lundi 2 juin 2008

THÉORIE SUR L'ART ET POURQUOI JE SACRE DANS MES BILLETS


Gaétan, Esquisse 7, acrylique et stylo-bille

Il n'y a qu'une seule bonne théorie en art: celle qui est propre à l'artiste, celle qui lui sert de charbon pour produire son art. Je dis ça comme si j'y connaissais quelque chose... Hum! J'aime lancer des phrases sans réfléchir. Je me débrouille ensuite pour les justifier, à moins qu'elles soient injustifiables, alors j'avoue sans vergogne ma bêtise et je m'en contre-calice aussitôt. Je vis, autant que faire se peut, sans remords ni ressentiment. Je me suis tout pardonné, un jour. Au fond, je suis un chic type et mes théories sur l'art, qu'elles soient personnelles ou pas, qu'est-ce qu'on en a à foutre, hein? Nenni. Mieux vaut mettre en ligne mes esquisses. Dont ce trompettiste, ci-dessus, qui m'inspire à partager aussi ce petit bout de musique, avant que de m'avancer un peu plus dans mon épître électronique.

Bon, revenons à la théorie sur l'art, juste pour se déplier les doigts un peu sur le clavier. Je sais d'avance que je vais écrire une connerie. Comment peut-on expliquer ce qui se passe d'explications, l'art, et pourquoi sachant cela je me répands en mots fastidieux pour donner du corps à mon refus du vocabulaire pour transmettre quelque chose qui ne s'explique pas: asti! j'ai juste dessiné un trompettiste au fond, revenons-en!!!

POURQUOI JE SACRE DANS MES BILLETS

Pour les francophones standard qui s'aventureraient ici, il est nécessaire que je m'explique sur les mots mis en italique dans mes billets. Les Québécois ne disent pas putain, bordel de merde, peuchère ou bien je t'encule pour marquer leur langue d'un peu de beaux sentiments. Ils emploient des dérivés du vocabulaire liturgique catholique et les désacralise en quelque sorte pour en faire des sons rauques, puissants comme dans le caramba des Mexicains ou le bordel de merde des Français. Donc, hostie devient asti, tabernacle devient tabarnak, christ devient crisse, ciboire devient cibouère, calice reste calice, étol n'est pas employé souvent, st-chrême parfois, viarge ou lieu de Vierge, mautadit pour atténuer maudit, caline de bines au lieu de calice de tabarnak, etc.

Ça varie à l'infini et ça peut vous donner des suites impossibles comme: Asti d'st-chrême de calice de tabarnak de st-cibouère de crisse d'asti de st-calice d'étol de plein d'marde d'asti! Cette phrase, formulée par un Québécois au cours d'un dialogue, signifie qu'il est sur le bord de péter les plombs. Autrement dit, il est en tabarnak: danger! Un homme averti en vaut deux.

Est-ce que je sacre pour défendre ces mufles? Pas du tout. Il est aussi possible que deux amoureux se disent j't'aime en tabarnak!

Au cours de l'acte, les mots cibouère, calice, st-chrême et tabarnak peuvent aussi venir à la bouche des amants québécois.

Donc, sacrer c'est aussi aimer, cela dépend du point de vue.

On me dit que ce n'est pas beau sacrer, depuis que je suis tout petit. Mon père sacrait beaucoup et il disait souvent: «Arrêtez de sacrer tabarnak!» J'ai conservé de lui cette ambivalence. Le tabarnak finit par sortir tout seul. Comme si tabarnak rimait avec tomahawk, un mot de mes ancêtres que j'honore à ma façon en le nommant, plutôt qu'en le cachant. Toute la culture québécoise est axée autour du sacre et il faudrait s'en sacrer? J'ai le sens du sacre, à défaut d'avoir celui du sacré. Je suis fier d'employer mes tabarnaks sans honte, comme si j'étais Pagnol tiens qui raconte sa Provence. Ma belle province vaut bien sa belle Provence tabarnak.

Je vous quitte avec une autre esquisse.

Bonne journée!


Gaétan, Esquisse 8, Acrylique et stylo-bille

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