Mon fameux questionnaire Marcel Proust a fait chier Mistral qui s'est mis à trouver ça fif, ce questionnaire du genre, juste pour me provoquer. Je ne lui en veux même pas. Il le dit lui-même qu'il est antipathique. À force de le répéter, ce calice-là devient sympathique. Y'est toujours en train de saluer son monde et il s'en veut parce qu'il dit aux autres, par exemple, que leur questionnaire fait fif. Ça ferait fif de lui en vouloir pour si peu.
Primo, je n'ai rien contre les fifs. Mistral aussi d'ailleurs. Mais il y a fif et fifure. Je m'expliquerai sur les fifs mais pas sur la fifure: ce serait trop long. Je connais des gays virils avec des voix de basse. On croirait presqu'ils aiment les chattes. Et non! Ce sont des têteux de quéquettes.
Je connais des hétéros avec des voix de fif. Et ça ne me dérange pas dans un cas comme dans l'autre. Je parle avec les fifs. J'ai même des amis fifs. Je sais bien que ça ne s'attrape pas.
Prenons Ti-Oui, une vraie voix de fif. Maniéré en plus, Ti-Oui, les poignets cassés, les cils qui roulent, son petit rire hoquetant de poule qui se fait faire un oeuf. Eh bien Ti-Oui est fif, s'assume comme fif, et si quelqu'un le traite de fif, bien honnêtement, il va me trouver sur son chemin. Et ça va chauffer. Ti-Oui a le droit d'être fif. Ti-Oui est mon ami. Mon ami fif.
Y'a quelques temps de cela, j'étais dans un bar en train de siroter une bière en compagnie de joueurs de billard qui n'étaient pas tous fifs.
Jerry aussi y était. Jerry, un gars de shop plutôt gay, mais pas du tout l'air fif, qui se trouvait là près de moi en compagnie d'un type fraîchement sorti de prison, un gros sale, l'air lard puant, qui voulait lui rentrer sa pine visqueuse dans le cul.
Je ne dis pas ça innocemment. Jerry était justement venu me voir pour me le dire, lui-même, et ce n'était pas gai ce qu'il racontait.
-Heille Guète... Le gros crisse de sale là-bas, i' vient d'me dire qu'i' m'rentr'rait sa queue dans l'cul l'tabarnak, avec ses chums de prison... Y'arrête pas de m'gosser depu's tantôt... Pourrais-tu lui dire qu'i' m'crisse la paix s'i'-vous-plaît? Toé t'es gros. I' va avoir peur.
***
Bon. Deux onces de Jack Daniel's aboutissent devant moi sur le comptoir. C'est de la part de Jerry, bien entendu. Je bois ça d'un trait et je vais voir le gros sale.
Évidemment, pas de salut, pas de excuse mais, ni de pardon monsieur mais je...
Juste de la force brute, pour ne pas avoir à l'employer.
Le gus ressemble vaguement au genre de grosse marde baveuse de la polyvalente qui a mal tournée.
Je fonce et m'arrête à deux pouces de sa face de cul.
-Écoute b'en, Jerry, c'est un de mes chums. Pis sais-tu quoi? I' veut qu'tu lui crisses la paix. Ça fa't que crisse-lui la paix, ok?
Le type ne dit rien. Il boit une gorgée de bière. Il teste l'élastique.
Je retourne m'asseoir entre mon ami Ti-Ben et une demoiselle encore inconnue.
Le gros sale marche lentement vers moi et s'adresse à la fille.
-Ça t'tenterait-tu qu'on t'la rentre dans l'cul moé pis ma gang de chums qui sortent de prison, hein ma belle p'tite salope?
Je tilte. J'accroche un banc d'une main et m'élance de toutes mes forces pour le snapper avec. Il esquive le coup, blêmit et s'enfuit à toutes jambes. Cinq à six personnes me retiennent pour m'empêcher d'aller lui fracasser le crâne. Le gros sale n'est plus dans le décor et le calme revient dans le bar. Le banc est une perte totale puisque je l'ai crissé au bout de mon bras, vers le gros sale. Et il s'est abîmé contre une colonne, près de la table de billard.
Des consommations s'empilent devant moi.
Je ne me suis même pas battu et je deviens le héros de la soirée. Tout le monde se met à rire et à boire. La fille me flatte les cheveux. Mes chums aussi - et ils ne sont pas fifs!
Et Jerry! Tout le monde câline le gros nounours qui a pété les plombs.
Bon sang que ça peut être payant, le théâtre...
Évidemment, une chance que je l'ai manqué parce que je vous écrirais de la prison. Je pense qu'il en serait mort, sérieux. Je fesse fort. Je ne connais pas ma force. Je pèse au-dessus de trois cents livres, six pieds deux pouces, 58 d'épaules... Je ne dis même pas ça pour me vanter. Qui s'en vanterait hostie? (Sinon moi!)
Comme quoi, le théâtre ça peut aussi vous crisser dans la marde.
PS: Je ne suis pas homophobe et Mistral tient à préciser qu'il ne l'est pas non plus. Que cela soit dit et répété sur tous les toits, dans toutes les chaumières et toutes les tours à bureaux de Monrial ou Twois-Wivièwes.
Tu vas pas t'attribuer le questionnaire de Proust, toujours? J'ai pas dit ce que tu me fais dire. J'ai parlé de Proust, de son questionnaire, d'écrivains français. Con à dire, Butch, mais avec Google et la permanence des blogs, les propos vagues que tu me prêtes me causeront des ennuis. Je choisis bien mes mots. Ce que je dis de Proust etc, je suis paré à le défendre, mais pas cela, qui serait une rodomontade idiote.
RépondreEffacerProust, tu l'aurais pas enduré dix minutes, man. He was one sick fuck.
Nenon!
RépondreEffacerD'abord, j'ai rectifié le tir dans mon texte, parce que je ne suis pas un fucking visage à deux faces et que, bon, je te trouve sympathique.
J'écris comme ça vient, sans vraiment réfléchir, et peut-être que ça peut porter à confusion. Peut-être, d'autant plus que les gens ne savent pas lire et évacuent des phrases de leur contexte comme le cardinal Richelieu le ferait pour pendre un homme.
Et il y a plein de Cardinal Richelieu autour de nous par les temps qui courent... Gulp!
Je ne voudrais pas te faire subir ma témérité et mon insouciance de poète un peu prosaïque.
J'ai assez d'amis fifs pour parer le coup. Je suis sûr qu'ils vont en rire. Mais les autres? Gulp!
J'sais pas.
J'ai pensé publier le texte sous un pseudonyme: Gahétan Bouchart au lieu de Gaétan Bouchard, mais j'ai peur que l'on me démasque. Je ne suis pas futé pour les pseudonymes.
Goddammit! J'ai pas dit que je trouvais fifs les questionnaires du genre. Je trouve le sien fif et trop français et basta.
RépondreEffacerT'as rectifié parce que tu me trouves sympathique? Who are you and what have you done with Butch? A hundred and thirty solid kilos of piss and vinegar and poetry and strange colors all fucked up and integrity as glue to hold it all I mean the man inhales integrity in a brown paper bag! Give him back, we'll pay the ransom, what do you want, a blueberry cake, something to blackmail Falardeau with, dinner with Bellemare, you name it, it's yours, we just want our Butch back. Please don't hurt him, mister! Snifff...
Where all the flowers are gone?
RépondreEffacerC'est le titre d'une chanson folk des années '70.
Mais je ne me souviens plus des paroles. Juste du titre. C'était sur le disque Succès du Folk acheté chez Wal-Mart pour un prix ridicule. C'est la meilleure toune du disque avec Alice's Restaurant de Arlo Guthrie. Et je ne sais pas qui la chante. Peut-être Manda Parent. Je suis trop lâche pour linker.
J'avoue cependant que ça n'a pas trop rapport ici. Mais c'est tout ce que j'ai trouvé à redire.
Joan Baez.
RépondreEffacerRectification: 140 kilos.
RépondreEffacerHis picture won't even fit on milk cartons, so he can't be missing, I mean shit, already we lost the goddamned flowers, nobody knows where the fuck hey tare, now Butch, this day is turning into one giant disaster! Sniiffff...
Butch is just behind me and he says what's hap'?
RépondreEffacerHe's eating a blueberry cake or his shorts, as he's realizing he doesn't write so well the title of this fucking song that must be sung by some crazy punks like The Ramones or The Excrements, a famous band from his hometown.
Merveilleuse histoire de bar. Aah… Content de savoir qu'un de plus se tape toutes ces avanies.
RépondreEffacerUne histoire vraie, je précise, É.
RépondreEffacerJe ne suis pas assez intelligent pour les inventer, mes histoires.
J'suis obligé de les vivre, comme le dernier des caves, avant que de les écrire.
Pas vrai pantoute. Pas le bout avec moi en tout cas.
RépondreEffacerLe bout avec Mistral c'est de la pure invention. Il m'a juste dit bonjour comme ça pis je me suis imaginé qu'il jouait au pingpong, ce qui n'a vraiment pas rapport avec l'anecdote qui suit mon entrée en matière.
RépondreEffacerLYES!
RépondreEffacerPareil ici. Aucune imagination. Même mes histoires d'escargots sont vraies.
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