplé de grenouilles

 Cette histoire s'est passé en des temps de misère et de pestilence.

En ces temps-là, comme en tous les temps sombres, les plus futés ne cherchaient qu'à fuir la populace en quête de boucs émissaires à sacrifier. Il ne suffisait que de dépasser d'un seul cheveu ces larbins soumis à leur bol de soupe pour devenir la créature à clouer au pilori. On ne voulait plus des originaux. On voulait des gens à leurs affaires, la tête baissée, toujours prêts à laisser se commettre quelque holocauste sans même chercher à savoir ce qui s'était passé. Comme si tout s'équivalait. Comme si tout était pareil. Manger un cornet de crème glacée ou bien arracher un ongle à froid: pareil!

En ces temps-là, oui, le monde était devenu particulièrement stupide et sans coeur.

La politique avait toujours été plutôt investie par de tièdes opportunistes qui prenaient leur cote comme tous les autres. Pourtant les grenouilles dans l'étang supplièrent Zeus de leur envoyer un roi moins paresseux que ces canards. Alors il leur envoya une grue qui les dévora toutes, comme dans la fable d'Ésope, volée par La Fontaine le paresseux. 

Les plus sages avaient eu raison de dire qu'il faut se méfier des excès d'enthousiasme. Parce que tout le monde va finir par y goûter. Et pas nécessairement pour le mieux. Parce que l'humain est bien plus gouverné par ses appétits que par ses idées. À l'instar de Humpty Dumpty en équilibre sur son mur, il vous dira qu'il décide lui-même de la signification des mots parce que c'est lui le boss - un point c'est tout! Tout le monde doit obéir à Humpty Dumpty alors qu'il n'est qu'une grosse coquille vide.

Bref, cette histoire s'est passée en ces temps-là.

C'est comme si elle ne s'était pas vraiment passée.

Parce qu'en ces temps-là, les plus sages se cachaient et se taisaient.

Que vouliez-vous qu'ils fassent?

Se battre, bien sûr.

Mais avez-vous déjà tenté de battre de la merde?

Ça revole partout. Vous en avez plein le visage ensuite.

Le plus sage, vraiment, c'est de ne pas piétiner la merde.

Et aussi de savoir encore faire la différence entre manger un cornet de crème glacée et arracher un ongle à froid. Le reste, ça se travaille à partir de la reconnaissance de ce fait-là.

Voilà.

Et de nos jours, bien sûr, de telles histoires ne se reproduisent plus.

Évidemment.

Les gens savent vivre de nos jours.

Et puis ils sont un peu plus éduqués qu'en ces temps-là.

Ils ne sortent plus leur revolver quand ils entendent Satie.

Ils n'ont pas honte d'aimer, de démontrer de la tendresse, d'être aimables envers autrui.

Comme quoi les larbins et les lâches finissent aussi par passer, comme les eaux sales du printemps.


mercredi 18 novembre 2020

Le septuagénaire démembré

On l'avait littéralement coupé en morceaux. Le diabète s'était d'abord chargé de détruire ses défenses immunitaires. Des infections, de la gangrène et quelques judicieuses coupures l'avaient surnaturellement conduit à cet état d'homme démembré. Son bras gauche était amputé jusque sous l'aisselle. Sa jambe gauche s'arrêtait à la cheville et celle de droite avait été coupé sous le genou. Il lui restait un seul bras doté d'une seule main avec lequel il se débrouillait pour à peu près tous ses déplacements et autres gestes de la vie quotidienne.

Il avait été très gros jadis. Il était désormais plus mince et plus souple.

-J'ai déjà pesé deux cent cinquante livres... avait-il mentionné.

Là, sous les draps de ce lit d'hôpital, l'homme de septante années ne devait pas faire plus de la moitié de son poids d'antan. Il était mince, décharné et, malheureusement, démembré. Et c'était sans compter ces multiples cancers qui lui avaient ravagé la prostate, le pénis, l'anus, la gorge, l'oreille interne droite, la peau et j'en passe. Il nous en passait des frissons dans le corps à seulement lire son dossier médical...

Bref, cet homme se trouvait dans une situation qu'aucun être humain ne se souhaiterait.

S'en plaignait-il? Pas vraiment. Bien que nous ne fussions pas dans sa tête, on supposait y trouver de la bonne humeur. Était-ce le syndrome du clown triste? Non. Il ne faisait pas le clown. Il était seulement toujours de bonne humeur.

Le personnel médical allait le voir pour se reposer. Ce monsieur-là était calme, facile pour ses soins, autonome dans des actions que personne n'aurait cru le voir faire. Il valsait de sa chaise roulante à son lit, de son lit à sa chaise d'aisance, comme s'il était feu le lutteur Édouard Carpentier voltigeant sur les câbles du ring. 

-Vous êtes toujours de bonne humeur vous... qu'on lui disait en plus de lui dire «ça s'ra pas long», comme à tous les autres patients.

-Ah! Moé j'm'en fais pas. I' fait beau chu content. I' fait pas beau chu content pareil. Pourquoi c'que c'est qu'on s'en f'rait pour les choses qu'on peut pas changer? philosophait-il.

-Vous avez bin raison...

-E' l'sais pas si j'ai raison mais c'est plus facile vivre de même que de toujours s'en faire pour des hosties de niaiseries qu'tu peux rien faire contre elles... Un m'ment d'nné, tu nages avec le courant au lieu de t'épuiser. Pis c'est t'es chanceux, bin tu vas flotter encore un boutte... Moé i' m'manque des bouttes pis j'flotte encore... Pis j'ai la chance de vous rencontrer, vous, que j'connaissais pas avant d'venir icitte. Une autre belle personne de plus dans l'histoire de ma vie. Chu gâté! J'aurais pu encore plus mal tomber... Vous trouvez pas? Ha! Ha!

Quel monsieur! Poli, vouvoyant et gentil.

La télé n'était jamais ouverte dans sa chambre. Il n'en voulait pas. 

-J'écoute la radio. Ej' r'garde dehors. Ej'lis. Ej'mange. Pis chu bin traité. Ej'sais pas combien j'ai eu de préposées, d'infirmières pis d'autres spécialisses après moé! Chu satisfait. Pis c'est pas moé qui vas vous achaler!

Ça n'a pas duré longtemps.

L'infection progressa. 

Puis il en mourut deux jours plus tard.

On ne l'avait connu que trois jours au centre hospitalier régional où il avait été transféré suite à un autre épisode de coma diabétique.

Il aura laissé la trace d'un bon monsieur, pas compliqué, facile à soigner...

lundi 16 novembre 2020

Réflexion sur une année pourrie

Rien n'est habituel cette année. Quand la maladie rentre par la porte, il semble que l'amour parte par la fenêtre. La tendresse se fait plus rare et d'autant plus précieuse que même nos corps sont emballés sous vide. 

J'ai le privilège de vivre un grand amour qui ne s'éteint pas, comme un feu incandescent que je ne tiens pas pour acquis et que j'attise de toute mon âme. Je lui dois cette stabilité émotionnelle, ce sentiment d'être aimé et de pouvoir aimer encore et toujours plus.

D'autres sont seuls, esseulés et parfois malheureux. Ils peuvent en devenir tristes, amers, déçus. J'ai ce privilège de ne pas tout à fait les comprendre. Les écouter m'est pénible. Je ne peux que leur répondre par un sourire sans malice, un regard sans accent circonflexe, un air idiot et satisfait.  Autrement, je ne prêche pas le bonheur mais leur renvoie le reflet de leur propre cynisme, sinon de leur amertume.

Finalement, j'en viens à ce bon vieux stoïcisme. Le stoïcisme naquit à la même époque que le bouddhisme. Comme si la sagesse ne tenait jamais compte des frontières pour apparaître subitement partout.

On ne sait pas ce qu'est le but de la vie sinon de la vivre en refusant de se laisser vaincre par la douleur, que l'on doit tenir avec force pour une illusion. 

Nous ne sommes que de passage ici-bas. Tout peut y être confus, inexplicable, foutu. Cependant nous sommes toujours sur le pont entre ce merdier et un ailleurs qu'il n'appartient qu'à nous d'inventer. 

Inutile d'avoir peur. Il faut poursuivre son chemin, même si la forêt est sombre et que la nuit tombe. Quelque chose de plus fort que l'humain protège l'animal qui traverse la forêt. Tout au bout nous attend une prairie surplombant une mer tranquille et pleine de vie.

Ne laissons pas la laideur détruire notre esprit.

Laissons l'amour faire son oeuvre.

Préparons-nous à l'accueillir.




jeudi 5 novembre 2020

Life Goes On!

La démocratie est malade.

On veut l'achever, à gauche, à droite, et on ne trouvera pas grand' monde pour la soutenir. Qui se battra vraiment pour elle? Une poignée à droite, une poignée au centre, une poignée à gauche... 

L'habitude ne sera pas une digue suffisante.

L'arbitre se fait vieux. Il n'entend et ne voit plus rien. La justice est arbitraire. Elle se mesure, comme les soins de santé, à l'aune de la fortune personnelle. 

Que peut-on faire?

D'abord, ne pas se laisser abattre. Il existe plusieurs contre-pouvoirs dans la société et il sera loisible d'y avoir recours pour contrebalancer les velléités autoritaires des uns et des autres.

L'âme vraie et authentique d'une seule personne peut encore avoir plus de portée et de résonnance que mille millions de fous furieux qui souhaitent faire couler le sang. Vous comme moi avons un rôle à jouer pour pacifier ce monde et le rendre meilleur, sinon plus juste.

Il faudra donc soigner la démocratie.

Soigner l'humanisme derrière cette vieille idée pas toujours bien appliquée et jamais bien expliquée.

***


Une chanson des Beatles jouait hier dans une boulangerie que je fréquente.

Obladi oblada life goes on...oooon... liiiii-i-i-i-fe goes on!

Du coup j'oubliais les élections présidentielles américaines.

Je reconnectais avec ce bon vieux front culturel qui a mis fin à la guerre du Vietnam et changé le cours de nos droits civiques.

Ils ne nous auront pas.

Je le sais déjà.



lundi 2 novembre 2020

De l'importance de mieux financer la tendresse...

Deux personnes ont été sauvagement assassinées à Québec au cours de la nuit de l'Halloween. Cinq blessés s'y ajoutent. Je ne commenterai pas les motivations du tueur. Ni celles des politiciens et autres chroniqueurs. Je n'écris pas pour de la crotte d'écoute. J'écris pour mieux comprendre ce que moi-même je ne comprends pas. J'ai besoin de cette catharsis pour réfléchir... 

Le tueur était sans aucun doute un fou furieux. Il faut, dès le départ, être un peu fou et surtout pas mal furieux pour en venir à rentrer un katana au travers du corps de purs inconnus. 

Cette violence n'est pas le propre des gens qui ont un problème de santé mentale. Elle est en quelque sorte systémique cette violence. On l'encense dans nos romans, nos films, nos sports, nos jeux vidéo, nos casernes militaires et j'en passe. On finance allégrement cette violence. On y trouvera mille raisons. Mais qu'en est-il de la tendresse?

On prétend que l'État a trop coupé dans la santé, dont la santé mentale en particulier.

Tout cela est bien vrai.

Mais la tendresse n'y sera pas plus financée à ce que l'on peut y voir.

Ce n'est pas en pratiquant des méthodes de gestion Toyota qu'on va faire place à la tendresse, tant dans nos soins de santé que dans la société en général.

-Financer la tendresse? Qu'est-cé qu'tu veux encore dire el' gros Guétan?

Vous savez bien que je dis encore n'importe quoi.

Qui peut financer la tendresse et surtout comment peut-on le faire?

Je nous le demande. Je n'en sais rien. C'est tout ce qui me vient à l'esprit.

Bien sûr que je rêve.

Vous préfèreriez que je me range à l'idée de vivre en plein cauchemar?

Nous vivons, me semble-t-il, en plein cauchemar...

Tout est à celui ou celle qui frappera le plus fort en se foutant des règles.


***


Dans Crime et châtiment, un roman de Dostoïevski, l'étudiant Raskolnikov se demande pourquoi des préjugés moraux devraient l'habiter suite au vol et au meurtre d'une vieille usurière. Napoléon Bonaparte n'a-t-il pas tué des millions de gens pour son triomphe personnel sans que personne n'y trouve quoi que ce soit à redire? Raskolnikov sera cependant pétri de remords suite au meurtre. Tandis que Napoléon n'en éprouvera jamais aucun... L'un aura des troubles mentaux et l'autre aura des statues... Tu ne tueras point sauf si tu veux devenir quelqu'un se disent tous les tueurs j'imagine. Je l'imagine parce que je ne suis pas un tueur. Je ne suis qu'un gros tendre qui lit des romans de Dostoïevski, ce type qui prétendait que la Beauté sauverait le monde.


***


Mieux financer la tendresse? Vous n'y pensez pas!

Il faut que la vie soit dure les uns envers les autres.

Il faut souffrir pour que les bourreaux puissent faire souffrir.

Il faut éliminer par tous les moyens toute forme de tendresse.

Évacuer d'abord la tendresse dans nos rapports amicaux. Se traiter d'hostie de niaiseux entre copains. Puis d'hostie de caves entre parents. Puis d'hostie de trous du cul entre voisins. Et finalement entre un peu tout le monde qui traîne entre deux ou trois frontières barbelées. La tendresse? Impossible d'en trouver nulle part. Il ne reste que de la rancoeur et du cynisme. Tout le monde se vomit et se chie dessus pour un kopek. 

Je dis n'importe quoi.

Je me fais vieux.

Financer la tendresse...

Pfff...

Quel imbécile je suis!