dimanche 29 juin 2008

LES POUILLEUX & LA CRISE DU LOGEMENT



Le bulletin de nouvelles de LCN présentait ce matin un gros con dans son gros char. Le gros cave, un repus au crâne dégarni, s'en prenait aux participants d'une manifestation pour le logement social qui obstruaient certaines rues du Vieux-Québec. La grosse barbote devait attendre dans son gros char que la manif soit terminée. Ça le mettait en furie.

-R'gardez-moé ça! C'est toute des pouilleux, disait le gros sans-dessein. Qu'ils aillent se trouver une job pis ils vont en avoir un logement!

Fin de la citation. Zoom sur une tronche de connard. Quelques flashes sur des manifestants déguisés en Sol et Gobelet. Un type qui déclare, du haut d'une tribune, que le gouvernement Harper est arrogant, méprisant et tout le reste. C'est un ancien stalinien. Enfin! J'espère juste qu'il n'est plus stalinien... S'il se contente d'être pour les pauvres, je lui pardonnerai volontiers son passé, comme je me suis pardonné mon passé de trotskiste. Je le préfère encore au gros cave, dusse-t-il croire qu'il faudrait établir la dictature du prolétariat. Je me dis que le fond de son coeur est peut-être bon, même si sa tête raisonne mal. Pour ce qui est du gros cave dans son char, je n'ai pas de bons mots pour lui. Sa tête est à l'image de son coeur.

Le gros cave n'est pas un pouilleux. Il roule dans son gros char, habite une grosse maison, et écraserait n'importe quel pauvre qui se trouverait sur sa route si ce n'était pas de ces stupides lois socialistes qui briment la liberté d'un Nord-Américain moyennement ignorant qui fait un peu de cash.

Les manifestants me semblaient plus articulés et plus éduqués que la grosse foirasse assis dans sa grosse caisse qui les traitait de pouilleux. Plus sensibles aussi. J'ai beau ne pas avoir d'atomes crochus avec les communistes que je me sens bien plus près d'eux que je ne me sens près des gros hosties de caves.

La pauvreté n'est pas une affaire de décision personnelle. Pour qu'il y ait un riche, la logique même veut qu'il y ait des dépossédés. Je ne suis pas léniniste, loin de là, mais quand il disait que «le capitalisme c'est une personne qui rit pour quatre-vingt-dix-neuf qui pleurent» je ne crois pas ce ne soit qu'une vision déformée par l'idéologie. C'est un fait.

L'accès à la propriété privée pour le peuple, c'est un mythe. La plupart des pauvres naissent pauvres et crèvent pauvres. On les traite de parasites et quand c'est le temps de défendre les droits et libertés de tout le monde, ce qui peut inclure celles des riches, ce sont eux que l'on envoie au front.

Chaque matin, je vois des pauvres devant le bureau de recrutement de l'armée canadienne. Ils vont risquer leur vie pour un système qui ne leur propose que le champ de bataille pour se tirer de la misère, du chômage, de l'absence d'horizons, de rêves, de perspectives.

Ils accèdent à un logement social, une caserne, où ils doivent frotter le plancher avec une brosse à dents et cirer leurs souliers jusqu'à ce qu'ils puissent s'en servir de miroir pour se raser à zéro tout le poil qui dépasse des épaules. Parce qu'on n'aime pas les pouilleux dans l'armée.

Le logement social, pour un conservateur ou bien un adéquiste, ce n'est pas seulement la caserne. C'est aussi la prison. Voyez-vous, il faudrait plus de prisons pour les pouilleux. Encore plus de prisons que d'habitations populaires. Au lieu d'investir dans l'amélioration des conditions de vie des pauvres, on va les traiter de pouilleux et leur offrir une shitty job à vie, l'armée ou la prison.

Le hic, c'est que les pauvres forment une masse critique de militants mobilisables à tout moment pour réagir aux propos des gros caves.

Plus les gros caves en mettent, plus les pauvres remplacent les petites lattes de bois pour des deux par quatre pour y brocher leurs pancartes.

Cela fait des manifs toujours plus musclées, contre lesquelles un politicien stupide ne peut qu'espérer la pérennité de cette bonne vieille tradition d'obéissance des agents de la paix syndiqués... ou des soldats, qui proviennent majoritairement des mileux pauvres.

S'ils n'obéissaient plus, ces mecs, le pouvoir perdrait la face. C'est arrivé de temps à autres dans l'histoire. On appelle ça une révolution. Et ce n'est jamais jojo une révolution. Tout le monde y perd, même les pauvres, même les riches.

Voilà pourquoi je prétends que la société a plus à craindre des gros caves que des communistes.

Ces épais de conservateurs nous précipiteraient dans une guerre civile juste pour une question d'orthodoxie politique ou économique. Au contraire des libéraux, les conservateurs sont des idéologues accomplis, pas très souples, et déconnectés de leur communauté.

Les libertariens, les conservateurs et les trippeux d'économie ne font qu'accentuer les problèmes sociaux et nous rapprocher dangereusement d'un point de rupture radicale avec nos institutions.

Je ne suis pas communiste, mais je privilégie de loin des mesures socialistes en matière de logement plutôt que les lois stupides du marché, lesquelles relèvent essentiellement des gros caves inconscients qui se foutent totalement de leurs locataires.

Le mythe du mauvais locataire, je peux vous le défaire en moins de deux en vous présentant des cas réels de proprios pleins de marde qui savent qu'on peut faire de la piastre avec de la misère, autrement il n'y en aurait pas autant à jouer au Monopoly avec la vie des gens.

Des proprios qui ne rénovent jamais et se contentent de collecter l'argent de leur loyer, ce n'est pas un mythe. Surtout dans les quartiers pauvres, où ils peuvent se donner l'excuse que ce ne sont que des pouilleux...
Debout les pouilleux! que j'ai envie de hurler en pareille occasion.

Debout, les damnés de la terre?






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