mercredi 16 mai 2012

La civilisation de la matraque

Qu'est-ce que la civilisation? C'est essentiellement matraquer une foule.

Rien n'est plus près de la civilisation que de matraquer son propre peuple.

Les Incas étaient civilisés, par exemple. Ils bâtissaient des pyramides et sacrifiaient des êtres humains. Il y avait du sang tous les jours. Donc: civilisation.

Les nomades n'étaient pas civilisés. Ils ne faisaient de mal à personne. Ils prenaient soin de leurs enfants et de leurs vieillards. Ils s'aimaient, comme tous les crottés de la terre peuvent s'aimer et s'émouvoir du sort des fleurs ou bien du grand fleuve.

On n'imagine pas un Iyéyou (Cri) poivrer ou matraquer les écoliers. Ils doivent simplement s'asseoir et jouer du tamtam avec eux quand les écoliers en ont ras le pompom. Ce n'est pas une civilisation, c'est encore mieux: un art de vivre. Ils sont les gardiens de la nature. De l'argent, ça ne se mange pas. Tout ce qui vaut quelque chose se mange. Ils sont très pragmatiques en quelque sorte.

Les Québécois sont civilisés puisqu'ils ont un Premier Sinistre qui fait matraquer son propre peuple, arracher des yeux, blesser plus de cinq cents personnes, arrêter plus de citoyens que lors de la Crise d'Octobre de 1970... On bâtit des pyramides tous les jours. On sacrifie des humains, des petits employés qui n'ont ni santé, ni sécurité et ni démocratie au travail. Quelle belle civilisation!

Finalement, je vais peut-être me retirer dans le Grand Nord. Je pourrais profiter de mes racines d'Anishnabé pour me fondre aux Cris et aux Inuits, pour combattre avec eux le Plan Nord et les méthodes de gouvernance fasciste de ce gouvernement corrompu.

Je suis dégoûté par ces injonctions de la cour, ces flics armés jusqu'aux dents et surtout ces pyramides de gypse, amphithéâtres et colisées que l'on nous bâtit en pleine face pour générer des contrats pour les petits amis.

J'ai cette image forte d'une fille de quinze ans toute en rouge. Elle scande qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia. Elle n'est pas armée. Elle ne dit que la vérité crue. Elle a mille fois plus de courage que André Pratte, Richard Martineau, Éric Duhaime, Mario Roy, Alain Dubuc et autres mercenaires du capitalisme sauvage n'en auront jamais. On matraque peut-être cette fille de quinze ans, en ce moment même. Elle n'est pas armée... Elle ne dit que la vérité crue... Tandis que La Presse prépare un bel éditorial sur le sens de l'ordre et de la soumission...

L'empereur est nu. Tout le monde le sait. Il n'y a plus rien à dire. Chapleau peut abandonner son crayon de caricaturiste, complètement désabusé.

Peut-être que l'action est-elle plus salutaire que les mots ou les petits dessins.

Mes mots ne valent pas grand chose, j'en conviens. Je n'avais pas le goût de dessiner non plus.

Si c'est ça leur civilisation, je prie Kidjé Manitou qu'il fasse de moi à jamais un Sauvage. Mes racines aborigènes me sont d'autant plus précieuses qu'elles m'éloignent de la civilisation de ces wendigowaks cannibales qui dévorent leurs propres enfants.

Honte à ceux qui écrasent les fleurs.

Honte à ceux qui arrachent les ailes des mouches.

Honte à ceux qui blessent pour rien leurs frères et leurs soeurs humains.

Iro. J'ai dit.

4 commentaires:

  1. Ouin, ben là j'suis pas mal pressé, mais je le relis encore en revenant...en attendant je te dis que ça se pourrait bien qu'on se voit à quelque part dans le Grand Nord cher Makwa...!
    :¬)

    "Vive la Sylvilisation!", comme dirait un ami.

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  2. L'enfer de Dante, un Européen, passait par la sylve obscure. Pourtant, peut-être à cause de mes racines autochtones, j'ai toujours ressenti une grande paix en forêt. Rien n'est plus infernal qu'une ville qui vit au rythme de l'homme-machine réifié et vide.

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  3. Vive la sylvilisation, même si c'est pas mal long à expliquer pour ceux qui ne savent pas vivre...

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  4. Je voudrais pas avoir à vivre ne serait-ce qu'une minute dans la peau de ce Dante...ça, ça doit être quelque chose comme leur enfer...

    En fait, je te dirais que cette soi-disant société au sein de laquelle j'ai vécu les quarante cinq dernières années ressemble énormément à certaines de leurs descriptions de leur enfer...

    Pas évident de sauvegarder notre belle sylvilisation, mais content de connaître l'existence d'au moins un Makwa qui vive dans le coin des Trois Rivières et qui s'efforce de la perpétuer...

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