mardi 3 juin 2008

Djo-Deux-Notes

Les oiseaux chantaient dès quatre heures ce matin. Mon arrière-cour ressemble de plus en plus à un sous-bois. Les arbres ont poussé leurs branches encore plus loin ce printemps et cette année la lumière du soleil couchant pénètre à peine dans la chambre et l'atelier. C'est reposant, sauf le matin, vers quatre heures, où tout ce qui siffle et roucoule semble se donner rendez-vous.

Il y a d'abord cet oiseau, un mésange selon mon beau-frère ornithologue amateur, qui ne siffle que deux notes, d'où son surnom de Djo-Deux-Notes. Wii-wou! siffle-t-il toute la journée.

À quatre heures ce matin, j'entendais wii-wou, twip-twip-twip-twip, tou-twi-ti-toupe, pwap-pwap-pwip, miaou et prout.

Plus moyen de me rendormir.

-Ça doit être ce sacrement de Djo-Deux-Notes avec sa bande de drôles d'oiseaux, me dis-je tout en combattant une migraine matinale.

-Ferme la fenêtre, 'bé... m'a dit ma blonde, elle aussi perturbée par Djo-Deux-Notes et ses volatiles persifleurs. (Les oiseaux peuvent-ils médire? Grande question philosophique ou... persiflage anthropocentriste sur les oiseaux?)

J'ai fermé la fenêtre de la chambre puis, comme j'avais un peu mal à la tête, je suis passé du côté de mon atelier. Je me suis assis sur le divan, après avoir fermé la porte puis ouvert la fenêtre, histoire de sacrer un peu après Djo-Deux-Notes.

-Ta gu'y'eule, Djo-Deux-Notes, crié-je silencieusement. Ta gu'y'eule...

-Wii-wou! Wii-wou! Wii-wou!

-Asti qu'le soleil se lève de bonne heure cette année...

Évidemment, la migraine nuisait à mon intelligence. Je me doute bien que le soleil se lève sensiblement au même moment depuis quelques millions d'années. À moins que la Terre ne tourne pas autour du soleil et que nous vivions sur le dos d'une mékinak, une tortue dans la langue anishnabeg (algonquin).

-Wii-wou! Wii-wou!

Djo-Deux-Notes, au moment où j'écris ces lignes, n'a pas encore décroché. J'espère qu'il va finir par remporter quelques résultats auprès de la femelle mésange convoitée, histoire qu'il se fatigue un peu et nous laisse dormir le matin.

Djo-Deux-Notes n'est pas un ange. Il tient ses deux notes, le mésange, et peut-être que tout le quartier souhaite les lui faire ravaler.

À moins qu'il ne se laisse attendrir un peu, comme moi, qui ne lui en veut pas tant que ça tout compte fait. Au fond, j'aime mieux entendre siffler Djo-Deux-Notes que d'entendre des crétins ahuris rouler à pleine vitesse dans une zone limitée à 30 kilomètres heure, avec le système de son dans le prélart pour bien dégoûter des milliers de concitoyens. Ce type-là me fait bien plus chier que Djo-Deux-Notes et menace bien plus ma quiétude d'esprit qu'un petit mésange pas dangereux pour deux sous qui siffle avec ses potes.

1 commentaire:

  1. Moi aussi, je préfère les mésanges aux bons diables qui surchauffent sous leur casque de moto.

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