lundi 30 juin 2008
PLUS J'ÉCRIS ET PLUS JE PARLE
Le fait d'écrire ce blogue m'a transformé en véritable moulin à paroles.
Je n'arrête plus. Je parle, jacasse, discute, décortique et commente l'actualité dès que je suis en présence d'un être humain.
S'il n'y a personne avec qui jaser, je viens me défouler ici, sur mon blogue. Je déverse alors tout le flot de mots trop longtemps contenus en moi, comme si je souffrais de l'angoisse de la page noire. Bref, j'en ai trop à dire.
Je ne sais jamais par quel bout commencer. Donc je commence, tout bonnement, sans me soucier de la suite logique des idées, voire des événements.
Parlons. Ou plutôt écrivons, lisons, ce que vous voudrez. D'ailleurs, je ne m'explique pas ici la présence de la première personne du singulier. Je sublime la réalité pour trouver matière à écrire. Et croyez-moi, j'aurai mes deux milles mots les deux doigts dans le nez à force de tourner autour des mots, des actions et des pensées qui me viennent simultanément à l'esprit.
J'ai toujours quelque chose à dire, même quand ça ne veut rien dire. On ne s'ennuie pas avec moi. Du moins, je ne m'ennuie pas avec moi. Je me trouve souvent intéressant. Si mon interlocuteur n'a rien à dire, je trouve néanmoins quelque réconfort dans le fait de m'écouter parler.
Il y en a qui peuvent vous regarder avec des yeux de biche pendant des heures sans parler. Pas moi. Être juste bien, là, sans parler... Je veux bien, mais avec ma blonde seulement. Encore que nous parlons beaucoup.
Cela dit, quand je fais face à un interlocuteur coi qui fixe le mur du regard, je me sens toujours un peu de trop. Ce n'est pas parce que je ne suis pas capable de méditer ou d'observer le silence. C'est juste que je choisis la solitude pour pratiquer le silence. Quand je suis avec quelqu'un, je parle. Je parle par politesse, pour signifier que je suis là, avec cette personne, plutôt que perdu dans les vapes.
C'est triste à dire, mais j'ai la sensation que beaucoup de gens n'ont rien à dire. Ils s'attendent à ce que je parle ou à ce que nous regardions ensemble le mur, le plancher, le bout de nos souliers, n'importe quoi. Ce que je ne ferai jamais. Parce que je choisis la solitude pour faire ça, bon.
Ces silencieux du quotidien pouvaient encore vous raconter quelque chose à vingt ans. À peine quelques années s'écoulent qu'ils tombent muets comme des carpes. Et moi, je parle, parle et parle encore, toujours, tout le temps, de tout, de rien, de n'importe quoi. Je m'émerveille d'une fourmi sur le trottoir, d'une musique à la radio, d'une image, d'une feuille, d'un nuage, d'un tas de détritus, d'une lampe cassée, d'un crayon de plomb, d'une boîte à onglets, d'un site Internet, d'un pauvre con, d'un réfrigérateur plein, d'une fraise des champs, d'une tourterelle, d'un paumé qui mendie, etc.
Peut-être que je parle trop et que j'intimide mes interlocuteurs avec ma verve déchaînée. Je suis comme un enfant de quatre ans qui vient de se réveiller. Je cours encore de tous bords et tous côtés pour virer la maison à l'envers, comme si je ne vieillissais pas.
Pourquoi me taire? Je suis dans le domaine des communications. J'écris, je dessine, je peins, je joue de la musique: je communique. Je ne suis tout de même pas pour publier des pages blanches ou bien exécuter des solos de diapason.
Ma guitare aussi parle beaucoup. Sans compter mes harmonicas, mon accordéon, mon clavier, mes flûtes... Fuck! Quand je ne parle pas, je blogue et quand je ne blogue pas je peins, dessine ou joue de la musique. Il n'y a que la peinture pour me tenir calme un moment. Autrement, je remplis le silence avec ma musique. Je ferme la porte de mon atelier et tente quelques nouvelles tounes de Gordon Lightfoot ou bien de ma propre composition.
J'aime bien, entre autres, créer des tounes idiotes qui meurent aussitôt qu'elles sont chantées. Je me pars un riff et je déclame des vers improvisés à propos de mon réservoir d'eau chaude ou bien d'un type qui avait reçu deux noix de coco à Noël. C'est un peu surréaliste, j'en conviens, mais je ne vous les ferai pas écouter. Donc, il n'y a pas de mal.
Je pourrais polluer YouTube avec mes niaiseries, comme je le fais ici avec mes textes, sur Blogger. Je ne le ferai pas. Non. Enfin, pas tout de suite.
Parle, parle, jase, jase, j'en suis presque rendu à mes deux milles mots quotidiens.
Il ne me reste qu'à écrire trois ou quatre mots et je déborderai de ma mission: céleri, concombre, navet...
Ma liste d'épicerie est toujours de bon secours pour combler les trous. Je la traîne toujours sur moi, quitte à la lire devant un interlocuteur trop muet, histoire de me rendre détestable avec le son de ma voix.
Le problème est aussi dans ma voix. Voyez-vous, j'ai une trop belle voix. Les gens s'endorment à l'écouter. J'ai hérité d'un voix chaude, sympathique et couillue. On m'écoute juste pour m'écouter en se calissant bien de ce que je dis.
En plus d'avoir une belle voix et une belle plume, je suis juste trop beau.
C'est ça mon problème. J'impressionne trop. On reste bouche bée devant moi parce que je suis juste trop bon, trop bel homme et que j'ai une trop belle voix.
Quel malheur que d'être beau, bien et bon! On ne vous aime que pour vous-même plutôt que pour ce que vous faites de mieux.
Si j'étais laid, au moins, on me prendrait au sérieux.
On dirait que je souffre et que cela transparaît à travers tout ce que je fais.
Alors que là, on ne me dit rien. On me regarde avec des yeux de biche, en bavant comme si j'étais un morceau de steak. Or, les biches ne mangent pas de viande. Donc, c'est clair, ça ne peut pas marcher.
Je suis donc condamné à être beau.
Condamné à parler et écrire tout seul parce qu'on gèle devant moi et qu'on me trouve trop génial, trop beau, trop couillu de la voix.
Si c'était à recommencer, je refuserais d'être ce bel homme à la voix d'or qui écrit comme un dieu. Vraiment, si c'était à refaire, je serais laid, taciturne et analphabète.
Ainsi, je ne parlerais plus pour rien dire.
Je ne parlerais que pour me venger du monde plutôt que pour m'amuser, comme je le fais en ce moment.
Plus j'écrirais et moins je ne parlerais.
Je deviendrais rapidement un ange exterminateur, je vous jure.
Ah! Heureux celui qui n'est pas beau en ce monde trop laid!
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"Couillu...LOL!...de la voix" !!
RépondreEffacerMon fils m'a demandé; "Qu'est-ce qu'y a?" quand il m'a entendu rire...
Bonne Journée Makwa Mikinac !!