mercredi 29 février 2012

500 %

On ne voulait jamais aller faire des commissions chez madame Bibondaine. Elle ne nous laissait que dix cents de pourboire ou bien quatre bouteilles consignées. Pas de quoi même s'acheter un sac de chips.

Elle appelait chez M'man, madame Bibondaine.

-Pourriez-vous m'envoyer un de vos p'tits gar-rrr-çons? qu'elle lui disait au téléphone d'une voix chevrotante.

Évidemment, M'man ne savait pas refuser. C'était néanmoins tout un aria pour nous envoyer chercher les commissions de madame Bibondaine.

-A nous donne juste dix cennes de tipsse tabarnak! qu'on disait à M'man.

-Arrêtez de sacrer mes jéritols! qu'elle nous répondait.

-Ça sent la boule à mites chez m'dame Bibondaine M'man! On étouffe! Eurk! Eurk! que je devais répliquer en choeur avec mon jeune frère.

Ce qui fait que M'man nous promettait un pourboire plus généreux.

-Si vous y allez j'vous donne cinquante cents chaque!

-Ok d'abord, disions-nous en maugréant.

Zip, zap, on montait chez madame Bibondaine pour aller chercher sa liste de commissions et zip, zap au Marché Ferland pour ramener une orange, un Kik Cola et des biscuits Goglu. En retour, cinq cents chacun et deux bouteilles vides.

-Vous êtes bin smatte les ti-gars. J'va's vous fa're fa're toutes mes commissions pour vous récompenser!

-N-ooooon! pensions-nous.

Puis zip, zap, retour à la maison.

Et zip, zap au dépanneur pour un chips, du chocolat pis de la liqueur.

Tout compte fait, ce n'était pas si pire que de faire les commissions pour madame Bibondaine. Surtout quand la mère rajoutait 500% sur son pitoyable 10 cents de pourboire.

2 commentaires:

  1. Plains-toi pô ! moi, j'avais même pas à penser dire pouvoir dire "non" avant l'arrivée de la calotte, et pis fallait marcher pour rien !

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  2. Je ne me plaignais pas du tout. Je ne faisais que démontrer la charité de ma mère qui payait le pourboire à ses enfants qui n'avaient pas encore ce sens du devoir envers autrui...

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