J'ai quelques manifs dans le corps depuis ma première manif estudiantine en 1982. C'était pour l'augmentation de la note de passage. Elle passait de 50% à 60%. Mon score tournait autour de 95%. N'empêche que je me sentais solidaire avec mes chums qui avaient un score de 59%. Les étudiants s'étaient passés le mot de tous sortir de l'école en même temps à midi et demie, avant la reprise des cours. Les agents de sécurité nous barraient le chemin. La radio étudiante a fait jouer Revolution des Beatles sur le campus de l'école-polyvalente Ste-Ursule. Puis nous avons foncé sur les agents de sécurité qui n'ont pas eu d'autre choix que de se tasser devant ces centaines de blancs-becs enragés qui s'en allaient dire leur façon de penser aux bureaux de la Commission scolaire de Trois-Rivières. Les pompiers y ont été appelés en renfort pour éteindre le feu. Ils nous ont arrosé. Puis nous nous sommes dispersés dans les parcs environnants en savourant cette défaite qui se transformait en congé spontané.
Se sont ensuite greffées à mon expérience de militant tout plein de manifs, souvent moins spontanées, et parfois plates.
Les pires manifs sont celles qui sont trop bien organisées. Les manifs où leaders et les cheufs se succèdent au micro conservent toujours un arrière-goût poche. Elles manquent de feu et d'originalité. On se prépare quarante-cinq jours à l'avance pour ces démonstrations souvent nécessaires, mais combien décevantes du point de vue de la chaleur humaine qui se dégage des petites manifs désorganisées, comme du temps de la polyvalente...
On se donne rendez-vous à un point x sur Facebook. On se retrouve deux, trois, quarante-neuf personnes. Puis on y va à la fortune du lot. On fait un cercle et on discute de ce que l'on va faire. Il n'y a pas un hostie de chef. Ma voix ne pèse pas plus fort que celle d'autruis. Personne n'est porte-parole. Tout un chacun est libre et souverain de manifester comme il le veut. Il peut se déguiser en banane ou bien en Jean Charest. Il peut gueuler va chier charogne. Il peut brandir une pancarte, arborer un carré rouge, porter un drapeau pirate.
Les plus belles manifs que j'aie vécues, en fait, sont les trois dernières manifs nocturnes TR-ès engagées de Trois-Rivières. C'était toujours spontané. Sain. Sans fucking discours.
Être seulement là pour dire non. Pour résister. Pour refuser les derniers stratagèmes qu'a trouvé ce gouvernement corrompu pour matraquer les fils et les filles du peuple. Pour dire non au capitalisme sauvage et au fascisme. Pour dire oui à la dignité et au respect de l'être humain en toutes circonstances. Pour dire oui au bien commun.
C'est rafraîchissant de se sentir libre parmi tous ces gens libres.
Rafraîchissant comme un vent de liberté. Comme la promesse d'un inéluctable changement social qui mène à la chute du tyran et de ses complices.
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