dimanche 15 octobre 2017

Saucisse qu'il était bien...

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Il était une fois quelqu'un qui passait le plus clair de son temps à ne rien faire.



Il avait le teint pâle, pesait à peine 43 kilos et mesurait pas plus de 132,5 centimètres.

Il s'appelait Valentino. Vrai comme je vous le dis: Valentino Gélinas.

Il n'avait pas choisi son prénom et ça ne lui faisait plus rien.

Il avait quarante-six ans bien sonnés. C'était fini le temps où les camarades de classes lui déversaient de la mélasse dans les oreilles en hurlant son prénom ridicule. Désormais, tout le monde lui foutait la paix et lui ne demandait pas mieux que d'avoir affaire à personne.

Il lui semblait même légitime de ne rien faire puisqu'il avait tant souffert de cette société qui finit par vous verser de la mélasse dans les oreilles par pure mesquinerie.

Il n'était pas question qu'il travaille.

Son médecin ne le voulait pas plus que lui-même.

Il avait établi pour Valentino un diagnostic de fatigue chronique agrémenté d'un quelconque statut de fou à lier. Seulement parce que Valentino lui répétait sans cesse le mot «saucisse» pendant l'évaluation psychiatrique. On fait des fous en criant «saucisse» au Québec, voyez-vous.

Et saucisse qu'il était bien Valentino.

Il mangeait comme un oiseau.

Il demeurait dans une maison de chambres.

Il lui restait toujours un peu d'argent pour s'acheter un chips et une liqueur.

Il n'en demandait pas plus à la vie, Valentino.

Et il était plein de gratitude de pouvoir vivre pleinement son néant.

Saucisse qu'il était bien...