lundi 15 septembre 2008
LA SÈCHEUSE
Josée était dans sa journée de congé à faire son hostie de ménage. C'était le meilleur moment pour le faire. Le chum était parti travailler. Les enfants étaient à l'école. Il ne restait que le petit dernier, un petit hyperactif de trois ans.
Ces journées-là, c'est sûr que Josée ne se pomponnait pas trop. Les cheveux ébourrifés et le tee-shirt élimé, elle ramassait les bébelles et les quossins, partait la laveuse, la sècheuse, le four et faisait dix autres affaires en même temps.
Cette petite madame dans la trentaine, beau pétard de cent quarante-cinq livres, n'était pas sous son meilleur jour quand elle faisait le ménage mais elle était tout de même baisable.
Elle l'aurait été même si elle avait enfilé un sac à vidanges. D'abord, elle avait de fichus de beaux yeux. Et son corps, quand tu la regardais dans les yeux, ça te faisait faire des free games. Oua! Des fesses, des seins, bien dodus, rien que de la générosité au plan de la chair. Rien que de la voir, c'est pas mêlant, tu faisais une flaque dans tes shorts. Peut-être pas cette journée-là, où elle était quand même habillée comme la chienne à Jacques, mais les autres journées, certainement.
Cette journée-là, c'était un lundi matin de janvier où il faisait un froid à péter les clous. Moins trente certain. Moins quarante avec l'humidité.
C'était humide même dans le loyer. Trop humide. C'est pas mêlant, ça ne faisait pas une demie heure que Josée faisait son ménage qu'elle se sentait comme Zachary Richard dans son bayou.
-Wéyons! C'est don' b'en collant à matin! C'est pas l'été pourtant! C'est l'hiver!
Puis Josée alluma tout d'un coup. C'était le maudit tuyau de sècheuse qui était encore sorti de son trou.
-Maudite sècheuse à marde!
La sècheuse était coincée dans un garde-robe, juste à côté de la laveuse.
Les deux électroménagers étaient derrière deux portes battantes qu'il aurait fallu dévisser pour avancer la sècheuse et replacer le tuyau. C'était une job d'une demie heure. Josée, dans un accès d'impatience, décida de procéder autrement. Elle grimpa sur la sècheuse et plongea littéralement derrière le cube pour raccorder le tuyau.
C'était loin d'être facile. Josée manquait de portée de bras pour faire le raccordement. Elle s'est donc étirée un peu plus, et encore plus, puis elle planta tête la première derrière la sècheuse.
Là, ça faisait dur. Josée était coincée d'aplomb. Pas moyen de se sortir de là. Elle tenta de se redresser, de se déplier dans un ridicule espace de six pouces: rien à faire. Elle poussa la sécheuse, pour se décoincer: rien ne bougeait à cause des portes battantes du garde-robe.
Josée était donc emmurée vivante, le cul dans les airs, à pédaler dans le vide.
Son petit dernier qui jouait dans sa chambre pendant ce temps-là devenait son seul secours.
-Samuel! Samuel! cria-t-elle, en désespoir de cause. Samuel!
Le petit dernier ne s'est pas déplacé tout de suite. Évidemment, il jouait.
-Samuel! SAMUEL!
Bon, Samuel s'est levé et il s'est mis à trottiner jusque vers sa maman en se demandant bien pourquoi elle l'importunait ainsi.
-Samuel! Maman est coincée et elle a besoin d'aide... Ouvre la porte-patio... Ne t'en fais pas Samuel... Je vais crier au secours... Et toi retourne dans ta chambre et referme la porte pour ne pas avoir froid... Ok Samuel? ...
Elle lui disait ça le plus calmement possible, en riant jaune, pour ne pas faire paniquer l'enfant.
Comme cet enfant était de la bonne pâte, il ouvrit la porte-patio et retourna dans sa chambre jouer avec ses bébelles. Et il ferma la porte de sa chambre pour ne pas avoir froid.
Josée était toujours coincée. Mais la porte-patio était ouverte. Son dernier espoir était qu'un voisin l'entende.
-AU SECOURS! À L'AIDE! cria-t-elle, à bout de souffle, écrapoutie entre le mur et la sècheuse, le cul dans les airs.
Un Bon Samaritain passant par là vit un énorme nuage de buée sortir de la porte-patio du loyer de Josée. À moins trente, moins quarante avec le facteur humidex, c'est certain que l'humidité d'une maison est aspirée d'un coup sec vers l'extérieur. Et ça te fait une boucane d'enfer.
Le Bon Samaritain pensa qu'il y avait le feu. Dans sa tête, une fille qui crie au secours et de la fumée, ça s'appelle 911. Il appela donc le 911. Et il attendit les services d'urgence tandis que Josée continuait de crier. Il n'essaya même pas de dire à Josée que les secours s'en venaient. Non. Il n'entra même pas. Il resta à l'écart, de l'autre côté de la rue, en tremblant de tous ses membres. Bref, il devait avoir peur du feu. Ou il était stupide.
Josée, toujours coincée, tentait d'autres manoeuvres tout en criant au secours aux trente secondes.
Tout à coup, elle entendit des sirènes, toutes sortes de sirènes: ambulance, police, pompier.
-Dis-moé pas qu'un hostie d'cave à appeler les urgences au lieu de v'nir m'aider! Ciboire! se dit-elle.
Et comme elle se disait ça, voilà qu'elle entendit des bruits de pas dans la cuisine, des bruits de pas de plus en plus lourds, de plus en plus nombreux. C'était les ambulanciers, les policiers et les pompiers. Ils étaient au moins douze, plus le Bon Samaritain, qui osa jeter un coup d'oeil, le tabarnak, pour se rassurer qu'il n'y avait pas le feu.
Tout ce beau monde regardait en souriant le cul de Josée et ne se pressait pas trop pour la décoincer de là. Quelle vue, mes amis! Josée ne portait pas de bobettes sous son vieux tee-shirt de ménage. Ce coucher de lune sur la sècheuse, quelle joie.
-Ça s'ra pas long, dit un pompier, en réprimant un fou rire.
Les gars se donnaient des coups de coude l'air de se dire r'garde-moé don' c'te paire de fesses toé chose. Mais ça sortait plutôt en oh, ah, ah ben, tiens, tiens...
Et ils se mirent ensuite au boulot, le sourire aux lèvres.
Ils la sortirent de là. Le tee-shirt coinca un peu derrière la sècheuse et se déchira. Ce qui fit qu'elle avait une boule à l'air quand elle retomba sur ses deux pattes.
-Merci! Merci! leur dit Josée. J'm'excuse de vous avoir dérangés!!!
-Ah madame! déclara un pompier, des sauvetages comme ça, on en ferait toute la journée, croyez-moi.
Tout ce beau monde se mit à rire, même Josée, même le Bon Samaritain.
Pendant ce temps, Samuel jouait encore avec ses bébelles dans sa chambre, comme si rien ne s'était passé.
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Alors, frérot, cette image t'aide à dormir, à rêver...
RépondreEffacerJe préfère, mais c'est une question de goût, laisser mon imagination faire librement son travail...
Bisous,
C.
Disons que ça peut "aider" l'imagination!
RépondreEffacerMais je pense que ça défie les lois de la physique...même quantique.
"LET'S GET PHYSICAL!...PHYSICAL..I WANNA GET, PHYSICAL..."
Whhoouuahhh!
Misko
On dirait des vrais ... ça prend toute une main!
RépondreEffacerJ'ai hésité à publier cette image mais c'est ma blonde qui m'a convaincu que c'était celle qui était la plus appropriée.
RépondreEffacerPersonnellement, je n'aime pas les chandails roses.
G.
Personnellement, comme tu le dis si bien, je préfère des arguments qui ont moins de poids.
RépondreEffacerAu fait, le rose t'irait bien...
Bisous,
Christian B.
Et le bon samaritain se fit écrivain.
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