C'est sans doute un lieu commun mais je m'en voudrais de ne pas en faire l'exégèse: le cerveau est un muscle qu'il faut entretenir tout autant que nos mains et nos pieds.
Rien n'est plus passionnant que de repousser toujours plus loin les limites du monde visible et invisible.
Là où d'aucuns s'arrêteraient avant que d'attraper la migraine ou bien le désespoir il faut y trouver un tremplin vers l'amour de la connaissance.
Pour empêcher les questions de fuser ça et là, on peut évidemment courir quelques kilomètres, boire, manger et dormir le temps que le corps absorbe ce que le cerveau se refuse à digérer.
On peut même s'en foutre carrément, s'enfermer dans une routine et se dire que l'on a trouvé un point final à toutes les questions que l'on ne souhaite plus se poser.
Des questions comme celle de savoir ce qu'il y a dans ce trou noir autour duquel tourne la Terre, le Soleil et tout le reste de notre galaxie. Oh! J'en vois déjà qui baye aux corneilles.
-Allons donc! On ne passera pas sa vie à se casser la tête pour si peu!
Ils ont peut-être raison. Je vais revenir à ma routine, moi aussi. Et délaisser les trous noirs et autres spéculations à propos de l'astrophysique, un domaine que je visite en dilettante, comme un enfant parmi des tas de jouets bien trop compliqués pour son âge.
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J'ai poursuivi ma lecture des nouvelles du grand Tchekhov.
Tout mon idéal en littérature trouve sa source chez les nouvellistes russes.C'est une question de goût, d'attitude envers la vie.
La littérature russe se caractérise par l'omniprésence du spleen, du cirque social, de l'exaltation amoureuse, des grandes questions existentielles et des non moins grandes questions sociales. Vous variez les quantités des ingrédients et vous avez Gogol, Tourgueniev, Dostoïevski, Tolstoï ou Chalamov.
Tchekhov piétine le spleen de la génération littéraire qui l'a précédée et il vise un au-delà moins trafiqué, plus vrai, et surtout plus impur. Il critique aussi la génération littéraire qui pousse.
Pour la résolution des grandes questions sociales, Tchekhov croit au rôle de l'individu, essentiellement, et il n'attend rien de quiconque quand il s'en va en Sibérie pour soigner des déportés. Il ne prêche pas. Il rapporte les faits, simplement, comme une personne imputable devant ses soeurs et frères humains. Le docteur Tchekhov, tuberculeux, soigne ses malades sans se faire payer et gagne sa vie, finalement, en vendant des récits ça et là. Il ne prophétise pas, Tchekhov, non. Il agit pour que ça change vraiment et tout de suite avec une urgence de vivre qui mérite tout mon respect.
Il craint la chasteté et la pureté bien plus que la débauche et les travers humains qui, somme toute, font peut-être plus de bien à l'humanité qu'on ne le croie. Et il est sans doute chaste et pur... comme sa prose.
C'est là qu'il est fort, Tchekhov, dans ce refus de se fondre à une morale d'autocrate qui répète l'exemple de Saturne en dévorant tous ses enfants.
Il aime bien plus l'humanité que Tolstoï qui prétendait la changer. Tchekhov la prend telle qu'elle est, l'humanité. Jamais tout à fait bonne. Jamais tout à fait mauvaise. Il chemine parmi tout ce beau monde sans préjugés, avec la curiosité d'un enfant qui souhaite tout apprendre de la vie.
Tchekhov n'a pas écrit de roman. Pour les mêmes raisons que je n'en écrirai jamais. Il préférait les histoires courtes. Maupassant le ravissait. Tchekhov aurait pu écrire Boule de suif.
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Mon cerveau s'est suffisamment entraîné aujourd'hui. Je retourne à mes étoiles. Ciao!
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