Beaucoup de gens autour de moi n'iront pas voter. Je suis sensible aux raisons qu'ils me donnent. Je comprends leur lassitude, leur refus de jouer un jeu où ils sont toujours perdants quoi qu'il advienne. Comme si les dés étaient pipés et que tout était décidé d'avance.
Je suis sensible aux abstentionnistes qui me disent qu'ils ne veulent pas apporter à notre système électoral une légitimité indue.
Cela dit, j'irai voter.
De reculons, sans doute, mais je vais tout de même y aller.
Parce qu'il n'y a rien d'autre pour le moment.
C'est ça et c'est tout.
J'irai voter. Et puis après?
Et puis après quoi? J'aurai voté...
***
Personnellement, mes idées politiques me semblent à 100 années lumière de celles véhiculées par l'ensemble des politiciens.
D'abord, je ne crois pas aux «leaders» autoproclamés. Ce n'est pas parce que tu as assommé tout le monde autour de toi que tu es un leader. Tu es seulement un hostie de sale qui a assommé tout le monde autour de toi. Pas besoin d'en rajouter pour te donner bonne conscience d'être un hostie de sale.
Bref, je ne voterai pas pour un hostie de sale.
Je vais probablement voter pour ce que l'on m'offre pour le moment. C'est-à-dire pour le moins sale.
Mais cela ne suscitera pas mon adhésion. Ni mon enthousiasme. Et encore moins mon admiration.
Je comprends que notre démocratie est malade.
Son modèle correspond à une époque où 80% de la population ne savait ni lire ni écrire. Aujourd'hui, même les gens qui ne savent ni lire ni écrire peuvent se mettre à parler au monde via les médias sociaux. Ça ne semble pas toujours un progrès. Mais ce serait fou de croire que cela ne changera pas nos rapports sociaux et, ultimement, notre relation avec la politique.
La démocratie parlementaire telle qu'elle existe est déphasée par rapport à notre époque qui, à plein d'autres niveaux, favorise la prise de parole et de pouvoir.
C'est parce qu'il n'y a pas assez de démocratie dans la démocratie que la démocratie indiffère tout un chacun. Nous sommes entrés dans le 21e siècle avec un vieux tacot qui ne nous rend plus service. Il faudra songer à modifier le moteur. Voir à changer de véhicule. Il y en a de meilleurs qui sont plus interactifs...
Des réformes viendront inévitablement.
Quant à moi, je serais pour que l'on choisisse au hasard les représentants du peuple, comme on le fait pour les jurés lors d'un procès.
Je ne m'expliquerai pas plus longtemps sur cette idée.
Elle suivra naturellement son chemin jusqu'à sa réalisation.
Si nous sommes tous égaux, il n'y a aucune raison pour que le vote ne soit pas fait au hasard...
Est-ce utopique? Non. Ça se faisait ainsi, parfois, dans la Grèce antique. Et ça se fait même ailleurs, dont pour la sélection des jurés.
Est-ce la bonne réponse? Non. Il n'y a pas de bonnes réponses en politique. Il n'y a que de bonnes questions...
***
Il y aura des élections municipales le 5 novembre prochain.
L'autocrate et pseudo-maire Yves Lévesque représente tout ce que je n'aime pas de la politique. Son style, apparenté aux années '50, est digne de Duplessis. C'est le gars qui fait sa place à la mairie en criant après tout le monde. Hurler est sa manière de gouverner. Je ne peux pas concevoir qu'on le reconduise pour un troisième mandat, d'autant plus que son principal conseiller, l'ineffable Roger D. Landry, est payé plus cher que lui... Comme si le vrai maire de Trois-Rivières, au fond, c'était Roger D. Landry... En plus de ne pas vouloir voter pour le pseudo-maire Yves Lévesque, je sais qu'en votant pour lui je voterais pour Roger D. Landry. Trois-Rivières mérite mieux que ça. On passe pour une bande de colons pas de colonne qui se font empissetter par des baveux de l'école secondaire qui ont oublié de grandir.
Je vais donc voter pour Jean-François Aubin à titre de maire de Trois-Rivières. Il me semble un peu plus soucieux de promouvoir une vision communautaire pour Trois-Rivières où les consultations populaires ne seront pas méprisées par le Conseil de Ville.
Je vais voter pour Denis Roy pour le poste de conseiller municipal dans mon district. C'est un spécialiste des communications. Un type cultivé. Un gars qui s'est fait chier aux séances publiques de l'Hôtel de Ville plus souvent qu'à mon tour. Chaque fois que j'y suis allé j'ai failli cracher mes tripes à la sortie tellement le spectacle était indigeste. Roy gardait le fort, en quelque sorte. Il a travaillé pour. Il n'arrive pas là avec l'idée de promouvoir seulement sa petite personne. C'est du moins l'impression qu'il m'inspire, à tort ou à raison.
***
Rien n'est parfait.
Je vote dans un système imparfait.
Cela me révulse que l'on puisse remplir des autobus de petits vieux pour bourrer les urnes lors des élections anticipées.
Cela me répugne de voir les manoeuvres crapuleuses des travailleurs d'élections.
Et ça tombe bien parce que je ne suis pas parfait.
Si je suis perfectible, ce système de marde doit bien l'être aussi.
Ça ne m'en prend pas plus pour afficher un sourire.
Faut pas chercher à se prendre au sérieux.
Surtout avec la politique.
Mieux vaut chanter Give Peace A Chance avec Lennon que de perdre son temps avec des cretons qui se présentent aux élections pour arrondir leurs fins de mois.
La révolution, c'est la culture qui l'apporte.
Jamais la politique.
Jamais.