vendredi 30 janvier 2015

Comment les fanatiques de Judée se sont emparés de Rome

Les dieux des Romains étaient tellement remplis de défauts que les hommes et les femmes de ce temps pouvaient en douter un peu. Les dieux baisaient avec tout ce qui bouge, pratiquant autant l'inceste que la zoophilie. Tout un chacun mourrait pour ensuite traverser les enfers et se rendre dieu sait où, peut-être nulle part. La tolérance envers toutes les religions et tous les dieux étaient de mise, puisqu'il y avait de la place pour tout le monde dans le chaos du polythéisme.

Cela dit, il existait une secte provenant des confins de l'empire. Une secte de fanatiques et d'illuminés qui reniaient tous les dieux pour n'en conserver qu'un seul. Le pharaon Akhenaton était comme ça. Peut-être avait-il converti Moïse, Abraham ou quelque autre chef de tribu du désert à la cause de son dieu unique. Quoi qu'il en soit, les habitants de la Judée étaient convaincus qu'il n'y avait qu'un seul dieu. Et ils s'entre-tuaient pour des peccadilles. Certains attendaient le Messie, d'autres l'avaient trouvé et d'autres s'aspergeaient d'eau dans une rivière.

Ponce Pilate, le procurateur de la Judée, ne s'était pas immiscé dans ces querelles barbares. Il s'était toujours contenté d'appliquer les lois de Rome. Il crucifia quelques criminels de droit commun, dont un type qui s'était fait passer pour le roi des Juifs, un crime de lèse-majesté envers César qu'il aurait bien condamné de quelques coups de fouet n'eût été de ces prêtres qui réclamaient à hauts cris la mort de ce pauvre Nazaréen.

-Je m'en lave les mains! avait-il dit après avoir tout tenté pour éviter le supplice à cet illuminé sans défense incapable de lui dire ce qu'était la vérité.

-Ils sont tellement fous avec leur religion et leur livre sacré, ici en Judée, que je dois bien me plier à leurs satanées coutumes pour préserver un semblant d'ordre public et collecter les impôts... avait-il maugréé pour ensuite aller se reposer aux bains publics.

Quelques années plus tard, la chicane entre ces sectes juives s'était déplacée à Rome. Telle secte de Judée prônait la circoncision, telle autre non, et c'était sans compter les marcionites qui reniaient les vieux textes du Livre Sacré en substituant à leur place l'Évangile de Luc et les lettres de Saul de Tarse, un citoyen romain qui avait été décapité pour avoir lui aussi troublé l'ordre public avec ses discours fanatiques qui avaient mené certains de ses prosélytes à renverser les statues des dieux et des empereurs dans les rues de Rome. On ne lui avait pas laissé l'occasion de faire du vandalisme plus longtemps. Tant que Saul parlait contre les dieux, on s'en foutait un peu, mais lorsqu'il se mit à renverser la statue de Néron, susceptible comme un type qui baiserait sa propre mère, cela n'augura rien de bon pour ce gars de Tarse. D'autant plus qu'il y avait même un pamphlet chrétien contre l'empereur qui circulait à Rome dans lequel il était écrit qu'il était une bête portant le chiffre 666, la somme des lettres de son nom, César Néron, comme tout le monde le sait.

Les intellectuels romains, dont Celse, essayaient de comprendre cet envoûtement qu'exerçait ces fanatiques tant sur la plèbe que sur l'aristocratie romaine. Pourquoi certains Romains préféraient-ils ces sornettes, ces miracles et ces mensonges venus de loin plutôt que la philosophie de Socrate, Aristote ou Platon? Était-ce parce que ce Jésus ressemblait à Socrate, un petit gros pas très beau? Socrate lui était pourtant bien supérieur tant au plan de l'intelligence qu'à celui de la bienveillance.

Le fanatisme poursuivait son chemin dans les esprits, d'une décennie à l'autre, de sorte qu'un jour l'empereur lui-même se convertit au fanatisme. Constantin décréta que la religion de cette secte allait devenir la religion officielle de tout l'empire romain. Ensuite, pour bien faire, il prêta ses armées aux papes et aux évêques pour mettre un peu d'ordre dans les affaires de l'Église. Marcionites, Juifs et Simoniaques furent éviscérés. Les temples de l'ancienne religion romaine furent détruits. La tolérance et la liberté en matière de religion disparurent de tout le territoire de l'empire. Bientôt on n'entendit plus que le son des cloches et les appels à la prière de ces fous furieux. Partout dans le vaste empire le sang des hérésiarques et autres païens coula à flots.









jeudi 29 janvier 2015

Le coût de la lecture

Les bons livres sont difficiles à trouver. J'en lis parfois des tas avant que de tomber sur la perle rare. Il m'est souvent arrivé de lire des livres qui m'ennuyaient. Je me disais que l'auteur allait finir par m'émerveiller puisque tout le monde tenait des propos flatteurs à son sujet. Ou bien il m'apparaissait possible que cet auteur soit un genre de Dostoïevski, soporifique à prime abord, qui finirait par m'entraîner vers des intuitions sublimes et inégalées dans l'histoire des lettres. La plupart du temps, je m'étais claqué des centaines de pages pour rien, avec la sensation amère d'avoir confié ma tête à quelqu'un qui ne méritait pas tant d'attention.

J'ai lu Marcel Proust avec dégoût, d'une page à l'autre, au point de me claquer toute la série des romans d'À la recherche du temps perdu. Je n'avais guère le choix puisque Proust s'inscrivait dans le cadre d'un séminaire de lecture pour ma maîtrise à l'université. Chaque roman de cette longue suite fût pour moi un supplice. Je n'ai retenu qu'une seule phrase de Marcel Proust, une phrase que je vous cite de mémoire: il se peut que certains chefs-d'oeuvre aient été écrits en bâillant... Était-il nécessaire de me claquer cinq millions de pages pour ne retenir que ce trait d'esprit? 

***

Le XVIIIe siècle m'a enseigné l'amour de la langue française. Voltaire est demeuré un phare tant pour mes lectures que pour mes écrits. C'est un sommet inégalé de beauté, de style et de perfection.

Les auteurs du Siècle des Lumières sont agréables à lire. Ils suivent l'ordre logique du discours: sujet, verbe et complément. Ils ne vous entraînent pas dans des phrases lourdes et empesées, comme celles de Balzac que je n'ai jamais vraiment réussi à lire et encore moins à apprécier. Balzac? Ennui mortel! 

Je ne prétends pas être un guide dans le domaine des lettres. Pourtant je me dois de vous avouer que quatre-vingt-dix-neuf livres sur cent ne m'ont pas intéressé. J'ai dû en lire des milliers pour trouver parfois un bon livre, au bout de tant d'efforts à me torturer les méninges avec des riens.

Quelques auteurs ont trouvé grâce à mes yeux. D'autres ne méritèrent que mon mépris. Je ne suis pas parfait et je puis sans doute me tromper. Néanmoins je mentirais de vous dire que j'ai aimé lire tel ou tel auteur qui, d'habitude, épate la galerie.

Voltaire est incontournable. Hugo a des éclairs de génie. Prévert me fait rire. Steinbeck sait raconter une bonne histoire. Varlam Chalamov est bien au-delà de toute littérature. Mikhaïl Boulgakov est un réaliste féerique... Henry Miller et Charles Bukowski semblent n'avoir écrit que pour moi seul...

Je ne les nommerai pas tous. Il est certain que j'en oublie, dont quelques auteurs de la littérature québécoise pour laquelle je manque de recul et d'objectivité. Je vous dirais que j'aime VLB, Mistral et McComber que vous me diriez que je dis n'importe quoi parce que je suis aussi mal embouché qu'eux...

Cela dit, ma bibliothèque idéale tiendrait en quelques livres. Le seul livre que j'emporterais sur une île déserte serait quelque chose comme un manuel de survie. Au pire, je passerais mon temps à récrire les aventures de Don Quichote. La littérature ne nourrit pas toujours son homme et ne nous sauve pas de tout, n'en déplaise à ceux qui pourraient m'en vouloir d'écrire cela.

***

Je viens de terminer la lecture de Récits d'un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov. Ces récits me rappellent que ma bibliothèque idéale contiendrait au moins 70% d'auteurs russes. Pourquoi? Parce qu'ils ne m'ennuient pas. Parce qu'ils ont une âme, forte et authentique. Boulgakov, à l'instar du docteur Tchekhov, m'entraîne dans des replis insoupçonnés de la psychologie. Rien de ce qu'ils écrivent n'est anodin. Il y a toujours beaucoup de chair autour de l'os.

J'ai tenté de lire les contes du docteur Jacques Ferron. Jacques Ferron était un grand homme, j'en conviens, mais ses récits de médecin ont moins d'emprise sur moi que ceux de Mikhaïl Boulgakov ou de Anton Tchekhov.

Jacques Ferron a écrit de superbes lettres aux journaux pour défendre la cause du socialisme et de l'indépendance du Québec. Par contre ses romans et ses récits sont fades. Il a cette manie de renverser les phrases. Il commence par le complément et termine par le verbe et le sujet. Cela donne des trucs du genre "à l'école va Luc". Luc va à l'école c'est beaucoup plus simple. Suivre l'ordre logique du discours favorise la communication entre l'auteur et son lecteur. Les fioritures et exercices stylistiques finissent par tuer la littérature. Elles me donnent l'envie de balancer le livre au bout de mes bras: parle avec mon cul ma tête est malade!

Suis-je trop intransigeant? Je déteste m'emmerder. Je n'ai aucune patience avec ceux qui font des exercices de style. Qu'on en vienne au vif du sujet le plus clairement possible.

Mon blogue ne s'intitule pas Simplement pour rien, vous l'aurez deviné.

Je déteste tout ce qui est compliqué. J'accuse de paresse mentale tous ces auteurs qui s'accrochent à des expressions creuses pour nous livrer leur message. Le contenu doit primer sur le contenant. Et on aurait beau avoir le plus beau contenant du monde, s'il n'y a pas de contenu l'oeuvre ne nourrira rien ni personne. Elle sera tout juste bonne pour servir de potiche dans un musée ou une bibliothèque empoussiérée désertée par l'idéal.



mercredi 28 janvier 2015

À propos du poisson pourri et des livres sacrés


“Je m'entête affreusement à adorer la liberté libre.»
Arthur Rimbaud, Lettre à Georges Izambard (1870)

Il est inconcevable de croire que tout l'univers puisse être condensé dans un livre écrit par des primates qui se reproduisent sur un grain de poussière tournant autour d'une étoile banale comme notre soleil.

Pourtant, des milliards d'êtres humains organisent leur vie en se référant à des phrases alambiquées inscrites dans des bréviaires où la sagesse côtoie l'imbécillité la plus réductrice.

Et cela vaut même pour les marxistes et autres pseudo-scientifiques qui prétendent qu'Untel n'est pas un vrai marxiste pour un problème d'interprétation du livre sacré.

Aussi peu que je sache, Dieu n'est pas tant une réponse qu'une question. La vie est mystérieuse et ses questions sont abyssales. Cela ne veut pas dire qu'il faille nécessairement écraser son cul sur le bord de la route et s'y laisser crever comme un chien en attendant la mort. Quoique rien ne laisse prétendre que cette solution ne soit pas meilleure que les autres tout compte fait. Il est possible que de se laisser crever soit moins dommageable pour tous. Moins dangereux pour la communauté que de vivre en découpant les autres en rondelles pour justifier la sagesse du livre sacré dont on suit les niais préceptes à la lettre.

Je reviens souvent sur Diogène de Sinope pour analyser un tant soit peu les comportements de mes frères et soeurs humains que la plupart du temps je ne comprends pas.

Diogène de Sinope vivait à la même époque que Platon et s'est inscrit dans nos mémoires comme le philosophe qui couchait dans un tonneau comme un sans-abri.

On le tenait pour un sage, pour un Socrate devenu fou à vrai dire, qui se permettait de dire tout ce qui lui passait par la tête, sans retenue.

Je m'en voudrais de le faire passer pour mon guide en toute chose. Loin de moi l'idée de remplacer les livres sacrés par ce sacré Diogène. Néanmoins, il me faut vous répéter une anecdote ayant trait à sa vie de philosophe fou  afin de vous livrer l'intuition que j'ai de cette «liberté libre» dont parlait, entre autres, le poète Rimbaud dans sa correspondance avec son professeur Georges Izambard.

Diogène était tenu pour un sage par cette faculté qu'il avait de bousculer les idées reçues.

Un jour, un type vient le voir pour lui demander de lui prodiguer son enseignement.

-J'aimerais devenir votre disciple. Enseignez-moi votre sagesse, qu'il lui demande.

Diogène acquiesce à contrecoeur. Il lui montre d'abord un vieux poisson pourri et lui recommande de se l'accrocher dans le dos et de le suivre.

Le disciple s'accroche donc le poisson pourri dans le dos et le suit partout sous le soleil de plomb d'Athènes.

L'odeur qui exhale du poisson pourri est tout simplement écoeurante.  Une heure, deux heures puis huit heures passent à suivre Diogène avec ce poisson pourri dans le dos. Diogène ne lui adresse même pas la parole. Au bout de la journée, le disciple n'en peut plus et décide tout bonnement de s'en aller.

-Que fais-tu là? s'étonne Diogène.

-Je m'en vais! Je vous suis depuis ce matin avec ce poisson pourri dans le dos et jamais vous ne m'avez adressé la parole ni enseigné quoi que ce soit! J'en ai assez de ce poisson pourri! Je vous le redonne et je m'en vais!

-Minute garçon! réplique Diogène. Tu prétends que je ne t'ai rien appris aujourd'hui? Au contraire, je t'ai tout enseigné... Ce matin, tu étais prêt à me suivre n'importe où avec un poisson pourri dans le dos et, maintenant que tu te refuses à le porter, ne vois-tu pas que je t'ai appris à devenir ton propre maître?

***

Des tas de gens autour de nous portent un poisson pourri dans le dos, sous la forme de tel ou tel livre sacré, de telle ou telle doctrine.

Être maître de soi-même n'est pas nécessairement une bonne position sociale. Diogène allait seul et couchait dans un tonneau comme un sans-abri...

Qui veut de cette «liberté libre» du poète ou du philosophe? Qui voudrait de la solitude?

Qui ne préfère pas porter son poisson pourri dans le dos plutôt que d'être libre comme un chien qui se laisse crever sur le bord de la route?

Je n'ai pas de réponse à cela et je sais que je n'en trouverai pas dans les livres sacrés, les traités marxistes ou bien dans les récits rapportés sur Diogène de Sinope.

***

-Qu'est-ce que la vérité? demanda Ponce Pilate à Jésus, alias le Fils de Dieu.

Jésus ne trouva rien à répondre.

J'ai pourtant lu Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, un des romans les plus fascinants que j'aie lu au cours de ma vie, un roman où Ponce Pilate et Jésus semblent se disputer avec le diable qui se déguise en chat bipède qui porte un chapeau haut-de-forme.

Il ne m'est resté que des questions après avoir lu ce livre.

Des questions plus brillantes que toutes les réponses qu'on a tenté de m'inculquer au cours de mon existence.

Comme quoi la littérature, aussi fausse soit-elle, me semble plus près de l'infini que tous ces faux discours qui voudraient nous faire accroire qu'il est du devoir de tout homme de porter un poisson pourri dans le dos.

mardi 27 janvier 2015

Les Grecs vont nous montrer comment danser

Les Grecs vont nous montrer comment danser. Les fripouilles corrompues qui endettent les peuples et pillent les nations finiront par trouver la Terre trop petite pour s'y cacher. Le combat contre l'austérité se poursuivra jusqu'ici. La danse de Zorba deviendra peut-être une danse de la résistance. Couillard et ses austères ploucs pourront aller se faire voir chez les Grecs. Dans un monde qui s'écroule, les Grecs défient le monde en dansant comme Zorba. Vive la Grèce! Vive Syriza!

dimanche 25 janvier 2015

Un peintre qui sait peindre n'est qu'un laissé-pour-compte

Charles Pellerin était un artiste-peintre de grand niveau. Il n'avait que vingt ans et déjà l'usage qu'il faisait de ses pinceaux le rapprochait de Vermeer de Delft  et Caspar David Friedrich. Évidemment, ses thèmes étaient modernes, plutôt surréalistes, mais sans sacrifier à la technique et à la justesse des traits. Il peignait sans modèle, sans miroir et sans photographie. Tout lui sortait de la tête avec cette perfection qui ne manquait pas d'étonner ceux qui ne prétendent pas connaître quoi que ce soit à l'art.

Charles était plutôt mal vu à la faculté des arts plastiques de l'université de ploucs qu'il fréquentait. Ses professeurs, de vieilles fripouilles sans contenu, lui reprochaient de ne pas s'adonner à l'art abstrait. Ils lui rappelaient qu'il était idiot de savoir dessiner, de peindre réalistement, de représenter quelque chose d'évocateur. Ils lui disaient qu'il était trop commercial, trop vrai, trop ceci ou cela. Et le pauvre Charles, qui ne se voyait pas faire autrement, revenait vers son petit atelier avec l'amertume d'un incompris et la rage de voir les imbéciles triompher.

Charles Pellerin ne faisait pas partie des artistes les plus appréciés de la faculté, il va sans dire. Les plus appréciés étaient, entre autres, Fabienne D'Astruc, une fille qui clouait des espadrilles et des vieilles bottines dans des cadres achetés à vil prix à l'Armée du Salut. Il y avait aussi Luc Flamand qui signait Excrément. Il faisait essentiellement des performances pour lesquelles il se déguisait en sac à ordures. Puis il y avait Lulu Leclerc qui s'achetait des toutous dont elle coupait la tête avec une scie ébréchée pour ensuite les coller sur du contreplaqué avec un vernis très épais.

Vous comprenez que Vermeer de Delft et Caspar David Friedrich n'étaient pas du tout le truc de tous ces poseurs.

Pourtant, Charles Pellerin participaient à tous les concours sans jamais rien recevoir. Le public appréciait son talent: c'était une raison de plus pour ne lui remettre aucun prix.

Ses tableaux ne se vendaient pas et aucune bourse ou subvention ne lui tombait sur la tête.

Fabienne D'Astruc avait reçu vingt mille dollars pour se rendre en Belgique, en Suisse et en Croatie.

Luc Flamand, alias Excrément, projetait une exposition à New-York, avec l'aide du doyen de la faculté des arts plastiques, Herménégilde Levasseur, qui était devenu son amant.

Quant à Lulu Leclerc, la municipalité lui avait passé un contrat pour réaliser des fresques en des points stratégiques de la ville, des fresques où n'apparaissaient, vous vous en doutez bien, que des toutous décapités figés dans du vernis.

Ce qui fait qu'au bout d'un certain temps, Charles Pellerin abandonna la peinture pour devenir chauffeur de taxi.

Il peint toujours un tant soit peu, pour des particuliers qui lui demandent de décorer des roulottes à patates frites, entre autres, mais disons qu'il a perdu le feu sacré.

Les peintures qu'il réalise pour ces roulottes à patates frites conservent encore quelque chose de Vermeer de Delft et de Caspar David Friedrich, mais personne ne s'en soucie vraiment quand la gueule est remplie de hot-dogs et de patates.

Charles Pellerin n'est plus un artiste de grand niveau, voyez vous.

Il est devenu tout le contraire de Fabienne D'Astruc, Excrément et Lulu Leclerc.

La vie est chienne, hélas.

samedi 24 janvier 2015

Un coeur de pierre

C'était un homme froid avec un coeur de pierre qui savait parfois singer quelques émotions de bon ton pour ne pas être tout à fait ostracisé.

Tous les malheurs passés, présents et futurs de l'humanité ne suscitaient en lui que de l'indifférence, à moins que son argent n'y soit en cause. Alors là, il vous aurait inventé mille et une raisons, quitte à faire semblant de pleurer, ne serait-ce que pour préserver son fric.

Il ne se sentait pas vraiment seul en ce monde puisque dans son monde à lui les coeurs de pierre n'étaient pas une rareté. Il se trouvait des tas de personnes infâmes parmi les notables qu'il fréquentait pour préserver sa morale de merde, sa bonne réputation et ses honneurs immérités.

Il occupait un rang élevé dans la hiérarchie sociale. En plus d'être un homme d'affaires avisé, il était ministre dans le gouvernement nouvellement élu. Ministre de l'entraide sociale ou quelque truc pléonastique du genre, je ne me souviens plus.

Il s'était fait beaucoup d'argent à vendre trois fois le prix des maisons qui ne valaient rien. Le bon peuple, naïf et béat d'admiration devant tous les gros comptes bancaires, l'avait élu commissaire scolaire, puis conseiller municipal, maire et enfin député.

Quand il revenait du travail, rien ne l'amusait autant que de louer les services d'une escorte pour s'amuser à la fouetter à grands coups de ceinture. Ça le détendait de toutes les pressions subies au cours de la journée avec les médias, les manifestants et autres petits enfoirés qu'il aurait très bien pu écraser comme des punaises si cela n'avait pas nui à ses intérêts. Son épouse fermait les yeux sur ses fantaisies parce qu'elle savait qu'il était dangereux et sans pitié, même avec elle, son esclave en chef.

Ses amis Roger et Bérubé partageaient avec lui ces séances de flagellation d'escortes en tous genres.

Les escortes étaient d'ailleurs mieux de se la fermer si elles ne voulaient pas finir dans le fleuve, enrobées dans un sac de couchage, avec les pieds attachés à un bloc de béton.

C'était déprimant que de vivre en un monde où de telles charognes étaient récompensées jour après jour dans tous les médias pour avoir distribué des peccadilles prises sur l'argent qui était quotidiennement volé au peuple et transféré aux banquiers et autres fumiers de paradis fiscaux.

Ceux et celles qui n'avaient pas un coeur de pierre et qui raisonnaient un tant soit peu finissaient par rêver de voir s'écrouler tout ça plutôt que de se sentir toujours impuissants devant ces manquements constants à la dignité humaine.

Lui, il s'en foutait pas mal.

-Après moi le déluge! qu'il disait, cigare en bouche, après une session de libertinage bien payée.

Quand il voyait un mendiant, il l'insultait.

Quand on lui disait que les deniers publics étaient détournés vers les coffres des banques, il s'en gaussait.

C'était un homme de son temps.

Oui, c'était un vrai charognard.










vendredi 23 janvier 2015

Une cause transcendante

Le monde n'est pas pétri que de haine et de stupidité, même s'il n'est pas rare de rencontrer semblables matières un peu partout sur le globe, surtout là où les arbres sont calcinés; là où l'eau est sale et croupie. On ne trouve pas le meilleur de l'homme dans un décor apocalyptique. Pour qu'il y ait de la beauté, de la bonté et de l'amour, il vaut sans doute mieux de vivre le plus loin possible des soucis.

Je ne crois pas élaborer ici une grande sagesse puisqu'elle est de toutes les époques.

Quand pauvreté entre par la porte, l'amour s'en va par la fenêtre. Chez les Romains comme chez les Scythes. Chez les Anishnabés comme chez les Kurdes.

On ne mord pas la main qui nous nourrit dit-on pour se donner du jugement.

Quand la main qui te tend un quignon de pain l'accompagne d'une mitraillette, tu prends l'un et l'autre et fais ensuite ton chemin dans cette vallée de larmes.

On peut juger de ce qui se produit à grande échelle en comparant avec ce qui se passe à petite échelle.

Dans un quartier pauvre, on ne trouve parfois que des criminels pour vous donner du fric et de la dignité. Il y en a toujours quelques uns qui résistent à l'appel des bandits. D'autres n'ont pas cette faculté de faire patienter leur tête et leur estomac.

Une meilleure distribution des richesses pourrait susciter plus de paix sociale. Cela tombe sous le sens. L'austérité, tout au contraire, ne favorisera que la guerre civile entre toutes les composantes de la société.

Non, je ne pense pas avoir raison de tout en vous disant cela.

Je ne retire aucun avantage au fait d'avoir tort ou raison puisque je n'adhère à rien.

Ma cause est presque transcendante.

Je crois en la bonté, en la beauté et en l'humanité.

J'y crois comme le dernier des cons si cela se trouve.

Et, malgré tout, je m'en porte bien.

Pardonnez-moi ces réflexions un peu creuses.

Cela ne ressuscitera pas les morts et ne donnera pas plus de pain aux vivants.


jeudi 22 janvier 2015

À propos de la fatuité et des nombrils de l'ancien monde

Cela se passait à une époque où les fats exultaient d'être fats. Tout un chacun semblait se faire sécher le nombril au grand soleil en s'inventant des scénarios pour glorifier leur moi d'une incommensurable fatuité.

-Moé, là, moé ej' suis un gars qui... disaient les hommes en préambule de toute déclaration aussi vide que narcissique.

-Moé, là, moé ej' suis une fille qui... disaient les femmes pour les mêmes raisons.

Sur dix milles têtes, on en trouvait parfois une ou deux qui s'inquiétaient du sort d'autrui sans pour autant se mettre à l'avant-scène.

Comme ces têtes ne cherchaient pas à faire leur autopromotion, on entendait rarement parler d'elles. 

Dans ce monde, les médias se consacraient essentiellement à faire de la publicité pour rendre gloire aux fats et aux nombrils.

La charité y était bien ordonnée puisqu'elle y commençait et y finissait pour soi-même.

Tout acte d'altruisme était ridiculisé comme il se doit afin que l'argent demeurât entre les mains frivoles des égoïstes.

-Moé, là, moé ej' pense que c'est normal de cacher son argent dans un paradis fiscal parce que n'importe qui voudrait pas payer pour les ploucs qui savent par vivre...

-Moé, là, moé ej' suis une fille qui a besoin d'avoir des massages pis des bronzages réguliers sinon ej' me mets à m'sentir mal pis en dépression... Les ceusses qui ont pas d'argent ont rien qu'à en gagner! C'est pas de ma faute si y'en a qui sont laids...

Vous devinerez facilement que ce monde-là n'avait pas d'avenir et qu'il finit un jour par s'écrouler puisque ses fondements étaient vaseux.

La sacro-sainte économie planta du nez comme un bateau de croisière fonçant dans un iceberg terreneuvien.

Les fats et les nombrils s'emparèrent des canots de sauvetage en vain puisque l'océan lui-même était en feu.

Comme les pauvres et les «démunis» n'avaient jamais accès aux bateaux de croisière, ils survécurent tant bien que mal sur la rive désolée.

Il y avait bien sûr des fats et des nombrils parmi eux, mais l'instinct grégaire fit en sorte que l'on se méfia des imbéciles qui avaient contribué à l'effondrement de ce monde.

On se mit à promouvoir l'humilité et la solidarité, comme s'il ne pouvait pas y avoir autre chose dans une communauté humaine.

Je ne dis pas que ça devint le meilleur des mondes, non, mais l'on peut dire que les fats et les nombrils l'avaient eu dans le cul.

Il y aura toujours une limite aux civilisations qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes.

La fatuité provoque un tel ennui chez les uns et les autres que n'importe quoi finit par devenir plus intéressant.

Dans ce nouveau monde, les «moé, là, moé ej' suis ceci ou cela» n'avaient plus aucune prise,

Comme dans le fameux poème d'Ivan Karamazov, il était devenu stupide de se plaindre d'avoir plus de mal à regarder les gens se noyer au large que ces derniers pouvaient en avoir à se noyer.


mercredi 21 janvier 2015

La route de Cormac McCarthy

J'ai littéralement dévoré le roman La route de Cormac McCarthy. J'avais déjà vu l'adaptation cinématographique qu'en a faite John Hillcoat en 2009 avec Viggo Mortensen dans le rôle de l'«homme», le personnage principal. Plusieurs m'avaient dit que le roman lui était supérieur. Après l'avoir lu, je conviens que l'original a toujours de la valeur ajoutée sur la copie, bien que le film ne soit pas à mon sens une mauvaise adaptation.

Dans les deux cas, je me suis contenté de la traduction française. Je comprends l'anglais plutôt bien, mais je suis paresseux et ne lis l'anglais qu'en cas de force majeure, pour les nouvelles et pour la littérature pas trop complexe, comme celle de Steinbeck par exemple. On me reprochera sans doute de ne pas faire d'efforts et je ne le réfuterai pas.

Selon l'idée que je me fais de l'original à partir de la traduction française, La route ne me semble pas un cas de littérature complexe. C'est écrit tout d'une traite, sobrement, avec le minimum d'effets littéraires et une ponctuation dépouillée.

Cette simplicité permet d'entrer dans le corps du sujet, un récit apocalyptique qui balance sur la route un père et son petit garçon maigrelet dans un monde où il ne reste plus que des cendres et quelques rares créatures humaines qui survivent en ayant recours au cannibalisme.

Le père et son petit garçon maigrichon font partie des gentils et ne mangent pas de chair humaine. Ils pillent ce qu'ils trouvent sur leur route dans les maisons et commerces déserts, essentiellement des boîtes de conserve qu'ils bringuebalent dans un caddie de supermarché tout au long de leur périple vers un ailleurs qui n'existe plus.

Je vous passerai de détails sur leurs aventures: le film existe déjà et je me doute que vous ne vous claquerez pas le roman.

Pourtant, ça en vaut le détour. Et pas seulement parce que le roman a remporté le prix Pulitzer en 2007. Ça vous colle longtemps dans la tête, comme une histoire qui vous raconte le présent bien plus que l'avenir, comme si l'auteur voulait nous dire que nous vivons dans un monde de merde où l'on ne peut plus faire confiance en personne. C'est un roman plus effrayant que les films Décadence 1, 2, 3, 4 ou 5 parce que cela se vit quelque part dans le monde en ce moment même.

***

Mon professeur de philosophie, feu Alexis Klimov, m'avait secoué par la justesse de ses vues quant à l'histoire de l'art. Il m'a appris que l'art est le miroir de son temps. Il soulignait avec force que l'effacement du regard était l'une des caractéristiques de l'histoire de l'art, des temps antiques jusqu'à nos jours. Le regard était de feu dans les représentations humaines d'il y a des siècles, De nos jours, l'homme est représenté sous les traits d'un insecte, d'un cannibale ou d'un zombie assoiffé de sang. Son regard est vide. Ses traits sont difformes. Quand ce n'est pas qu'une abstraction dépouillée de toute signification.

On peut en conclure que nous vivons à une sale époque et que les récits apocalyptiques ont encore de l'avenir.

Saturne continue de dévorer ses propres enfants.

Les gentils se font plus rares que les méchants.

Néanmoins, il faut continuer de porter le feu sacré, l'humanisme, la beauté et la bonté, même si tout concourt à ce que nous nous anéantissions les uns les autres.

L'espérance est toujours devant, jamais derrière. Bien que les Anciens plaçaient l'Âge d'or dans le passé, convaincu que nous vivions à l'Âge de fer, l'avenir ne leur réservant que de la merde...


***

Cormac McCarthy, La route, Traduit de l'anglais par François Hirsch, Éditions de l'Olivier, 2008, coll. Points, 252 pages


mardi 20 janvier 2015

Ma gauche à moi n'est pas totalitaire

Les esclavagistes des États confédérés d'Amérique ont bénéficié du soutien d'intellectuels deux fois moins que rien qui prétendaient que les esclaves noirs seraient abandonnés à eux-mêmes s'ils ne bénéficiaient pas de l' «aide» de leurs maîtres pour les loger et les nourrir. Il s'en trouvait même parmi les esclaves pour défendre l'esclavage, à défaut d'avoir connu autre chose.

L'histoire se répète aujourd'hui avec les femmes voilées. On accuse de «paternalisme dégoûtant» ceux et celles qui croient, avec raison, qu'elles doivent être libérées du joug de l'esclavage. Ce réflexe appartient surtout à une certaine gauche plus près de l'Albanie de l'ancien dictateur Enver Hoxha ou bien de l'Ayatollah Khomeini. Hoxha, l'ancienne idole des marxistes-léninistes québécois, partageait avec Khomeini cette même rage folle contre l'Amérique, l'Occident, ses droits et ses libertés. Il ne faut donc pas s'étonner de voir des gauchistes liberticidaires faire les gorges chaudes contre tout ce qui s'attaque aux esclavagistes de l'autre monde, au nom d'une idéologie croupie qui empeste le Moyen-Âge.

Je me rattache à la gauche libertaire, la gauche insoumise qui enlève les chaînes et se rebelle contre toute forme d'autorité. Cette gauche-là n'a rien à voir avec cette soi-disant gauche caviar menée par des petits-bourgeois en mal de sensations fortes qui se mettraient à genoux devant n'importe quel tyran qui cracherait sur les idéaux de papa et maman qui paient pour tous les pots cassés.

Ma gauche à moi est profondément ancrée dans le sous-prolétariat et n'appartient à aucun parti politique. Elle se reconnaît dans tous ceux et celles qui combattent pour la liberté, la laïcité et la solidarité. Elle se tient à l'écart de toutes les formes de pensées totalitaires. Elle est honnie tant par la droite conservatrice que par la gauche bon chic bon genre qui s'agenouillerait devant le tyran Denys de Syracuse comme le faisait ce crétin de Platon.

Ma gauche à moi se promène tout nu dans les rues de la ville, comme Diogène le cynique, et elle insulte tous les grands de ce monde et leurs larbins de service.

Ainsi soit-il...





dimanche 18 janvier 2015

Marsouin, l'adorateur de Zmardol le Dieu à tête de chien

Marsouin n'était pas son vrai nom mais je ne vais tout de même pas me mettre dans la merde en vous le désignant sous sa vraie identité. Marsouin n'entendait pas à rire et il serait plutôt du genre à vous planter un marteau dans le crâne pour une galéjade.

Cela dit, je peux tout de même vous le décrire afin que les générations futures puissent comprendre un tant soit peu l'esprit de notre époque.

Évidemment que sa moustache et les commissures fripées de ses lèvres minces n'avait pas beaucoup d'incidence sur sa personnalité, quoique l'on soit parfois affecté par des hémorroïdes saignantes ou bien des caries dentaires, ce qui n'était pas son cas à ma connaissance.

Marsouin, en plus d'être moustachu, était un homme moyen en toutes choses, de sorte qu'on ne trouvera rien d'autres à dire ou à contredire quant à l'aspect général de sa personne.

Là où il se démarquait le plus de la masse, c'était par sa foutue religion qui lui faisait regarder le monde d'un oeil mauvais et inquisiteur.

Marsouin, pourtant né catholique non-pratiquant, avait embrassé la foi de la Très Sainte Église du Dieu à la tête de chien, une secte qui, comme vous vous en doutez, adorait Dieu sous la forme d'une statue d'un homme avec une tête de chien, statue que ses adorateurs appelaient Zmardol pour se guérir de tous les petits bobos et doutes de l'existence.

Zmardol exigeait, comme tout dieu qui ne respecte pas l'humanité, qu'on se prête à toutes sortes de singeries toutes plus répugnantes les unes que les autres. Il fallait tous les jours à heures fixes réciter la profession de foi du prophète Lodram le mille fois saint d'entre tous les saints. Il s'agissait de scander tout en se gargarisant avec de l'eau chaude que Zmardol était l'unique Dieu, que Lodram était son prophète mille fois saint d'entre les saints, et que tous ceux qui ne se soumettaient pas à la sainte doctrine du Livre sacré rédigé par les treize disciples de Lodram étaient de purs idiots qui méritaient d'être traités comme des moins que rien maintenant et pour toute l'éternité.

Un des aspects les plus bizarres de leur culte consistait à se couvrir la tête de crottes de chien en se tournant vers le Pôle Sud, là où seraient enfouis les douze titans de Zmardol ainsi qu'une baguette magique qui guérissait de tout, même de la variole.

Marsouin avait embrassé ce culte pour la simple et bonne raison qu'il s'ennuyait ferme et n'était pas très populaire avec les femmes. Le zmardolisme allait y remédier en lui promettant autant de femmes qu'il voulait dans la mesure où toutes les femmes devaient servir les hommes pour que les desseins de Zmardol puissent s'accomplir sur cette terre. Les femmes, impures et toujours en train de refuser de faire l'amour avec des types pas très beaux qui se lavent une fois par mois, devaient obligatoirement être cachés dans un garde-robe, le jour, et dans le lit de l'homme, la nuit. Le reste du temps elles devaient faire à manger et récurer les chiottes.

Marsouin s'était donc fait donner une femme, une pauvrasse sans nom, comme l'ordonnait le zmardolisme, qui faisait tout ce qu'enseignait le Livre sacré et qui ne regardait jamais les autres hommes dans les yeux afin que Marsouin se sente bien dans sa peau. Comme elle passait toute la journée enfermée dans un garde-robe, voire dans la remise avec les pelles et les râteaux, vous comprenez que l'occasion de commettre le péché ne se présentait pas souvent, au grand bonheur de Marsouin fier d'avoir une femme si vertueuse. Zmardol, par ailleurs, avait bien dit à Lodram qu'il se devait de faire plein d'enfants et qu'il pouvait avoir plein de femmes dans sa remise ou son garde-robe, pourvu qu'elles se taisent.

Certains croient que tout a mal fini pour Marsouin parce que, dépité de voir tant de gens ridiculiser sa Foi, il accomplit un jour son devoir de faire la guerre sainte envers tous ceux qui se moquaient de lui quand il déambulait dans les rues de la ville avec une crotte de chien sur la tête.

-Je vais vous apprendre, mécréants, à vous moquer de Zmardol et de Lodram, son prophète, mille fois saint d'entre tous les saints! qu'il avait crié avant que de se faire exploser au beau milieu d'une foule avec des bâtons de dynamites entourés autour de la taille.

Il y avait eu huit blessés et trois morts, dont Marsouin.

Cependant, Marsouin n'était pas vraiment mort, non.

Marsouin était devenu, par cet acte de très grande Foi, un saint d'entre les saints au paradis du Dieu à tête de chien. Dans ce paradis, il pourrait désormais violer autant de vierges qu'il voulait en se roulant dans la merde.

Les adorateurs de Zmardol ont bien sûr laissé entendre que cet attentat terroriste n'avait rien à voir avec Zmardol, Lodram, le Livre sacré et toutes ces femmes maintenues esclaves dans des remises, des hangars ou des garde-robes.

Les zmardolistes réclamèrent le respect pour leur religion, respect sans lequel des tas de marsouins allaient se faire exploser parmi la foule pour lui apprendre à se soumettre au Dieu à tête de chien.

-Vous avez le choix entre la matière douce ou la matière forte, bande de mécréants! Soumettez-vous à Zmardol, pécheurs! Recouvrez votre tête de crottes de chien! Cachez les femmes dans les garde-robes! Cessez d'insulter Zmardol en allant au cinéma, à la bibliothèque ou bien à la claire fontaine! Il est écrit que vous ne ferez rien d'autre que ce qui est permis par le Livre sacré! Rendez grâce à Zmardol et à Lodram, mille fois saint d'entre les saints! Bénissons Marsouin d'avoir accompli le dessein divin en faisant tomber le bras vengeur de Zmardol sur tous ceux et celles qui refusent de vivre selon les saints préceptes du Livre sacré!

Au moment où j'écris ça, je me doute bien que les zmardolistes feront tout pour me buter. J'ai l'air de rire de Marsouin, de Zmardol, de Lodram et de tous ces crétins de prêtres superstitieux et imbéciles qui adorent des crottes de chien.

Pourtant, j'ai connu Marsouin avant qu'il n'adhère au zmardolisme et, bien qu'il ne pognait pas avec les femmes, il était un tantinet moins con. Il se cachait dans son garde-robe toute la journée pour lire des bandes dessinées et passait le reste de ses temps libres au cinéma.

Maintenant que les zmardolistes sont partout, on ne peut plus bouger d'un pouce sans crainte de se faire exploser la tronche. Ils veulent changer notre constitution et nos lois en menaçant de toutes les infamies nos poltrons de politiciens et de fonctionnaires.

Quant à moi, comme bien d'autres malgré tout, j'aime mieux mourir debout que de vivre à genoux comme les adorateurs de crottes de chien et autres masturbateurs intellectuels.

Je pense que nous sommes encore nombreux à croire que les dieux n'ont pas que des qualités et que les hommes n'ont pas que des défauts, bien que ce ne soit pas facile d'y croire par les temps qui courent.

Enfin! Si vous faites comme Marsouin, attendez-vous à ce que je moque de vous avec empathie et mansuétude. Je m'en voudrais à votre place de vous voir gâcher votre vie avec des conneries indignes de l'intelligence humaine.


vendredi 16 janvier 2015

La fois où j'ai perdu la Foi

Quand j'étais jeune je devais obligatoirement me présenter à l'office dominical de l'église catholique pour me faire laver le cerveau bien plus que pour m'y instruire. Tous mes amis n'allaient plus à la messe depuis longtemps. Il n'y avait plus qu'une poignée de têtes grises à mon église. Comme l'église voulait tout de même s'approprier une relève, je devins servant de messe sans toutefois subir les saillies du curé qui, par ailleurs, a bientôt défroqué pour mieux aimer l'une de ses paroissiennes: une sage décision sans aucun doute.

Plus je vieillissais plus cette église croupie me dégoûtait. J'étais sensible aux arts et aux lettres. Mes lectures m'éloignaient chaque jour un peu plus des dogmes et des superstitions. J'ai d'abord commencé par faire semblant d'aller à l'église. Mes parents y allaient le samedi soir. J'y allais le dimanche. Et plutôt que de me rendre à la messe pour les entendre débiter toujours les mêmes conneries, j'allais jouer au billard à la salle de pool de la rue Godbout, dans la P'tite Pologne, un quartier pauvre de Trois-Rivières. Je revêtais mes plus beaux habits pour jouer à Space Invaders tandis que mes amis portaient des tee-shirts de groupes rock et des bottes Kodiak délacées. 

Je fréquentais de plus en plus assidûment la bibliothèque municipale et la librairie L'Exèdre où j'achetais des livres impies avec l'argent que je gagnais en tant que commis de dépanneur.

J'achetais aussi les revues Hara Kiri, Pif Gadget, Fluide Glacial et Charlie Hebdo. 

Au bout d'un temps j'ai cessé de croire.

Je me souviens d'un rêve qui me mena vers l'apostasie. Je vois le diable en train de sacrifier quelqu'un sur un autel en me demandant de les rejoindre dans leur culte satanique. Je crie. Je me débats dans mon rêve. Puis je me réveille athée. 

-Toutes les religions, c'est de la connerie! Dieu n'existe pas! que je me souviens d'avoir dit pour la première fois de ma vie.

Je n'ai pas rendu un culte à Satan par la suite. Je me suis plutôt fourvoyé avec le marxisme et les classiques de l'anarchisme, les éditions Spartacus, Jean-Jacques Pauvert, etc.

Au fil des ans, je ne suis jamais revenu vers la religion. J'ai lu beaucoup à son sujet, mais rien n'a vraiment réussi à me raccrocher à quelque rituel que ce soit. 

Je me tiens toujours aussi loin des autels.

Il m'arrive de penser, comme mes ancêtres aborigènes, qu'il existe peut-être quelque chose comme un Grand Esprit, mais j'avoue tout de suite que je n'en sais rien. Le Grand Esprit ne me parle pas vraiment. J'admire la Création sans savoir si cela fût vraiment créé. Ma spiritualité est orpheline de toutes traditions religieuses. Elle est pétrie de doutes et je m'en porte très bien ainsi.




jeudi 15 janvier 2015

La France d'une poignée d'immortels


Je relis en ce moment L'essai sur les moeurs et l'esprit des nations de Voltaire. J'éprouve toujours un grand plaisir à fréquenter Voltaire qui, malheureusement, demeure toujours d'actualité. Son rire perspicace et intelligent traverse les âges et les frontières pour nous parvenir comme une consolation quand l'on désespère un tant soit peu du genre humain.

Tout ce qu'il ne pouvait pas dire, Voltaire l'écrivait en sous-texte avec une clarté qui m'inspire encore. La vérité finissait par être dite, du moins sa vérité, même s'il la cachait sous des formules qui faisaient rager tous les esprits mesquins et inquisiteurs de son temps.

Lorsqu'il parle de la Bible et de ses conneries, Voltaire rappelle à ses lecteurs que les prodiges et les miracles de cette époque ne se reproduisent plus aujourd'hui parce que Dieu l'a décidé ainsi. Tout lecteur un tant soit peu intelligent comprend que Voltaire se moque des prodiges et des miracles pour ne s'intéresser qu'aux faits, à l'instar de ces philosophes anglais qu'il a fréquentés après avoir été condamné à l'exil.

La France de Charlie Hebdo doit beaucoup à Voltaire, Rabelais, Villon, Molière et compagnie, tous briseurs de mythes et chauds partisans d'un humour savant qui est toujours d'actualité.

L'esprit français, cet esprit unique dans le monde des arts et des lettres, éclaire encore le monde. Quelque chose en moi me rappelle avec fierté que je porte cet héritage.

«Ce qui n'est pas clair n'est pas français», écrivait le contre-révolutionnaire Rivarol. On pourrait ajouter que l'irrévérence est un produit exclusivement français. De Rabelais à Charlie Hebdo, il y a tout un monde d'idées déjantées qu'aucune autre culture n'aura su pousser aussi loin.

Voilà pourquoi la France demeure de nos jours la patrie de tout ce qui pense et réfléchit librement en ce monde.

On l'a longtemps cru clouée au plancher, défaite, ruinée. Pourtant, elle revient tout comme on y revient toujours, parce que la France des beaufs n'aura jamais le dessus sur la France de Rabelais, Molière, Voltaire, Baudelaire, Rimbaud, Hugo, Reiser et Cabu.

Vive la France de cette poignée d'immortels et foutre de tout ce qui craint la rigolade!

mercredi 14 janvier 2015

L'extermination des poulamons à Sainte-Anne-de-la-Pérade

La pêche aux petits poissons des chenaux recommence à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Des centaines de cabanes sont installées sur la glace de la rivière Sainte-Anne pour accueillir les visages pâles et autres pieds-tendres qui vont pêcher du poisson qu'ils ne mangeront même pas pour la plupart.

Cela me fend le coeur, bien entendu, que de voir tous ces connards empiler des cadavres de poulamons sur la glace comme s'il s'agissait d'un troupeau de bisons que des abrutis d'une autre époque abattaient à partir d'un wagon de chemin de fer.

Les bisons ont frôlé l'extermination complète. Tout comme les Sioux et autres aborigènes qui prenaient une toute petite part du troupeau chaque année pour s'en nourrir. Bientôt, ce sera le poulamon -et tout le reste ensuite. On appelle ça le progrès et la civilisation...

Si vous allez à la pêche au poulamon, mangez le poisson ou bien oubliez ça. Est-ce trop demander?



lundi 12 janvier 2015

L'obscurantisme du bon docteur Couillard

Hier, tout le monde était Charlie. Je ne saurais m'opposer à la vertu et je sais bien que tout le monde aime la tarte aux pommes.

Je suis bien content que des tas de gens, dont les plus hypocrites de nos politiciens, se fassent maintenant aller la gueule pour des beaux principes qu'ils méprisaient encore la semaine dernière.

Le maire de tel trou reculé qui menaçait de poursuites civiles tel ou tel caricaturiste (peut-être moi, sic!) met ses drapeaux en berne pour afficher sa solidarité avec les victimes de Charlie Hebdo et sans doute défendre un peu la liberté d'expression... Demain, il sera le premier à menacer quiconque rira de lui en dessinant sa tête d'oeuf.

Le plus hilarant d'entre tous, quant à moi, était le Premier Ministre du Québec, le docteur Philippe Couillard, qui participait à la marche Je suis Charlie à Québec. (À Montréal, une ville plus à gauche, il se serait fait lancer des tomates...)

Le Premier Ministre du Québec a dit, en substance, que la lumière triompherait de l'obscurantisme...

Pourtant, le bon docteur Couillard a été payé pendant quelques années par l'un des régimes les plus obscurantiste de la planète, l'Arabie Saoudite, où l'on découpe en rondelles et fouette les opposants politiques, où les femmes n'ont aucun autre droit que celui de se taire, mais où l'on fait beaucoup de pognon qu'on peut ensuite placer dans un paradis fiscal sans contrevenir aux lois du Canada et du Québec quand on en revient plein aux as...

Ce régime despotique est avec le Yémen et plusieurs autres dictatures du Moyen-Orient un terreau fertile pour le terrorisme religieux qui déferle partout dans le monde ainsi que dans les salles de rédaction de nos journaux libres.

Si j'avais souhaité combattre le régime hitlérien obscurantiste, il me semble que j'aurais trouvé un autre moyen que de me trouver une job en Allemagne nazie. Évidemment, je ne parle que pour moi, fils de roturier qui n'a jamais voyagé plus loin que l'Alaska et qui ne connais rien aux plaisirs et raffinements de nos notables, les mêmes qui réclament à grands cris des politiques d'austérité pour mieux nous apprendre à vivre. Le serf doit payer, voyez-vous, et le noble doit dépenser. Qui suis-je pour juger des vertus des bourgeois pleins d'marde?

Bien sûr, je le répète, on ne peut pas être contre la vertu.

Tant mieux si nos élites réalisent parfois qu'une poignée d'anarchistes qui font des caricatures pour Charlie Hebdo représentent les plus hautes valeurs de nos sociétés presque démocratiques. Cela porte à croire que nous pourrons continuer à défier sans crainte toutes les formes d'autorité, d'idéologie politique, de racisme et de religion.

À moins que tous nos bonzes aient la gueule de bois au retour d'une manif autorisée et reviennent illico à la normale, avec leurs lois spéciales, leurs règlements contre les manifestations, leurs poursuites civiles contre ceux qui les critiquent ou bien les caricaturent sans la protection juridique d'une institution médiatique...

En attendant, il vous est toujours possible de signer cette pétition. Il s'agit d'une pétition pour empêcher l'Arabie Saoudite, l'ex-employeur du bon docteur Couillard, de donner des coups de fouet à un blogueur qui s'est moqué de la police des moeurs et de l'Islam.



vendredi 9 janvier 2015

Écrasons l'infâme (Voltaire)

Dieu n'est pas une réponse: c'est une question.

Ravivez la flamme de la philosophie me semble le meilleur moyen d' «écraser l'infâme» comme l'écrivait Voltaire.

Encore qu'il n'y a pas de philosophie possible si nous laissons le champ libre aux intégristes.

Les imams, les curés et les rabbins qui prêchent la haine doivent être traités comme des ennemis de l'humanité.

L'église catholique a changé, elle fait aujourd'hui sonner ses cloches pour se rallier aux concepts républicains que jadis elle combattait avec acharnement. Combien de cathares, de templiers, de protestants, de déistes et d'athées sont morts suite aux sermons des calotins? L'histoire de toutes les religions n'est certainement pas garante de protéger nos droits et libertés qui sont tous issus des révolutions. Les croyants disent des tas de conneries et il ne faut pas se gêner pour leur rappeler que c'est irrationnel, sans quoi nous deviendrons nous-mêmes des cons.

Nous avons acquis le droit et le devoir de nous moquer de toutes les formes d'autorité. Si l'on ne peut pas rire du maire, du député, de l'imam ou du curé, eh bien nous ne sommes plus dignes de vivre en démocratie.

Les intégristes méritent d'être traités comme des parias. Chaque fois qu'ils se montrent le bout du nez, je pense qu'il faudra plus que jamais se moquer d'eux et les retirer de la circulation, comme on le ferait avec les pédophiles et autres scélérats.

C'est un droit et un devoir patriotique que de rire de Dieu et de ses prophètes de malheur.

Au Québec, nous avons réussi le coup de nous débarrasser de l'église sans verser une goutte de sang. Aucun curé ne s'est fait rentrer la tête dans un mur ou défenestrer par des hordes de révoltés. Nous avons tout simplement dit que c'était fini, puis des tas de curés et de nonnes ont naturellement défroqué pour redevenir des citoyens et citoyennes libres de rire, baiser et penser. Torquemada et Savonarole l'ont eu dans le cul. Duplessis et les cardinaux stupides aussi.

Je suis depuis ma tendre enfance les galéjades de mes dessinateurs et caricaturistes préférés des revues Hara Kiri, Pilote et Charlie Hebdo. Ils m'ont appris l'irrévérence. J'ai retenu que l'on pouvait rire de tout, surtout du pouvoir et de l'autorité.

Des gens de pouvoir et d'autorité se permettent en ce moment de témoigner une forme de solidarité envers mes camarades anarchistes et probablement un peu athées morts pour la liberté.

Je me permets de les envoyer se faire foutre, comme l'auraient fait Cabu, Wolinski, Charb et tous les autres.

Tant mieux s'ils supportent la pression.

Tant mieux s'ils se croient Charlie.

On ne saurait être mieux Charlie qu'en continuant de rire de Dieu, du pape, de l'imam, du rabbin, du député, du ministre, des terroristes et autres sinistres connards.

Il faut, plus que jamais, continuer d'écraser l'infâme.

mercredi 7 janvier 2015

Solidarité avec Charlie Hebdo: fuck Dieu!


Je suis Charlie


On peut rire de tout, surtout de Dieu et de tous ceux qui lui lichent le cul en croyant le servir. Comme le disait Voltaire: Écrasons l'infâme!

Mes meilleures pensées vont aux proches de mes confrères caricaturistes.

Fuck l'oppression!

Fuck l'intégrisme!

Fuck le terrorisme!

Fuck la religion!

Vive la liberté et vive la France!

Retour de la lutte des classes

La lutte des classes n'est certainement pas une vue de l'esprit. Toutes les attaques des libéraux-conservateurs-libertariens visent les mesures d'équité sociale. L'éducation est la chasse-gardée des gosses des riches. Idem pour les conditions de travail, les vacances et les paradis fiscaux. Les pauvres -et les nouveaux pauvres de la classe dite moyenne- sont traités comme des serfs du Moyen-Âge. Bientôt on les enverra faire des corvées de chasse aux grenouilles autour des châteaux des «saigneurs».

Tous les larbins qui gueulent contre les syndicats ne réalisent pas qu'ils condamnent peut-être leurs enfants et leurs petits-enfants à lâcher l'école à neuf ans pour aller travailler dans les nouveaux camps de travail du capitalisme sauvage.

Ce monde-là n'est pas une vue de l'esprit. Il s'installe parmi nous tous les jours, insidieusement, avec l'approbation de tous les petits merdeux des médias traditionnels qui font les gorges chaudes devant le recul de nos acquis sociaux.

Je suis un fils de la classe ouvrière et je m'insurge contre les coups portés envers mes pairs. Je me révolte contre ces gosses de riches et autres larbins qui monopolisent tout l'espace public pour mieux nous rire en pleine face.

Évidemment, je ne laisserai pas passer cela sans rien faire.

Je vais m'engager auprès de mes semblables et joindrai mes efforts à ceux et celles qui combattent l'injustice sociale.

Il ne faut pas désespérer, au contraire, il faut se réjouir que la ligne soit si clairement tracée entre ceux qui acceptent de se soumettre aux riches et ceux qui refusent de les servir.



mardi 6 janvier 2015

J'aime les froids extrêmes

Je n'ai jamais ressenti le besoin de pleurnicher devant un froid extrême. D'aussi loin que je me souvienne, je l'ai tenu pour une gymnastique tant physique que spirituelle qui me permettait de me renforcer sur tous les plans.

Je me sens gâté ce matin. Il fait moins vingt-cinq Celsius et les météorologues prétendent que nous atteignons moins trente-cinq avec les facteurs de refroidissement que sont les vents et l'humidité.

Plutôt que de me plaindre de ne pas vivre en Floride parmi les hordes de Tabarnacos, je me réjouis de vivre à Wabanaki, cette portion de l'Île de la Tortue où le soleil se lève sans nous réchauffer.

Tout à l'heure, lorsque je marcherai dans les rues de Trois-Rivières, tout fin seul, je me sentirai comme un aventurier et mon coeur sera léger comme il l'était dans mon enfance.

Vêtu comme un cosmonaute, j'affronterai ce froid extrême sans gémir, avec la sensation d'être à ma place en ce pays où j'entends chigner les chochottes incapables de supporter les morsures du froid, cette mortification susceptible de nous faire transcender notre misérable condition humaine. En se promenant dans le froid, je prouve à tous les animaux et bactéries de la planète que l'être humain est de toutes les créatures la mieux adaptée pour survivre à tous les climats. Je fais honneur aux Québécois, aux Français et aux Anishnabés de mon arbre généalogique.

Rien ne m'est plus doux que la sensation de marcher seul sur les trottoirs abandonnés par les frileux. Même quand il fait beau et chaud, il y en a si peu pour marcher, comme si nous étions faits pour l'automobile afin d'être immobiles et gourds comme des étrons séchant sur la glace.

Je dois vous quitter. Le froid m'attend.

Encore que ce n'est qu'un petit froid. Un froid extrême, c'est moins quarante au thermomètre, sans en rajouter avec le facteur éolien, l'humidité et tout le reste.

Merci à la Terre de me faire vivre ce grand moment de piété dans cet air vivifiant et congelé.

Merci à mes parents de m'avoir fait naître en ce pays où les hivers nous obligent à nous sentir forts, résistants et résilients.

lundi 5 janvier 2015

Je prendrai des bonnes révolutions en 2015

Un jour Necker, ministre des finances du roi Louis XVI, se présente devant icelui pour lui dire que les finances de la France sont dans le trou puisque Marie-Antoinette et tous les courtisans dépensent comme larrons en foire. Que reste-t-il à faire? Convoquer les États généraux pour faire passer le coup de l'austérité afin de rembourser les dettes de jeu de la noblesse, c'est-à-dire de ceux qui forment les 1% de la population.

Ensuite, vous le savez, ce fût la révolution.

Les 1% ont dû fuir la France ou bien se résigner à voir leur tête parader dans les rues au bout d'une pique.

Quand je vois les libéraux pratiquer le coup de l'austérité, vous comprendrez que je m'inquiète un peu pour eux.

Ce n'est pas pour rien que des économistes du Fonds monétaire international (FMI), voire de la banque Toronto Dominion, se mettent tout à coup à dire qu'il faut au plus vite favoriser une meilleure redistribution des richesses. Il faut bien jouer sa dernière carte avant l'effondrement inévitable du capitalisme.

D'aucuns pourraient croire que je rêve, que j'exagère ou bien que je me fie trop aux livres d'histoire pour comprendre le passé, le présent et l'avenir.

Pourtant, l'histoire se répète d'une fois à l'autre, comme si les hommes n'y comprenaient rien, comme si la fourmilière répétait inlassablement les mêmes comportements sociaux ou asociaux.

Je n'ai pas de bonnes résolutions pour 2015. J'en ai déjà prises en 2014 et je m'y accroche plutôt bien.

Je nous souhaite de bénéfiques révolutions en 2015, un peu partout sur la planète. Des révolutions humanistes qui nous tiendront loin de la politique du sang et de l'humiliation.

Je doute néanmoins que les politiques d'austérité nous conduisent vers plus de mansuétude.

Ces idiots de libéraux nous guident vers la fin de tout ce que nous avons connu.

Les 1% sont allés beaucoup trop loin pour reculer. Ils savent trop bien qu'ils devront passer au cash un jour ou l'autre, même si pour le moment ils se gaussent de tout en croyant qu'après eux viendra le déluge.

Il viendra effectivement ce tsunami.

Il est là, dans l'air du temps, prêt à nous submerger tous.


vendredi 2 janvier 2015

Sans atmosphère organisée en 2015!

Les nombrils semblent avoir la cote quand on regarde l'état actuel de notre communauté. On pense, à tort, qu'ils ont gagné et que l'idéal d'une communauté plus humaine et plus juste s'est étiolé.

Je dirais au contraire que l'idéal de la justice sociale s'est nettoyé de toutes ses scories au cours des dernières années. Les opportunistes et autres parlementaires sont perçus pour pas grand' chose parmi les militants actifs qui, de plus en plus, se détournent des «atmosphères organisées» pour joindre la grande masse de ceux et celles qui combattent pour l'avènement d'une société sans chefs, sans guides suprêmes, sans messies, sans tribuns, sans consuls et sans sauveurs...

C'est un peu comme si l'on rejoignait l'idéal philosophique d'Étienne de la Boétie et de Max Stirner, voire de ces sages inconnus des peuples aborigènes. Il n'y a pas lieu de se soumettre à quelque césar pour reprendre le flambeau de la lutte sociale. On n'a pas besoin d'être membre de tel ou tel comité, particule ou parti pour prendre sa pancarte, sa casserole ou sa braoule et descendre dans la rue. Il y a même plus de chance que l'on participe si l'on n'est pas membre d'une secte.

Les pires manifs auxquelles j'aie participé sont sans aucun doute celles où il y avait un véhicule pour ouvrir la marche avec des hauts-parleurs crachant des slogans ou des musiques préparées d'avance. Dans ces manifs, je me sentais comme un pion et je m'ennuyais ferme. Quoi de plus ennuyant que de marcher pendant une heure pour finalement se retirer après avoir entendu le discours d'un député presque de gauche ou bien le petit laïus d'une vedette du petit écran qui sera encore vedette le lendemain?

Par contre, j'ai versé une larme ou deux d'émotion pure dans ces manifs de l'année 2012 qui s'organisaient d'elles-mêmes par quiconque avait du coeur au ventre. Des hommes et des femmes sans l'accord de qui que ce soit décidèrent de prendre la rue sans hauts-parleurs, sans micros et sans organisations, à la bonne fortune de leur élan du coeur.

Si l'année 2012 a tant marqué les esprits, c'est essentiellement parce que les esprits étaient enfin libérés des chefs et des meutes. On se donnait rendez-vous dans un parc ou devant le perron d'une église, un  peu partout au Québec, puis on frappait sur des casseroles ou bien on marchait tout bonnement en se créant des slogans au fil d'une marche sans trajet prédéterminé qui se foutait éperdument des lois spéciales et conventions despotiques des autorités à la solde des riches. Dans ces manifs, on voyait rarement des députés ou bien du personnel parlementaire. Les vedettes étaient souvent absentes. Il ne restait que des hommes et des femmes de bonne volonté qui n'ont pas besoin de la sanction d'un prince ou d'une princesse pour s'emparer de la rue et combattre l'injustice sociale.

En 2012, j'ai vu l'effervescence sociale dans les quartiers pauvres de Trois-Rivières, avec tous ces gens qui accueillaient les manifestants en frappant sur des casseroles sur leur perron. Pour la première fois de ma vie, j'ai compris que les «atmosphères organisées» avaient trop longtemps étouffé l'esprit d'initiative du peuple en plus de l'infantiliser.

Gabriel Nadeau-Dubois fût l'une des rares figures publiques du mouvement étudiant à comprendre qu'il ne contrôlait rien. De fait, le Printemps Érable aura été un mouvement sans chef, comme tous les mouvements sociaux des dernières années à travers le monde.

Les péquistes comme les socialistes mous craignent de prendre une rue désorganisée, sans hauts-parleurs ni micros. J'y vois leur peur d'être submergés par une authentique lutte des classes où ils ne représenteront plus rien. La prise de parole des citoyens leur fait peur, c'est évident. Et ils font bien plus partie du problème que de la solution, ces éteignoirs de révolution sociale, ces tribuns de quatre sous avides de petites photos où ils peuvent contrôler les acteurs et les décors.

Bref, il n'y aura qu'une chose à faire en 2015 pour nous débarrasser des libéraux et de ceux qui les soutiennent consciemment ou inconsciemment. Il n'y aura qu'à obéir à sa propre tête, à son propre coeur. Il n'y aura qu'à faire sécher des nombrils. Il n'y aura qu'à se tenir debout!


jeudi 1 janvier 2015

Bonne année 2015!

Bonne année 2015! Je vous souhaite à tous et à toutes de bénéficier d'autant d'amour et de compassion que vous saurez vous-mêmes en prodiguer envers les autres.

La santé viendra d'elle-même si vous prenez de longues marches en tapant sur des casseroles.

L'austérité et le paradis fiscal à la fin de vos jours, je ne le souhaite pour personne.