lundi 30 novembre 2015

Dieu se déguise en trou du cul

Dans toutes les traditions antiques, Dieu ou le Roi prend les apparences d'un misérable pour tester le degré d'humanité de ses sujets.

Zeus, Deus ou Dieu se déguise en vagabond malpropre pour voir comment les hommes se traitent entre eux. 

Ulysse, de retour à Ithaque, arrive nu. sale et hirsute sur la plage et se fait passer pour un étranger dans son propre royaume.

Dans La légende de Julien l'hospitalier, de Gustave Flaubert, c'est Jésus qui se déguise en lépreux pour tester la charité de Julien.

Vous comprendrez que je me méfie toujours des mendiants et des vagabonds. Je ne sais jamais quelle déité se cache derrière ces personnages.

-Moé j'leu' donne rien! Qu'i' z'aillent travailler comme tout le monde! me disent les honnêtes gens sans savoir que ça en dit plus long sur eux-mêmes que sur ces pauvrichons qui tendent la main pour recevoir une obole.

Je ne devrais pas vous dire ça, parce que ça peut avoir pour effet d'amoindrir mon geste. Je donne aux mendiants, en effet. Je cours presque après eux pour leur remettre ma menue monnaie. Je le fais comme s'ils étaient sur ma route pour tester ma grandeur d'âme et mon détachement des considérations bassement matérielles.

Je n'ai pas toujours les moyens de ma charité, mais je ne me vois pas faire partie des honnêtes gens, si égoïstes, si rationnels et si froids envers leur prochain.

Étrangement, je me suis toujours bien senti parmi les éclopés, les malfrats, les borgnes et les vagabonds. Leurs défauts me semblent bénins lorsque je les compare à ceux des honnêtes gens qui dénoncent les voleurs de pommes et accusent les races de commettre toutes sortes d'infamies. Ce sont les mêmes que l'on voie ensuite à l'église ou bien au Parti libéral pour déclarer qu'ils sont si bons, si généreux, si nobles, si charitables... Tout ce qu'ils donnent n'est jamais donné de bon coeur. Ce sont des dons qui leur sont utiles. Des dons institutionnalisés. Des dons transformés en crédits d'impôt ou bien en visibilité sociale.

J'aime ceux qui n'ont que deux chemises sales et trouées qu'ils sont prêts à donner à celui qui n'en porte pas.

J'aime ceux qui n'ont presque rien dans le frigo et qui invitent tous les éclopés du quartier à partager un repas communautaire.

J'aime ceux que l'on appelle les trous du cul, qui sont souvent bien moins trous du cul que tous ces faux-culs qui sentent l'eau de Cologne pour mieux camoufler les odeurs d'excréments qui leur sortent du coeur.

Les médias préparent leur guignolée en ce moment. On va voir tout plein d'animateurs de radio, de bourgeois de la télé et de vicaires des journaux brandir leur petite boîte de tôle pour recueillir des dons pour les paniers de Noël. Les mendiants, ces jours-là, perdent d'énormes revenus. Les représentants des médias leur enlèvent leur obole sous le nez puisqu'ils partagent les mêmes espaces, la même rue, pour siphonner les gens. 

Untel qui ne donnerait jamais un dollar à un vagabond en donnera cinq à Joséphine, la Miss Météo du Canal W.

-Au moins c'est organisé... On sait que l'argent qu'on donne ne s'en ira pas à la SAQ pour un maudit ivrogne!

Et moi, con comme je le suis, je préfère encore de loin donner à cet ivrogne... même si j'aurai aussi cette faiblesse de donner mon écu à Miss Météo pour sa foutue guignolée.

Les pauvres, comme disait mon mentor Michel Chartrand, ça ne mange pas qu'à Noël tabarnak! Ça mange à tous les jours, toute l'année.

Une fois par année, à Noël, on tient à nous rappeler qu'il était une fois un homme juste mort comme un larron cloué sur une croix parce qu'il renversait les tables des marchands du temple et fouettait les capitalistes.

Une fois par année, les honnêtes gens vont feindre la bonté et la charité.

Pourtant, si Dieu existe, il se déguise encore en mendiant, en cul-terreux ou bien en salopard pour voir comment son troupeau se comporte.

Pour voir si l'homme est encore un loup pour l'homme.

dimanche 29 novembre 2015

Neige, guitare, solitude et toutes ces choses-là

Le Pont Laviolette vu du parc portuaire de Trois-Rivières
Une première neige est tombée ce matin. Elle n'a laissé au sol qu'un léger duvet. Tout ce qu'il fallait pour gonfler mon coeur de joie et de nostalgie. Je ne m'imagine pas vivre dans un pays sans neige. Je ne m'imagine pas une vie sans le calme, la pureté et la béatitude de l'hiver.

Nombreux sont mes compatriotes qui maugréent contre l'hiver. C'est qu'ils le contemplent derrière la fenêtre de leur habitat ou bien de leur voiture. Ils sont mal chaussés, mal vêtus et mal foutus en tout pour affronter la neige et les grands vents. Pour eux, l'hiver est une torture incommensurable et rien ne leur semble plus doux que de rêver aux palmiers et aux plages du Sud.

Contrairement à eux, tous mes rêves sont dirigés vers le Nord. Je me complais dans les paysages tourmentés du Labrador, du Yukon, de l'Alaska, de la Sibérie, de la Scandinavie, du Groenland, voire de la Terre de Feu. Je n'ai jamais ressenti autant la présence de l'infini que là où personne ne veut vraiment aller. Je n'ai jamais ressenti autant d'ennui que là où tout le monde s'agglutine pour vivre en groupe une expérience que j'abhorre. 

Je suis un solitaire, je l'avoue, et j'ajouterais même que je suis plutôt sauvage.

L'humanité me déçoit. Je ne suis pas nécessairement misanthrope. Mais j'aime mieux l'humanité quand je prends mes distances. 

J'ai souvent eu honte de ces particularités de ma personnalité. 

Pourquoi je m'emmerde autant en groupe? Pourquoi je fuis les événements publics: spectacles, vernissages, cinq à sept, coquetels, épluchettes de blé d'Inde, et coetera?

Parce que je suis fait comme ça. J'ai cessé de m'en vouloir d'être ce que je suis.

Je vous emmerde pourtant avec mes traits de caractère, comme si ça pouvait vous intéresser...

Je survis tant bien que mal à mes contradictions.

***

Ma nouvelle guitare Monterey,
une relique des années '50


J'ai récupéré une vieille guitare sèche de marque Monterey. Elle doit dater des années cinquante. Son propriétaire jouait avec dans les bars au cours des années soixante. J'ai changé les cordes et apprends tant bien que mal à la faire vibrer. Je joue de la guitare classique depuis une vingtaine d'années. Je joue toujours sans pic. Cette nouvelle guitare m'oblige à apprendre à jouer autrement. La guitare classique comprend trois cordes en métal et trois cordes en vinyle. Les doigts peuvent glisser lentement et sûrement sur ses cordes. Les guitares sèches sont dotées de six cordes de métal. Johnny Cash en jouait sans pic, bien sûr, mais je ne me sens pas en zone de confort pour transposer sur la guitare sèche le jeu que j'ai appris sur ma bonne vieille guitare classique. J'apprends, encore et toujours. Je joue de la guitare, de l'harmonica, un peu de clavier, un peu d'accordéon, du tamtam, de la flute, du hukulélé... J'aimerais tâter de tous les instruments. Si ce n'était que de moi, ma maison serait un entrepôt d'instruments de musique. J'ajouterais des saxophones, une cornemuse, une trompette, une contrebasse, un violoncelle, un violon, un xylophone, une harpe... 

***

Vue de la rue Saint-François-Xavier
dans le Vieux Trois-Rivières
Évidemment, j'ai profité de cette première neige pour prendre des photos avec mon Iphone. Je ne suis pas un grand photographe mais j'y prends plaisir pour remplir mes yeux de différents points de vue qui pourront me servir quand je suis devant mes toiles dans mon atelier.

Je travaille essentiellement sans faire usage de photographie. Je ne cherche pas à reproduire exactement la réalité. Je m'en inspire pour livrer ma vision originale de ce monde. Si je ne faisais que copier des photos, mes contours seraient plus précis, bien entendu, mais le résultat serait sans vie, comme du poisson mort échoué sur la rive.

Je vous quitte donc sur les photos que j'ai prises ce matin au cours de ma promenade quotidienne.

Vous avez assez lu de mes jérémiades aujourd'hui. Merci à l'avance de me les pardonner.



Le cimetière Saint-James, Vieux Trois-Rivières

Parc des Ursulines, Vieux Trois-Rivières

Parc des Ursulines, Vieux Trois-Rivières

Couvent des Ursulines, Vieux Trois-Rivières

Le fleuve Magtogoek

Le Parc des Ursulines vue du port

Le pont Laviolette vu du parc portuaire

La rue des Forges à Trois-Rivières

vendredi 27 novembre 2015

Étienne Flamand est un trou du cul bien peigné

Étienne Flamand est un trou du cul qui a toujours baisé le cul des autorités depuis sa plus tendre enfance.

À l'école, jamais il ne remettait en question le savoir de ses professeurs.

-S'ils sont là où ils sont rendus, c'est parce qu'ils doivent savoir ce qu'ils font...

Étienne Flamand avait d'autant plus raison de penser ainsi qu'il obtenait toujours de belles notes. Ce n'était pas un cancre, comme ces misérables qui se chamaillaient dans la cour d'école ou bien courtisaient des péronnelles décérébrées.

-S'ils étudiaient plus, ils réussiraient! se disait-il. Je ne veux pas devenir comme eux et vivre de l'aide sociale quand je serai vieux! Les filles? Pfff! Je peux m'en passer facilement! Elles viendront manger dans ma main quand je serai quelqu'un!

Étienne Flamand éprouva beaucoup de difficultés au secondaire. L'éveil de sa sexualité faillit perturber son jugement. Heureusement qu'il résista à l'attrait des femmes de mauvaise vie en achetant des revues pornos pour se dégraisser le salami et se purifier les idées de toute tentative de rébellion.

Pour Étienne Flamand, rien n'était plus vulgaire que d'écouter Pink Floyd et Offenbach. C'était vraiment de la musique de nullités analphabètes et illettrées.

-L'école c'est tout... La rébellion contre l'école ne mène à rien... Aussi je ne participerai jamais à cette foutue grève étudiante! Je veux obtenir mon diplôme et devenir enfin quelqu'un!

Il passa du secondaire au collégial, puis à l'université, sans jamais critiquer ses professeurs.

Puis il devint journaliste. Journaliste politique. Il couvrait les réunions du conseil de ville, puis les assemblées parlementaires. Comme il était docile, bien élevé, jamais rebelle, avec une belle raie de cheveux peignée sur le côté, il fût vite repérer par les médias nationaux pour devenir le larbin de service de Tower Corporation, une entreprise familiale spécialisée dans la contre-révolution et l'enculage des peuples.

-Si les politiciens et les hommes d'affaires sont rendus là où ils sont, il doit y avoir une bonne raison, qu'il prétend toujours, Étienne Flamand. Ils doivent savoir ce qu'ils font!

Aujourd'hui comme hier, Étienne Flamand est un trou de cul qui baise le cul des autorités.

C'est de là, uniquement, qu'il tire sa réussite.

Les rebelles ne réussissent jamais.

Ni les pouilleux.

Ni les autres.

À moins qu'ils ne deviennent artistes.

On pardonne aux artistes de gueuler n'importe quoi parce qu'il faut bien une soupape de sécurité dans ce monde de marde pour libérer un peu cette pression qui émane de la plèbe.

Pour ce qui est de la vie privée de Étienne Flamand, eh bien elle fait pitié. Le pauvre a épousé une péronnelle décérébrée qui a fait semblant de manger dans sa main pour mieux le prendre par les couilles. Il a eu deux enfants avec elle, deux adolescents boutonneux qui prennent de la drogue et fomentent des grèves étudiantes, des manifestations et toutes sortes de rébellions envers l'autorité. Son épouse, quant à elle, offre son cul à des artistes, des crottés et des ivrognes.

Étienne Flamand a réussi dans la vie, qu'il se vante toujours devant le micro, mais dans le fin fond du fond c'est un pauvre con, un larbin ridicule, un ramasseux de crottin à la solde de Tower Corporation.






jeudi 26 novembre 2015

It's better to burn now than to fade away...

J'aime marcher à l'aube. Les rues sont désertes et, de ce fait, propices aux méditations de tout promeneur solitaire.

Il n'y a pas de très beaux paysages sur le chemin qui mène à mon travail. C'est un environnement mi-urbain, mi-industriel.

La photo ci-contre représente bien ce que je vois tous les matins de la semaine: la voie ferrée, les hangars portuaires, un peu de ciel et de soleil au-travers tout ça.

Aucun touriste ne songerait à immortaliser ça, sauf moi, qui suis un peu sentimental avec la laideur.

Novembre est le mois le plus laid de l'année, je vous l'ai sans doute déjà dit. Tant que la neige ne viendra pas blanchir ce décor, tout sera gris, terne et monotone comme l'automne.

Il y a pourtant quelque chose à aller chercher dans cette monotonie. Quelque chose d'indicible, comme le souvenir de quarante et quelques automnes, tous aussi laids les uns que les autres.

Cette photo, anodine, représente bien ce sentiment qui m'habite.

Qui plus est, le monde va mal. Ou ne va guère mieux.

Notre province est corrompue. C'est la Sicile du Canada. C'est voulu ainsi par les braves gens de Westmount pour qui it's better crooks than separatists...

La Turquie, membre de l'OTAN, se permet de descendre un avion russe pour empêcher la Russie d'avoir le dessus sur l'État islamique qui fait faire du profit à toutes les crapules capitalistes de la planète. Un jour on fait semblant de combattre l'EI. Le lendemain on lui vend des armes et lui achète son pétrole à rabais. Dans tous les cas, la Russie vient contrecarrer les plans de nos salopards internationaux. It's better crooks than Russians...

Vu l'état délabré de ma province corrompue et l'État désaxé du Monde, je préfère parfois mes promenades solitaires à l'aube plutôt que la justesse de mon dégoût politique.

Évidemment, ça ne saurait durer. Je vais sûrement maugréer aujourd'hui contre ces politiciens véreux, ces mafieux qui pervertissent notre démocratie et ces journalistes qui mangent à tous les râteliers.

En prime, ils nous demanderont de nous faire éviscérer pour tout ce en quoi ils ne croient pas eux-mêmes, pour nous donner l'impression que notre société a du sens, du contenu, de la vocation...

Fuck! It's better to burn now than to fade away...




mercredi 25 novembre 2015

Un crime sans criminels ou de l'inutilité de la Commission Charbonneau

Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple
-Un crime a été commis...

-Quel crime? Le vol d'un paquet de gomme au dépanneur?

-Non. Ce crime-là te ferait faire au moins cinq heures de prison...

-On a volé un dépanneur à la pointe du couteau?

-Non plus. Ce vol-là, c'est au moins cinq mois de prison... Sinon plus.

-Alors quoi? Quelqu'un a braqué une banque?

-C'est le crime ultime... Au moins cinq ans de prison... Mais non, ce n'est pas ça...

-Quel crime a été commis? De quoi parles-tu?

-Je parle du vol de notre pays. Hier, on a déposé le rapport de la Commission Charbonneau. On a volé notre pays. On a corrompu le Premier Ministre du Québec et on a manipulé nos institutions démocratiques... La Caisse de dépôt et de placement a perdu 40 milliards de nos actifs... On a payé les contrats publics de 30% à 50% plus cher pour nourrir les mafieux et leurs pantins: les politiciens... Bref, on a besoin d'une cure d'austérité pour payer ces pourris sales!

-Est-ce qu'on a arrêté ces criminels?

-Pas du tout. Ce sont des crimes sans criminels. Tous les crimes commis au nom de la Mafia ou de la pègre libérale sont toujours des crimes impunis sans criminels... Les journalistes de la famille Desmarais sont tous d'accord là-dessus et ne trouvent rien d'autres à redire que c'est ça, l'État de droit... L'État de droit mon cul, oui!!!

-Mais c'est injuste! Ce n'est pas... démocratique!

-Pourtant, nous vivons dans le "plus beau meilleur" pays du monde qu'ils nous disent ces hosties de plein d'marde!

-Il faut faire quelque chose! On ne peut pas laisser passer ça!!!

-Tu veux faire quoi? Une autre commission d'enquête? Et elle sera nommer par qui cette commission? Par Philippe d'Arabie Saoudite?

-NON! JE VEUX FAIRE LA RÉVOLUTION!!!

mardi 24 novembre 2015

Toiles en chantiers pour que la beauté sauve le monde

L'art est mon ultime refuge pour préserver ma tête des furies des iconoclastes en tous genres. Faire de l'amour, de la peinture, de la poésie ou de la musique plutôt que d'abdiquer sa raison au profit des Savonarole de ce monde, telle est ma foi.

J'aurais pu représenter un monde à feu et à sang. J'aurais pu peindre mon Guernica. J'ai plutôt choisi des thèmes qui ne feront pas de ma tête un champs de ruines. Je respecte l'art dit engagé. Je sais aussi, pour reprendre le gastronome Brillat-Savarin, que l'on devient ce que l'on mange. Si l'on mange de la marde, on devient de la marde. Si l'on peint les mille et un tourments des hommes de cette vallée de larmes, on devient une plaie purulente. Vous me verrez manifester, pétitionner et décrier les perversités de la guerre, du racisme et de la cupidité des corporations capitalistes. Vous me lirez souvent à ce sujet, malheureusement...

Pourtant, il m'est essentiel de combattre la laideur par la beauté afin d'actualiser cette vieille maxime de Dostoïevski selon qui la beauté sauvera le monde.

Il peut sembler un tantinet prétentieux que de présenter mes oeuvres sous le signe de la beauté alors qu'elles n'atteignent pas tout à fait la perfection que je souhaitais atteindre avant que me lancer dans leur exécution. Ma main a tremblé ici et là. Mon oeil a manqué de focus. J'ai fait ce que j'ai pu avec les dons que j'ai hérités de la Création en tant que créature incomplète déjà entrée dans la phase déclinante de sa vie.

Plus prétentieux encore est de vous présenter ici les ébauches de ces oeuvres en chantier. Deux toiles sont en cours d'exécution dans mon atelier: une scène de la vie urbaine et une patinoire. Ces deux thèmes sont récurrents dans ma production pour la simple et bonne raison qu'ils permettent à mon art de se vendre comme des petits pains chauds. Mes admirateurs veulent de moi des cordes à linge, des scènes de la vie urbaine et des patinoires avec tout plein de personnages. Devrais-je les décevoir? Devrais-je peindre un cadavre sur un champs de bataille avec un éclat d'obus dans le cul?

Eh bien non! Je vais résister. Je vais plutôt peindre des grosses en jacquette rose qui boive une bière sur leur perron. Je vais peindre des quidams qui fument des cigarettes sur les trottoirs. Je vais peindre un enfant qui fait la culbute parce qu'il patine encore sur la bottine.

C'est ma manière de défier ce monde cynique et froid.

Du moins, pour aujourd'hui.
Patinoire (en cours d'exécution)

Scène de la vie des bas-quartiers (en cours d'exécution)

Un mur de mon atelier-galerie d'art sous le thème de la nature et de mon ascendance autochtone.


samedi 21 novembre 2015

NOUVEAUX TABLEAUX, NOUVELLE DÉCO DU TEMPS DES FÊTES...



Le défi Pierre Savoie, acrylique, 24 X 30 po.,
Gaétan Bouchard (VENDU)
J'ai travaillé beaucoup dans mon atelier ces dernières heures. La toile ci-contre, Le défi Pierre Savoie, venait à peine d'être terminée qu'elle était déjà vendue. Je m'en ennuie déjà...

Par ailleurs, ma blonde, la toujours merveilleuse, toujours aimable et si généreuse Carole, a bricolé un nouveau décor du temps des Fêtes pour agrémenter la devanture de l'atelier-galerie d'art Simplement où j'expose quelques-unes de mes toiles quand on ne les arrache pas des murs pour les emmener loin de moi pour toujours. J'en ai aussi profité pour produire une nouvelle enseigne pour mon échoppe. J'en peins une nouvelle à chaque saison pour être dans l'air du temps.

Je vais tout vous montrer ça à la suite de ce billet.

Auparavant, je dois aussi vous dire que j'ai terminé trois toiles, un triptyque que j'ai intitulé La mystique de l'Ouest. On y voit un cheval, un vagabond, une tortue et un aigle. Peut-être que ce vagabond qui se mitonne une boîte de conserve représente-t-il une étape de mes pérégrinations dans l'Ouest il y a déjà plus de vingt ans de cela... Il vous revient de faire ma psychanalyse. Je n'irai pas plus loin dans l'explication. Voici donc ce fameux triptyque:
La mystique de l'Ouest, triptyque à l'acrylique, 3 tableaux de format12 X 28 po.
Gaétan Bouchard

La mystique de l'Ouest , triptyque 1 de 3

La mystique de l'Ouest , triptyque 2 de 3


La mystique de l'Ouest , triptyque 3 de 3
Devanture Galerie d'art Simplement (jour)

Devanture Galerie d'art Simplement (nuit)

Nouvelle enseigne d'hiver, Galerie d'art Simplement

POST-SCRIPTUM: Il vous est aussi possible de voir certaines de mes oeuvres à la Binerie Chik, un restaurant fort sympathique du centre-ville de Trois-Rivières qui sert des déjeuners exquis du mardi au dimanche, de cinq heures du matin à seize heures. La Binerie Chik est située à deux pas de ma galerie d'art qui est ouverte sur demande ainsi que les samedis et dimanches de treize heures à quinze heures. Pour plus de renseignements, cliquez ici. Ou bien faites-moi parvenir un courriel: bouchard.gaetan@gmail.com




vendredi 20 novembre 2015

Bourrage de blogue avec du vieux stock pis des photos

Image tirée de mon billet intitulé Armand le coque-l'oeil

Je m'étais proposé de vous écrire ce matin une petite histoire au ton léger afin de vous reposer un peu la tête avec mes propos un peu lourds sur l'état du monde.  Je tiens ce blogue avant tout pour rendre hommage aux arts et aux lettres. Il m'arrive aussi de croire que j'ai des devoirs de citoyen, sinon de philosophe de la Cour des Miracles.

Finalement, je n'ai rien trouvé. Je me suis dit que vous saurez me pardonner. Je vous laisse ce lien pour lire une de mes vieilles niaiseries, dans l'hypothèse que vous ne l'auriez pas encore lue. Vous n'avez qu'à cliquer ici.

Pour le reste, je vous laisse sur quelques photos de mon cru prises ce matin au cours de ma promenade matinale.
Le parc Champlain, au centre-ville de Trois-Rivières, est sous son éclairage de Noël.

Vue du Pont Laviolette, au loin. C'est la Tour Eiffel de Trois-Rivières.

Les silos à grain du port de Trois-Rivières.


"Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !" 

Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris, L'étranger

"Les nuages sont bien beaux. Et j'ai une blonde, des frères, une mère, de la famille, des amis, du bien bon monde. "
Moi, Le non-spleen de Trois-Rivières




jeudi 19 novembre 2015

Mourir pour des idées (Georges Brassens)

Le mois de novembre est le plus déprimant d'entre tous. Les arbres sont dépouillés de leurs feuilles et la noirceur s'installe de bonne heure. Tant que la neige ne sera pas tombée, tout semblera gris et terne.

Pour ajouter à la monotonie de ce mois, il y a bien sûr la guerre, invisible ou pas, avec laquelle on nous serine d'un jour à l'autre avec si peu de soucis pour la vérité. "La première victime de la guerre, c'est la vérité." J'hésite à vous dire qui a dit ça. Les références abondent dans tous les sens sur Google. Je vous assure cependant que cette citation n'est pas de moi. Je vous assure aussi qu'elle a du sens.

Les allusions au roman 1984 de George Orwell sont très faciles en ce moment. Big Brother nous surveille jusque dans le fond de nos shorts.  Nous sommes devant le télécran à les entendre nous dire que l'ennemi est Untel pour nous faire accroire le lendemain que nous n'avons jamais été ennemi avec Untel, mais bien avec Telautre... Et nous gobons ça comme des poules pas de tête, sûrs que Big Brother veut notre bien. Ils ont le pouvoir, ces loustics, ils n'auraient pas le pouvoir s'ils ne connaissaient rien... Ils savent ce qu'ils font, au pouvoir...

L'ignorance c'est la force. L'esclavage c'est la liberté. L'amour c'est la haine. Ces trois slogans de l'Angsoc, le Parti Unique du roman 1984, sont toujours d'actualité.

Comme le héros de 1984, Winston Smith, nous ne savons plus ce qui est vrai et faux. Dans les carnets qu'il écrit clandestinement, Winston Smith s'accroche à l'idée que deux plus deux font quatre. Cette certitude lui permet, en quelque sorte, de combattre tous les mensonges de l'État. Jusqu'à ce qu'il soit emprisonné pour crime de double-pensée. On lui en fait voir de toutes les couleurs pour qu'il finisse par croire que deux plus deux font trois, quatre ou cinq selon le bon vouloir de Big Brother. Comme l'affirme Humpty Dumpty dans Alice au pays des merveilles, la question n'est pas de savoir si deux et deux font quatre, mais tout simplement de savoir qui est le maître...

On s'affole en ce moment pour le plus grand plaisir des quelques centaines de grandes familles qui contrôlent le monde sous leur talon de fer. Nous sommes tous des pions piétinés par ce talon de fer qui croient aveuglément en la souveraineté de leur nation, en la justesse des décisions prises par leur État. Pour oublier qu'on vend à rabais nos ressources naturelles, qu'on détruit notre système de santé et nos institutions d'enseignement, on nous fait miroiter la nécessité d'une guerre contre de pauvres ploucs afin que nous allions y détruire leurs ressources naturelles, leur système de santé et leurs institutions d'enseignement...

Évidemment, on finance autant la maladie que le remède. Les pions de l'État islamique, défoncés au captagon, rient de nous voir mourir pour rien pour nous rappeler qu'ils vivent pour rien.

Ce ne sont pas des vieux à la barbe blanche qui se font exploser dans des attentats suicide, mais des enfants, des jeunes de moins de vingt ans, des femmes qui n'ont pas encore porté d'enfants. Qui leur commandent de faire ça, sinon de vieilles pourritures?

Ce ne sont pas des vieux à la barbe blanche qui iront se faire buter en Irak, en Syrie, en Ukraine et où que ce soit dans le monde. Ce sont des jeunes chômeurs et assistés sociaux de Trois-Rivières, Winnipeg ou Halifax...  Ils mourront pour la patrie, une patrie qui est foulée aux pieds de nos gouvernements dans une grande vente de liquidation finale au profit des grandes familles et autres corporations internationales représentées par des crapules apatrides, immorales et inhumaines comme le disait si bien Michel Chartrand.

Il est bien plus facile de mettre sa switch à off et de croire à toutes les billevesées des politiciens et journalistes professionnels. Après tout, ne sommes nous pas que des crottes de nez sur le grand échiquier du monde? Ne méritons nous pas d'être traités comme du bétail industriel et de la chair à canon nouvelle tendance?

La peur des réfugiés de cette sale guerre fait gonfler le torse des pions d'ici. Plutôt que de comprendre qu'ils fuient les bombes, les pions de souche leur en promettent d'autres, comme le souhaitent les maîtres d'un jeu mondial où nous sommes tous et toutes des pions.

Est-ce à dire qu'il ne faut pas combattre le terrorisme, le fanatisme religieux et le captagon? Non. Cela signifie que le combat doit aussi se faire en amont. La lutte doit être menée contre le capitalisme qui se réjouit que la guerre se répande partout dans le monde pour pouvoir l'acheter pour un quignon de pain rassis et un verre d'eau croupie.

Au même titre que les Syriens, les Kurdes, les Ukrainiens ou les Irakiens, nous sommes nous-mêmes victimes des manigances des capitalistes qui ne reconnaissent ni frontières, ni morale. Ils veulent détruire le monde et ils y arrivent fort bien.

Ils veulent que nous mourrions pour des idées pour lesquelles eux-mêmes ne veulent pas mourir...

Ce qui me donne l'envie, plus que jamais, d'entonner cet hymne de George Brassens: mourir pour des idées.

mercredi 18 novembre 2015

Devoir de mémoire envers mes grands-parents

Je n'ai pas connu Rodolphe René, le père de ma mère. Tout ce que je sais de lui provient de sa légende que j'honore à ma façon. Il était fils de cultivateur à Saint-Léonard-d'Aston. Il a quitté l'agriculture pour mieux gagner sa vie en usine à Trois-Rivières. C'était, bien sûr, à l'usine de textile Wabasso. Un bête accident lui fit perdre l'usage d'une jambe. Il termina ses jours en s'occupant des chevaux du propriétaire de la Wabasso, un certain Whitehead qui, selon ce que j'en sais, tenait plus à ses chevaux qu'à ses ouvriers. Ce qui me permet d'émettre cette forme d'ingratitude au nom de cet aïeul inconnu qui m'aurait peut-être désapprouvé. Il est mort d'une crise cardiaque en 1967. Un an plus tard, je venais au monde. On dit de Rodolphe que c'était un bon monsieur qui avait aussi un tempérament sanguin quand les circonstances l'exigeaient. J'ai, semble-t-il, hérité de ses grosses mains. Il savait à peine lire et écrire. Pourtant, il se débrouillait pour se rendre du point A au point B en questionnant les gens en cours de route. Il aurait aussi été bûcheron pendant la crise économique.

C'est, à peu de choses près, tout ce que je connais de lui.

Ma grand-mère, Valéda Lefebvre, était de Sainte-Clothilde-de-Horton, tout près de Saint-Léonard-d'Aston. Elle était la petite cousine de mon grand-père, de sorte qu'ils durent payer une dispense à l'église pour pouvoir se marier. C'était une femme mystérieuse que j'aurai pu connu tout en l'ayant côtoyée. Après la mort de mon grand-père Rodolphe, ma grand-mère tomba dans un état de quasi prostration. L'image qui me revient d'elle est toujours la même. Elle est dans sa chaise berçante, dans son salon, et les rideaux sont baissés le jour comme le soir. Elle vit dans la pénombre. Elle parle peu. Elle regarde les quatre murs. Chaque fois que je vais la visiter j'ai un peu peur. J'ai du respect pour elle, mais elle me semble lointaine et inconnue. Elle est décédée autour de 1985, des suites d'une maladie qui doit s'appeler la vieillesse. Elle faisait semblant, dans les derniers mois de sa vie, qu'elle était à côté de ses pompes. Pourtant, elle savait tout ce qui se passait autour d'elle. Elle avait froid et portait un gros manteau, des bottes et un chapeau même l'été.

C'est à peu près tout ce que j'ai retenu de cette pauvre femme qui fût ma grand-mère.

Du côté paternel, je n'ai pas connu ma grand-mère Adrienne Létourneau, de qui je dois mon ascendance algonquine (anishnabé). Elle est morte en 1958. Elle était très grosse et dormait dans un fauteuil. Peut-être qu'elle tenait ainsi à se protéger de son mari, un homme violent selon ce que j'en ai retenu. Mon père était son protecteur. Elle parlait l'anglais. En remontant son arbre généalogique, j'ai trouvé son arrière-grand-mère, une certaine Blanchone originaire des environs de Londres. Ce qui fait de moi aussi un Anglais...

J'ai rarement vu mon grand-père Éloi Bouchard. Peut-être trois ou quatre fois. Le souvenir que j'en conserve est flou. Mon père l'appelait le Vieux Pirate. Il s'est marié, remarié et remarié encore. Suite au décès de ma grand-mère, il a placé tous ses enfants mineurs à l'orphelinat, c'est-à-dire à l'École des réformes. Mes oncles lui en voulurent toute la vie. Le Vieux Pirate fit accroire qu'il avait beaucoup d'argent de collé pour qu'on s'occupe de lui au foyer. Il mourut en laissant à chacun de ses enfants un chèque de soixante-douze dollars et trente-quatre sous qui fit bien rigoler mon père.

-J'pense que j'irai pas l'changer... J'va's l'encadrer! disait-il.

Éloi avait à peu près tous les défauts: violent, alcoolique, coureur de femmes, etc.

Mon père lui avait pardonné sans pour autant chercher à le voir souvent.

-Il avait une famille de dix-huit enfants... Il savait plus où donner de la tête... Il s'est mis à boire comme un trou... C'est un vieux tabarnak à c't'heure. Le passé c'est l'passé...

Le seul point positif que j'ai retenu de lui c'est qu'il avait fabriqué un cheval en bois avec lequel jouait mon père.

Alors que mes grands-parents du côté maternel savaient à peine lire et écrire, ceux du côté paternel avaient peut-être un brin de connaissance littéraire. Les frères de mon grand-père Éloi étaient des curés qui enseignaient à Rimouski. Ma grand-mère parlait l'anglais. Et mon père était un premier de classe à l'école. Il dut abandonner l'école pour gagner sa vie. Il aurait facilement pu faire de hautes études si le monde n'était pas si injuste envers les enfants des pauvres. Il détestait souverainement Duplessis et le clergé catholique. L'idole de mon père, c'était le député de Saint-Hyacinthe, Télesphore-Damien Bouchard, un Rouge qui avait défendu le vote des femmes et promut l'anticléricalisme. C'était aussi Michel Chartrand, Samson, Jésus, Frontenac, Louis Riel et Mad Dog Vachon.

Le mois de novembre incite à la nostalgie. Je vois bien que je vous emmerde avec mon arbre généalogique.

J'ai sans doute un devoir de mémoire envers eux.

***

Dernière anecdote, je suis le descendant d'un certain Michel Bouchard.

Sa nombreuse descendance m'étonne d'autant plus que je partage cet ancêtre avec quelques noms illustres: Émile Nelligan, Jack Kerouac, René Lévesque, Madonna, Pauline Marois,Thomas Mulcair et Céline Dion, pour ne nommer que ceux-là.

Cela dit, j'ai tendance à prendre plus au sérieux mon ascendance matrilinéaire.

On peut mentir sur le père. Jamais sur la mère. Enfin, presque jamais...







mardi 17 novembre 2015

Les Ogres de Barbarie

Éric McComber, en plus d'être un auteur québécois de talent, est aussi un type que je fréquente assidûment via les médias sociaux. Il vit en France depuis quelques temps déjà. Il y pratique la musique, la traduction et le vélo. Je ne saurais dire dans quel ordre de priorité: ça lui appartient.

À force de le fréquenter, j'ai pris quelques mauvais plis. 

J'ai toujours considéré avec un certain mépris la majeure partie des thèses conspirationnistes. Depuis quelques temps, j'y apporte une attention toute particulière. Je sais bien qu'il reste encore beaucoup de scories autour de toutes ces assertions sur les manipulations qui surviennent en ce monde. Pourtant, elles me semblent bien moins tirées par les cheveux qu'auparavant. J'ai maturé, lentement mais sûrement, vers une vision moins linéaire de l'histoire du monde.

Le président des États-Unis John Adams avait trouvé un moyen bien pratique de s'emparer de larges territoires détenus par les Sauvages. Il disait, en substance, qu'on n'avait qu'à leur donner le goût des produits de la civilisation pour ensuite leur apprendre qu'il faut de l'argent pour s'en procurer. On leur prêtait de l'argent, peu à peu, pour qu'ils puissent s'acheter des trucs. Puis, une fois qu'ils étaient endettés jusqu'au cou et pris à la gorge, ils n'avaient plus d'autres choix que d'abandonner leurs territoires pour payer leur dû.

Y'a-t-il une conspiration qui joue contre la souveraineté nationale de tous les peuples de cette misérable planète? Cela me semble évident.

Je ne vous parlerai pas des Illuminatis et autres chevaliers de Colomb de la franc-maçonnerie cosmopolite... Non, je n'ai pas besoin de me référer à cette imagerie d'Épinal.

Ce matin, en ouvrant mon compte Facebook, je suis tombé sur un statut de Éric McComber dans lequel il affirmait, en gros, que nous ne sommes pas victimes des États-Unis, de la France, de la Russie, de la Syrie ou de l'Île Moukmouk, mais plutôt les acteurs et spectateurs abusés par des ogres qui financent le boxeur du coin gauche, le boxeur du coin droit, l'arbitre, le lieu du combat et le stationnement d'en face. En termes de capitalisme, on appelle ça de l'intégration verticale.

Ces ogres tiennent plus que tout à foutre le bordel dans le monde selon le principe bien connu qu'il faut diviser pour régner. Le syndicaliste Michel Chartrand disait, avec raison, que le capitalisme est amoral, asocial, apatride et inhumain. Il achète la maladie, le remède et le patient s'il le faut.

Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir des capitalistes financer en 1917 la révolution russe et la contre-révolution russe. Il ne faut pas s'étonner de voir la France et les États-Unis soutenir le front Al-Nosra, branche d'Al Qaïda en Syrie. Dans tous les cas, c'est l'Ogre, le gouvernement invisible, qui tire les ficelles. C'est l'argent qui mène le bal en nous donnant l'impression que nous pouvons exercer une forme de souveraineté populaire via nos parlements vendus aux ogres et nos institutions internationales parasitées par la haute finance.

De temps à autres, nous allons entendre de belles paroles mielleuses de nos politiciens, journalistes et intellectuels de service. Nous n'entendrons jamais parler les vrais maîtres de ce monde. Chaque fois que l'un de nos politiciens cherchera à nationaliser nos ressources naturelles et à favoriser la prise de parole et de pouvoir du peuple, il se trouvera en situation de danger ou bien sera tout bonnement acheté par les ogres. Il se trouvera des économistes à la solde de ces crapules pour exiger une "thérapie de choc": la liquidation des actifs de l'État, la perte de contrôle des institutions démocratiques, bref la soumission absolue aux intérêts primaires des capitalistes qui ne reconnaissent ni frontières ni limites dans leur rêve de domination universelle.

Les guerres pour le pétrole pourraient s'arrêter demain matin en misant sur des sources d'énergie libres et gratuites. Nicolas Tesla et plusieurs autres scientifiques de renom ont effectué des travaux en ce sens. George Westinghouse, qui finançait les travaux de Tesla, aurait d'ailleurs dit qu'il ne voudrait pas d'une énergie sur laquelle on ne pourrait pas mettre un compteur. Il a cessé de financer les travaux de Tesla qu'on fit rapidement passer pour un fou alors qu'il était un authentique génie. Donc, nous en sommes encore aux énergies fossiles parce qu'on peut y mettre un compteur et enrichir les crapules. Quiconque voudra combattre notre dépendance aux énergies fossiles se fera irrémédiablement ostracisé. On s'arrangera pour que l'application de ses idées soient inefficaces. On sabotera ses travaux.

L'histoire du monde, telle qu'on nous la présente, n'est que la pointe de l'iceberg.

Sous l'iceberg, il y a les assassins de la démocratie et de la liberté, les spéculateurs de la mort et de la soumission des peuples.

Nous croyons trop facilement que les Bleus combattent les Rouges, que les Mauves sont pour le Bien et les Violets pour le Mal. Dans les faits, tout un chacun est sous le contrôle direct et indirect des capitalistes.

Je rêve d'un monde meilleur et nécessairement plus libre, plus juste, plus solidaire.

Ce monde meilleur ne sera qu'une utopie tant et aussi longtemps que les ogres agiront en coulisses pour démolir tous les ponts que nous pourrions bâtir.

Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas combattre le fanatisme religieux, le terrorisme et la dictature. Cela signifie qu'il faut aussi mener le combat en amont: redonner aux peuples leur souveraineté nationale, favoriser une répartition équitable des richesses, développer des institutions par et pour le peuple.

C'est tout un programme. N'attendez pas qu'il soit promu par nos politiciens de métier.

Soyez farouchement libres.












lundi 16 novembre 2015

L'avenir d'une illusion...

J'ai lu récemment les commentaires d'un type sur Twitter qui disait que les religions sont toutes apparues au temps où les gens croyaient que la Terre était plate.

Un autre, un philosophe nommé David Hume, écrivait dans son fameux Of Miracles que les miracles se produisent toujours à une époque et en des lieux où il nous est impossible d'investiguer. On ne ressuscitait pas et on ne marchait jamais sur l'eau dans l'Angleterre et l'Écosse du temps de David Hume. Il semble que c'était chose courante en Judée à une autre époque...

De nos jours, les miracles se produisent tout aussi rarement. Le monde est encore plus prosaïque et même plus froid. 

Sigmund Freud, connu comme étant l'initiateur de la psychanalyse, était aussi un brillant polémiste quand il s'adonnait à écrire ses points de vue sur la société. Malaise dans la civilisation et L'avenir d'une illusion sont pour moi ses deux chefs-d'oeuvre. Dans ces essais, Freud laisse entendre que nous ne pourrons continuer longtemps à fonder notre civilisation sur des mensonges et des illusions. Selon lui, les religions finiront par engendrer un choc de civilisation. Il est de la responsabilité de tout un chacun de défendre farouchement la raison ainsi qu'une vision empirique du monde pour éviter que l'humanité ne sombre dans le chaos.

Évidemment, on peut ergoter longtemps à ce sujet.

Je vous avouerai que je me méfie de toutes les religions, y compris l'Islam qui, ses dernières années, mérite de loin la palme de l'intolérance et du fanatisme.

Ma méfiance s'étend à toutes les idéologies, politiques ou économiques. Je crois en la "liberté libre", en la beauté, en la musique, en l'amour, en l'amitié et en la poésie. 

Je ne manque de rien quand j'ai un bon livre dans mes mains, une bonne conversation avec des amis, un repas en famille, un film décadent ou pas devant mes yeux. Les bons pasteurs et les sauveurs de l'humanité peuvent bien aller se faire foutre. Je n'ai pas besoin de leur amour et encore moins de leurs superstitions. Crois en ce que tu veux mais ne m'oblige pas à déclarer que la Terre est plate si je sais qu'elle est ronde. Et si tu veux gérer notre monde avec tes superstitions, je ne me gênerai pas pour te dire qu'elles sont stupides et en disent plus long sur toi que sur le monde.

Si Dieu existe, il intervient si peu dans nos affaires humaines que rien ne nous empêche de nous étrangler les uns les autres.

Rien n'empêche les génocides, les attentats suicide, les délires sur les vêtements que doivent porter les femmes, la musique qu'on doit ou ne doit pas écouter, le théâtre qu'il faut bannir et tous ces préceptes d'obscurs débris ennemis de l'humanité.

La Terre est ronde et elle tourne autour du Soleil, qui lui-même tourne autour d'un trou noir qui est au centre de la Voie Lactée. Chercher Dieu pour se donner des raisons de vivre une vie de connard n'y change rien.

Les illusions n'ont pas d'avenir. 

Le seul miracle qui soit est que nous ne nous soyons pas encore rayés de la carte avec toutes les idées stupides que nous avons.

Heureusement que la vie reprend toujours un tant soit peu ses droits.

Au lendemain de tout massacre, il y en a pour ramasser les dégâts et recommencer à vivre une vie digne de ce nom.

Oublie ton dieu un moment. Concentre-toi sur tes frères et soeurs humains. Cherche un moyen de nous éviter à tous et toutes des souffrances dont nous n'avons pas besoin. 

Et ne sois pas naïf face aux abrutis qui veulent nous décapiter ou bien nous découper en rondelles.

Ne leur trouve pas des raisons.

Ne cherche pas de circonstances atténuantes.

Protège-toi des religions, des idéologies et des illusions.

Ne porte pas dans le dos un poisson qui pourrit depuis plusieurs siècles.

Passe à autre chose...

Je vous dis ça comme je me le dis à moi-même.

C'est ma manière d'avoir de l'empathie.



dimanche 15 novembre 2015

Mes sympathies à ma France

J'ai longtemps hésité à écrire quoi que ce soit suite aux attentats terroristes survenus récemment à Paris.

D'abord, je ne voulais pas faire comme ce fameux poète dont parle Dostoïevski à travers la bouche de Ivan Karamazov. Je n'ai pas la référence exacte. J'ai lu ce bouquin il y a près de vingt-cinq ans et n'y ai pas remis le nez depuis.

Par contre, je me souviens très bien de ce poète qui assiste à un naufrage sur le bord de la plage et qui en vient à dire, substantiellement, qu'il ne faut pas regarder les naufragés mais lui, le poète, qui souffre sur la plage en les regardant se noyer...

La souffrance des victimes de ces attentats terroristes n'a aucune mesure avec ma petite souffrance, mes petites analyses et mes théories sur ceci ou cela.

La France et le monde entier peuvent très bien se passer de mes commentaires. Par contre, je tiens tout de même à offrir mes sympathies à ma France, pays de mes ancêtres et patrie spirituelle de cette "liberté libre" dont parlait Arthur Rimbaud.

Les responsables de ces attentats terroristes sont... les responsables de ces attentats terroristes.

Il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures. Ni chercher à instrumentaliser cet acte de barbarie innommable qui ne peut que soulever le coeur de n'importe qui, du pacifiste jusqu'au militaire.

Vous me permettrez de ne pas en dire plus. J'aurais l'impression, justement, de m'imposer en tant que gérant d'estrade qui instrumentalise ces innocentes victimes pour servir son charabia.

J'en ai soupé de tout charabia.

Ces déchets de l'humanité qui disent que Allah est grand avant que de tuer des civils ne méritent aucune empathie. aucune analyse, aucune théorie, aucune justification, aucune atténuation: RIEN! Leur cause est le néant. Leur cause est l'obscurité. La nôtre, c'est la vie, la liberté, la musique, la joie et l'amour.

***

Régent Ladouceur porte un patronyme qui n'inspire pas la guerre. Il porte dans son arbre généalogique des vertus qui ont probablement permis à l'un de ces ancêtres de cette bonne vieille France d'être reconnu sous le sobriquet de La Douceur. Les miens devaient être plutôt gueulards, ou Bouchard, voire ressuscités, ou René... Ou Lefebvre, ou Létourneau, ou Dubé, ou Blanchone...

Régent ne fréquente pas vraiment les réseaux sociaux et dispose à peine d'une adresse de courriel pour s'exprimer un tant soit peu via La Matrice.

Il m'a envoyé ce courriel hier soir en me demandant de le partager, si je le voulais bien.

Il me semble approprié.

Voici son contenu que je vous livre ici, en supposant qu'il est d'accord avec sa publication.

***
De Régent Ladouceur à Gaétan Bouchard

Trois-Rivières, 14 novembre 2015, 21h45

Salut Gaétan,
 
Je tenterai d’être bref.
 
Jour noir pour l’Humanité...
 
Hier, en voyant les vigiles d’un peu partout à la télé, spontanément je me suis levé et j’ai déposé une simple bougie au bord de ma fenêtre. Être là, présent et solidaire.
Puis, la phrase de Ernst Jünger m’est revenu... “Il suffit d’une bougie pour disperser tant d’ombres.”
 
Depuis, cette phrase me revient. Je sais l’avoir noté. Plus exactement, elle dit ceci: “Chaque homme est une lumière et chaque lumière qui s’allume est une défaite des ténèbres. Il suffit d’une bougie pour disperser tant d’ombres”  -Ernst Jünger / La paix.
 
 
...
 
Si tu crois que ce geste fait du sens, peux-tu en faire part sur ton blogue. Ou sur ton compte Facebook.
Imagines, tant de fenêtres et tant de bougies... Être là, présent et solidaire.
 
Amitiés,
Régent.
 
PS: Comme tu le sais, je ne suis sur aucuns réseaux sociaux... Voilà le pourquoi de ce courriel.



 

vendredi 13 novembre 2015

Les banquiers en prison!

J'ai souvent manifesté au cours de ma vie. Je ne saurais dire combien de fois. Probablement que ça dépasse la centaine. J'ai appris de bonne heure qu'il ne fallait pas se laisser faire. J'ai appris qu'il fallait combattre l'injustice par les moyens qui s'offraient à moi, des moyens enchâssés dans la constitution qui devrait, à mon sens, enchâssée aussi les droits et acquis sociaux.

Je suis allé à l'hôpital hier pour y passer un examen de routine. Je me fais vieux et un tapis roulant s'imposait pour voir si ma patate tient le coup. Ce qui semble le cas. Comme j'ai souvent manifesté, j'ai appris à marcher pendant des heures et des heures. Ce qui est plutôt bon pour le coeur, les jambes et, bien sûr, la révolution sociale. 

Si je me fie aux pourris sales du Parti Libéral du Québec, il me sera bientôt aussi difficile de passer ce type d'examen que d'aller chez le dentiste. Il me faudra payer pour tout et quand je ne pourrai plus payer, eh bien je n'aurai qu'à crever comme un chien sur les trottoirs. C'est l'avenir que me réservent ces salopards de libéraux à la solde des banksters et autres gangsters.

Il y avait des manifestants à la sortie de l'hôpital. Les employés manifestaient contre leurs réductions de salaire, l'augmentation de leur charge de travail et la destruction de leur fonds de retraite. Ils manifestaient aussi pour la préservation des services publics. Je me suis donc joint à eux, quelques minutes plus tard, pour soutenir leurs revendications qui me touchent aussi personnellement dans ma vie de petit salarié qui dépend des services publics.

En avril, nous étions quelques-uns à déambuler dans les rues de Trois-Rivières pour inciter la population à une grève générale illimitée qui ne s'est pas produite. Quelques étudiants, militants de longue date et autres blogueurs comme votre humble serviteur y étaient. Nous avons fait notre grande tournée du centre-ville en réclamant la fin des politiques d'austérité et l'exercice du pouvoir par et pour le peuple.

Ça chauffe un peu plus en novembre mais il manque quelques ingrédients pour assister à un authentique soulèvement populaire contre ce gouvernement provincial cupide et arrogant qui sert les intérêts des banquiers et autres corporations plutôt louches.

Ça prendrait un référendum pour séparer le Québec du Canada. Pour détruire le Québec, il n'est pas nécessaire pour les libéraux de mener une consultation populaire. Avec 28% du vote de tous les électeurs du Québec en âge d'aller aux urnes, les libéraux croient détenir le mandat de saboter cinquante ans de révolution tranquille pour offrir aux riches les clés de nos maisons, de nos ressources naturelles et même de nos âmes. Les libéraux travaillent délibérément contre les Québécois et les Québécoises. Ils mènent une thérapie de choc contre leur propre peuple pour toucher quelques deniers supplémentaires afin de récompenser leur fourberie.

Je ne vous apprendrai rien en disant cela.

À mon avis, il est temps d'élever d'un cran notre révolte contre ces libéraux qui sont au service des banques et des bandits.

Au lieu de manifester contre l'austérité, un concept un peu trop intellectuel à mon goût, je crois qu'on gagnerait à prendre la rue pour des revendications claires et nettes.

Par exemple, on pourrait descendre dans la rue pour réclamer l'emprisonnement des banquiers.

Au lieu de se perdre en théories et en ratiocinations, scander "les banquiers en prison!" aurait à tout le moins l'avantage de faire trembler ceux qui mènent le jeu derrière les pantins libéraux. S'attaquer à la source plutôt qu'aux messagers serait plus efficace selon moi.

L'idée mûrit dans ma tête à tous les jours.

Est-ce que je devrai "caller la shot", descendre dans la rue avec ma pancarte pour demander que l'on emprisonne les banquiers?

Je me le demande depuis le moment où je vous en parle. Ce qui ne fait pas encore une heure.

Au lieu d'une grosse manif organisée avec des hauts-parleurs qui diffusent des hits pas rapports avec la manif, ce serait mieux de rameuter une centaine de personnes déterminées à scander "Les banquiers en prison!" Seulement ça. Rien que ça.

Pas "Non à l'austérité!", "Dehors Couillard!", "Va chier Barrette!", mais "Les banquiers en prison!"

Le nerf de la guerre, c'est l'argent.

C'est l'argent qu'il faut viser puisque c'est lui qui veut prendre notre peuple à la gorge pour détruire toutes ses conquêtes et propriétés collectives.

Les banquiers en prison!

Les BANQUIERS en PRISON!



jeudi 12 novembre 2015

Brouhaha, Mainmise, Robert Crumb et El Topo

Ma tête est un maelstrom d'impressions qui se sont accumulées au fil des ans. À force d'écrire sur mon blogue, je me suis souvent dit que la source finirait par se tarir. Cela ne s'est pas encore produit. D'un billet à l'autre, c'est comme si je n'avais fait sortir que la plus petite partie de moi-même. C'est tant mieux ainsi. Il me reste en réserve des siècles d'écriture. C'est probablement pour votre plus grand malheur. À moins que vous n'ayez déjà cette sagesse d'aller lire ailleurs. Pour les autres, je vous remercie à l'avance d'assister à ma lente agonie pour cet insigne honneur que j'ai de servir humblement les arts, les lettres ainsi que mes stupidités.

***

L'Internet m'aura permis de découvrir ce que j'ai longtemps cherché dans toutes les bibliothèques situées entre Montréal et Québec au cours des années '80.

Cela me prenait parfois des mois avant que de mettre la main sur un livre, un disque ou bien un film. Je travaillais fort pour nourrir ma tête, très fort même, alors qu'aujourd'hui je trouve à peu près tout ce que je cherche et ne penserais jamais à chercher d'un simple clic de souris.

J'ai découvert de vieux exemplaires de la revue Mainmise dans les années '80 en farfouillant dans les bazars du livre. J'ai pu lire le numéro 2, le numéro 6 et peut-être le numéro 15. Je suis demeuré sous l'impression bien vive que Mainmise fût, de loin, la meilleure revue du Québec. Mainmise accordait une place prépondérante à la contre-culture, à la drogue, au rock, au sexe et à la bande dessinée. C'était la moins coincée de toutes les revues québécoises. Les revues Liberté, Possibles, Action Nationale, Parti Pris et j'en passe ont l'air de vieux torchons ternes et passéistes lorsque je les compare à Mainmise. Mainmise souhaitait vraiment changer le monde et accordait beaucoup moins de place aux discours et idéologies politiques que toutes les autres revues de la même période. Jean Basile Bezroudnoff, l'initiateur de cette revue, mérite d'être redécouvert et republié.

Pour ce qui est de Mainmise, on peut lire ici tous les numéros de cette revue. Vous y trouverez des textes qu'aujourd'hui encore personne n'oserait publier. Mainmise avait trois cents ans d'avance...

***

En lisant Mainmise, j'ai fait de nombreuses découvertes.

J'ai connu le dessinateur Robert Crumb suite à ma première lecture de Mainmise qui le publiait dans une version traduite en québécois. Pas besoin de vous dire que je me suis ensuite claqué toute son oeuvre, y compris ses chansons.

Hier, en lisant Mainmise, j'ai ajouté une nouvelle découverte. Il s'agit du cinéaste chilien Alejandro Jodorowski. Mainmise disait de l'un de ses films, El Topo (La Taupe), que c'était un film aussi génial que 2001, L'Odyssée de l'espace.

L'était-il vraiment?

Quelques minutes plus tard, je visionnais El Topo. C'est définitivement un film complexe qui ne ressemble à rien de ce que j'ai vu, sinon Eraser Head de David Lynch. C'est un film western psychédélique avec une dimension métaphysique très particulière. El Topo tombait d'autant plus à point que j'ai visionné récemment Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone, un autre film culte d'un cinéaste longtemps boudé par la critique qui n'a pas compris l'importance de son oeuvre cinématographique. Sergio Leone est le Kurosawa italien.

El Topo rappelle aussi certains films de Pasolini et de Fellini. Il a ce quelque chose de grotesque qui en fait un film culte pour certains et un film incompréhensible pour d'autres.

Je vous recommande El Topo si vous souhaitez devenir encore plus fou.

mercredi 11 novembre 2015

Voyage au bout du jour du souvenir...



C'est aujourd'hui le Jour du souvenir, pour nous rappeler l'Armistice de 1918: le 11e jour du 11e mois à 11h00...

Ce n'est pas une journée pour les héros, mais plutôt une journée pour nous rappeler que tant d'hommes et de femmes sont morts pour rien.

On pourra ergoter sur l'importance de mener tel ou tel combat. Je sais bien qu'on ne pouvait pas mettre fin au nazisme avec des discours à l'eau de rose. N'empêche que celui qui crève avec des bouts de métal dans le ventre doit penser bien plus à sa maman qu'à sa patrie avant que de mourir.

Je ne saurais trop vous recommander de lire ce fameux Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, roman qui n'a rien de patriotique et qui porte même son lot d'anarchie. Voyage au bout de la nuit aurait pu être écrit par tous ces déserteurs de l'armée russe qui fuyaient le front pour ensuite faire naître la révolution dans leur pays pour se venger des tsars, des kaisers et autres césars qui les envoyaient à la boucherie.

Voici un extrait du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Lola discute avec Ferdinand Bardamu qui revient du front avec cette amertume qui donne le ton à tout ce voyage au bout de la nuit.

"Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand! Vous êtes répugnant comme un rat…

- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.

- Mais c’est impossible de refuser la guerre, Ferdinand! Il n’y a que les fous et les lâches qui refusent la guerre quand leur Patrie est en danger...

- Alors vivent les fous et les lâches! Ou plutôt survivent les fous et les lâches! Vous souvenez-vous d’un seul nom par exemple, Lola, d’un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent ans? ... Avez-vous jamais cherché à en connaître un seul de ces noms? ... Non, n’est-ce pas? ... Vous n’avez jamais cherché? Ils vous sont aussi anonymes, indifférents et plus inconnus que le dernier atome de ce presse-papiers devant nous, que votre crotte du matin ... Voyez donc bien qu’ils sont morts pour rien, Lola! Pour absolument rien du tout, ces crétins! Je vous l’affirme! La preuve est faite! Il n’y a que la vie qui compte. Dans dix mille ans d’ici, je vous fais le pari que cette guerre, si remarquable qu’elle nous paraisse à présent, sera complètement oubliée... A peine si une douzaine d’érudits se chamailleront encore par-ci, par-là, à son occasion et à propos des dates des principales hécatombes dont elle fut illustrée... C’est tout ce que les hommes ont réussi jusqu’ici à trouver de mémorable au sujet les uns des autres à quelques siècles, à quelques années et même à quelques heures de distance... Je ne crois pas à l’avenir, Lola..."

***