dimanche 8 octobre 2017

Action de grâce et états de grâce

Je ne vanterai jamais assez les vertus du silence et de la contemplation. D'abord parce que je parle trop. Ensuite parce que je suis trop, tout le temps, du matin au soir. Trop dans le sens de trop. C'est toutte ou pantoutte comme on dit. Un défaut pour certains. Un état d'âme pour d'autres.

Quoi qu'il en soit, j'ai passé une semaine à me désintéresser totalement des actualités. N'allez pas croire que je sois devenu indifférent. Au contraire. Je m'écarte des actualités pour réprimer la haine, celle que je porte d'abord en moi-même. Je vois la poutre dans mon oeil et me fiche de la paille dans l'oeil du voisin. Tant que le voisin ne se mette pas en tête de rendre la vie des gens misérables encore plus misérable. Il y a des limites à ne pas franchir. Je n'aime pas voir les gens souffrir.

Cela dit, ce n'est pas là que je veux vous emmener, puisque vous semblez me lire encore.

Non. C'est à la spiritualité que j'en viens. Quelque chose qui transcende même tous les cultes religieux. Quelque chose comme la sensation de l'animal qui voudrait seulement brouter en paix et qui ne comprend pas tous ces appels au meurtre autour de lui. On ne pourrait pas s'aimer, non? Il y a suffisamment de foin pour tout le monde...

Je sais bien que c'est con d'écrire ça. Et même que ça fait un peu fleur bleue, camarade. Je sais. Je sais...

Pourtant, il est encore possible de décrocher pour un instant. Pour un instant souvent trop court. Mais cet instant permet de supporter la suite interminable des heures et des secondes en espérant revivre à nouveau un état de grâce.

Je n'ai donc pas commenter les actualités. J'ai peu écrit, contrairement à mon habitude. J'ai accompli mes obligations comme la moyenne de mes compatriotes pour au moins 40 heures et un peu plus dans une semaine. J'ai lavé ma vaisselle. J'ai sorti mes vidanges. J'ai forcé comme un boeuf après toutes sortes de trucs.

Et je me suis contenté de décrocher dans ma tête, tout simplement.

Sifflant un bon coup dans le vent d'automne.

Regardant les feuilles jaunir et tomber.

Croquant une pomme.

Rigolant avec ma blonde.

Peinturant des gros nez.

Grattant ma guitare électrique.

Jouant de l'harmonica.

Même quand je décroche, je suis bigrement occupé.

D'ailleurs je me demande pourquoi je vous écris ça.

Ça ne m'aidera certainement pas à décrocher...

Héhé!

Bon, assez déconné.

Bon congé de l'Action de grâce.

Je retourne à mes états de grâce...

Je retourne à mes pinceaux.

Et, pendant que je peins, c'est ça qui va jouer pour enchanter mes pinceaux.