C'était enfin le Jour de la barbotte. C'était une idée de Ti-Beurne, le Jour de la barbotte. Aussi laissons-lui le bonheur de s'expliquer, ce Ti-Beurne qui a de la jarnigoine.
-Ça fait qu'là ej'me su's dit: Ti Beurne! Faut qu'tu fasses que'que chose pour le peuple entre la Fête des Rois pis la Saint-Valentin... Pis comme sont pas mal toutte célibataires aux alentours de moé, ben ça prenait une activité sportive... Ça fait que j'me su's dit: organisons le Jour de la barbotte! Pas le Jour de la marmotte ça fait b'en qu'trop américain à mon goût... J'leu' laisse leu' marmotte, moé j'fête la barbotte!
Et le Jour de la barbotte, mes amis, c'était une pêche hivernale sur le lac Saint-Pierre, une «pêche blanche» comme on dit, suivie d'un festin de tout ce qui grouille dans le grand fleuve Magtogoek, dont peut-être des barbottes ...
-Si la barbotte se pointe les ouïes en-dehors du trou de glace, c'est qu'on va bouillir cet été!
Évidemment Ti-Beurne ne se souciait pas de savoir que la barbotte brune hiberne dans la vase durant la saison froide. Elle ne sort qu'au printemps et vit dans toutes les eaux, même les plus polluées. Quand les fleuves et les rivières seront vides de poissons, croyez-moi, il restera encore des barbottes brunes. Elles ne sont pas tuables et mangent tout ce qui traîne dans le fond.
On peut dire que Ti-Beurne avait réussi son coup. On a pris du bon air en fixant un point au loin qui ressemblait à l'éternité.
De retour à la maison mobile de Ti-Beurne, qui demeure près de l'île Saint-Eugène, tout le monde a mangé du maskinongé que Ti-Beurne a péché, un monstre qui pesait au moins trente-quatre livres.
Ti-Beurne l'a fait fumer à l'érable dans son cabanon. Il l'a servi sur un plateau pour souper. Le maskinongé fumé à l'érable était accompagné de sa célèbre «sauce barbare», dont la recette provient de Ti-Bob Lafrenière lui-même. C'est une sauce tartare améliorée, si l'on peut s'exprimer ainsi. Elle est constituée de mayonnaise, de relish et, bien sûr, de fines herbes. Mais pas n'importe herbe, vous vous doutez bien. C'était essentiellement de la marijuana... Et une variété plutôt concentrée en THC. Ce qui fait que tout le monde planait chez Ti-Beurne en affirmant n'avoir jamais mangé un aussi bon et aussi gros brochet géant.
Pour ce qui est de la barbotte, c'était d'autant plus son jour qu'elle n'a pas finie dans nos assiettes. Elle n'a pas pu voir son ombre et le printemps n'a pas été particulièrement hâtif.
Ti-Beurne parle déjà d'une deuxième édition du Jour de la barbotte pour l'an prochain. Personne ne s'y oppose. Surtout pas les mangeurs de cannabis sativa. D'autant plus qu'il ne se passe jamais rien à Baie-Jolie entre la Fête des Rois et la Saint-Valentin.
La seule chose que je me souviens de Baie-Jolie c'est le restaurant pizzéria Grec Baie-Jolie, véritable et vénérable institution reconnue partout en Mauricie, and beyond ! Pour avoir aussi pêché au parc ketchose machin chouette de la barbue, pas mangeable, et kek écrevisses qui pinçaient nos lignes à pêche, comme pour nous faire chier, et miracle, une barbote au travers une myriade de petites bêtes immangeables que nous ayons aussitôt remises à l'eau pour le salut de leurs âmes.
RépondreEffacerLe Jour de la barbotte... excellente initiative, et un beau conte de surcroît ! :)
L'an prochain à la même date le Jour de la barbotte 2.
RépondreEffacerRestaurant GREC... la plus grosse affiche de resto au Québec depuis qu'on a démoli le Madrid...
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