dimanche 1 juin 2008

Six esquisses / PEINDRE C'EST SCULPTER


Gaétan, Esquisse 1, Acrylique et stylo-bille
Gaétan, Esquisse 2, Acrylique et stylo-bille


Gaétan, Esquisse 3, Acrylique et stylo-bille


Gaétan, Esquisse 4, Acrylique et stylo-bille


Gaétan, Esquisse 5, Acrylique et stylo-bille


Gaétan, Esquisse 6, Acrylique et stylo-bille

J'ai réalisé une série d'esquisses sur papier, sculptant avec un sytlo-bille dans l'acrylique séchée.
Ces petits instantanés me plaisent pour leur simplicité. Je mets plus de travail dans mes tableaux, par souci d'y apporter des dimensions supplémentaires, où le rêve et la technique se marient dans une tempête de couleurs.

Quelle joie néanmoins que de brosser en quelques traits un visage, une gueule de con, une ballerine, un paysage champêtre, un chapeau, une dent, un requin-marteau, un marteau-piqueur, une pomme, un gant de baseball, un roman de Tolstoï, etc.

Je redécouvre mon goût pour la rapidité, le goût de l'exploration, pour aller plus loin que l'exécution de l'oeuvre. Mes prochaines oeuvres seront le fruit de ces esquisses formées de quelques coups de pinceau rehaussés de coups de stylo-bille, ce que je ne me permettrais pas de faire sur une toile. Mes esquisses se situent dans une zone encore plus libre de ma créativité artistique.

Je souhaite acquérir ce «coup de pinceau juste» dont parlait tel peintre japonais dont le nom m'échappe tout à fait. À moins que je ne confonde la réalité historique avec un vieux conte zen. J'avoue ma faute de mémoire ici. Aidez-moi, je vous en prie. Y'a-t-il un peintre japonais qui parlait d'un «coup de pinceau juste» ou bien je délire? Faire un visage, une maison et un corbeau sur une branche, d'un seul coup de pinceau, je vous le dis, je vais y arriver. Ce n'est pas tout de le faire, il faut aussi que ce soit beau... Le coup de pinceau juste et beau...

PEINDRE C'EST COMME SCULPTER

Je vais vous montrer sous peu mes trois derniers tableaux, auxquels ne manque que de bonnes couches de vernis. J'ai peint Un bal en bleu rien qu'en tons de bleu, un défi extrême pour le daltonien que je suis. Puis j'ai peint un couple d'amoureux sur le bord d'une rivière ainsi qu'un Mohawk. Mon frère me rappelait au même moment que ma grande-mère Adrienne avait un chalet sur la réserve d'Akwasasné. Mon grand-père occupa le chalet par la suite et une de mes tantes l'aurait encore.

Ma grand-mère paternelle était huronne-wendate. Elle est morte dix ans avant ma naissance. Je ne l'ai jamais connue. Mon père disait qu'elle parlait bien l'anglais. Était-elle aussi Mohawk puisqu'elle avait un chalet sur la réserve? Cela reste à voir. Plus je fouille dans mes origines, juste pour le fun, et plus je m'étonne de tout ce métissage. Du côté de ma mère nous sommes reliés aux Algonquins, aux Acadiens et aux Micmacs. Du côté de mon père, aux Wendates et peut-être aux Malécites, voire aux Mohawks. Ce n'est pas évident de s'y démêler. Mes parents ne tenaient pas vraiment de registres de leur vie de famille, comme le font les bourgeois. Ils vivaient, tout bonnement, sans se soucier d'hier ou de demain, en silence, pour ne pas passer pour des Sauvages... Donc ce tableau du Mohawk, il représente un peu une tentative picturale d'éclaircir tout ces mystères.

Il y a du Sauvage dans ma peinture puisque peindre, c'est comme sculpter. La peinture ne prend tout son sens que dans le contact direct avec les autres. Les reproductions, les meilleures soient-elles, ne rendront jamais la troisième dimension et les effets tactiles du peintre. Je ne dis pas ça rien que pour moi, mais pour tous les peintres. Peindre, c'est comme sculpter, par fines couches. Les ciseaux à bois sont remplacés par les pinceaux, qui sculptent dans les pigments. Comme pour la sculpture, l'organisation de la matière et des matériaux indiquent à l'artiste la voie à suivre. Les reproductions de mes oeuvres, que vous voyez ici, ne valent pas plus qu'une photo d'une sculpture: un aperçu un peu plat qui manque de poigne...

Il y a l'illusion d'une certaine transe qui porte le sculpteur comme le peintre à sentir la symbiose entre son oeuvre et son état d'esprit. Cette illusion qui s'appelle de l'art, un état d'âme, une extase comme celle qu'on atteint en jouant de la musique, sans fausses notes. Cette extase est rare en écrivant. Cela se peut. Pour moi, l'écriture est toujours un peu décevante et par trop collée à des fonctions purement administratives. On écrit des rapports, mais on ne fait rien d'administratif avec de la musique ou de la peinture. C'est toujours créatif, quoi. À moins que je ne me trompe, ce qui ne serait pas la première fois.

Désolé.

2 commentaires:

  1. En tout cas, une chose est sûre : vos tableaux ne sont pas éteints. Le 3e est assez cocasse, et les 2 derniers me plaisent un peu plus, mais j'aime la variété des impressions que chacun dégage.

    Je vous lis depuis peu, et avec intérêt quoique ne partageant pas toujours votre avis - n'ai pas eu le temps d'en faire part jusqu'ici, et puis je ne trouve pas que ça le fait trop bien, comme introduction -, et votre note du jour recoupe certaines de mes interrogations envers l'art (je ne peins pas, mais aimes les arts) et de mes/nos origines (j'espère un jour savoir si j'ai des ancêtres amérindiens ou pas), en allant au-delà.

    Au sujet de la transe et de l'extase, ça se pourrait que ce soit une question de tempérament (Nicolas de Staël s'adonnait à son art de manière assez absolue, par ex.), sinon je pense que, quand on s'adonne des journées entières à un art, il arrive qu'on soit dans un état un peu différent de ce à quoi le quotidien ressemble. Encore que. Du côté de l'écriture, ça dépend de vos dispositions aussi. J'écris un peu de poésie et je travaille beaucoup avec les mots et il m'est arrivé de vivre de très grands moments du fait que, voulant exprimer quelque chose qui me traversait, tout un monde s'ouvrait à moi en de nouvelles perspectives... Ça, c'est quand je n'écris pas pour transcrire ce que je sais déjà. Et puis il y a les beaux accidents des mots qui s'entrechoquent et qui se jouent de soi comme par hasArt.

    Bon, en tout cas, j'ai décidé que je vous mettais dans mes liens. Ai bien aimé votre Zydeco zizik, aussi !

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  2. Je remercie Gaétan et Igneus de m'avoir fait revivre quelques superbes tableaux de Nicolas de Staël.

    Gauvin

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