vendredi 30 mai 2014

Dans la vraie vie de Hubert St-Hubert

Hubert St-Hubert s'appelait ainsi parce que ses parents, Herménégilde St-Hubert et Hectorine Arseneault, ne voyaient aucun problème au fait de porter un prénom étrange.

C'était un gars dans les cinquante-trois ans et demi qui devait mesurer ses cinq pieds huit pouces et un seizième. Pour le poids, je dirais qu'il s'approchait facilement de trois cent vingt-trois livres, à peu près toutes concentrées dans les mottons qu'Hubert portaient sous la poitrine, au cul et autour des cuisses. C'était pourtant un athlète en son genre puisqu'il marchait beaucoup entre chez-lui et la pharmacie où il allait toujours s'acheter des tas de réglisses, bonbons et autres croustilles au gras trans qui y sont vendues entre deux aspirines. Évidemment, il n'avait pas le look de l'athlète, même s'il en avait le pied, mais pourquoi tant s'attarder sur l'apparence, hein? Il n'avait pas l'air de Charles Bronson ou Corey Hart, non. Il ressemblait plutôt à Humpty Dumpty en pantalons d'édu avec une mèche de cheveux gras sur le caillou et une barbe de six jours.

En fait, Hubert ne vivait que pour se rendre à la pharmacie puisqu'il n'y avait pas d'autres vendeurs de victuailles dans son secteur, sinon dans des bars ou des restaurants. Ce coin-là du centre-ville était dédié aux plaisirs les plus vulgaires qui soient, dont celui de dégueuler tout son soûl à quatre heures du matin sur les trottoirs qui semblaient frais comme une rose pendant la journée. C'est vrai que des cols bleus les arrosaient toujours vers les cinq heures du matin pour que notre beau centre-ville n'ait pas l'air d'une litière à humains.

Toujours est-il que notre bon Hubert ne connaissait nul autre endroit que la Pharmacie Gens-Foutus (acronymement désignée par les lettres PGF) pour se donner l'illusion de faire partie d'une société de cons sans ou avec sommation. On trouvait de tout chez PGF, même un ami, sauf que notre jambon d'Hubert n'en souhaitait pas vraiment des amis, trop préoccupé qu'il était à boire, mâcher ou bâfrer.

J'oubliais de dire que la pharmacie vendait aussi des oeufs, du beurre de peanuts, de la sauce à spaghetti en conserve, du fromage qui fait skouik-skouik, des batteries Energizeur sans gluten et du soda de marque Popsi-Calice.

Hubert St-Hubert se crissait tout ça dans le corps, sauf les batteries, et il était heureux comme un orang-outan hilare d'avoir cette belle promenade de quatre cents vingt-huit pieds à faire dans sa vie de tous les jours. Une belle randonnée entre la chambre minable qu'il occupait à l'Hôtel-des-vieux-garçons-battus-morts-de-peur et la Pharmacie Gens-Foutus.

Si d'aventure il se sentait malade, c'est évident que Hubert Dumpty pouvait illico prendre ce qu'il lui fallait pour guérir à la pharmacie. Il ajoutait à sa commande régulière de chips et de chocolat quelques comprimés pour la digestion et quelques tubes pour se graisser le cul qui autrement lui saignait d'aplomb. Il ne lui restait plus ensuite qu'à bouger ses miches bien graissées jusque chez-lui pour retrouver ce précieux sentiment de liberté et d'indépendance qu'il réussissait à entretenir entre deux chèques issus du trésor public. Des chèques qui portent naturellement assistance aux maigres comme aux trop gros qui enflent à l'ombre d'un soleil qui ne brille pas pour tout le monde.

Hier matin, Hubert se berçait sur le balcon de sa maison de chambres. Il mangeait ses chips au ketchup en se plaignant à moi qu'il avait hâte que le chèque rentre vendredi. Il m'a aussi raconté qu'il en avait assez des chips au ketchup et qu'il allait essayer les chips à la crème sûre.

-C'est ton choix Hubert... C'est toé qui l'sait, que je lui ai poliment répondu.

-C'est qui Philippe Couillard? qu'il m'a demandé.

-C'est le Premier Ministre du Québec...

-Ah... répliqua-t-il. J'pensais que c'était un évêque ou un autre... Sont toujours là à s'faire prendre en photo qu'on sait p'us qui qui fait qui ou qui qui fait quoi. Ça fait qu'i' augmentent toutte tout l'temps, même les chips... Y'en avait plus souvent à quatre-vingt-dix-neuf cents avant à 'a pharmacie... À c't'heure, i' 'es vendent une et dix-neuf... Une et dix-neuf pour des chips!!! C'est rien qu'des chips pourtant! Une patate, c'est pas ça qui coûte cher!!! Maudit gouvernement plein d'marde de Couillard de calice! J'y irai p'us voter! Qu'i' mangent toutte d'la marde c'te gagne d'hostie d'crosseurs de sacrament!






mardi 27 mai 2014

L'Âge d'Or et le mythe du bon sauvage

Le mythe du «bon sauvage», je l'ai déjà écrit, ne me semble pas un mythe.

Les Grecs et les Romains situaient l'Âge d'Or dans le passé, un âge où tout le monde était libre, bon et heureux. Les civilisés de Rome et Athènes croyaient vivre à l'Âge de Fer, un temps où l'enfant tuerait sa mère pour une poignée de sesterces.

En tant que descendant d'aborigènes, je ne ferai pas mieux que les Grecs et les Romains conscients d'avoir perverti la nature de l'homme avec des pièces de monnaie. Je situerai mon Âge d'Or en l'an mille, quelque part sur l'Île de la Tortue européennement dite l'Amérique.

Parmi mes ancêtres sauvages, la notion de chef était bien différente de celle que nous véhiculons à notre époque.

Le chef, chez le trop bon sauvage, était celui qui pouvait subvenir aux besoins de la communauté, quitte à se priver s'il le fallait pour donner du courage aux autres.

Ce n'était pas celui qui avait tout, mais celui qui n'avait rien parce qu'il lui était obligé de tout donner aux autres pour démontrer son pouvoir par son mépris des biens matériels.

On n'aurait pas voulu d'autres chefs qu'un type prêt à tout donner parce que c'était justement l'Âge d'Or. Et aussi parce que l'égalité est plus facile à maintenir en groupe restreint. Dès qu'on dépasse la centaine, on impose la civilisation et les guerres civiles qui viennent avec.

Aujourd'hui, on ne trouve plus de chefs de cette trempe, même parmi les aborigènes qui, avec le temps, n'ont pas eu d'autre choix que celui de calquer les institutions des colons afin de survivre tant bien que mal sur leurs réserves ou parmi le monde séculier. Leurs chefs sont tout aussi cons et avides de dollars que les maires de nos belles municipalités aux rues asphaltées de corruption.

Quoi qu'il en soit, je rends hommage à cet Âge d'Or. Je ne suis pas Virgile, le chantre de l'Âge d'Or, mais bon, on fera bien avec. Comme on le ferait avec n'importe quel autre.



lundi 26 mai 2014

This Machine Kills Fascists

Le Front National, un parti d'extrême-droite français, a fait une percée historique aux dernières élections européennes. Il est sans doute temps de sortir nos guitares, comme Woody Guthrie, pour chanter que cette machine tue les fascistes...

jeudi 22 mai 2014

À propos du Rapport Ménard sur le Printemps Érable

Le rapport de Serge Ménard, Claudette Carbonneau et autres rédacteurs techniques de l'ombre ne fait pas l'affaire de la police ni du Parti Libéral du Québec. C'est vrai que ce rapport est un peu critique envers la gestion libérale des manifestations du Printemps Érable, en 2012. Il y a tout de même eu plus de 3500 arrestations, des charges de cosaques à cheval, des coups de matraques et des poivrages de toutes sortes contre des manifestants pacifiques et même contre des gens qui ne manifestaient même pas.

En plusieurs pays du monde, il est toujours très mal vu pour le pouvoir politique que de faire couler le sang du peuple.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais les tyrannies finissent toujours mal. On voit les rues se remplir de gens comme jamais. On assiste aux plus grosses manifestations de l'histoire de tel ou tel pays puis les dirigeants, cambrés comme des vieux secs impuissants, se mettent à donner des coups de bâtons et même à tirer dans la foule comme des fous furieux.

Au bout d'un temps, l'armée vient régler l'affaire en se rangeant du côté de la foule puisque les soldats sont essentiellement recrutés parmi les plus pauvres de la société, chez ce genre de types que l'on voit parmi les foules en colère.

Du coup, c'est la révolution. Les dirigeants trouvent alors la terre bien petite puisqu'il leur faut bien chercher une nouvelle terre d'exil pour avoir manqué de civisme. Il arrive, malheureusement pour eux, que les rebelles se soient aussi emparés de l'aéroport. Ce qui met fin aux espérances de ces fins finauds qui voulaient jouer le jeu de la force contre les masses en mouvement qui réclament le pouvoir du peuple avec logique et véhémence.

Les libéraux peuvent bien dire ce qu'ils veulent: ils ont perdu toute légitimité en 2012.

Bien qu'ils aient été réélus, leur monde s'est écroulé il y a deux ans et ils ne le savent pas encore.

Quand un glacier dégèle, c'est difficile de le ramener à son état initial.

La chaleur, quoi qu'on y fasse, est essentielle à la vie.

mardi 20 mai 2014

Ce que j'ai vu, ce que je vois, ce que je verrais

Je suis allé à quelque part où je n'étais jamais allé en fin de semaine. Moi et ma blonde avons pris la route sinueuse qui mène à la réserve des Abénakis de Wôlinak, dans le secteur sud de Bécancour.

De me retrouver ainsi parmi mes frères et soeurs des Premières Nations m'a fait du bien. J'y ai vu tout ce qui me rattache à une part de leur histoire. Il y avait plusieurs grands et gros colosses comme moi parmi eux, avec les yeux légèrement bridés, la tête bien ronde et l'air stoïque. Je m'y sentais en bonne compagnie.

D'une vente de garage à l'autre, nous avons découvert un nouveau coin de pays à explorer à moins de dix-sept minutes de Trois-Rivières.

***

C'était hier la fête qui porte trois noms. Queen Victoria Day pour les rednecks. Fête de Dollard des Ormeaux pour l'abbé fascisant Lionel Groulx. Pour la trentaine de personnes qui dansaient des sets carrés dans le Parc Victoria de Trois-Rivières, c'était la Journée nationale des Patriotes.

Pour la plupart, c'était un congé férié, comme nous n'en avons pas assez en ce pays où règne une lamentable morale de larbins et d'oncles Tom contents de leur mauvais sort.

En ce qui me concerne, il n'y avait rien à fêter.

***

Je me demandais l'autre jour si les Libéraux eux-mêmes croyaient en leur idéologie. Le grand rêve américain s'effondre un peu plus tous les jours et tout le monde acquiert peu à peu la certitude d'avoir à vivre au sein d'institutions en perte de légitimité. Les Libéraux gèrent la business inusitée qui s'en va au diable vauvert et autres diablotins brun caca. Les Libéraux eux-mêmes savent qu'ils se mentent à eux-mêmes.

Je ne nourris pas de désespoir face à la situation actuelle puisque j'envisage sa métamorphose.

Le monde change, que nous le voulions ou non, pour le meilleur et souvent pour le pire.

L'espoir vient d'ailleurs et parfois même d'ici.

D'autres printemps refleuriront ça et là.

D'autres pissenlits repousseront au travers des plaques de béton des pyramides de gypse.


jeudi 15 mai 2014

Mon côté Sauvage

J'ai beau être un Bouchard, descendant direct de Michel Bouchard né en 1635 à Andilly, près de La Rochelle, que j'ai tout de même de l'ascendance aborigène. Vous aurez vite compris que je suis un Métis.

Ma grand-mère paternelle, Adrienne Létourneau, est une Anishnabée (Algonquine) née sur la réserve mohawk de Akwesasné.

Du côté de ma mère, je ne serais pas surpris qu'il y ait des Micmacs parmi toute cette longe enfilade de Trifluviens et d'Acadiens qui se sont accouplés les uns les autres.

Je ne suis pas très généticien mais je dirais que mon côté Sauvage domine largement mon côté Européen. Ce n'est pas que je déteste l'Europe. Mais quelque chose de moi est profondément enraciné sur l'Île de la Tortue communément appelée l'Amérique, du nom d'un Européen qui croyait avoir découvert quelque chose qui avait été découvert douze milles ans avant lui par des types comme vous et moi.

Je me sens Sauvage, au sens le plus noble du terme, au sens que l'on devine sous les mots du baron de Lahontan.

Qu'est-ce qu'un Sauvage? C'est une personne flegmatique, qui ne s'énerve pas pour rien et qui méprise l'argent, le «serpent des Français» comme ils disent entre eux, les Sauvages.

On cherche la philosophie dans les livres soir et matin chez les civilisés. Chez les Sauvages, on apprend à lire le grand livre de la nature et l'on met en pratique la simplicité. La spiritualité autochtone, sobre et énigmatique, laisse même de la place au doute.

Les Sauvages kidnappés par Jacques-Cartier furent ramenés vers la cour du Roy de France. Ils n'étaient pas impressionnés par l'or, les bâtiments et autres fioritures. Ce qui les impressionnait, c'est de savoir si la chasse avait été bonne pour le Roy. Tout le reste ne leur semblait que du blingbling.

Ceux demeurés de l'autre côté de l'Atlantique considéraient les Français comme de pauvres gus qui font des milles et des milles sur l'océan pour venir remplir leurs bateaux de morue. Comment penser que ces gars-là sont riches quand ils travaillent quatorze heures par jour pour ramener du poisson de l'autre bord? Ces mêmes gens achetaient aux Sauvages les peaux de castor qui servaient de couches à leurs bébés.

-Ils nous donnent trois colliers pour des peaux qui ont servies à recueillir de la marde! Quels imbéciles!

Vous croyez que j'invente ça? Pas du tout. Je l'ai lu ici et là. Et je ne m'emmerderai pas à citer toutes les références pour ce misérable billet écrit par un Sauvage: moi-même.





mercredi 14 mai 2014

Mes cousins Nelligan, Kerouac, Céline, Ti-Poil, Thomas Mulcair, Pauline Marois et Madonna...

J'ai effectué quelques recherches généalogiques récemment et j'ai découvert des choses surprenantes sur la lignée qui me rattache à un certain Michel Bouchard, né en 1635 à Andilly, un marais près de La Rochelle.

Michel Bouchard et Marie Trottain se sont mariés le 2 décembre 1662 à Château-Richer, près de Québec.

On compte parmi les descendants de ce couple les personnalités suivantes: Émile Nelligan, Télesphore-Damien Bouchard, Jack Kerouac, René Lévesque, Céline Dion, Madonna, Thomas Mulcair, Pauline Marois et votre humble serviteur...

Comme quoi le monde est petit...

Très petit...

Radotage sur la Basse-Ville de Trois-Rivières

La source de tout conte, pour un raconteux du coin, c'est la réalité crue.

Tout le monde sait que les Trifluviens parlent trop. C'est ce qui fait tout leur charme. J'en parle en connaissance de cause. On cause dans les quartiers pauvres. Pour les autres quartiers, franchement, je n'en sais rien. Mais dans la Basse-Ville, on cause.

On pourrait se promener avec des drapeaux rouges ou noirs dans la rue, escortés par des policiers syndiqués, et ressentir le besoin qu'on a de causer dans Ste-Cécile ou bien la P'tite Pologne. Ce n'est pas mêlant, le monde sortait sur les balcons pour applaudir les parades du Printemps Érable avec une sincérité qui faisait chaud au coeur. Je le sais puisque nous y étions.

Donc, on cause dans la Basse-Ville et on y retrouve des masses de raconteux et de raconteuses.

Évidemment, on y parle avec une sagesse et parfois une bêtise que l'on ne trouve pas dans les livres. Ce qui rend les causeries d'autant plus appréciées. Elles nous ramènent les pieds sur terre, quoi.

La réalité est crue dans la Basse-Ville de Trois-Rivières. Crue comme un quartier portuaire avec ses pirates et ses honnêtes débardeurs. Comme un ramassis d'humain jetés sur les rives de la rivière Tapiskwan Sipi et du grand fleuve Magtogoek.

C'est là d'où je viens. Et pour avoir vu ailleurs un tant soit peu, je nous trouve pas pires qu'ailleurs. Et peut-être même mieux, sans qu'il ne soit question de faire appel à ce quelconque chauvinisme de politicien poche.

Où en étais-je avec mon conte? Hum... Je l'ai oublié en cours de radotage... Tant qu'à radoter, lisez-moi ça.

mardi 13 mai 2014

Pour défaire le mythe de l'artiste paresseux

La plupart des artistes que j'ai connus n'étaient pas paresseux. Ils étaient souvent brouillons, désorganisés et rêveurs, mais paresseux? ça non.

J'en ai vu bûcher nuit et jour sur leurs instruments pour en arriver à ce qui semble simple comme bonjour, jouer une mélodie fluide sans fausses notes, comme si cela se faisait tout seul.

J'en ai vu d'autres dessiner, peindre et sculpter comme des enragés. Leurs muscles sont saillants et, croyez-moi, ils ont des nerfs d'acier. Rien à voir avec l'image éculée de l'artiste évanescent qui sombre dans la volupté d'un rêve désincarné.

L'on ne retient en fait que le cliché de l'aspirant-artiste, de «l'artiste à ses heures». L'artiste à toute heure est pourtant le seul qui s'impose en fin du compte. L'artiste qui ne compte plus son temps et qui s'adonne à l'inutilité de l'art avec la persévérance d'un prédateur. Cet artiste-là ne peut pas être paresseux puisqu'il s'agite tandis que la grande majorité de ses congénères regardent la télé ou bien jouent à quelque chose dans ce temps où ils s'avachissent une fois libérés de leurs obligations.

Non, personne ne me vendra l'idée de l'artiste paresseux.

Personne.

dimanche 11 mai 2014

Trois tableaux vendus

Trois de mes tableaux sont partis en fin de semaine. Ils ont été adoptés par de bonnes gens et ne m'en fais plus trop sur ce qui les attendent. Ils poursuivront sereinement leur aventure vers d'autres murs et d'autres cieux.

Mon exposition se poursuit au Café du Cinéma Le Tapis Rouge.

Mes pinceaux et mes plumes s'agitent en toutes les directions pour extirper de mon âme ces parcelles de bonheur qui ne viennent pas d'elles-mêmes.

Il se peut que la joie de vivre soit un antidote bien plus qu'un état d'être.

Les questions métaphysiques ne seront certes pas résolues par le Dépanneur Ti-Oui, ci-contre, ou bien La vente de garage, sur la photo qui vient ensuite.

Ces deux tableaux m'indiquent peut-être la voie à suivre. Plus de personnages. Plus d'énigmes cachées ça et là dans ces visions que je peins de mémoire, sans l'aide de photographies, de papier-carbone ou de rétroprojecteur. Je ne fais pas d'esquisse. Je peins directement sur la toile pour qu'il y ait plus de vie et moins de technique.

Cela donne ce que cela donne. C'est comme si ce n'était pas moi qui les peignais. C'est comme si les pinceaux me menaient. En fait, j'entre presque dans une transe quand je peins. Une transe qui n'a va pas plus loin que le plus pur plaisir de déjouer le quotidien pour mieux le magnifier. Merci à vous tous et toutes de m'inspirer ces visions d'un monde plus poétique




jeudi 8 mai 2014

Sans titre


Cette toile va me quitter aujourd'hui. J'ai pris une photo en catastrophe pour en conserver le souvenir.

Je n'y ai pas donné de titre. Elle s'appelle donc «Sans titre». Aux nouveaux propriétaires d'y trouver une appellation, une rêverie, un rien qui n'a pas d'autre but que de ne servir à rien. Bref, c'est une oeuvre d'art. C'est sorti de ma tête sans réfléchir. Et ça m'a donné une femme couleur café qui danse un mambo en solo en se passant une serviette autour du col pour se conférer un côté sensuel ou bien énigmatique.

C'est tout pour aujourd'hui, à moins que je ne trouve quelque truc à vous communiquer, comme la publication de ma dernière lettre d'opinion dans un journal...

mercredi 7 mai 2014

À la fucking justice!!!

«Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés...»

Je récite de mémoire l'évangile de Mathieu. Je suis trop lâche pour vérifier la référence exacte. Google me dit que c'est Mathieu, chapitre 5, verset 6. 

Je m'accroche à cette phrase ce matin comme je m'y suis accroché depuis ma tendre enfance.

Le Jésus de mon enfance, sous l'influence de mon père, était bien plus près de Michel Chartrand que d'une quelconque charogne de l'Église qui baise des enfants et vote conservateur.

Ce qui fait que j'ai délaissé l'Église, Dieu et ses saints reproduits en série pour nous faire douter de la justice.

Pourtant, les mots sont demeurés dans ma mémoire. Le Verbe s'est fait chair. In principio erat verbum et verbum erat apud deum... 

J'ai beau avoir chassé le surnaturel de mes idées qu'il revient parfois au galop, comme une consolation, pour m'aider à croire qu'il sera un jour plus facile à un chameau d'entrer par le chas d'une aiguille qu'à un riche de se cacher de ceux qui n'ont pas connu le paradis de leur vivant.

D'une digression à l'autre, ma mémoire n'est pas toujours solide.

Je me souviens vaguement d'un dirigeant athénien qui avait condamné un riche à balayer les rues d'Athènes après l'avoir dépossédé de sa fortune pour la remettre au peuple affamé. Il me semble que c'était Périclès mais je n'en suis pas certain. J'ai beau googlé que je ne trouve rien.

Cela dit, les antiquités vivent en moi comme une consolation.

Je trouve dans l'histoire toutes sortes de raison de m'inquiéter et, paradoxalement, toutes celles qu'il faut pour ne pas m'en faire. 

Le monde va changer, inexorablement.

Que nous le voulions ou pas, Héraclite remarquait que l'on ne se baigne jamais deux fois dans les mêmes eaux d'une rivière.

Où veux-je bien en venir?

À la justice pardi!





lundi 5 mai 2014

À propos de la magie qui s'évapore et des personnalités fortes



On entend souvent dire chez les organisateurs électoraux de la droite que le bon peuple nécessite des «personnalités fortes» comme le maire Untel. La maire Untel qui, comme tout le monde le sait, est un démagogue de fond de cour. Il s'adresse aux bas-instincts de son troupeau pour satisfaire les désirs de ses maîtres tout en haut de la pyramide. Il prend la pose du gars rough and tough mais, dans les faits, c'est un pauvre type qui jappe comme un caniche dont on pourrait se débarrasser d'une chiquenaude en d'autres temps et d'autres mœurs.

Comme la mode est aux «personnalités fortes», les médias et les maîtres des nouvelles n'en ont que pour les grosses mâchoires carrées qui gueulent comme des ignorants anxieux et effrayés au moindre coup de vent.
Ces «personnalités fortes» sont intrinsèquement des larves lorsque l'on dissipe l'écran de fumée derrière lequel ils se cachent comme autant de magiciens d'Oz. Ils se donnent des airs de grandeur à défaut de l'atteindre par l'esprit. Ils duperont les spectateurs jusqu'à l'effondrement de leur magie.

Ce n'est pas pour rien que Hitler s'en remettait à la magie. Cette «personnalité forte», élue démocratiquement par d'honnêtes Allemands, n'était en fait qu'un avorton au plan spirituel. Ce raté ne pouvait que s'en remettre à la magie, aux activités récréatives en commun et aux jeux pour se donner des airs de Grand Chef porté sur un bouclier par sa horde d'esclaves.

***

Évidemment, la magie finit toujours par s'évaporer.

Il vient toujours un temps où la «personnalité forte» se retrouve tout nu comme dans Les habits neufs de l'Empereur de Andersen.

Tout nu avec sa mâchoire carrée et ses billevesées de «personnalité morte».

Tout nu comme un ver.

Tout nu comme un con.


dimanche 4 mai 2014

Le règne du rire amer et de la rage à l'UQTR



C'est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et l'objet du mépris,
De se savoir un coeur et de n'être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d'orage!
Émile Nelligan, La romance du vin

L'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est un promoteur immobilier de la région qui fait semblant d'offrir du savoir pour mieux vendre des pyramides de gypse.

En ce moment, les autorités de l'UQTR ont fait savoir leur intention d'investir dans la construction d'un Colisée sur le campus de l'université. En plus d'abattre mille arbres pour rien, cette décision n'a rien à voir avec la mission d'une université. À moins qu'elle n'en ait pas. Il est vrai que Rabelais, Thomas More ou bien Érasme ne sont plus à la mode...

On peut très bien débarrasser l'UQTR de la musique, de la théologie, de la philosophie, voire de tout ce qui ne se rapporte pas au sport ou bien aux pilules. L'UQTR survivra bien à tout ça si les jeux continuent. C'est ce qu'ont compris les promoteurs de l'UQTR. D'où leur saccage éhonté de l'institution. Les invasions barbares se poursuivent. Bientôt, tout se réglera sur la patinoire en laissant tomber les gants.

Pour les autres, il restera toujours les bibliothèques publiques et l'Internet, mince espoir d'assurer la transmission du savoir dans un trou reculé comme le nôtre où l'on bande sur le hockey, le vroumvroum des grosses totos et les monuments au kitsch de son élite pas très reluisante.

Ça fait dur à Trois-Rivières. Tout le monde le sait. Ce qui en fait l'endroit rêvé pour détruire n'importe quoi n'importe comment. Un stencil qui tient lieu de fresque, un escalier ici, un amphithéâtre là-bas et les niaiseries suivent leur cours, menaçant d'annihilation les deux pelés et trois tondus qui défilent en colère dans nos rues. Ils peuvent bien gueuler que Trois-Rivières est une sale ville malgré tous les efforts déployés par les gentils organisateurs électoraux du Club Merde local pour jeter ce parfum de push-push cheap sur sa séculaire odeur de soufre et de putréfaction politique.

Évidemment, la rectrice de l'UQTR et ses fidèles molosses se chargeront de faire taire les vieux messieurs et vieilles madames qui ne sortent pas leur revolver quand ils entendent le mot culture. Au diable ces professeurs Tournesol et autres intellectuelles à lunettes qui ne comprennent rien à l'économie du savoir!

Il faut économiser sur le savoir pour bâtir un Colisée sur le campus. On ne rase pas mille arbres pour apprendre quelque chose. On ne fait pas de l'argent autrement qu'en élaborant des projets de fous qui ressemblent follement à des chèques en blanc.

Pourtant, mille arbres et sans doute autant de citoyens vous regardent, mesdames et messieurs les promoteurs de hockey de l'UQTR, faussaires de l'institution universitaire, marchands du temple et majorettes d'une économie de la déchéance intellectuelle. Laquelle est élevée au rang des plus hautes vertus parmi ceux et celles qui n'ont pas de classe.

C'est à en chier par terre.

J'ai vraiment honte pour l'UQTR.



Gaétan Bouchard
Bachelier en philosophie (1992)
Université du Québec à Trois-Rivières




jeudi 1 mai 2014

Premier Mai Fête internationale des travailleurs et travailleuses



 C'est aujourd'hui le Premier Mai, Fête Internationale des travailleurs et travailleuses. Hommage à tous ceux et celles qui ont combattu, combattent et combattront le capitalisme.