samedi 30 décembre 2017

Un pogrome

Cela s'est passé quelque part en Ukraine, dans le tournant de l'année 1895. Quelque part dans un petit village reculé où vivait une petite communauté de Juifs tout aussi pauvres que paisibles.

Moshe, le rabbin du village, était plutôt lunatique. Il avait toujours le nez fourré dans un livre. Il se cognait souvent contre les arbres ou les poteaux en lisant le journal. Des plaisantins prétendaient qu'il lévitait. Une manière de dire qu'il n'était pas là.

On s'en remettait pourtant à lui pour aller parler avec les autorités qui ne portaient pas toujours les Juifs dans leur coeur. Moshe n'était tellement pas là, comme on dit, qu'il n'avait aucune conscience des dangers auxquels il pouvait s'exposer en défendant sa communauté.

Malheureusement, comme cela se produisait aux 10 ans, de gros porcs et de grosses truies racistes se sont montés la tête les uns les autres pour accuser les Juifs de tous leurs maux. Ils complotaient pour conquérir le monde. Ils enlevaient des poupons chrétiens pour les manger pendant leur sabbat satanique. Ils ne portaient pas les mêmes vêtements que les bons Chrétiens du voisinage. Certains d'entre les Juifs fomentaient des troubles au sein des usines. On connaissait un Juif qui avait distribué des tracts pour former un syndicat à l'atelier. Il s'était fait démolir le portrait, évidemment.

Les Juifs étaient donc partout, ici en Ukraine et là-bas en Amérique. Ce peuple apatride, cosmopolite qui parle plusieurs langues avait tué le Christ. On ne pouvait pas les laisser s'installer parmi nous... De plus, il traînait des maladies et avaient des moeurs sexuelles douteuses...

C'est alors que la canaille, à force d'être excité par des discours haineux tenus dans les tavernes, les bordels et les temples, en vint à s'armer de piques et de fourches pour aller foutre une raclée aux Juifs du village du rabbin Moshe.

Une centaine de Juifs furent noyés, étranglés, défenestrés, bref tués.

Il y eut encore plus de blessés.

Moshe, qui n'était pas au village lorsque cela se produisit, fût terriblement attristé mais il garda la tête froide et fit le nécessaire pour rencontrer le chef de la police locale.

Andréï Lyssenko l'accueillit, un cure-dent à la bouche.

-Qu'est-ce que tu m'veux, le Juif?

Moshe raconta tous les détails de l'histoire, implorant Lyssenko à rétablir l'ordre parmi sa communauté qui s'était toujours tenue tranquille, hormis Jacob, le fils de Eli, celui qui est syndicaliste... Ne trouve-t-on pas des moutons noirs dans toutes les familles?

-Le Juif, vous n'avez rien à faire ici... Pourquoi vous entêter? Ça va toujours recommencer. Et mes hommes ne peuvent pas contrôler tout le monde pour protéger une poignée de Juifs... Dégagez!

Moshe fit tout de même ses salutations et remit même un cadeau au chef de police, dans l'espoir de le rendre raisonnable. C'était des petites pâtisseries confectionnés par Ezéchiel Schwartz, un cousin de Kiev.

Lyssenko eut d'abord un haut le coeur en pensant que c'était des pâtisseries juives.

Mais il les mangea avec délice dès que le Juif eut quitté les lieux.

-Ces Juifs... y'a pas à dire, ça vit comme des cochons! soupira-t-il entre deux bouchées.

Il n'y avait plus de village au retour de Moshe. Tout le monde pliait bagages.

-Où partez-vous comme ça?

-En Allemagne... Il paraît que les Juifs y sont bien traités et respectés... Ici, il n'y a que de la haine pour nous... Et c'est regrettable... Nous sommes tous humains et devrions vivre en harmonie côte à côte, comme des frères et soeurs...

-Foutaises! hurla Jacob le syndicaliste. Seule une révolution nous délivrera du nationalisme et du racisme qui vient avec! Les travailleurs n'ont pas patrie: ils n'ont que des chaînes!

-Oh toi et ton rabbin Karl Marx, chuchota Moshe.

Cent ans plus tard, il ne restait qu'un seul survivant de ce petit village ukrainien: Jacob. Ce même Jacob qui devint débardeur à Montréal, à l'autre bout du monde. Les autres furent tous exterminés par toute la racaille qui sévissait en Europe jusqu'en 1945. Morts dans les camps. Fusillés. Battus à mort.

Les descendants de Jacob sont encore apatrides, cosmopolites et guerriers de la justice sociale.

Ils ont ça dans le sang dans cette famille.


jeudi 28 décembre 2017

In principio erat verbum

In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. 
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Évangile selon St-Jean, chap. I

Par où commencer? Par le commencement diront les uns et les autres. Mais qui se soucie de l'avis des Huns de nos jours? Il en va de même de celui des autres. Et ainsi de suite. De sorte que l'on n'en finira jamais.

Où en étais-je? Au commencement...

Au commencement était le verbe et toutes ces sortes de choses.

Je ne sais même pas s'il y a eu un commencement. Ça commence à bien faire. La vie n'est bien organisée que dans nos sottises. Autrement, elle est un perpétuel chaos de chairs qui s'étirent et éclatent aux vents stellaires. Rien que de la souffrance pure et dure - ou molle. Le genre de trucs qui vous donnent l'envie de mentir, de vous fabriquer des ailes et de jouer au promeneur galactique pour oublier qu'on naît avorton et qu'on n'est que ça aux yeux de l'alpha, de l'oméga-3 et de l'oeuf à la coque.

Où en suis-je?

Qu'importe...

Il demeure que la vie vaut la peine d'être vécue.

Parce qu'il n'y a rien d'autre que la vie

Même les vaches dans les champs ne se posent pas tant de questions.

Elles voient les trains passer et elles les trouvent jolis, pleins de couleurs.

Nous aussi. Et pourquoi pas un monorail, hein? On aime aussi les grosses totos. Les avions. Les machines.

Et on rumine tranquillement sa demie-vie à l'ombre des abattoirs.

Le commencement... Le commencement...

Je cherchais le commencement d'une histoire et voilà que je glisse dans de la prose chargée de particules éclectiques.

C'est comme si je laissais le clavier guider mon esprit.

Ça sort tout seul.

Et ça ne trouve ni commencement ni fin.

Ça doit être de la littérature.

À moins que je sois un christ de fou.

Qu'importe.

Il demeure que la vie vaut la peine d'être vêtue.

Surtout par temps froids.


mardi 26 décembre 2017

Voilà!

Hergé a réalisé l'album Tintin au Tibet alors qu'il traversait une période de dépression. C'est pourtant l'un de ses meilleurs albums au plan graphique. Les lignes sont épurées comme la neige l'y oblige. Ce serait un album blanc qui célèbre le vide s'il n'y avait pas le yéti qui y beuglait de temps à autres.

Je peins beaucoup de scènes d'hiver depuis les dernières semaines.

Je ne traverse pas une période de dépression, ne vous inquiétez pas.

Pourtant, les scènes d'hiver pourraient m'y mener si je ne les interrompais pas pour me soigner dans une toile aux couleurs bigarrées qui se bagarrent dans ma tête et mes yeux. La neige exige une certaine maîtrise des tons de blanc, de bleu et de gris. Je n'ai pas cette maîtrise. D'ailleurs, je ne maîtrise rien sinon le hasard. J'arrive à un résultat sans m'y attendre. Ça ne s'explique pas. C'est mon secret d'artiste. Secret qui trouve sa consécration dans l'étape finale de ma production, lorsque j'applique mes dernières retouches de noir ainsi que le vernis.

***

La question revient sans cesse chez ceux qui sont sûrs qu'un artiste-peintre n'est rien de son vivant: «Est-ce que ça rapporte beaucoup?»

Est-ce que je demande à Untel combien il fait à vendre des souliers ou des brosses à dents?

Non.

Ce sera tout.

***

Ce qui est essentiel dans l'art, c'est l'acte lui-même, c'est la création en cours d'exécution. Le résultat ce n'est déjà plus qu'une vulgaire marchandise. Étape nécessaire pour produire d'autres toiles, d'autres films, d'autres disques et quoi encore.

Musicalement parlant, j'ai toujours préféré les sessions studio en cercle fermé que les shows sur scène devant un public heureux de hurler par-dessus les instruments des saltimbanques. J'ai l'oreille sensible. Entendre crier nuit à mon appréciation.

C'est pareil pour la peinture. Je me sens bien dans l'atelier de l'artiste. Et comme un éléphant dans un jeu de quilles dans les coquetels officiels, vernissages, galeries d'art, etc. Comme si je savais toutes les discussions condamnées d'avance à des poncifs et des mièvreries.

Bref, je suis un hostie de Sauvage. Au sens noble comme au sens figuré.

Il paraît que c'était le surnom de Gauguin, le Sauvage. En compagnie de Gauguin, qui a si bien écrit sur l'art et la vie en général. Je vous recommande cette lecture gratuite. Comme quoi je ne cesse de tout donner...

***
26 décembre 2017.

Lendemain de tempête. Avertissement de froid extrême après la tempête de neige de Noël.

C'est aussi le Boxing Day. Fête commerciale foireuse. Horreur à laquelle je n'assiste et n'assisterai jamais.

Le 26 décembre, en plus de peindre, d'écrire, de boire du café et de laver du linge, j'essaie de ne rien faire.

Le plus tôt que j'aurai trouvé le dernier mot ici, le plus tôt je serai étendu sur le canapé à regarder un vieux film ou une vidéo stupide d'un chat qui taquine un chameau.

Le dernier mot sera voilà.

Voilà.




dimanche 24 décembre 2017

Du calme!

Un collègue de travail s'amusait à demander à tout un chacun ce qui le rendait heureux. J'ai répondu, platement: le calme.

Eh oui! Je suis devenu un vieux croûton. Je joue pourtant de l'harmonica, de la guitare électrique et même de l'accordéon, trois instruments réputés pour leurs sons tonitruants... Mais, voyez-vous, ma musique me calme.

Excluons les moments où je m'improvise musicien. J'aime le calme, une musique légère, selon l'humeur, ou le silence complet. Comment espérer le silence complet au centre-ville de Trois-Rivières? J'y réussis presque avec ma voisine pas bruyante du tout. Néanmoins, il reste toujours un bruit de frigo ou de courant électrique. D'où la musique de fond pour oublier la perpétuelle résonance magnétique dans laquelle nous baignons.

Il m'arrive de prendre les grands moyens pour trouver le calme. Du vin ou d'autre chose: ça calme. La plupart du temps j'y arrive sans trop d'efforts. Je mène une vie calme, ma conjointe rêve de calme lorsqu'elle revient du travail et on vit calmement notre vie du mieux que l'on peut.

Le calme, pour moi, ça vaut tout l'or du monde.

D'autant plus que je n'ai pas trop d'or. Le calme m'enlève ces envies stupides.

Je ne trouve pas si facilement ce calme dans la mesure où mon cerveau est toujours allumé, disposé à apprendre, incapable de me taire. Il m'arrive de me transformer en moulin à paroles. Les impressions s'accumulent les unes par-dessus les autres et je deviens difficile à suivre. L'intellectuel finit par vouloir prendre toute la place et je finis par parler dans le vide avec Dostoïevski. C'est alors que je dois écrire pour me calmer... Ou peindre. Ou jouer de la musique. Faire de quoi.

J'aime le calme et ne le savoure pas assez.

Le calme me rend heureux.

Comme ce calme paradoxal que je vis en ce moment à 5:10 du matin.

Je bois mon café foncé équitable du Guatemala acheté au Panetier, la meilleure boulangerie au monde.

Je relaxe après une bonne nuit de sommeil.

Je relaxe devant mon écran... Devant vos yeux...

C'est calme dans la maison.

Ma blonde dort encore.

Du calme!

C'est ce que je vous souhaite, sans savoir si ça fait votre affaire ou pas.

samedi 23 décembre 2017

Grosse Truie et le musulman

Son nom était banal. Son surnom était vulgaire. J'avais appris, malgré tous mes efforts à exercer une pensée juste, austère et bienveillante, à la surnommer Grosse Truie. Grosse Truie, c'était Julie Grimard.

Je ne surnommerais pas Grosse Truie n'importe qui, Le poids, l'apparence, l'odeur et même la forme ne sauraient suffire. Ainsi, Julie Grimard sent toujours bon la noix de coco. Certains n'aiment pas. Mais bon, c'est moins pire que l'odeur de vanille, voire d'excréments. Par ailleurs, bien qu'elle soit enveloppée elle n'est pas nécessairement d'une obésité morbide. À vrai dire, elle serait presque belle si elle n'était pas une grosse truie. Elle serait une belle petite bouboule si elle fermait sa gueule.

Grosse Truie, appelons-la ainsi désormais, est serveuse dans un restaurant des environs de Québec. Elle a des préjugés bien ancrés et ne se gêne pas de les afficher tant sur sa page Facebook que sur Twitter. Et même qu'elle est devenue une sorte de célébrité, un agent bénévole de radicalisation pour gros porcs et grosses truies d'extrême-droite. Elle croit bien sûr à toutes sortes de conneries, comme tous ceux qui l'encouragent à devenir toujours plus une grosse truie. Elle pense que les Reptiliens et le Peuple Gris gouvernent le monde avec les Juifs, les Musulmans, les races, les tapettes, les drag queens, les communistes et Québec Solidaire. Vous voyez pourquoi je l'appelle Grosse Truie maintenant?

Revenons à Grosse Truie.

Lundi matin, elle était dans tous ses états. Un Maghrébin, plutôt bel homme, avec des manières polies, s'est pointé dans le restaurant où elle travaille pour commander un déjeuner. Ahmed Elouatik qu'il s'appelait. C'était en fait un Berbère originaire du Maroc. Mais bon, pour Grosse Truie ce n'était pas un Nord-Africain, ni un Méditerranéen, ni même un être humain. Pour Grosse Truie, un autre hostie d'Arabe de Musulman sale était entré dans SON restaurant.

Ahmed commande son déjeuner. Deux oeufs, toasts, café sans bacon ni saucisse ni jambon. Il est svelte, prend soin de sa santé et déjeune rarement à l'américaine. Mais bon, il passait par là, se cherchait une place pour pisser, et conclut qu'il pourrait aussi en profiter pour manger quelque chose.

Il n'en fallait pas plus pour que Grosse Truie s'insurge sur Facebook, Twitter et YouTube. Elle raconta comment s'était passé la visite de Ahmed dans SON restaurant. Comment elle avait traité un sale musulman.

«T'en veux pas du porc mon hostie d'islamiste sale? Bin m'en va's souiller ton assiette a'ec une tranche de bacon cru pis tu vas aller en enfer selon ta religion mon tabarnak! Arf! Arf!», commenta Grosse Truie sur Twitter, Facebook et YouTube pour rappeler à l'univers toute la profondeur abyssale de son âme abjecte et répugnante.

Grosse Truie marqua un point avec cette histoire. Elle obtint plus de likes que pour toutes les autres publications qu'elle avait faites au cours de l'année. Les commentaires à son geste répugnant étaient à la non-hauteur morale de Grosse Truie.

Bureau81: Bien fait pour ce rat sale!

Section d'assaut: Il pourra aller battre sa femme ensuite! lol

Patriote1837: On n'est pas raciste parce qu'on beurre l'assiette d'un terroriste avec une tranche de bacon cru! On ne peut plus rire de rien avec les guerriers de la justice sociale! Les licornes flocons de neige fédérastes à la Trudeau qui porte un turban!

Richard Martin-Neault: Mille bravos Julie! Beaucoup d'intellectuels auraient avantage à suivre ton exemple au lieu de se perdre en niaiseries inclusives tout le monde est beau tout le monde il est gentil!

Grosse Truie flottait sur un nuage. Tous les racistes du Québec partageaient son message de haine envers le genre humain.

L'histoire pourrait s'arrêter ici. Grosse Truie c'est Grosse Truie et n'en parlons plus...

Mais il y eut des rebondissements à cette histoire. Sans quoi je ne vous l'aurais jamais racontée.

Vendredi matin, quelques jours après avoir graissé l'assiette d'Ahmed avec du bacon cru, Grosse Truie s'est préparée un bon gros déjeuner rien que pour elle-même après le rush des déjeuners. Elle a rempli son assiette de petites patates rôties et de bacon. Existe-t-il quelque chose de meilleur que du bacon, hein? Ce parfum sucré de fumée d'érable qui vous vient aux narines... Hum! Surtout quand c'est cuit...

Grosse Truie s'est donc claquée un gros déjeuner en prenant ses messages sur son cellulaire.

Puis vous savez quoi? Quelque chose n'a pas passé.

On ne peut pas manger du bacon, des patates pis des oeufs tous les matins sans devenir un candidat idéal pour un accident cardiovasculaire.

Et c'est ce qui advint hier matin.

Le coeur de Grosse Truie a fini par péter.

Elle avait toujours eu les yeux légèrement exorbités au naturel, Grosse Truie, mais hier matin c'était vraiment hors du commun. Quels gros yeux elle avait! Et sa langue: un torchon de douze pouces qui lui pendait entre les mamelles.

On l'a conduite à l'hôpital en ambulance. Les ambulanciers avaient l'air bizarre: un maudit Noir qui aurait pu voler sa sacoche et sa coéquipière qui avait l'air d'une grosse lesbienne, celle qui probablement a empêché le Noir de voler la sacoche de Grosse Truie.

Et vous savez qui l'a accueilli à l'urgence?

Nul autre que ce bon Ahmed Elouatik, urgentologue, musulman aussi mais pas plus catholique que le pape.

-Madame Grimard, vous venez de faire un accident cardiovasculaire... lui dit Ahmed au bout de dix heures de sommeil.

-Quoi? hurla Grosse Truie en se réveillant avec cette face de rat devant elle.

-Ne vous agitez pas ma bonne madame... Gardez votre calme... Nous allons vous envoyer à l'institut de cardiologie, à Montréal, pour vous déboucher les artères...

Puis Ahmed lui serra le bras en signe de réconfort.

-Vous allez guérir madame Grimard... Soyez sans crainte... Vous vous sentirez comme si rien ne s'était passé d'ici deux semaines...

Évidemment, Grosse Truie était en tabarnak. Se faire soigner par un Arabe! On peut pas avoir du service en catholique icitte?

Lorsque son conjoint vint enfin la voir pour lui apporter sa brosse à dents et surtout son cellulaire, elle ne manqua pas une seconde pour poster ce dernier message de Grosse Truie sur les médias sociaux:

J'ai eu une crise cardiaque. Mon médecin c't'un hostie d'Arabe. On n'est p'us chez-nous hostie! I' sont partout! Je vous aime gang. XXX

11 890 internautes ont apprécié son post. 234 l'ont partagé. Grosse Truie était en convalescence et ça lui laisserait du temps pour continuer son bénévolat, son appel au génocide devrait-on dire, mais bon Grosse Truie ne voit pas les choses ainsi.


vendredi 22 décembre 2017

Méo

J'ai revu récemment Méo. Il marchait sur les trottoirs, comme d'habitude. Et il n'avait pas changé d'un iota. C'est comme si je l'avais toujours connu comme ça depuis 1972 minimum.

Méo parcourt les rues de la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses depuis plus longtemps que ça, j'imagine.

Il fait les commissions pour les commerçants du coin. Ils sont souvent seuls dans leur commerce et Méo va leur chercher du lunch ou bien des trucs à la quincaillerie.

Il marche d'un pas décidé, cigarette au bec.

Pendant ce temps des intellos, dont moi, lisent des bandes dessinées à la librairie.

Le projet de le peindre prend forme. Je pense qu'il mérite les hommages que j'ai rendus jadis au Capitaine, à la Dame aux sacs, au Cow-boy de Trois-Rivières et autres Trifluviens, dont moi-même votre humble dispensateur de plaisirs coupables.

J'ai aussi pour projet de peindre une petite foule d'ados des années '80 faisant la file sur la rue Saint-Maurice devant le Cinéma de Paris. Au programme: L'Empire contre-attaque. Les ados portent des tee-shirts aux manches trois quart à l'effigie de Kiss, Iron Maiden, Def Leppard. Les filles ont le chignon crêté. On voit des Ford Mustang et des hippies. Des gars qui sortent de l'académie de Kung Fu Dacasco ont l'air de Luke Skywalker.

Voilà pourquoi ce temps-ci j'écris un peu moins...

Vous voyez bien que ma tête bouillonne d'images...

La chasse-galerie (2)

J'hésitais à faire une 2e chasse-galerie. Puis je me suis dit que mon art était tellement près de la bande dessinée qu'une 2e toile ou bien une 2e case c'était idoine. Elle est déjà vendue. C'est la commande d'un client qui a grandi dans le quartier de mon enfance à la même époque que moi. Comme quoi on peut aussi être artiste ou poète dans son pays...

jeudi 21 décembre 2017

Une petite toile et une plogue pour Jean-François Thibaud

Une toile représentant Jean-François Thibaud, un auteur-compositeur-interprète que je vous invite à mieux connaître. Il sort un nouvel album intitulé Rossignol sauvage

Je l'ai découvert en 1999, alors que j'étais animateur à CKIA 96,1 FM, alias Radio Basse-Ville, à Québec.

J'avais tout de suite craqué pour Chômeur et Bourgeois, dont on peut écouter des extraits ici.

J'ajoute qu'il chante juste. 

Ce qui n'est pas tout à fait anodin.

Bookez-moi ça près de chez-vous!




mardi 19 décembre 2017

L'histoire tragique de Peer Noël

Par où commencer?

Par le début. Je m'appelle Père, Père Noël.

Je ne suis ni barbu ni gros ni bon ni qui que ce soit.

À vrai dire je ne m'appelle pas Père, je veux dire «Père» Noël, puisque Noël est bien mon patronyme.

C'est mon père, qui s'appelait Roger, donc Roger Noël, qui décida de m'appeler Peer. Parce qu'il aimait Peer Gynt d'Edvard Grieg... C'était un excentrique, mon père Roger. Et ma mère, pas excentrique pour deux sous, croyait que c'était beau un nom scandinave. Peer... qui veut dire poire... Poire Noël ce qui n'est guère mieux... De plus j'avais les cheveux bleus et les yeux blonds... Étouffés par le cordon ombilical à la naissance... Avec un air d'imbécile ahuri qui me colle au visage même quand j'essaie d'avoir l'air sérieux.

Je suis convaincu que mes parents n'ont jamais pensé mal faire en m'appelant ainsi.

Peer Noël...

Vous comprenez que, dès l'enfance, je sois irrévocablement devenu Père Noël dans la tête de tout un chacun. On ne me désignait que sous ce vocable aussi ridicule que mon nom inscrit dans le registre d'état civil du Québec.

Père Noël par-ci, Père Noël par-là...

Et pourtant, je suis gros comme un cure-oreille.

Je suis tellement imberbe que je n'ai pas de sourcils.

Je suis tellement chauve que je n'ai pas de barbe.

Je suis tellement maigre qu'on n'a pas besoin de me faire passer des rayons X.

Bref, je ne ressemble en rien à ce patapouf du 25 décembre.

Voilà donc ma malédiction.

D'autres, c'est de mal manger ou de ne pas manger assez.

Remarquez que je suis né dans une famille pauvre, malgré le disque d'Edvar Grieg qu'un type avait dû laissé traîner chez-nous pour une raison inconnue. On ne mangeait pas plus d'une fois par jour, le soir avant de se coucher. Le matin on partait à l'école l'estomac vide. Heureusement qu'on nous donnait du lait à l'école. Autrement je serais mort.

Cela n'empêche pas que les gens m'appellent Père Noël. même si d'autres font plus pitié que moi.

Et, vrai comme je suis là, le pire temps de l'année pour moi c'est le temps des Fêtes. Quand on m'appelle Père Noël l'été, on se dit que c'est seulement une blague. 

On aurait pu me surnommer Ti-Caille ou Pustule-la-branlette, comme d'autres que j'ai connus. Eh bien non! On m'a surnommé Père Noël, moi, Peer Noël, fils de Roger Noël et de Berthe Masson. 

Une chance que je n'ai pas porté les deux noms. Autrement on m'aurait surnommé Père Noël-Masson-nez-dans-son-cul. Oui, ça aurait pu être bien pire...

jeudi 14 décembre 2017

Lecteur moyen du Journal de Moréal


Suggestion de lecture pour PKP & ASS. de Québecor

SUGGESTION DE LECTURE POUR PIERRE-KARL PÉLADEAU & ASS. DE QUÉBECOR, LE PLUS GROS DIFFUSEUR DE «FAKE NEWS» DU QUÉBEC
L'Honneur perdu de Katharina Blum (titre original : Die verlorene Ehre der Katharina Blum) est un roman de l'écrivain allemand Heinrich Böll. Paru en 1974, il est sous-titré : « Comment peut naître la violence et où elle peut conduire » et est considéré comme une de ses œuvres majeures.Au début de ce roman, l'auteur avertit le lecteur par cette citation : « L’action et les personnages de ce récit sont imaginaires. Si certaines pratiques journalistiques décrites dans ces pages offrent des ressemblances avec celles du journal Bild, ces ressemblances ne sont ni intentionnelles ni fortuites mais tout bonnement inévitables. » (Source: Wikipédia)

Les caractères gras sont de moi... 

mardi 12 décembre 2017

Je suis un piéton en calice

Une tempête de neige souffle sur Trois-Rivières depuis ce matin.

C'est la première de l'année et bien d'autres suivront.

Beau temps, mauvais temps, j'ai choisi de me rendre au travail à pied.

Je marche environ 45 minutes le matin, 30 minutes le midi et 45 minutes le soir. Ce qui représente près de 2 heures de marche. Cela me tient en forme. Et de plus, ça me nettoie l'esprit de toutes sortes d'impuretés mentales: haine, anxiété, ressentiment, etc.

Je devrais donc être parfaitement heureux lorsque je marche.

Je le serais presque si ce n'était des abrutis qui passent près de me faucher chaque fois que je reviens à la maison. C'est-à-dire entre 16h30 et 17h15 pour être plus précis.

C'est bien sûr l'heure de pointe et les automobilistes finissent par se comporter comme des excréments sur quatre roues.

Cela ne se fait pas sans risquer de frapper un piéton.

Parce que, voyez-vous, le piéton, comme le pauvre, figure en bas de la hiérarchie établie par l'automobiliste moyen qui a le cerveau lessivé par son volant.

C'est L'Enfer mécanique à tous les soirs que je reviens à la maison. Comme si les automobilistes obtenaient des points en nous frappant pour gagner une quelconque course à la mort.

Au coin des rues Père-Daniel et Gene-H-Kruger il m'est plus difficile de traverser sur la lumière verte que sur la lumière rouge. Il n'y a pas de feu pour les piétons. L'autorisation de tourner à droite sur un feu rouge fait en sorte que vous avez deux idiots de plus à regarder avant que de traverser la rue à pied. Incidemment, je me suis fait couper par une dame qui semblait avoir si froid dans son auto qu'elle ne pouvait que me tuer si j'avais l'outrecuidance de traverser au feu vert pour lui enlever son droit de tourner sur un feu rouge.

Un peu plus loin, au rond-point de la Couronne, au moins quinze véhicules m'ont ignoré et ont filé devant moi comme si je n'existais pas. Comme si je n'avais pas le droit d'être là. Comme si c'était illogique qu'un piéton puisse traverser une rue. Surtout si les automobilistes ont tellement froid sous la tempête qu'ils en oublient ces culs-terreux et manants qui traînent savates sur les trottoirs au lieu d'emprunter la piste cyclable...

Vous croyez que ça s'arrête là? Pas du tout. J'ai aussi failli me faire frapper au coin des rues Royale et La Vérendrye. La lumière était verte avec même une flèche pour tourner à gauche. Ce qui suppose que la lumière est rouge pour l'automobiliste qui s'engage dans la voie de face. Je marche jusqu'au milieu de la rue et deux individus à casquettes à bord d'un Econoline roulent presque sur mes pieds. Je rage, évidemment. Ils sont déjà passés. Même si je leur faisais des gestes disgracieux ils ne les verraient même pas...

Je suis tout de même en tabarnak.

Et je marche, sous la tempête, jusqu'à l'intersection des rues Royale et St-Georges. Il y a un feu pour piétons et le petit bonhomme est vert. Je m'engage sur la chaussée pour traverser. Un gros niaiseux qui se cure le nez me coupe le chemin et passe devant moi qui hurle de colère cette fois.

-Gang d'hosties d'mongols de tabarnak d'hosties de tas de marde! J't'leur crisserais des amendes qui seraient pas capables de payer! J'leur enlèverais leur permis! J'mettrais des hosties de lois tellement sévères pour le contrôle de la pollution dans les villes que plus personne aurait les hosties de moyens de s'acheter un char! MARCHEZ TABARNAK DE LÂCHES DE CALICE!

Après cette montée de lait, j'ai marché jusqu'au coin de la rue St-Roch et Royale. Le petit bonhomme était vert. Et je me suis encore fait couper...

Je suis rentré à la maison désespéré du genre humain.

Convaincu que Trois-Rivières est constituée d'une grande majorité de tarlais et de tarlaises au volant.

Et assuré que rien ne va changer avant longtemps dans cette ville de chars qui se crisse du pauvre monde comme des piétons. Y'ont juste à prendre la piste cyclable.

D'ailleurs, la piste cyclable est mal balisée au centre-ville et les automobilistes stationnent dedans.

Tous des mangeux d'marde...

Tous et toutes...


Mon nouveau billet dans le Hufftington Post

C'est ici.

lundi 11 décembre 2017

«La pêche hivernale le long du fleuve Saint-Laurent» au Musée Pierre-Boucher



Il fallait bien que j'aille voir l'exposition de groupe à laquelle je participe. Elle s'intitule «La pêche hivernale le long du fleuve Saint-Laurent». C'est au Musée Pierre-Boucher, à Trois-Rivières, jusqu'au 28 janvier 2018. L'entrée est gratuite. Tous les détails se trouvent ici.

***

Je n'ai pas retenu tous les noms des participants et n'y voyez aucune malice de ma part. Je n'avais pas de calepin de notes et n'ai pas eu le génie de me servir de mon téléphone intelligent, sauf pour prendre quelques photos.

Je me souviens d'un certain Marc Pronovost et d'une artiste-peintre native de Trois-Rivières qui signe Hubert.

Quoi qu'il en soit, je me sentais parmi les miens. Dans l'art plutôt figuratif pour employer la formule la plus large qui soit. Dans l'art naïf, bien que j'éprouve un certain malaise à me définir sous une forme qui me semble contraignante.

Marcel Dargis
Cela dit, je suis un fan de l'oeuvre de Marcel Dargis et j'ai en ce moment le bonheur d'exposer à ses côtés. C'est comme si je venais d'être recruté par la LNH et que je patinais un coup à côté de Guy Lafleur.

Marcel Dargis a raconté en peinture la paroisse St-Lazare, à Cap-de-la-Madeleine. La paroisse St-Lazare des années '30 aux années '60.

Mon père et sa famille ont demeuré dans cette paroisse. J'imagine même qu'ils doivent se connaître.


Quoi qu'il en soit, les oeuvres de Marcel Dargis me parlent. Je peux rester figé devant elles pendant des heures. C'est l'effet de ce que l'on appelle le talent.

Or, j'ai reçu par la bande un recueil de Louis E. Leprohon portant sur l'oeuvre de Marcel Dargis. Marcel Dargis m'a même fait une dédicace. Sauf que je ne l'ai pas rencontré encore... C'est un de mes amis qui possèdent une collection de mes oeuvres qui a reçu monsieur Dargis. Il a pu voir mes oeuvres, en plus de partager l'exposition avec moi au Musée Pierre-Boucher, et s'il aime ce que je fais c'est que je suis sans aucun doute un artiste. C'est tout ce que je voulais savoir.

J'aurai la chance de le rencontrer en janvier si Dieu le veut. Je vous reviendrai à ce sujet.

Pour le moment, il faut que je revienne aussi vite que possible à mes pinceaux.



vendredi 8 décembre 2017

Trois improvisations à l'harmonica

Trois improvisations à l'harmonica

Improvisation folklorique de Gaétan Bouchard, artiste-peintre

Improvisation à l'harmonica de Gaétan Bouchard, savetier

Improvisation à l'harmonica amplifié de Gaétan Bouchard, cure-dentier

***

Après avoir effectué ces improvisations j'ai joué pendant une demie heure dans un salon devant des personnes âgées. C'est tout le public en chair et en os qu'il me fallait.

Je fais mon entrée au Musée...


La toile ci-contre fait partie de l'exposition
« LA PÊCHE HIVERNALE LE LONG DU SAINT-LAURENT » du Musée Pierre-Boucher.

Je relaie ici l'information via ce site.

***

EXPOSITIONS DES FÊTES AU MUSÉE PIERRE-BOUCHER

EXPOSITIONS 
« LA PÊCHE HIVERNALE LE LONG DU SAINT-LAURENT »
« LE VILLAGE DE NOËL »
« CRÈCHES DE NOËL »
« UN CONTE DE TANTE LUCILLE : LE RÉVEILLON DE NOËL DU PÈRE MATHIEU ».
du 8 décembre 2017 au 28 janvier 2018

À l’occasion de la période des Fêtes, le Musée Pierre-Boucher présente du 8 décembre 2017 au 28 janvier 2018, plusieurs expositions consacrées à cette période festive de fin d’année.

Une activité très populaire dans la région sera présentée dans les salles Duguay et Godin. « La pêche hivernale le long du St-Laurent » regroupe des oeuvres d’art, des documents, des photographies et des objets anciens. Cette exposition relatera ainsi l’histoire de la pêche hivernale.

Des jeux d’adresse amuseront les visiteurs. Une cabane grandeur nature vous permettra de vivre l’expérience de la pêche hivernale.
Exposition réalisée en partenariat avec le Service des Archives du Séminaire de Trois-Rivières.

La Chapelle du Séminaire accueillera une sélection de crèches acquises en 2016 et 2017. Dans le cadre de la période des Fêtes, des visites guidées de la chapelle se dérouleront les 9, 10, 16 et 23 décembre à 14 heures.

À la Salle Petit, « Le Village de Noël » dévoile de nouvelles pièces de la collection du village du musée, sous le thème de la pêche hivernale. De plus, un conte de Tante Lucille « Le réveillon de Noël du Père Mathieu » racontant l’origine de la pêche aux poissons des chenaux émerveillera petits et grands.

Ouverture de l’exposition 
Vendredi 8 décembre à 18 h 30.
L’exposition se poursuivra jusqu’au 28 janvier 2018.
Le musée sera fermé les 23 (en soirée), 24, 25, 26, 30 (en soirée) et 31 décembre 2017 et les 1er et 2 janvier 2018.

Entrée gratuite.

Heures d'ouverture : du mardi au vendredi de 10 h à 12 h et de 13 h à 16 h 30. Samedi et dimanche de 13 h à 16 h 30. En soirée : vendredi et samedi de 18 h 30 à 20 h 30.

Source 
Serge Désaulniers, responsable des communications
Séminaire Saint-Joseph, 858 rue Laviolette, Trois-Rivières (Québec) G9A 5S3 (819) 376-4459 – Télécopieur: (819) 378-0607

La saison des festivals du pauvre est ouverte!

Je vous avouerai que je suis né dans un milieu relativement pauvre.

Oh! nous n'étions certainement pas les plus pauvres de mon quartier. Je ne pourrais pas dire ça. Certes nous n'avions pas d'automobile. Mais le frigo était plein et nous ne portions pas de guenilles. 

Pourtant, la pauvreté nous a frappés de plein front nous aussi. J'aurai cette pudeur de ne pas élaborer sur le sujet. Une pudeur de pauvre qui ne veut pas que tout le monde sache qu'il est pauvre... Cette pudeur qui me fait penser que chez les Bouchard, du temps de mon père, on allait à la petite école de Sayabec à tour de rôle puisqu'il n'y avait qu'une paire de bottes d'hiver pour trois garçons. On disait aux Bouchard de ne pas se présenter lors des photos officielles de la classe parce qu'ils n'avaient rien de convenable à se mettre sur le dos.

Cette pauvreté-là, sèche et amère, c'est l'héritage spirituel de mon père.

Ma mère l'a tout autant vécue. Mille et un travaux pour joindre les deux bouts. Dont torcher les riches qui n'aiment pas torcher. Ces repus qui lui faisaient sentir qu'elle n'est qu'une torcheuse. De quoi hurler de rage.

Cela dit, j'ai toujours ressenti la pauvreté comme la pire humiliation que l'on puisse faire à un être humain. Parce que je la ressens dans ma chair et mon âme. Je dirais même dans ma génétique: je proviens d'une longue lignée de serfs, d'analphabètes, de nomades, de voyous pas tous géniaux et de torcheuses.

Au fond, derrière la pauvreté il n'y aura jamais rien d'autre qu'un vibrant appel à plus de justice sociale. 

Les greniers et les entrepôts débordent et nous sommes là à battre comme des chiens ceux qui tournent autour en quémandant de quoi se nourrir. 

À l'approche de Noël, les bourgeois ont la conscience sale. Ils font nettement plus pitié que d'habitude. Ils se prennent même à organiser des festivals du pauvre, des guignolées et des collectes de boîtes de conserves. Ça calme la mauvaise conscience d'avoir été un rat toute l'année.

Les pauvres, pour ce que j'en sais, se sentent certainement humiliés. Ils vous diront merci parce qu'ils savent vivre, ou à tout à le moins survivre... Mais du fin fond de leur tête, je vous jure que ça résonne parfois comme les cloches de l'enfer face à ces dévots et gentils organisateurs qui leur font sentir qu'ils doivent attendre en ligne et ne pas dire un mot de trop.

J'ai déjà reçu un panier de Noël. Une fois. Peut-être que mes parents aussi, pendant la grève de l'aluminerie où travaillait mon père. 

J'étais bien content de le recevoir.

Saviez-vous à quoi je pensais?

À l'humiliation subie jadis par mes parents pour la même raison. L'humiliation de manquer de revenus, d'être sans emploi tout en étant une personne pourtant travailleuse, intègre et remplie d'énergie.

J'ai dit merci, merci, sans doute.

Puis je me suis promis qu'un jour plus personne n'aurait à subir ça une fois de plus.

Ce sentiment d'être un chien qu'on fait danser autour des rogatons qu'on lui jette.

Ce sentiment que la pauvreté n'est pas un vice et qu'elle a une voix.

C'est d'ailleurs ce qui manque à vos tabarnaks de guignolées, mesdames et messieurs les bons coeurs.

Il manque la voix des pauvres.

Il manque leurs paroles.

Sois pauvre et tais-toi... 

Je parle un peu pour les pauvres mais ne suis pas leur voix.

Je prête la mienne à la leur parce que je ne connais pas un pauvre digne de ce nom qui accepte son panier de Noël sans qu'une petite voix résonne dans sa tête pour lui rappeler que nous vivons dans une communauté humaine désincarnée. Un mensonge organisé qui préfère les féeries et les paillettes des animateurs de radio qui se font sécher les dents avec une canisse de change dans les mains. Nous vivons dans une société injuste où des individus capables, productifs, peuvent même être condamnés à dépérir jusqu'à ce qu'ils deviennent incapables et improductifs. 

Car c'est un mythe de croire que les plus forts s'en sortent toujours. Un mythe qui justifie le pouvoir des pharaons, sans plus, et qui ne vaut pas que l'on s'échine autant pour bâtir leurs pyramides modelées de gypse et de béton friables.

En réalité, même les plus forts peuvent être happés par ces idéologies qui nous éloignent toujours plus de la vie en communauté pour nous plonger dans des océans de jeux mathématiques pour actuaires sans âme ni conscience.

Noël est sensé honorer la mémoire d'un type qui aurait dit qu'il est plus facile à un chameau d'entrer par le chas d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au paradis. Il se trompait, c'est certain. Les riches rentrent au paradis tous les jours tandis que l'on traite le petit peuple comme des chameaux qui ont trop soif en plaçant sur leur dos toutes les misères d'un monde dont on se contrefout.

Comme le chantait l'auteur de Minuit Chrétiens: peuple debout! 

Les génuflexions, on les gardera pour un autre moment.

C'est Noël et chacun doit réclamer son dû: le royaume des chieux ou bien la république des insoumis.

Mon choix est fait depuis longtemps.










jeudi 7 décembre 2017

Henry Miller


Il avait perdu à peu près toutes les batailles de sa vie. Cependant, il avait gagné quelque chose comme de la résistance à perdre. Quelque chose comme s'il n'avait plus rien à perdre, justement.

Et c'est là que tout un chacun s'est reconnu en ce perdant qui se relevait tout le temps.

Comme s'il devenait la voix de tous les perdants.

Comme si ses misères étaient celles de tous les sans voix, sans richesses et sans culottes.

Il incarnait le sort du commun des mortels.

Il était comme eux.

Il était eux.

Ils pouvaient eux aussi devenir poètes.

Ils en avaient le droit et même le devoir.

Ça valait mieux que de mourir dans un cauchemar climatisé.

Du coup, sa vie changea.

Il fût porté par une nouvelle vague de perdants.

Il en était même devenu une sorte de héros, à son grand étonnement, lui qui n'aspirait plus qu'à la sainte paix.

La gloire le touchait dans la pente descendante de sa vie, alors que se révélaient tous les petits bobos du grand âge. Au fond, c'était mieux ainsi. Cela ne lui monterait pas à la tête puisqu'il l'avait déjà occupée ailleurs.

Ailleurs, évidemment, ce n'est pas ici.

C'est un non-lieu, ailleurs, pour un gars comme lui.

Il y eut encore bien d'autres échecs devant lui, évidemment.

Et tout le monde chie à la même place.

Gloire ou pas.

Ce sera tout pour aujourd'hui.

mercredi 6 décembre 2017

Les poèmes intéressants de Magoua Lagouache

Un autre recueil de poésie disponible gratuitement.

Édition revue et corrigée.

Mon nouveau recueil de poésie






Je l'ai terminé en novembre dernier et il sera bientôt disponible dans une librairie près de chez-nous à moins qu'il ne finisse avant dans un bac de recyclage.

Voici quelques extraits: