Je ne ferais pas un bon politicien et je m'en réjouis. D'abord, je ne suis pas politicien. Ensuite, j'aime me réjouir, rire de bon coeur et penser par moi-même sans me soumettre à un comité de crétins ambitieux.
J'ajoute que je n'ai aucune constance dans mes affirmations. Je défais ce que j'ai dit jadis. Je réfléchis souvent à voix haute et m'exprime tant bien que mal sur des sujets qui m'échappent selon l'effet produit par tel ou tel phénomène. J'adapte trop facilement ma pensée aux nouvelles données qui me parviennent. On dit qu'il n'y a que les fous qui ne changent jamais d'idées et moi, je m'en étonne, j'ai l'impression que je ne suis pas si fou que j'en ai l'air.
J'en viens à croire que non seulement je me trompe, mais que je puis aussi tromper, sans nécessairement faire usage de malice. Ce qui fait de moi un piètre analyste de l'actualité. D'aucuns diraient que je suis opportuniste alors qu'il est évident, à voir mon parcours, que je ne profite de rien et mets tous mes efforts pour me débarrasser de toute forme d'accointance avec quelque groupe que ce soit. J'évite les cocktails, les réceptions, les assemblées publiques, les réunions de comités, etc. Je ne participe qu'aux manifestations qui me semblent justes et refuse de jouer au mouton au sein de celles-ci.
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Où veux-je en venir avec cette confession ridicule?
À ceci que mes opinions ont changé sur plusieurs sujets au cours des ans.
J'étais indépendantiste en 1987, quand plus personne n'y croyait.
En 1995, j'ai voté Oui tout en critiquant le nationalisme étriqué de Lucien Bouchard et Mario Dumont.
En 1996, après le référendum, je me suis dit citoyen du monde.
En 1997, j'ai flirté un temps avec le fédéralisme, dégoûté par le nationalisme à tête grise.
En 2001, j'étais un habitant de l'Île de la Tortue, fier de son appartenance aborigène.
Et maintenant? Je suis redevenu souverainiste. L'État canadien me semble une prison et la monarchie constitutionnelle est un anachronisme dont on ne se débarrassera jamais au sein de la Confédération. L'indépendance du Québec est une voie pour préserver nos valeurs au sein d'un monde où tout éclate. Les conservateurs, les libéraux et les libertariens méprisent le Québec et cette langue française que j'écris tous les jours. Cela vient me chercher. J'en viens à croire, peut-être à tort, que l'on finira de nous mépriser en tant que Québécois lorsque nous aurons un pays. Et je me dis que l'on ne saurait devenir maîtres chez-nous au sein du Canada puisque nous sommes radicalement différents des preachers de l'Ouest.
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J'ai changé de position aussi sur le Code de vie de Hérouxville. J'ai tourné André Drouin en bourrique et me suis moqué de ce fameux code de vie sans même l'avoir lu.
La première fois que je l'ai lu, c'était hier via un commentaire laissé par Robert Barberis-Gervais sur le site Facebook de Victor-Lévy Beaulieu. Vous pouvez en prendre connaissance ici.
On les a traités de racistes, de xénophobes, voire d'imbéciles et d'ignorants. Hérouxville ne méritait pas ce traitement. En fait, je me sens cheap d'avoir ri de cela. Je me sens cheap de les avoir pris pour des culs-terreux, en parfait idiot d'intellectuel déconnecté que je suis.
Il y a même de l'humour dans le Code de vie d'Hérouxville. Il exprime clairement que nous avons des us et des coutumes qui ne sont pas négociables, comme les baignades publiques où les hommes côtoient les femmes, les policières qui peuvent arrêter un homme, l'arbre de Noël qui peut convenir autant aux croyants qu'aux athées en tant que référence culturelle, etc.
Cela semble con et grossier à première vue, alors que la vraie grossièreté est de se comporter dans notre pays comme si c'était une colonie où l'on peut traiter les indigènes comme des sauvages qu'il faut civiliser avec de fausses croyances réductrices.
Les aborigènes croyaient que la terre n'appartenait à personne et ne virent aucun mal à laisser de la place aux Français et aux Anglais. Ils ont été confinés dans des réserves pour laisser aux colonisateurs le soin d'occuper tout l'espace public.
Les Québécois sont fortement métissés avec les autochtones et il nous revient sans doute de réparer les erreurs du passé.
Par contre, cela ne signifie pas que nous devons commettre d'autres erreurs, dont celui de fouler nos valeurs au nom de je ne sais trop quelle religion qui débarque ici avec ses gros sabots pour faire du prosélytisme au détriment de valeurs communes conquises de haute lutte, comme l'égalité entre les hommes et les femmes, la liberté d'expression, la laïcité, etc.
Ce n'est pas aux intellectuels de décider qui nous sommes. Cette tâche incombe à tout un chacun d'entre nous. La liberté et la tolérance ne sont pas des vues de l'esprit, mais des valeurs qui ne peuvent pas s'accorder avec ceux qui prônent l'esclavage, la soumission et l'intolérance.
Voilà où j'en suis.
Si cela vous choque, moi ça me débloque.
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