C'était vraiment un hostie de cave. On ne sait pas combien de raies il avait léchées pour en arriver à se trouver tous ces postes éminents. Des tas de raies sans doute.
Ré, comme on l'appelait, ou bien Raie, c'est selon, eh bien c'était une vraie limace gluante avec un cou de dinde flasque et des épaules de pas fait fort. Il avait une voix très grave pour ceux qu'il considérait comme étant ses inférieurs dans la vie. Pourtant sa voix devenait fluette quand il se perdait en compliments pour ses supérieurs. Un vrai licheux de cul je vous dis.
Raie, c'était le gars qui narguait les pauvres, les laids, les gros, les femmes, les jeunes, les vieux, alouette! Et qui cheminait comme une flèche vers le sommet de l'échelle sociale pour cette manie qu'elle a de ne servir que ce qu'il y a de plus pourri. Tout ça pour décourager les autres d'en vouloir plus de ce sale monde.
Raie avait débuté sa carrière dans le corps enseignant, à l'époque où ils engageaient n'importe qui, dont ceux qui ne font que des fautes d'orthographe. C'est pas que j'en aie contre eux. Mais il faut dire qu'on aurait pu s'attendre à quelque chose de mieux d'un professeur de comptabilité. Surtout qu'il bossait à l'université...
Cet hostie de Raie avait néanmoins la perspicacité de la charogne pour se jeter sur un corps mort et mettre en pratique des valeurs répugnantes qui contribuaient à son élévation sociale. Aussi, l'hostie de cave devint directeur du département. Puis recteur. Puis ministre. Et remarquez bien que Raie était demeuré tout au long de sa carrière le plus parfait imbécile qui soit.
Ah! Toutes ces phrases flatulentes qu'avaient dû endurer ses secrétaires! Ils les répétaient encore au conseil des ministres.
-Ma grand-mère disait... dis-moé-lé pas j'veux pas l'savouère! haie! haie! qu'il couinait, cet hostie de plate, immonde réservoir de jokes poches et de niaiseries pour mononcle qui sent la naphtaline.
Ces secrétaires, des gens brillants, qui écrivaient sans faute, tous les putains de jours de l'année, eh bien ils le regardaient tous avec ce regard vague qui prouvait qu'ils étaient ailleurs, toujours.
L'hostie de cave avaient des idées bien arrêtées sur le monde. Raie n'avait jamais voyagé ailleurs que dans des Club Merde. Il mangeait des légumes en canne. Des fruits en canne. Du voyage en canne.
Et Raie prétendait pouvoir faire la leçon aux étudiants, aux citoyens, au monde entier.
-Un jour... Je serai Premier Ministre! qu'il se disait dans ses rêves en se caressant, Raie, ce fucking crosseur.
Et il crossait, Raie, avec son gouvernement de crosseurs. Il vendait la province pour encore moins cher que ne le faisait Duplessis dans ses pires moments. Il votait toutes sortes de niaiseries, comme détourner l'argent du peuple vers les grosses compagnies qui fourrent le peuple à tour de bras. Moins d'argent du peuple pour les pauvres et tout l'argent du peuple pour les riches! Plus cave que ça, tu meurs. Mais le monde n'est pas seulement composé de gens intelligents. Sinon Raie n'aurait jamais reçu son diplôme.
Et il espérait une meilleure place. Des billets pour Las Vegas.
Raie était encore victime de son hostie d'avidité sale. Et ça lui faisait perdre l'essentiel.
Tu peux crosser le monde de temps en temps. Mais tu ne peux pas crosser le monde tout le temps. C'est Bob Marley qui chantait ça dans Get Up Stand Up. Une hostie de bonne toune, sérieux.
Ça fait que Raie est vite arrivé à la fin de sa carrière.
Il a monté vite pour redescendre tout aussi vite dans le trou.
Pauvre cloche. Il était pourri en comptabilité. Pourri comme professeur. Pourri comme recteur. Et pourri comme ministre.
Raie a été l'un des premiers rats à quitter le navire quand son gouvernement subit sa chute. Raie souhaitait récupérer sa mise, comme l'hostie de frimeur qu'il a toujours été. Peut-être pouvait-il se placer les pieds dans la fonction publique ou dans quelque poste honorifique avant la grande débâcle... Mais non! Tout lui était bloqué. Comme si plus personne n'avait besoin d'une grosse ploye.
Misère de misère. Raie va sans doute finir commère au canal Vé.
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