Je suis d'accord avec les conclusions auxquelles arrivent Louise Leduc pour cet article paru dans la Cyberpresse. Les enfants des Autochtones doivent dormir en toute quiétude dans leurs familles et non chez les Blancs. Certains Autochtones, comme certains résidents des quartiers pauvres, manquent tout simplement d'éducation, quelle qu'elle soit. On laisse grandir les pauvres comme des quenouilles, le bord du fossé, sur les autoroutes.
Un des problèmes majeurs, dans un cas comme dans l'autre, c'est toujours le manque de ressources scolaires. L'État offre parfois le seul endroit où il soit possible pendant huit heures de traiter tout le monde sur un pied d'égalité. Cela dit, notre modèle d'enseignement comporte des failles, dont la plus grande est sans doute le manque de ressources pour détecter des maladies toutes bêtes comme la dyslexie, entre autres. Notre mode conventionnel d'enseignement ne fonctionne pas pour un dyslexique, comme pour un aveugle. Ce n'est pas que l'un et l'autre manquent d'intelligence. Ils doivent apprendre en tirant profit de leurs forces. Et notre culture fondée sur l'écrit ne convient pas a priori pour un aveugle ni pour un dyslexique.
Je progresse dans ma lecture de La galaxie Gutenberg de Marshall McLuhan. Malgré le ton platement universitaire de l'ouvrage, il s'en dégage pas moins des éléments de réflexion intéressants pour mieux comprendre les modes de transmission du savoir dans une culture sans alphabet comme dans une culture alphabétisée. La culture des pauvres est toujours tenue à l'écart de l'alphabet. Mon grand-père maternel était un analphabète d'ascendance française, micmac et algonquienne. C'était loin d'être un idiot. Sa connaissance du monde passait par d'autres voies. Peut-être qu'il était dyslexique. Il n'y avait pas d'orthopédagogues dans les années '20.
Il y en a de nos jours, des orthopédagogues, mais il en faudrait plus. S'il y avait plus d'orthopédagogues je soupçonne qu'il y aurait moins de monde dans les prisons. La voie qui mène à la prison débute par le décrochage scolaire. Le décrocheur, qu'il soit Blanc ou Autochtone, s'en va au gré du vent dans un monde qui ne lui fera pas nécessairement de cadeaux. Il n'a pas eu accès au savoir et tient la loi pour une vague punition scolaire.
L'école est le lieu ultime de la solidarité pour une société vraiment démocratique.
C'est là que tout peut et doit se jouer.
CONNAISSEZ-VOUS LES IKS?
J'ai longuement réfléchi sur l'impact négatif que peut avoir une civilisation conquérante méprisante envers une civilisation vaincue et traiter comme telle.
Le meilleur livre que j'aie trouvé pour mener mes réflexions, eh bien je dirais que c'est Les Iks - Survivre par la cruauté en Ouganda, de l'anthropologue Colin Turnbull.
Les Iks sont une tribu d'Ouganda qui n'ont connu la civilisation moderne que dans le tournant des années '40.
Avant l'arrivée de la civilisation moderne, les membres de cette tribu vivaient dans des huttes placées en cercle. L'ordre et la sécurité régnaient dans cette structure sociale fondée sur des rituels où apparaissaient aussi des formes connues de gentillesse et de politesse. Dès que le monde moderne a touché les Iks, tout est devenu progressivement un enfer au sein de cette communauté.
L'alcool et l'argent ravagèrent, en moins de dix ans, la tribu des Iks.
Désormais, les huttes étaient construites à l'écart l'une de l'autre, chacun vivant dans la crainte d'être volé par un autre membre de la tribu pour qu'il aille s'acheter de la boisson.
Le taux d'infanticide augmenta.
Les vieillards furent délaissés, alors qu'avant l'on prenait soin d'eux.
Dix ans et cette tribu était enfin civilisée...
Je ne prétends pas faire renaître le mythe du «bon Sauvage» de Jean-Jacques Rousseau. Il y a des trucs qui ne me reviennent pas dans tous les types de modèles sociaux, même les plus primitifs.
Cependant, les faits ne trompent pas.
Les Iks sont passés d'une société qui prenait soin de ses vieux à une société de caves qui ont peur de se faire voler et laissent crever leurs vieux dans la solitude, pour mieux jouir tout seul de son côté, avec sa boisson ou ses breloques.
Il y a franchement un hic.
Vivement les Iks d'antan.
Nous étions guerriers, nous étions Iks, j'étais algonquin...
Kwé kwé.
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