dimanche 29 janvier 2017

Laurette la grosse crisse de raciste

Laurette était plus rose que blanche avec un nez retroussé qui lui conférait un air de Miss Peggy en moins mignon. Miss Peggy a tout de même quelque chose d'attrayant pour les amateurs de bacon. Tandis que Laurette n'avait pas nécessairement cette volupté des courbes qui aurait pu, à tout le moins, l'apparenter à une déesse de la fertilité. Elle avait plutôt la forme d'un tonneau, Laurette. Tout était dans le ventre, gonflé et anguleux. Rien dans les fesses. Et avec ça de petites jambes bien trop frêles pour soutenir ce cube ambulant. Quant à ses cheveux, c'était de la vraie laine d'acier de marque Bulldog qui aurait rouillé sous l'évier avec des restants de gras.

Vous dire qu'elle n'était pas jolie relève sans doute d'une forme de mesquinerie. On pourrait arguer que l'essentiel est invisible pour les yeux, que la beauté intérieure prédomine sur les apparences et tout le saint-frusquin. Néanmoins, Laurette était intérieurement à l'image de ce qu'elle reflétait. Comme si la destinée s'était chargée de lui donner un corps reflétant ses idées.

Son physique ingrat aurait sans aucun doute profité d'un zeste de gentillesse et de savoir-vivre. Or, Laurette n'était ni gentille, ni attentionnée, ni rien. Elle était plutôt un immense réservoir de haine, de mépris et de méchanceté. Il n'y avait jamais de merci et s'il-vous-plaît avec Laurette. C'était toujours heille toé! Heille là! Heille chose!

Elle aimait se moquer d'autrui plus que des gens à la mode ne l'auraient fait et se croyait elle-même à la mode parce qu'elle avait un Iphone.

Elle parlait toujours de son Iphone, Laurette. Elle le montrait à tout un chacun comme un signe de réussite sociale. "Écartez-vous, minables, j'ai un Iphone!", semblait-elle dire.

Avec son Iphone elle passait de longues journées sur les médias sociaux à s'en prendre aux immigrés, aux assistés sociaux, aux homos, aux travelos, aux transgenres, aux séparatistes, aux communistes, aux syndicalistes et bien sûr aux artistes. Laurette détestait plus que tout les gratteux de guitare. Elle était déjà tombée amoureux d'un maudit gratteux de guitare qui avait refusé son invitation. "Tu mets une capote pis c't'okay avec moé!", lui avait-elle dit. Le gratteux de guitare, un gars plutôt squelettique et réservé, avait répliqué qu'il ne pouvait pas en prétextant un rendez-vous important. Elle en avait conclu que les gratteux de guitare étaient tous gays. En fait, le gratteux de guitare trouvait que Laurette était aussi laide que mal élevée, aussi désagréable que sentant mauvais le parfum de vanille au bacon.

Laurette aurait voulu que tous les gratteux de guitare se fassent enrôler dans l'armée pour qu'on leur apprenne la discipline.

Elle souhaitait aussi que l'on expulse toutes les autres races, inférieures sans aucun doute, qui n'avaient pas le génie d'apprécier la saveur exquise des bines au lard et de la poutine triple fromage.

-Tous des hosties d'faces de rat! qu'elle disait. Moé, là, les immigrés sales qui viennent voler nos jobs... Porte tous des linges à vaisselle su' 'a tête sacrament!

Évidemment, Laurette n'avait pas été longtemps à l'école. Elle disait d'ailleurs que l'école est contrôlée par des tapettes et des lesbiennes qui veulent enseigner l'Islam et l'assistance sociale à vie aux enfants.

-J'ai-tu eu besoin d'aller 'école moé? Non. J'me su's trouvé une job à 'a manufacture pis j'ai mis mon cash de côté pour m'acheter un char, une maison, une piscine pis un Iphone. Ça donne quoi aller 'a 'école si t'es un trou d'cul d'gratteux d'guitare qui a rien qu'el' cul pis 'es dents, hein? On devrait rétablir la peine de mort calvaire! Pis les chiennes qui s'font toujours avorter on devrait les enchaîner avec un boulet aux pieds, comme aux États-Unis, pour refaire nos routes!

On pourrait croire que Laurette était célibataire. Eh bien, croyez-le ou non, Laurette était mariée. Elle avait fini par se trouver un petit maigre pas trop regardant qui lui obéissait au doigt et à l'oeil. Stéphane Laplante était la victime idéale pour Laurette. Il ne savait jamais dire non. C'est comme ça qu'elle avait pu poser ses griffes noires et malpropres sur cette bête de proie.

-Tu mets une capote pis c't'okay, qu'elle lui avait dit.

-Heu... avait-il répondu.

Finalement, Laurette lui avait mis elle-même une capote et l'abruti s'était laissé faire. En fermant les yeux, Stéphane s'était imaginé qu'il était en Floride avec sa bête. Un an plus tard ils étaient mariés et avaient leur premier enfant, un petit tabarnak qui avait tout hérité de sa mère et sacrait toute la journée pour avoir un Iphone, un Ipad et tout le tralala.

Stéphane n'était pas raciste mais il n'habitait pas suffisamment ses couilles pour contredire la grosse Laurette. Au bout du compte, cela donnait le même résultat.

Parle, parle, jase, jase, et on n'a encore rien trouvé de bon à dire à propos de Laurette.

Elle devait bien aider un itinérant de temps à autre, non?

Pas du tout. Elle leur disait de se lever le cul et d'aller se trouver une job.

Elle devait rendre service à ses voisins alors?

Non. Elle les méprisait pour leur musique, leur accoutrement et même les petits baisers qu'ils se donnaient devant tout le monde.

-Bon! On sait bin! Faut qu'i' s'pavanent pour montrer qu'i' s'aiment pis dans l'fond i' s'trompent tout l'temps l'un l'autre! Ça doit s'rentrer des concombres dans l'cul une fois l'dos r'tourner!

Laurette aurait bien voulu tromper Stéphane Laplante. Ce n'est pas parce qu'elle n'avait pas essayé. Cependant, personne ne voulait d'elle. Ce qui, évidemment, ne la rendait que plus teigneuse et toujours plus méchante.

-Tous des tapettes... Le monde est en train d'virer tapette... Y'ont peur des femmes de caractère sacrament! Y'aiment mieux des hosties d'voilées pas regardables! Connaissent rien ciboire!

Il serait agréable de trouver une fin heureuse à son histoire.

Cela ne s'est pas encore produit.

Tout être humain a droit à sa rédemption et Laurette ne fait sans doute pas exception.

Mais que voulez-vous? Les Stéphane Laplante ne court pas les rues.

Y'en aurait-il mille comme lui que l'humanité ne serait pas plus avancée.

Donc, pour conclure, on n'a pas fini de lire des messages haineux de Laurette sur les médias sociaux.

On n'a pas fini de l'entendre dire que les immigrés puent, que les tapettes ne sont pas normales, que les maudits chialeux des droits de la personne sont des maudits islamistes qui veulent détruire nos sapins de Noël et saper nos privilèges en chiant dans nos bines au lard.

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