lundi 20 février 2012

La société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis

«Il disait encore: À ceux qui ignorent, enseignez-leur le plus de choses que vous pourrez; la société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis; elle répond de la nuit qu'elle produit.»

C'est M. Myriel qui disait ça, l'évêque de Digne dans Les Misérables de Victor Hugo.

Tout ce qui s'est écrit dans ce roman va à l'encontre de la morale des petits-bourgeois et autres petites âmes conservatrices, sinon réactionnaires.

C'est un appel aux lumières, un rappel que la bonté de l'homme peut se trouver chez un ancien forçat, celui-là même qui a volé les chandeliers en or de l'évêque de Digne. C'est ce même Jean Valjean qui récupère une gamine martyrisée par des aubergistes sans coeur qui la traitent comme une esclave. Ce même bougre qui remet un village sur pieds en prodiguant sa générosité et sa passion.

L'inspecteur Javert qui le poursuit, merde d'entre les merdes, ne lui arrive pas à la cheville au plan de la moralité et de l'humanité. Il ressemble à ces militants de droite qui se collent tellement à la loi qu'ils en oublient l'esprit, la constitution ultime, c'est-à-dire l'approbation de la rue.

Ce sont les Jean Valjean et les Gavroche qui font la révolution dans les Misérables. Ce sont les pauvres qui montent les barricades, prennent la rue et s'opposent à la tyrannie.

***

Des jeunes manifestent en ce moment au Québec contre l'augmentation des frais de scolarité.

Je leur donne tort s'ils luttent seulement pour le gel. Je leur donne entièrement raison s'ils réclament l'instruction gratis.

C'est une question de principes.

Si l'on peut envoyer des satellites dans l'espace et vaincre les lois de la gravité, je ne vois pas pourquoi l'on ne serait pas capable de vaincre les présumées lois de l'économie, conneries inventées par des banquiers sans scrupules qui souhaitent s'en mettre plein les poches.

Pas besoin d'avoir lu Karl Marx pour comprendre qu'on se fait tous fourrer par ces discours à sens unique sur l'impossibilité de changer quoi que ce soit. Je préfère Les Misérables au Capital. Chacun son trip. J'y trouve plus de sagesse, somme toute. Plus de poésie.

C'est au nom de cet idéal humaniste d'un gus comme Victor Hugo que je suis en faveur de l'instruction gratis.

L'équipe libérale du Premier ministre du Québec Jean Lesage était une équipe du tonnerre. Ils ont non seulement nationalisé l'électricité, mais promu le principe de l'éducation gratuite pour tous du primaire jusqu'à l'université. C'était des hommes de savoir et de culture, des vrais Rouges, et pas des imitations. Des socialistes qui s'ignoraient sans doute, mais des sages qui ont tiré la province de la noirceur.

Pourquoi faudrait-il revenir en arrière? Et surtout, pour qui devrions-nous reculer? Devant quels asticots ou magiciens d'Oz cachés derrière un écran de fumée devons-nous faire plusieurs pas de reculons, hein?

***

Quand l'inspecteur Javert comprend que Jean Valjean est un homme bon, le pauvre se suicide. Voilà pourquoi la mesquinerie perdure chez les mesquins. Admettre leur mesquinerie mènerait à leur propre anéantissement.

Ce n'est pas la réflexion du siècle, peut-être, mais je n'ai rien trouvé de mieux pour finir.

2 commentaires:

  1. Pis moi j'applaudis à tout rompre. Tu dis si bien ce que je ressens, merci.

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  2. C'est moi te remercie. Cela dit, je me réjouis de lire ton commentaire alors qu'il provient de la terre qui a vu naître Victor Hugo, les fromages et les bons vins.

    :)

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