lundi 30 juin 2008

JE SUIS LE MEILLEUR BLOGUEUR TRIFLUVIEN: NANANA!


J'ai participé à la fondation d'une radio et d'un journal communautaires à Trois-Rivières. En quelques mois, j'ai déplacé plus d'air que tous les intervenants communautaires de la Mauricie mis ensemble dans un paquet. J'ai mis le paquet, quoi. Tant qu'à travailler, aussi bien travailler pour de vrai. Et je n'ai compté ni les heures ni les jours que j'ai donnés pour promouvoir la radio et le journal.

J'ai été congédié de CFOU suite à une lettre bourrée de fautes d'orthographes de la Société St-Jean-Baptiste qui me reprochait la qualité du français utilisé en ondes.

J'étais directeur de la programmation et j'étais plus libertaire en la matière. Je laissais les animateurs placés un sacre ou deux de temps en temps. Parce que je trouvais que c'était crissement normal de le faire.

Alors les analphabètes se sont pointés pour parler de langue... J'ai été congédié presque manu militari. On ne m'a plus jamais rappeler pour célébrer le énième anniversaire de la station. Pour une ou deux personnes qui m'a soutenu, j'ai connu tout près de soixante couilles molles qui ont baissé la tête, plier l'échine et laisser les ploucs triompher momentanément. Aujourd'hui, je peux encore les regarder de haut et ils baissent les yeux dans la rue quand ils me voient. Je leur fais peur, sans doute. Ça fait craindre le pire, la «liberté libre» dont parlait Rimbaud...

Pour ce qui est du journal de rue Le Vagabond, j'ai combattu pour la liberté d'expression, encore une fois.

J'ai dit qu'on offrait aux pauvres des échalotes pourries et on m'a dit de me la fermer. Je leur ai dit fuck you. Et j'ai bien fait. J'ai mangé de la vache enragée quelques semaines puis je suis retombé sur mes pieds. J'ai fait de la traduction et de la rédaction, libre, heureux et fier comme un paon de ne pas être une couille molle.

J'ai été amer, au début, d'être tenu à l'écart du monde des communications en Mauricie. Avec le temps, je me suis rendu compte que c'était mieux ainsi.

Je ne dis pas ça parce que les raisins sont trop verts, comme si je ne pouvais pas les atteindre.

Je dis ça simplement, comme ça vient: le monde des communications en Mauricie ne laisse pas de place au talent. Il ne faut pas en avoir pour gravir les échelons: c'est la règle reconnue. Plus tu es plate, nul à chier, emmerdant et plus tu grimpes. Jusqu'à ce que tu sois rendu à ton poste de valet de pique, un titre qui ne cache qu'un deux de pique manipulable, à la formation très réduite, qu'on peut faire danser comme une marionnette parce qu'il aura peur de perdre cette job pour laquelle il n'est pas fait.

La presse écrite et la radio trifluviennes sont soporifiques, comme si personne ne savait lire et écrire. Tu ouvres la radio et qu'est-ce que tu entends? De la bouette. Des types qui se pratiquent à bien perler français et qui n'arrivent jamais à parler naturellement. Tu ouvres un journal et que lis-tu? Des types qui publient des communiqués de presse intégraux et les signent, avec une photo d'eux-mêmes sur la page, souriants comme des cons qui souhaitent un match parfait à Coup de foudre. Leur salade est souvent défraîchie. Des jokes de mononcles des années soixante-dix, des clins d'oeil à telle ou telle publicité à la mode du jour, des trucs plates à mourir d'ennui. On ne se torcherait même pas avec ça.

Je n'ai jamais réussi à rentrer dans le monde des communications en Mauricie, suite à mes déboires avec l'intelligentsia locale, tout simplement parce que j'ai du talent. Il faut bien l'avouer.

C'est triste à dire, mais le talent ça fait peur.

Ils ont tous peur que je les critique, que je leur dise mes quatre vérités: ton texte, c'est de la merde. Ton émission? C'est plate.

Que voulez-vous que j'y fasse? Je suis trop vrai.

Et comment voulez-vous qu'un type comme moi soit bien accueilli parmi tous ces ploucs qui se gargarisent de propos vides d'amateur de golf ou de beach party?

Impossible. De plus, j'ai l'air d'un gros pouilleux d'Indien, avec ma stature d'armoire à glace, ma tignasse, mon tatouage et mes mains larges comme des poêles de fonte. Que voulez-vous qu'il fasse d'un Indien, hein?

Voilà pourquoi je blogue.

Voilà pourquoi je suis lu.

Voilà pourquoi j'emmerde les gens des communications et tous les bourgeois, petits ou grands, de Trois-Rivières.

Vous êtes nuls.

Vous n'avez pas de talent.

Et vous êtes plates.

Je dis ça sans ressentiment. Ce qui est bien pire.

Je dis ça juste parce que je suis vrai.

Je dis ça parce que je gagne à tous les jours contre vous qui croyiez à tort que j'avais perdu.

Je gagne parce que vous représentez le passé et moi l'avenir.

Mon blogue fesse bien plus que tous vos journaux, vos papelards ronflants, vos émissions de radio poches.

On m'a coupé les vivres et je n'ai pas perdu cinq livres.

Je suis encore là pour hanter l'intelligentsia trifluvienne, essentiellement constituée de types qui lisent peu et écrivent mal, des adversaires qui ne sont pas de taille, des limaces qui ont profité de l'inculture et de l'apathie généralisée des années pré-informatiques.

Depuis que l'Internet est rentré à Trois-Rivières, les communications ont changé aussi. N'importe quel petit blogueur minable, dont moi par exemple, a plus de poids intellectuel que tous ces médias mauriciens rassemblés qui ne distillent que de la platitude.

Vive l'Internet bon sang!

Auteurs trifluviens et mauriciens, à vos claviers! La révolution commence ici et maintenant. Nous pouvons crisser à terre les médias locaux, tous ensemble, et même tout seul contre tous.

J'en suis la preuve vivante.

Je ne suis pas Don Quichote, asti.

Je me sens plutôt comme Hulk.

Ça passe ou ça casse.

Si vous êtes de Trois-Rivières, aidez-moi à obtenir ma revanche, d'autant plus qu'elle est douce au coeur de l'Indien que je suis.

Faites circuler l'adresse de mon site.

Montrez-leur de quel bois je me chauffe, SVP.

J'ai envie de rigoler.

J'ai envie de leur faire un méga fuck you...

PLUS J'ÉCRIS ET PLUS JE PARLE

Plus j'écris et plus je parle.

Le fait d'écrire ce blogue m'a transformé en véritable moulin à paroles.

Je n'arrête plus. Je parle, jacasse, discute, décortique et commente l'actualité dès que je suis en présence d'un être humain.

S'il n'y a personne avec qui jaser, je viens me défouler ici, sur mon blogue. Je déverse alors tout le flot de mots trop longtemps contenus en moi, comme si je souffrais de l'angoisse de la page noire. Bref, j'en ai trop à dire.

Je ne sais jamais par quel bout commencer. Donc je commence, tout bonnement, sans me soucier de la suite logique des idées, voire des événements.

Parlons. Ou plutôt écrivons, lisons, ce que vous voudrez. D'ailleurs, je ne m'explique pas ici la présence de la première personne du singulier. Je sublime la réalité pour trouver matière à écrire. Et croyez-moi, j'aurai mes deux milles mots les deux doigts dans le nez à force de tourner autour des mots, des actions et des pensées qui me viennent simultanément à l'esprit.

J'ai toujours quelque chose à dire, même quand ça ne veut rien dire. On ne s'ennuie pas avec moi. Du moins, je ne m'ennuie pas avec moi. Je me trouve souvent intéressant. Si mon interlocuteur n'a rien à dire, je trouve néanmoins quelque réconfort dans le fait de m'écouter parler.

Il y en a qui peuvent vous regarder avec des yeux de biche pendant des heures sans parler. Pas moi. Être juste bien, là, sans parler... Je veux bien, mais avec ma blonde seulement. Encore que nous parlons beaucoup.

Cela dit, quand je fais face à un interlocuteur coi qui fixe le mur du regard, je me sens toujours un peu de trop. Ce n'est pas parce que je ne suis pas capable de méditer ou d'observer le silence. C'est juste que je choisis la solitude pour pratiquer le silence. Quand je suis avec quelqu'un, je parle. Je parle par politesse, pour signifier que je suis là, avec cette personne, plutôt que perdu dans les vapes.

C'est triste à dire, mais j'ai la sensation que beaucoup de gens n'ont rien à dire. Ils s'attendent à ce que je parle ou à ce que nous regardions ensemble le mur, le plancher, le bout de nos souliers, n'importe quoi. Ce que je ne ferai jamais. Parce que je choisis la solitude pour faire ça, bon.

Ces silencieux du quotidien pouvaient encore vous raconter quelque chose à vingt ans. À peine quelques années s'écoulent qu'ils tombent muets comme des carpes. Et moi, je parle, parle et parle encore, toujours, tout le temps, de tout, de rien, de n'importe quoi. Je m'émerveille d'une fourmi sur le trottoir, d'une musique à la radio, d'une image, d'une feuille, d'un nuage, d'un tas de détritus, d'une lampe cassée, d'un crayon de plomb, d'une boîte à onglets, d'un site Internet, d'un pauvre con, d'un réfrigérateur plein, d'une fraise des champs, d'une tourterelle, d'un paumé qui mendie, etc.

Peut-être que je parle trop et que j'intimide mes interlocuteurs avec ma verve déchaînée. Je suis comme un enfant de quatre ans qui vient de se réveiller. Je cours encore de tous bords et tous côtés pour virer la maison à l'envers, comme si je ne vieillissais pas.

Pourquoi me taire? Je suis dans le domaine des communications. J'écris, je dessine, je peins, je joue de la musique: je communique. Je ne suis tout de même pas pour publier des pages blanches ou bien exécuter des solos de diapason.

Ma guitare aussi parle beaucoup. Sans compter mes harmonicas, mon accordéon, mon clavier, mes flûtes... Fuck! Quand je ne parle pas, je blogue et quand je ne blogue pas je peins, dessine ou joue de la musique. Il n'y a que la peinture pour me tenir calme un moment. Autrement, je remplis le silence avec ma musique. Je ferme la porte de mon atelier et tente quelques nouvelles tounes de Gordon Lightfoot ou bien de ma propre composition.

J'aime bien, entre autres, créer des tounes idiotes qui meurent aussitôt qu'elles sont chantées. Je me pars un riff et je déclame des vers improvisés à propos de mon réservoir d'eau chaude ou bien d'un type qui avait reçu deux noix de coco à Noël. C'est un peu surréaliste, j'en conviens, mais je ne vous les ferai pas écouter. Donc, il n'y a pas de mal.

Je pourrais polluer YouTube avec mes niaiseries, comme je le fais ici avec mes textes, sur Blogger. Je ne le ferai pas. Non. Enfin, pas tout de suite.

Parle, parle, jase, jase, j'en suis presque rendu à mes deux milles mots quotidiens.

Il ne me reste qu'à écrire trois ou quatre mots et je déborderai de ma mission: céleri, concombre, navet...

Ma liste d'épicerie est toujours de bon secours pour combler les trous. Je la traîne toujours sur moi, quitte à la lire devant un interlocuteur trop muet, histoire de me rendre détestable avec le son de ma voix.

Le problème est aussi dans ma voix. Voyez-vous, j'ai une trop belle voix. Les gens s'endorment à l'écouter. J'ai hérité d'un voix chaude, sympathique et couillue. On m'écoute juste pour m'écouter en se calissant bien de ce que je dis.

En plus d'avoir une belle voix et une belle plume, je suis juste trop beau.

C'est ça mon problème. J'impressionne trop. On reste bouche bée devant moi parce que je suis juste trop bon, trop bel homme et que j'ai une trop belle voix.

Quel malheur que d'être beau, bien et bon! On ne vous aime que pour vous-même plutôt que pour ce que vous faites de mieux.

Si j'étais laid, au moins, on me prendrait au sérieux.

On dirait que je souffre et que cela transparaît à travers tout ce que je fais.

Alors que là, on ne me dit rien. On me regarde avec des yeux de biche, en bavant comme si j'étais un morceau de steak. Or, les biches ne mangent pas de viande. Donc, c'est clair, ça ne peut pas marcher.

Je suis donc condamné à être beau.

Condamné à parler et écrire tout seul parce qu'on gèle devant moi et qu'on me trouve trop génial, trop beau, trop couillu de la voix.

Si c'était à recommencer, je refuserais d'être ce bel homme à la voix d'or qui écrit comme un dieu. Vraiment, si c'était à refaire, je serais laid, taciturne et analphabète.

Ainsi, je ne parlerais plus pour rien dire.

Je ne parlerais que pour me venger du monde plutôt que pour m'amuser, comme je le fais en ce moment.

Plus j'écrirais et moins je ne parlerais.

Je deviendrais rapidement un ange exterminateur, je vous jure.

Ah! Heureux celui qui n'est pas beau en ce monde trop laid!

dimanche 29 juin 2008

LES POUILLEUX & LA CRISE DU LOGEMENT



Le bulletin de nouvelles de LCN présentait ce matin un gros con dans son gros char. Le gros cave, un repus au crâne dégarni, s'en prenait aux participants d'une manifestation pour le logement social qui obstruaient certaines rues du Vieux-Québec. La grosse barbote devait attendre dans son gros char que la manif soit terminée. Ça le mettait en furie.

-R'gardez-moé ça! C'est toute des pouilleux, disait le gros sans-dessein. Qu'ils aillent se trouver une job pis ils vont en avoir un logement!

Fin de la citation. Zoom sur une tronche de connard. Quelques flashes sur des manifestants déguisés en Sol et Gobelet. Un type qui déclare, du haut d'une tribune, que le gouvernement Harper est arrogant, méprisant et tout le reste. C'est un ancien stalinien. Enfin! J'espère juste qu'il n'est plus stalinien... S'il se contente d'être pour les pauvres, je lui pardonnerai volontiers son passé, comme je me suis pardonné mon passé de trotskiste. Je le préfère encore au gros cave, dusse-t-il croire qu'il faudrait établir la dictature du prolétariat. Je me dis que le fond de son coeur est peut-être bon, même si sa tête raisonne mal. Pour ce qui est du gros cave dans son char, je n'ai pas de bons mots pour lui. Sa tête est à l'image de son coeur.

Le gros cave n'est pas un pouilleux. Il roule dans son gros char, habite une grosse maison, et écraserait n'importe quel pauvre qui se trouverait sur sa route si ce n'était pas de ces stupides lois socialistes qui briment la liberté d'un Nord-Américain moyennement ignorant qui fait un peu de cash.

Les manifestants me semblaient plus articulés et plus éduqués que la grosse foirasse assis dans sa grosse caisse qui les traitait de pouilleux. Plus sensibles aussi. J'ai beau ne pas avoir d'atomes crochus avec les communistes que je me sens bien plus près d'eux que je ne me sens près des gros hosties de caves.

La pauvreté n'est pas une affaire de décision personnelle. Pour qu'il y ait un riche, la logique même veut qu'il y ait des dépossédés. Je ne suis pas léniniste, loin de là, mais quand il disait que «le capitalisme c'est une personne qui rit pour quatre-vingt-dix-neuf qui pleurent» je ne crois pas ce ne soit qu'une vision déformée par l'idéologie. C'est un fait.

L'accès à la propriété privée pour le peuple, c'est un mythe. La plupart des pauvres naissent pauvres et crèvent pauvres. On les traite de parasites et quand c'est le temps de défendre les droits et libertés de tout le monde, ce qui peut inclure celles des riches, ce sont eux que l'on envoie au front.

Chaque matin, je vois des pauvres devant le bureau de recrutement de l'armée canadienne. Ils vont risquer leur vie pour un système qui ne leur propose que le champ de bataille pour se tirer de la misère, du chômage, de l'absence d'horizons, de rêves, de perspectives.

Ils accèdent à un logement social, une caserne, où ils doivent frotter le plancher avec une brosse à dents et cirer leurs souliers jusqu'à ce qu'ils puissent s'en servir de miroir pour se raser à zéro tout le poil qui dépasse des épaules. Parce qu'on n'aime pas les pouilleux dans l'armée.

Le logement social, pour un conservateur ou bien un adéquiste, ce n'est pas seulement la caserne. C'est aussi la prison. Voyez-vous, il faudrait plus de prisons pour les pouilleux. Encore plus de prisons que d'habitations populaires. Au lieu d'investir dans l'amélioration des conditions de vie des pauvres, on va les traiter de pouilleux et leur offrir une shitty job à vie, l'armée ou la prison.

Le hic, c'est que les pauvres forment une masse critique de militants mobilisables à tout moment pour réagir aux propos des gros caves.

Plus les gros caves en mettent, plus les pauvres remplacent les petites lattes de bois pour des deux par quatre pour y brocher leurs pancartes.

Cela fait des manifs toujours plus musclées, contre lesquelles un politicien stupide ne peut qu'espérer la pérennité de cette bonne vieille tradition d'obéissance des agents de la paix syndiqués... ou des soldats, qui proviennent majoritairement des mileux pauvres.

S'ils n'obéissaient plus, ces mecs, le pouvoir perdrait la face. C'est arrivé de temps à autres dans l'histoire. On appelle ça une révolution. Et ce n'est jamais jojo une révolution. Tout le monde y perd, même les pauvres, même les riches.

Voilà pourquoi je prétends que la société a plus à craindre des gros caves que des communistes.

Ces épais de conservateurs nous précipiteraient dans une guerre civile juste pour une question d'orthodoxie politique ou économique. Au contraire des libéraux, les conservateurs sont des idéologues accomplis, pas très souples, et déconnectés de leur communauté.

Les libertariens, les conservateurs et les trippeux d'économie ne font qu'accentuer les problèmes sociaux et nous rapprocher dangereusement d'un point de rupture radicale avec nos institutions.

Je ne suis pas communiste, mais je privilégie de loin des mesures socialistes en matière de logement plutôt que les lois stupides du marché, lesquelles relèvent essentiellement des gros caves inconscients qui se foutent totalement de leurs locataires.

Le mythe du mauvais locataire, je peux vous le défaire en moins de deux en vous présentant des cas réels de proprios pleins de marde qui savent qu'on peut faire de la piastre avec de la misère, autrement il n'y en aurait pas autant à jouer au Monopoly avec la vie des gens.

Des proprios qui ne rénovent jamais et se contentent de collecter l'argent de leur loyer, ce n'est pas un mythe. Surtout dans les quartiers pauvres, où ils peuvent se donner l'excuse que ce ne sont que des pouilleux...
Debout les pouilleux! que j'ai envie de hurler en pareille occasion.

Debout, les damnés de la terre?






samedi 28 juin 2008

L'EXPOSITION AGRICOLE DE TWOIS-WIVIÈWES

L'Exposition agricole de Trois-Rivières en est à sa 103e année. Elle se tient en ce moment même et, franchement, je ne compte pas y aller. Depuis que le cirque et les éléphants n'y sont plus l'événement a perdu tout son charme. Il ne reste que de la ferraille et de la malbouffe, quelques exhibitions de vaches et de moutons, pas de quoi me rappeler la féérie d'antan. J'ai peut-être perdu mon coeur d'enfant, direz-vous, et je dirais que c'est tout le contraire. J'étais beaucoup moins enfant quand j'étais jeune que je ne le suis maintenant.

Je me foutais bien des fleurs, des couleurs et de la beauté quand j'avais quinze ans. Je me préoccupais plutôt de nourrir une sourde révolte contre tout ce qui représentait une figure d'autorité et une apparence de loi pour laquelle je n'avais jamais voté.

C'était en 1983, une année où il ne s'est rien passé dans le monde. Bien sûr, ceux qui ne comprennent pas les effets littéraires vont me rappeler mille et une anecdotes à propos du Nicaragua ou de la Commission Kissinger et, franchement, je ne m'en rappelle pas. En 1983, il ne s'est rien passé, parce que Céline a chanté Une Colombe qu'en 1984, l'année même où Bruce Springsteen chantait Born in the USA. Ça, c'était de l'année solide, 1984. Mais 1983? Du vent. Rien. Nada.

Alors, tant qu'à ne rien faire, je passais mes temps libres à faire des mauvais coups avec mes copains de l'époque: le Bief, Ti-Kasse, mon frère Ti-Mic, le Verbe, Turcotte, pour ne nommer que ceux-là. Pour l'Expo de 1983, nous étions sans doute un peu cassé puisque l'idée nous vint de sauter par-dessus la clôture pour profiter d'une nouveauté: le prix unique à l'entrée pour avoir accès à tout le site et à tous les manèges.

Revivons ces événements à l'indicatif présent, pour créer un autre effet littéraire tiens.

Il vient de pleuvoir. Nous souhaitons sauter par-dessus la clôture de fer forgé situé devant l'Hippodrome, sur le boulevard des Forges. Nous nous rendons de ce côté-là pour être hors de portée des agents de sécurité et de leurs bergers allemands féroces.

Le Bief saute, puis mon frère, Ti-Kasse, etc. Il ne reste que moi qui est un peu plus maladroit et beaucoup plus lourd pour ce tour de passe-passe. Je m'agrippe, je grimpe, puis mon pied glisse. Je me reprends. Je glisse encore. Les barreaux sont trempés et mes espadrilles ne trouvent pas d'appui. Je glisse encore. Je crois m'être éraflé mais finis tout de même par passer par-dessus la clôture, par orgueil.

C'est fait. Je suis entré gratuitement sur le terrain de l'Expo! Il ne me reste plus qu'à courir avec les autres. Les chiens ont détecté notre présence. On les entend japper au loin. On court à toutes jambes jusqu'à ce que l'on se perde dans la foule.

Je suis fier comme un paon. J'ai sauvé de l'argent. Je peux prendre les manèges autant de fois que je veux sans payer.

Jusqu'à ce que mon frère me montre du doigt deux grosses taches de sang sur mon tee-shirt blanc...

Tabarnak! Je me suis rentré des barres de fer dans le ventre. J'ai deux trous dans le bedon. Le sang s'est coagulé et ça fait mal quand je ris. Du coup, je ne m'amuse plus et constate avec amertume que le crime ne paie pas.

vendredi 27 juin 2008

INVENTAIRE DU VIVANT et RÉPONSE DE BUKARSKI

J'ai fait mon inventaire du vivant tout en faisant ma promenade matinale.

J'ai vu un écureuil sur la rue Bureau qui s'est caché derrière un poteau électrique sur mon passage.

J'ai vu un chat noir, de l'autre côté de la rue. Il était couché sur le trottoir et m'observait du coin de l'oeil, comme une créature sûre d'elle-même et sans crainte.

Un peu plus loin, sur la rue St-Denis, un chat gris a traversé la rue. Il avait lui aussi une démarche princière.

J'ai pris la rue St-Denis, en direction du Parc Pie-XII, pour voir l'état des fleurs sauvages, particulièrement abondantes dans cette portion de rue. Les Blancs sont passés par là. Les chicorées, les marguerites, les pissenlits, les myosotis, les fraises des champs: tout a été rasé pour me permettre de contempler ce désastre environnemental trop ordinaire.

J'ai vu ensuite une cane et dix canetons sur l'étang du Parc Pie-XII. Pauvre cane! Je me demande si c'est une famille monoparentale. Je ne connais pas assez l'espèce. Ça m'a ému un peu. Une émotion de grand con par jour, ça rend plus humain.

Voilà pour mon inventaire du vivant.

RÉPONSE DE L'ÉCRIVAIN MACÉDONIEN BUKARSKI

Je vous ai parlé de l'écrivain macédonien Bukarski dans mon billet du 25 juin dernier. Bukarski prétend qu'il y a trop de profs dans la littérature des Balkans. Ses oeuvres, contrairement à celles des profs, font leur chemin par-delà les frontières de la Macédoine, dans tout le monde slave. Au lieu d'emmerder ses lecteurs avec l'histoire de la Macédoine, il raconte, tout simplement, comme un écrivain se doit de le faire. Enfin! J'imagine qu'il doit en être ainsi puisque ses oeuvres ne sont disponibles qu'en macédonien. J'attends le traducteur anglais ou français. Je vais en parler à mon beau-frère, locuteur serbo-croate. Il trouvera bien quelqu'un pour me traduire Bukarski bon sang! Pour le moment je vous laisse avec la réponse que Bukarski m'a envoyée suite à la réception de mon courriel:

Hello, man. I am glad that you liked my opinion. Do you know what the greatest shit is? Postmodern modernism. Postmodern style with historical figures. Like that Italian Umberto Eco. It seems that shit is all over the world. The Macedonian nationalists argue with the Greek ones about Alexander the Great. They don't want to share. The Macedonian nationalists even deny our Slavic roots! This is crazy, my brother. But I have heard that you in Quebec have some issues too. Hold on, if I publish the book in English or French, you'll have a free copy! Just go to amazon.com and tell them — "Bukarski sent me!" =)

Traduction:
Salut bonhomme! Je suis content que tu aies apprécié mon point de vue. Sais-tu c'est quoi la pire calice de marde? Le modernisme postmoderne. Comme l'italien Umberto Eco. Il semble que cette merde soit partout dans le monde. Les nationalistes macédoniens se disputent avec les Grecs à propos d'Alexandre le Grand. Ils ne veulent pas partager. Les nationalistes macédoniens renient même nos racines slaves! C'est fou, mon frère. Mais j'ai entendu qu'au Québec vous aviez quelques problèmes aussi. Sois patient, si je publie le livre en anglais ou en français, tu auras un exemplaire gratuit! Va juste sur amazon.com et dis leur: "Bukarski me l'a envoyé!".

Chic type, tout de même, que ce Bukarski...

jeudi 26 juin 2008

LE TRÈFLE À QUATRE FEUILLES

Je ne suis pas superstitieux, encore que je n'en sois pas si sûr. Chaque fois que je vois des trèfles, je cherche toujours un trèfle à quatre feuilles. Est-ce pour invoquer la chance ou bien pour simplement m'étonner d'une malformation génétique? Je ne sais trop.

Il n'en demeure pas moins que je cherche le trèfle à quatre feuilles, toujours, comme un triple idiot. C'est ma manie. Une autre de plus et on me prescrira des pilules.

Aussi bien ne pas trop en parler souvent. Que cela reste entre nous: je passe au moins une heure par jour à chercher un trèfle à quatre feuilles, ce qui représente le temps que je prends à marcher au quotidien.

Évidemment, je cesse mes recherches de novembre à mars. Je ne suis pas si timbré. Et je cherche généralement le trèfle à quatre feuilles parmi les trèfles à trois feuilles, ce qui délimite mieux mes zones de recherche.

Je ne cherche pas le trèfle à quatre feuilles dans les dictionnaires, bien que ce soit souvent entre leurs pages qu'on le fait sécher pour rallonger sa chance.

Dans le fond, c'est là que je devrais chercher. J'en ai sûrement quelques uns dans mes dictionnaires, que j'ouvre de moins en moins souvent, par lassitude, comme s'il venait un temps où je ne prenais plus ce goût pathologique que j'avais dans ma puberté de lire systématiquement des pages entières du dictionnaire pour calmer mes hormones.

Ce que j'en ai lu des mots, des expressions, des citations latines et des ISBN!

N'importe quoi qui me tombait sous la main, je lisais ça comme on lit à l'endos d'une boîte de céréales, stupidement, en bavant sur sa moulée. Je voulais comprendre les ingrédients de la vie. Tout en bavant sur ma moulée, bien sûr, pour joindre l'utile à l'agréable.

Pour ce qui est du trèfle à quatre feuilles, eh bien j'en ai trouvé pas un, mais quatre, le jour de la St-Jean, alors que je faisais une promenade avec ma blonde. Nous nous en allions voir notre ancien logement de la rue Ste-Cécile qui a passé au feu lundi dernier. Je me comptais chanceux d'avoir déménagé l'an dernier. Et plus chanceux encore de trouver pas un, mais quatre trèfles à quatre feuilles.

J'en ai donné un à l'un de mes anciens voisins dont la maison a été endommagé par l'eau et la fumée.

-Cela va vous porter chance, que je lui ai dit, stupidement.

Stupidement, parce que je ne suis pas superstitieux, voyez-vous.

Mes trois autres trèfles à quatre feuilles sèchent entre les pages de mon Larousse, au cas où...

mercredi 25 juin 2008

TROP DE PROFS EN LITTÉRATURE

Il y a trop de profs et pas assez d'écrivains dans la littérature des Balkans selon Alex Bukarski.

Je vous avouerai que je n'ai pas lu Alex Bukarski, un jeune écrivain macédonien prometteur qui porte ce dur constat sur la littérature des Balkans. Je vais m'empresser de le faire cependant. Je vais même lui envoyer un courriel, en anglais qu'il comprend peut-être, ou en russe, une langue slave qu'il comprend peut-être. Pour le russe je me contenterai de copier-coller Crimes et châtiments de Dostoïevski en y apposant ma signature à la toute fin, au cas où. Pour la version anglaise mon message sera court: «I'm from Quebec (Canada) and I think there's too many teachers in our rotten literature because we're always talking about those fucking things: nationalism and history. You've made my day. Take care. I ought to learn russian or macedonian for being able to read your texts. Thanks man. You're cool. Truly yours. Gaétan Bouchard, écrivain.»

Les critiques de Bukarski ressemblent à celles que j'ai déjà formulées à l'endroit de la littérature québécoise. Bukarski considère que la création littéraire dans les Balkans est trop inféodée à l'État et à l'Histoire. Il se confie ici dans un entretien avec Petar Dobrev paru sur le site de Courrier international.

Le nationalisme, ça finit par emmerder tout le monde. Ça produit de la littérature obligatoire, de la littérature emmerdante, lourde, plate, pesante, assommante, redondante, bref de la littérature académique, de la vraie calice de marde. On ouvre le livre et ça pue. On ne se demande pas quelle est la motivation de l'auteur, mais quelles sont les médailles qu'il a reçues pour ses platitudes d'empaffé du clavier qui ne fait que des «à la manière deuh». Pendant ce temps, des tas d'auteurs intéressants, dont moi, attendent leur tour.

Remarquez que je n'ai rien contre les profs.

Mais, asti, une littérature constituée essentiellement de profs, c'est froid comme du poisson mort.

Les arbres ressemblent à des brocolis

Les arbres ressemblent à des brocolis. Je ne dis pas ça pour faire de la poésie. Ni même pour passer pour un fou. Je dis juste que les arbres ressemblent à des brocolis, avec la tige principale puis les plus petites tiges et encore plus petites tiges pour former tout au bout une fleur, une feuille, un fruit.

Cela m'a pris quarante ans pour me rendre compte que les arbres ressemblaient à des brocolis. Permettez-moi de savourer cette impression soudaine, ce satori comme diraient les bouddhistes, une sorte de flash sans but, sans prétention idéologique ni visée politique. Juste un sentiment humain, une niaiserie quoi: les arbres ressemblent à des brocolis.

J'ai lu quelques livres sur le bouddhisme zen dont ceux de Taisen Deshimaru. Dans L'autre rive (Albin Michel), il rapporte l'anecdote suivante. Un disciple vient visiter un moine bouddhiste pour lui demander quelle est la vraie nature de Bouddha. Cela fait des années qu'il se casse la tête avec cette question, en y allant de théories sur l'octuple sentier, sur les astres, sur les désastres, sur les statistiques disponibles, sur le cours de l'or sur les marchés mondiaux, etc.
Rien n'y fait. Le disciple est dans l'ignorance totale de la vraie nature de Bouddha.

Voilà pourquoi le disciple est là, devant le Moine en chef, pour lui poser une bonne question.

-Grand Moine, dit le disciple au vieux chauve, Grand Moine quelle est la vraie nature de Bouddha?

Le Grand Moine désigne un prunier du regard, présente son plus beau sourire édenté et répond:

-Le prunier est en fleurs!

...

Le prunier est en fleurs! Quelle réponse!

Et vous vous demandez ce que ça signifie, hein?

Rien.

Le prunier est en fleurs.

Les arbres ressemblent à des brocolis.

La vraie nature de Dieu, Bouddha ou Bernadette, qu'est-ce qu'on en a à foutre?

Évidemment, je ne saurais affirmer que le Grand Moine pense comme moi à ce sujet.

Il se peut bien qu'il se contente du prunier en fleurs, quitte à le répéter cent fois, en tournant sur lui-même, jusqu'à ce qu'il attrape le hoquet.

-Le pru...pru...prunier est en... hic!... fleurs!

Imaginons le disciple, fourré d'aplomb, incapable de se démêler dans ses théories sur Bouddha:

-Votre réponse, ça ne vaut pas des prunes! Et vos prunes sont encore en fleurs. La sauce aux prunes, c'est pas pour tout de suite. Alors quoi? Vous vous foutez de ma gueule avec votre prunier en fleurs? Un peu de sérieux svp. Bouddha ne fait pas que rire.

Et s'il ne faisait que rire, Bouddha?

Je ne l'ai pas connu, remarquez.

Mais quand je lis des trucs sur le bouddhisme zen, c'est comme si je lisais un recueil d'histoires drôles. Une blague n'attend pas l'autre.

Cela dit, je ne suis pas bouddhiste. C'est trop compliqué pour moi, la vraie nature de Bouddha, le crâne rasé et le prunier est en fleurs.

Je m'en tiens à ma maxime.

Les arbres ressemblent à des brocolis.

Et ça me suffit.

Je crache un coup et je repars ma journée.

J'ai presque pensé aujourd'hui.

Hourra.

mardi 24 juin 2008

NI DIEU NI MAÎTRE!


Gaétan, Esquisse 814, Techniques mixtes

La majorité des Québécois ne participeront pas à la Fête nationale aujourd'hui. Ni Dieu ni maître. aujourd'hui c'est un jour de congé. La grande majorité des Québécois préfèreront nager, faire du canot, jouer au baseball, écouter la télé, rénover le patio, lire un roman ou des poèmes, se pogner le beigne, se décrotter le nez, boire du Seven-Up diète, manger santé, laver les vitres de la maison, faire n'importe quoi sauf se promener dans la rue, comme le dernier des valets, drapeau en main, saluant des géants en papier mâché qui représentent la misère intellectuelle du Québec plus que ses réussites. Heureux les peuples qui n'adorent pas d'idoles!

Le patronat, les politiciens et les chefs syndicaux ouvriront la marche et derrière paraderont les quelques moutons qui restent, avec le drapeau de la monarchie française, la fleur de lys et la croix blanche. Quelle fête ringarde. On se croirait parfois à la Fête de Jeanne-d'Arc, le premier mai, avec Jean-Marie. C'est plein de fleurs de lys et de croix blanches. Quelle splendeur!

Même si je ne suis pas indépendantiste, j'ai plus de respect pour le drapeau des patriotes, le vert, blanc et rouge. Cela fait plus républicain, moins rétrograde. Tant qu'à être nationaliste, aussi bien que ce ne soit pas avec les monarchistes. Bien sûr, le plus-que-parfait du subjonctif en prendra un coup. N'est pas Maurras qui veut.

Je déteste encore plus les bains de foule que je ne déteste la St-Jean-Baptiste ou la Fête de la Confédération. Ces deux jours représentent pour moi des jours de congé, that's it, that's all.

Cela dit, chaque fois que l'on me parle du traditionnel spectacle de la St-Jean, je ne repense pas à Harmonium ou Ginette Reno sur la montagne, j'étais trop jeune, mais plutôt à Charlebois et Michel Rivard. Charlebois qui, lors d'un spectacle de la St-Jean avec Rivard dans les années '90, déclarait tout bonnement avant le spectacle: «Ni Dieu, ni maître!» C'est évidemment un slogan anarchiste que je trouve tout à fait de mise pour un 24 juin.

Rivard, le même jour, chantait Je voudrais voir la mer, en insistant un peu plus sur les mots «sans tenir un drapeau»: Je voudrais voir la mer avaler un navire /Son or et ses canons pour entendre le rire / De cent millions d'enfants qui n'ont pas peur de l'eau / Qui ont envie de vivre sans tenir un drapeau. Cette Fête de la St-Jean avait vraiment quelque chose de révolutionnaire. C'était le plus formidable pied-de-nez qui ait été fait à la face des nationalistes depuis longtemps.

J'AI ÉCHAPPÉ AU FEU

Il y a un an et quelques mois j'habitais dans un logement de la rue St-Cécile qui vient tout juste de passer au feu. Le feu a débuté dans le bloc d'à côté, un édifice à logement vétuste et mal entretenu. L'installation électrique serait en cause. Je voyais les flam
mes sortir de mon ancienne chambre et je freakais un peu...

Beaucoup se moquent des journaux de faits divers, mais pour en savoir plus sur un incendie qui peut affecter ta vie directement, des sites Internet comme Trois-Rivières 911 s'avèrent indispensables. En date du 23 juin, 6h41, j'y trouve toute l'information tournant autour de l'incendie survenu dans mon ancien logement. Avec Le Nouvelliste, je le saurai peut-être la semaine prochaine, voire jamais.

Pour ce qui est du feu, j'ai souvent intervenu sur la place publique, par le biais de textes, de rencontres avec les autorités municipales ou de pétitions, pour présenter crûment la vie dans les Premiers Quartiers: des taudis, des «niques» à feu, du bruit, de la promiscuité, de la misère, mettez-en. J'ai appelé la police une bonne trentaine de fois pour formuler des plaintes sur le bruit. Une policière m'a même déclaré que je devrais songer à changer de quartier, comme si les lois ne s'appliquaient pas partout sur le territoire de la municipalité. J'obligeais même les policiers à prendre ma déposition, seul moyen de faire respecter mes droits.

Quoi faire avec Ste-Cécile?

Des blocs à trois étages ont été empilés dans Ste-Cécile pour abriter les travailleurs de la C.I.P. , de la Wayagamak, de la Canron et de la Wabasso. Les blocs à trois étages sont tous collés les uns sur les autres. Cela part presque du fleuve et cela remonte jusqu'à la rue St-Maurice: une grande lignée de matériaux pour commémorer le Grand feu de 1908...

La solution? Je n'en vois qu'une. Bâtir des logements sociaux au plus crisse.

Il y avait plein de feux dans le secteur Hertel et St-Paul, dans les années '70. Dans les années '80, on a foutu les taudis par terre et bâti des logements sociaux.

Il y a des taudis dans Ste-Cécile qui mériteraient d'être crissés à terre. Ce ne serait pas une grande perte pour le patrimoine architectural du pays, croyez-moi. Et cela sauverait peut-être des vies en bout de ligne. Il n'y a que de la misère qui peut sortir d'un bidonville.

Il y a un énorme terrain vague, sur le terrain de l'ancienne papetière CIP, qui pourrait être décontaminé et servir d'emplacement pour des logements sociaux.

La formule coopérative du curé Chamberland, qui a permis à de nombreuses familles d'acquérir une maison dans le quartier Ste-Marguerite, me semble aussi une formule à revisiter pour extirper de la misère des tas de familles entassés dans des logements vétustes et insalubres.

Cela dit, je suis bien content d'être déménagé. Autrement, je serais occupé à autre chose ce matin.

Je trouve ça triste pour mes anciens voisins, qui n'ont pas tous des assurances. J'en avais, heureusement, mais le feu ne ramène pas des souvenirs irremplaçables, des photos, des toiles, des lettres, etc.

Il y en a qui sont carrément dans la rue suite à ce feu.

Puissent-ils ne pas être relogés dans une baraque tout croche encore branchée sur le 110 volts.



Gaétan, Esquisse 814, techniques mixtes

dimanche 22 juin 2008

Pourquoi je n'ai rien écrit...

J'ai manqué à mon devoir de produire un billet aujourd'hui pour quelques bonnes raisons dont celles-ci.

Premièrement, l'écran et la tour informatique me puaient au nez aujourd'hui. Je serais capable de vivre sans ordinateur... au moins vingt-quatre heures. Peut-être moins. Vous voyez bien que je suis encore devant mon clavier.

Deuxièmement, c'était le bal des finissants de Félix, le garçon de ma blonde. Il était tout un monsieur hier, avec son complet trois pièces, son chapeau, ses gants blancs. Il y a de quoi être fier quand tant d'étudiants décrochent. Et je l'étais, fier. Tellement que je me foutais de mon blogue.

Troisièmement, j'ai peint, dessiné et écouté un vieux disque de Roger Whittaker, un des chanteurs préférés de feu mon père avec Claude Dubois, Jean Lapointe et Gilbert Bécaud. Mon frère m'a appelé aujourd'hui pour me parler de ma grand-mère paternelle que je n'ai pas connu et par laquelle nous obtenons notre statut d'Indien d'ascendance anishnabe (algonquine). J'ai encore beaucoup à apprendre de l'histoire de ma famille...

Pour le reste, j'en ai assez dit.

Bye!

samedi 21 juin 2008

BONNE JOURNÉE NATIONALE DES AUTOCHTONES!



Kwey (bonjour en anishnabe /algonquin),

C'est aujourd'hui la Journée nationale des Autochtones.

C'est le 21 juin, le solstice d'été, et comme je dois m'apprêter à faire ma danse du soleil, je cède le bâton de parole à un chef indien gaspésien (micmac aujourd'hui).
Le chef micmac critiquait un groupe de capitaines français, en 1676, pour la haute opinion qu'ils avaient de la civilisation française.



«Vous reprochez fort mal à propos à notre pays d'être un petit enfer sur terre en contraste avec la France que vous comparez à un paradis terrestre, parce qu'il vous donne, dites-vous, toutes sortes de provisions en abondance. Vous dites de nous que nous sommes les plus misérables et les plus malheureux de tous les hommes, vivant sans religion, sans éducation, sans honneur, sans ordre social et en un mot sans aucune loi, comme les bêtes de nos bois et forêts, manquant de pain, de vin et de milliers d'autres avantages dont vous regorgez en Europe. Écoutez, frères, si vous ne connaissez déjà les véritables sentiments que nos Indiens ont pour votre pays et pour toute votre nation, il est bon que je vous en informe sans tarder.

Croyez bien qu'aussi misérables que nous paraissions à vos yeux, nous nous regardons néanmoins comme plus heureux que vous, en ceci que nous nous contentons du peu que nous avons... Vous serez profondément déçus si vous pensez nous persuader que votre pays est meilleur que le nôtre. Pourtant si la France est, comme vous dites, un petit paradis terrestre, est-il sensé de le quitter? Et pourquoi abandonner femmes, enfants, parents et amis? Pourquoi risquer vos vies et vos biens chaque année? Et pourquoi vous aventurer à prendre de tels risques quelle que soit la saison, affronter les orages et les tempêtes de la mer pour venir dans un pays étranger et barbare que vous considérez comme le plus pauvre et le plus malheureux de la terre? D'autant que nous sommes convaincus du contraire et ne prenons pas la peine d'aller en France, parce que nous craignons à juste titre de ne trouver là-bas que peu de satisfactions puisque nous voyons ceux qui y sont nés la quitter chaque année pour venir s'enrichir sur nos rivages. Nous vous croyons, en outre, incomparablement plus pauvres que nous et malgré vos apparences de maîtres et de Grands Capitaines vous n'êtes que de simples journaliers, valets, servants et esclaves se faisant une fête de nos vieux chiffons et misérables vêtements de peaux qui ne nous servent plus, et vous venez chercher ici, en pêchant la morue, de quoi vous consoler de la misère et de la pauvreté qui vous accablent. Alors que nous, nous trouvons toutes nos richesses et toutes nos commodités chez nous, sans peine, sans exposer nos vies aux dangers que vous affrontez constamment au cours de vos longs voyages. Et c'est avec un sentiment de compassion pour vous que, dans la douceur de notre repos, nous admirons la peine que vous vous donnez, nuit et jour, à remplir vos navires. Nous voyons aussi que tout votre peuple ne vit que sur la morue que vous pêchez chez-nous. Toujours et rien que de la morue, morue au matin, morue à midi et morue le soir, encore de la morue, jusqu'à ce que les choses en viennent à une extrémité telle que, lorsque vous voulez vous offrir un bon morceau, c'est à nos dépens; et que vous êtes contraints d'avoir recours aux Indiens que vous méprisez tant, et vous leur mendiez le produit d'une chasse pour vous régaler. Maintenant dites-moi un peu, si vous avez un peu de bon sens, lequel des deux est le plus sage et le plus heureux: celui qui travaille sans cesse et n'obtient qu'à grand peine juste assez pour vivre ou celui qui se repose confortablement et trouve tout ce dont il a besoin dans les plaisirs de la chasse et de la pêche?

Il est vrai que nous n'avons pas toujours eu le pain et le vin que votre France produit, mais, en fait, avant l'arrivée des Français dans ces parages, les Gaspésiens ne vivaient-ils pas plus vieux que maintenant? Et si nous n'avons plus parmi nous de ces vieillards comptant cent trente ou cent quarante années, c'est seulement parce que peu à peu nous adoptons votre manière de vivre; parce que, comme l'expérience le montre, ceux des nôtres qui vivent le plus longtemps sont ceux qui méprisent votre pain, votre vin, votre eau-de-vie, se contentant de la chair du castor, de l'élan, de l'oiseau et du poisson, et vivent en harmonie avec la coutume de nos ancêtres et de toute la nation gaspésienne. Apprenez maintenant, mes frères, une fois pour toute, parce que je vous dois la vérité: il n'y a pas d'Indien qui ne se regarde comme infiniment plus heureux et plus puissant que le Français.»

Pieds nus sur la terre sacrée, Denoël, 1971, textes rassemblés de T. C. McLuhan et traduit par Michel Barthélemy, p.54

Référence complète:
Leclercq, Chrestien, Nouvelle relation de la Gaspésie, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1999, 786 p. Édition critique par Réal Ouellet.


En supplément de programme, cliquez ici.

Plus un film à voir...

vendredi 20 juin 2008

LE PLUS LONG JOUR DE MA VIE


Je ne sais pas si c'est aujourd'hui ou demain le plus long jour de l'année. Allez voir sur Météomédia, moi ça ne me tente pas de chercher à votre place. Et puis que ce soit aujourd'hui ou demain, ce n'est pas si important que cela.

Demain, 21 juin, ce sera la Journée nationale des Autochtones (Aboriginal Day). L'heure est au pow-wow un peu partout sur les réserves et hors-réserves.

Selon les traditions autochtones, c'est aussi le moment de célébrer la danse du soleil. Si l'on suivait la coutume à la lettre, il faudrait désigner un brave pour danser toute la nuit avec un tison entre les dents, tison parfois mélangé à des herbes aux propriétés sédatives pour que le brave puisse survivre à la douleur et danser jusqu'au matin.

Je préfère me défiler quant à cette idée de danser avec un tison dans la gueule.

Je suis Métis, oui, mais je ne suis pas masochiste.

LE PLUS LONG JOUR DE MA VIE

Le plus long jour de ma vie, je l'ai vécu au Yukon: un été sous le soleil qui ne se couche jamais, dans un climat semi-désertique, composé de sable fin, ou le ciel ne se couvre de nuages que pendant quinze minutes par trente jours.

La sensation d'éternité et d'absolu que l'on peut vivre l'été, au Yukon et en Alaska, dépasse tout ce que je pourrais employer comme superlatif.

Au Yukon, le soleil se couchait et se levait vers trois heures. Il ne s'échouait pas sous la ligne d'horizon et remontait aussitôt, comme si le destin avait été déjoué. C'est ce que j'avais besoin à ce moment-là de ma vie: déjouer le destin. Je ne fus pas déçu.

À la sortie des bars, à trois heures du matin, il fait clair comme à neuf heures du matin ici. On voit les éclopés rentrés chez-eux sous le soleil. C'est un peu surréaliste. Ça fesse dans le paysage.

Aujourd'hui, le soleil se couchera vers vingt heures quarante-cinq.

Nous serions en mars, au Yukon...

Vingt heures quarante-cinq pour un coucher de soleil, c'est trop tôt pour un Yukoner, trop tôt pour un Sourdough.

Sourdough
signifie pâte au babeurre, pâte sûre. Le lait arrivait toujours caillé à Whitehorse ou Dawson City. Alors les gens cuisinaient avec du lait caillé, du babeurre. D'où leur surnom de pâtes sûres.

Les Sourdough sont généralement des gens simples et hospitaliers, un peu gitans, un peu aventuriers, qui raffolent d'écouter CCR ou Bob Marley.

Je me suis senti parmi eux comme un roi. Mon accent français me rendait tout de suite sympathique pour tout un chacun. Un vrai paradis de gens ouverts, tolérants, easy-going comme ils disent.

Bon, c'est la plus longue journée de l'année et je me sens nostalgique.

Je vais me contenter d'un coucher de soleil à vingt heures quarante-cinq. C'est comme manger de la crème glacée à quatre piastres du gallon plutôt que de la Breyer's, de la vraie crème maintes fois brassées.

Il manque quelque chose à ce solstice d'été.

Il manque le soleil de minuit.

jeudi 19 juin 2008

NI DE GAUCHE NI DE DROITE

Je ne suis pas un numéro.

Je suis un homme libre.

Je ne suis ni de gauche ni de droite.

Je suis au centre d'une relation entre le ciel et la terre.

Je préfère faire mon propre numéro, au risque de passer pour un clown. Ce risque qui n'en est pas tout à fait un.

Je suis sur terre pour rire et chanter, m'amuser, vivre, humer le parfum des fleurs, aimer, jouer de la guitare, me faire bercer par le soleil, l'eau, le vent.

Bref, je ne suis pas ici pour me faire chier.

Chacun est roi. Chacune est reine. Ne vous faites pas chier vous aussi.

Autant que nous sommes, il y a ce petit quelque chose en chacun de nous qui nous rend indispensables aux autres, même quand on est le dernier des cons, la dernière des tartes.

Ce quelque chose que je ne m'explique pas vraiment et que je me défile pour expliquer en disant le mot «poésie» ou le mot «patate», selon mon humeur.

Poésie.

Patate.

Pataphysique. Merdre. Zut.

NE LAISSEZ PAS ENTRER LA PEUR DANS VOTRE ESPRIT! (Je dis ça parce que je ne veux pas être tout seul à être courageux... Je suis rusé comme un renard. Ne le dites à personne! Chut!)

Quand on laisse entrer la peur dans son esprit, on est foutu. La peur est sournoise. On ne fait que mentionner son nom et tous les maux viennent ensuite.

Je suis fendant comme mille avec cette putain de vie.

Je ne suis pas Hulk, mais pas loin.

Je ne laisse pas entrer la peur dans mon esprit. Je fonce, quoi qu'il advienne. Advienne que pourrira... Fuck off. Si j'me plante, j'me planterai. D'la marde. Je n'ai pas envie de vivre dans la peur.

Je me tiens debout, me défends plutôt bien et me torche d'avoir peur quoi.

J'ai passé ma vie à voir de pauvres gens plier des genoux pour une raison que je ne m'explique pas. Vivre debout, c'est tellement plus agréable.

Je suis peut-être téméraire ou frondeur, mais je me suis toujours crissé de la peur.

Et je m'en crisse encore aujourd'hui. Fuck off!

POURQUOI JE NE PUBLIE PAS TOUS LES COMMENTAIRES

Je ne publie pas tous les commentaires.

Je ne laisse plus entrer n'importe quoi dans ma maison.

J'ai passé l'âge de prendre des excréments pour des bibelots.

Aussi, chers lecteurs, chères lectrices, je me permets de vous priver des facéties de tel ou tel bidule qui voudrait que je publie son vomi sur mon blogue.

Désolé, je ne prends de risques que pour moi seul. Autrement dit, ne perdez plus votre temps à m'écrire, rustres et malotrus. Je ne suis pas psychiatre et ne veux pas devenir votre ami. Ouste!

Je ne vous publierai pas et ne vous lirai qu'en diagonale pour me réjouir de ne pas être comme vous, une larve remplie d'idées fixes, une carpette, un pion numéroté.

-Gauche-droite! Gauche-droite!

Crétins de soldats de plombs, de gauche ou de droite, je vous emmerde!

LA SUPER-PRISON DES JEUNES ADÉQUISTES & FERMONS GUANTANAMO!

Les jeunes adéquistes rêvent de bâtir une super-prison, un genre de Guantanamo québécois pour tous ces dangereux criminels qui ne paient pas leurs contraventions ou volent des paquets de gomme.

Ces jeunes-vieux adéquistes me dégoûtent. Ils sont aussi durs de coeur qu'ils sont mauvais du point de vue de l'orthographe et de la syntaxe. Ça ne connaît rien de la vie, ça n'a même pas encore eu une job d'été, et ça joue à l'ange exterminateur ou bien au gestionnaire d'entreprise avec la communauté québécoise.

Avant que de bâtir une super-prison il faudrait voir s'il n'y a pas moyen de les délester un peu en proposant de commuer certaines peines de prison en travaux communautaires.

Je me méfie de ceux et celles qui réclament d'être plus durs envers les prisonniers, les assistés sociaux ou... les médias.

Si l'ADQ prenait le pouvoir demain matin et tenait les discours de son aile jeunesse, ce serait la guerre civile. Les syndicats et les associations de défense des droits sociaux feraient voler en éclats les bureaux de comté des députés adéquistes.

Les Américains s'apprêtent à tourner la page sur huit ans de conservatisme et de bigoterie. Nous serions un peu cons, au Canada et au Québec, de prendre le chemin contraire.

RAPPATRIONS OMAR KHADR ET FAISONS FERMER LA PRISON DE GUANTANAMO!

La politique étrangère du Canada est devenue aussi difficile à gober qu'une boîte de Jos Louis. Voilà que les Conservateurs prouvent, une fois de plus, qu'ils ne respectent pas les traités ratifiés par le Canada, dont le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

Les Bleus s'opposent au rapatriement de Omar Khadr, un enfant-soldat détenu sur la base de Guantanamo depuis 2002 pour avoir tué un soldat américain. Tous les pays occidentaux ont obtenu le rapatriement de leurs ressortissants, sauf le Canada.

Guantanamo est une honte pour les droits de l'homme et doit être fermé. Les responsables américains qui ont privilégié l'usage de la torture doivent être traduits devant les tribunaux pour crimes contre l'humanité.

Cela viendra, croyez-moi. Ousama s'en vient à la Maison Blanche pour rétablir l'image des États-Unis dans le monde. Qui rétablira celle du Canada?

mercredi 18 juin 2008

L'ÎLE ST-QUENTIN: ZONE PROTÉGÉE DU BRUIT


Ma campagne contre le bruit va bon train.

Hier, je n'en ai presque pas entendu.

Je me promenais, dans la rue, à la recherche de bruit. Je n'entendais presque rien, hormis le léger grondement des fils électriques. Serait-ce que mon appel a été suivi? Ou bien parce que l'essence coûte trop cher? Je ne sais trop, mais j'ai bon espoir de participer à la fondation de multiples zones protégées du bruit en milieu urbain comme en milieu naturel.

Ici, à Trois-Rivières, je vise l'Île St-Quentin et le Parc des Vieilles Forges pour commencer. Ce serait difficile de commencer par le quartier Ste-Cécile. Il faut être réaliste...

Ce ne sera pas difficile pour le Parc des Vieilles Forges. Le lieu est déjà tranquille parce qu'un peu ennuyeux. Évidemment il y a le rapide des Forges, sur la rivière Métabéroutin. Mais ça ne vaut pas les plages de sable blond du delta.

L'Île St-Quentin offre aux humains de Trois-Rivières une occasion privilégiée d'être en contact avec la nature, occasion qui est souvent gâchée par des événements spéciaux qui se succèdent d'une fois à l'autre pour transformer l'île en dépotoir sonore. La pollution sonore est un fléau moderne. Il faut créer des zones protégées du bruit pour résister aux imbéciles qui veulent marquer leur présence en polluant la santé de tout le monde avec des excès de décibels qui ont des incidences majeures sur le stress et même sur le rythme cardiaque des humains.

L'Île St-Quentin, cela dit, je la débaptiserais. St-Quentin, pour moi, cela ne fait référence qu'à une prison où Johnny Cash a enregistré un album live. Je l'appellerais l'Île des Anishinabe, ou bien l'Île des Trois Corégones. On en voit trois sur le blason de Trois-Rivières, parce que le corégone ou poisson blanc était le totem des Anishinabe qui ont fondé Trois-Rivières.

Pour réparer trois cent soixante-quinze ans de racisme envers les Autochtones, ce serait un juste retour des choses que de redonner aux lieux leurs noms autochtones. Cela nous permettrait aussi d'apprendre quelques mots de plus et de mieux comprendre les peuples invisibles.

RICHARD DESJARDINS: GARDEZ VOS EXCUSES!

Si vous ne l'avez pas déjà lu, vous me remercierez pour cette lecture: une entrevue de Marc Cassivi avec Richard Desjardins, sur Cyberpresse, où les excuses du gouvernement Harper envers les Autochtones se situent dans un tout autre contexte.

Parlant de son dernier film, Le peuple invisible, Desjardins déclare ironiquement que les Indiens ne valent pas un arbre. L'Aurore boréale, son film consacré à la dénonciation de la mauvaise gestion de nos forêts, a remporté plus de succès, jusqu'à maintenant, que Le peuple invisible, un film sur les Algonquins, spoliés, maltraités, nargués par les pouvoirs publics, dépossédés de leur culture, de leur langue, de leur terre, bref de tout.

On les a parqués sur des réserves sans reconnaître leurs titres de propriété qui devraient avoir autant de poids devant la justice du pays que le titre de propriété de tout autre citoyen canadien qui viendrait devant la cour faire valoir ses droits en se référant à un document datant de 1792, 1837 ou 2007.

Les lois canadiennes reconnaissent les titres de propriété pour tout le monde, non? Pas vraiment...

Si l'autoroute passe sur le terrain de Georges Tremblay, il sera compensé financièrement. Si cette même autoroute passe sur le terrain de centaines d'Indiens, on enverra une motoneige, un miroir et trois colliers au chef de bande. J'exagère à peine. Parlez-en au peuple invisible...

Les Indiens sont encore considérés comme des citoyens de seconde classe. Les excuses ne valent rien s'il n'y a pas une parfaite reconnaissance des droits et une juste réparation pour les torts subis.

Par ailleurs, je vous invite aussi à lire ce texte de Yves Boisvert, sur Cyberpresse. Cela donne le ton à la prochaine étape, celle d'aller au-delà des excuses.

C'est ça qui est ça.

mardi 17 juin 2008

QUELQUES BELLES CONNERIES


Ceinture fléchée ou Wampum?

Rien ne m'inspire pour écrire ce matin. Cependant, tout bon blogueur sait qu'il faut émettre quelque chose, au moins une fois par jour, ne serait-ce que pour dire des conneries. Parfois, en ouvrant Cyberpresse ou Canoe, je trouve quelque chose à débattre. Ce matin, l'affaire Couillard et le Belge qui aurait commis un détournement de mineure, franchement, cela ne m'inspire rien. J'ai ma petite opinion là-dessus, mais cela ne contribuera pas à mieux éclairer l'humanité.

Kitche Manitou sait que la condition humaine me tient à coeur, ne serait-ce que pour passer le temps.

Il sait aussi que je dis parfois de belles conneries, comme tout chroniqueur.

Mes conneries ne pèsent pas nécessairement plus lourd que les conneries des autres, lesquels sont parfois bien rémunérés, alors que je ne reçois pas un sou noir pour ma témérité.

En frais de conneries, Le Devoir nous en présente de belles fraîches à tous les jours. Dont celle-ci.
Bernard Landry rabroue Gérard Bouchard, ce souverainiste intelligent et ouvert sur le monde qui me ferait redevenir souverainiste si ce n'était pas de tous ces nationalistes déconnectés de leur temps qui chient encore dans des pots de chambre datant de 1837.

Quand les ultra-nationalistes parlent de Lord Durham à Elvis Wong, le méchant anglophone, il ne comprend pas ce qu'ils veulent dire et leur offre de l'argent: «Ok, ok, buddies. Take that money. I don't know what you're talking about but I know that you're still asking me for money... Take that money, folks. It's yours. Sorry about Lord Durham or Mad Dog Vachon, I don't know both of them either... I know a little bit of French: Foulez-fou couchez avec mwâ ce swâr... Nanette Workman's song, isn't it?»

Je parlais récemment avec un anglophone, un chic type de Winnipeg d'ascendance slave. On se racontait comment la perception de la composition démographique du Canada est biaisée dans l'imaginaire de certains nationalistes québécois.

Combien y'a-t-il de Canadiens d'origine britannique au pays qui pourraient s'intéresser à la reine d'Angleterre? Fort peu.

Ce que je sais, c'est que le recensement de 2001 donne ceci, trois quart des Canadiens s’identifient comme étant catholiques romains (43 ,2%) ou protestants (29,2%). Ou sont-ils passés les wasps qui contrôlent le pays? Je vous le demande.

La plupart des premiers ministres du Canada n'étaient pas seulement francophones, ils étaient surtout catholiques. Je ne dis pas que les gens votent selon l'appartenance religieuse au Canada, loin de là, mais je constate que les ultra-nationalistes québécois se font une image fausse de la société canadienne.

À PROPOS DE LORD DURHAM

L'impérialisme canadian, les Tuniques Rouges et les Orangistes, c'est du passé. Comme c'est du passé ici que d'avoir de l'écume aux lèvres chaque fois que l'on prononce le nom de Lord Durham, un gentleman anglais qui est venu faire un rapport suite au soulèvement des Patriotes.

Lord Durham préconisait l'Union du Haut et du Bas Canada pour que les anglophones puissent assimiler les francophones, un peuple sans histoire ni culture qui ne comprenait même pas le français de France de Lord Durham. Il croyait bien faire, comme les curés français croyaient bien faire à tenter de blanchir des Sauvages à grands coups de brosse savonneuse, foutant des coups de règle sur la langue indienne pour qu'ils speak white...

Durham avait de la misère à demander son chemin aux Habitants de l'époque chaque fois qu'il voulait aller aux cabinets d'aisance. Les historiens n'en font pas vraiment mention, mais cela se sent dans le ton de son fameux rapport.

Imaginons donc cette scène. Il fait beau et chaud et Lord Durham a subitement une grosse envie de chier. Il fait arrêter sa diligence devant la maison d'un Habitant des alentours de St-Denis-sur-Richelieu.

-Bonjour, je souis Lord Durham et foulez-fous me dire où sont les cabinettes d'aisance, je fous prie... Parce que c'est votre intérêt qui compte!

-Va en ar'guière d'la cabane, Ti-Lard, fa' comme che' vous. Comme ça tu viens icitte pour les affaires d'la politique, toé chose?

C'est ici que Lord Durham s'exécute. L'Habitant, qui en a vu d'autres, rejoint Lord Durham pour faire un brin de causerie tandis qu'il se libère des marchandises accumulées dans ses boyaux.

-Comme ça, vous êtes Anglais, Ti-Lard? Aimez-vous ça être Anglais? C'est-tu dur parler en anglais?

-Lisez-fou Foltaire, môssieu?

-Folle terre? Lire? De quoi c'que c'est qu'tu parles maudit Christ?

-Vraiment, fou êtes un peuple sans histwâre ni colture!

-Des histouères pis des clôtures, t'apprendras que j'connais ça, Ti-Lard. Veux-tu tirer sur ma pipe?

-No thanks. Sans façons.

***

C'est ainsi que je vois Lord Durham, un pauvre con, un touriste perdu chez des Habitants à moitié assimilés aux Français, portant encore le wampum (ceinture fléchée) de leurs ancêtres autochtones. Les Québécois dits de souche se croient Français comme les Algériens se croyaient Français dans le film Indigènes. En fait, ils sont des indigènes qui s'ignorent. Leur mère-patrie, ce n'est pas la France, ni l'Angleterre. Leur mère-patrie, c'est l'île de la Grande Tortue, communément appelée l'Amérique. Leur histoire remonte à la dernière période glaciaire, pas seulement à Lord Durham ou bien au Colonel Sanders.

QUELQUES FAITS SUR LA RELIGION AU CANADA

Voici donc le contexte religieux du Canada moderne. Moi je ferais partie du 16% n'affichant aucune religion. Ma communauté non-religieuse vise l'objectif de 17,2% pour le prochain recensement. L'athéisme fait lentement mais sûrement son chemin.

J'ai réussi à écrire mes conneries quotidiennes. Je peux fermer l'ordinateur.

Musique.







lundi 16 juin 2008

L'INTERNET LIBRE ET LES NOUVEAUX INQUISITEURS


Les groupes de pression les plus loufoques font la cour à nos gouvernements pour instaurer la censure sur l'Internet. Contrôler le contenu de l'Internet est non seulement impossible. C'est aussi impensable.

L'instauration de bibliothèques publiques, au dix-neuvième siècle, a favorisé l'émancipation des idées et des personnes.

L'Internet n'a fait que pousser encore plus loin cette émancipation.

Chaque fois que la liberté se pointe le bout du nez, il faut toujours qu'une bande de profiteurs abrutis par le fric viennent freiner les ardeurs et la créativité des humains en brandissant des études, des chiffres et des statistiques qui sont un affront à l'intelligence.

Se battre sur le terrain des chiffres et des pourcentages, je laisse ça à ceux qui ne savent pas écrire. Je n'ai pas fréquenté la bibliothèque publique pour rien. Je ne me mettrai pas à vanter le contraire de la littérature, c'est-à-dire les formulaires, les rapports, les compilations de données, les jérémiades sur deux colonnes... Ça me pue au nez.

L'Internet est un formidable outil pour le développement du savoir humain ainsi que pour l'émancipation des idées et des personnes. Censurer l'Internet, c'est chercher à tuer le libre-accès à la connaissance, aux arts et à la musique de milliards de personnes qui n'ont pas les moyens ni le temps de se rendre à la bibliothèque publique. La bibliothèque publique rentre maintenant dans tous les foyers, de la Chine jusqu'à Hérouxville, et il faudrait stopper la plus belle révolution qui se soit faite au cours de l'histoire humaine, juste pour que Dany Bédard vende son disque? Dany est un grand garçon. Il va se débrouiller. Je ne crains pas pour lui.

Tenons les inquisiteurs modernes loin de l'Internet. Montrons-leur qu'ils ne sauraient faire taire l'humanité au nom de valeurs aussi superficielles que l'argent, les droits d'auteur et autres conneries de frères copistes dépassés par l'invention de l'imprimerie.

Le temps n'est plus à la calligraphie, ni à l'imprimerie, mais à la transmission libre et gratuite des pensées et savoirs qui sont disponibles en ce monde.

L'artiste le plus talentueux trouvera bien moyen de faire une piastre avec l'Internet sans qu'il ne faille tout censurer.

L'Internet aidera même l'artiste à vendre ses trucs tout en conservant une indépendance d'esprit et de création qui vaut certainement son pesant d'or.

Les maisons d'éditions et les maisons de disques n'ont qu'à se recycler dans la radio AM. Tant qu'à vivre dans le passé, aussi bien faire revivre la radio monophonique, le télégraphe et la calligraphie...

LA BEAUTÉ DES TERRAINS VAGUES


Les gens ont tort de tondre leurs pelouses, ne serait-ce que pour des considérations esthétiques. C'est bien plus beau un bosquet débordant de fleurs et de vie qu'un gazon terne, vert comme un fini plastique, triste et monotone.

Les terrains vagues et mal entretenus, en ville, sont de véritables sanctuaires pour nos insectes, nos chats de gouttière ou nos ivrognes.

Ce sont des endroits idéals pour rêver, un instant, au fait que la beauté soit tout ce qui n'est pas gâchée par la main de l'homme, créature maladroite et par trop dévorée d'ambitions qui, d'une journée à l'autre, s'acharne à parasiter la planète de mille et une façons ingénieuses, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des terrains vagues pour rêver.

J'ai rêvé en me promenant près des terrains vagues hier et, pour ma promenade matinale, je vais y aller de ce côté, tiens.

Ainsi je pourrai voir et entendre des oiseaux, contempler quelques fleurs aux noms insolites, hypericum perforatum ou millepertuis. C'est bien plus saisissant, comme expérience esthétique, que de contempler un gazon frais rasé, inerte, désinfecté, débarrassé de tout insecte ou presque, vermifugé, plastifié, teint, éteint...

Le terrain vague sauve la beauté autant que la vie en milieu urbain.

Nous nous sentirions mieux et plus heureux dans un milieu plus vert, couvert d'arbres, de fleurs et d'herbes na-tu-rel-les! On a même pas besoin de se forcer: ça pousse tout seul. Ne touchez pas à votre tondeuse pendant un an et vous verrez. Vos voisins vous en voudront un peu, mais ils envieront votre jungle un jour ou l'autre, ne serait-ce que parce que la vie sans vie est nécessairement une vie triste, une vie d'objet en plastique, une vie terne et synthétique. De plus, ils pourront dormir le dimanche sans être dérangé par des psychopathes à la tondeuse.

C'est mon opinion. Je sais bien que certains d'entre vous s'en torchent. Et c'est très bien ainsi. Ceux qui pensent comme moi, généralement, me donnent envie de penser comme ceux qui se torchent de mes idées. Je déteste encore plus la plate obédience à un gourou, quel qu'il soit, que je ne déteste le gazon. C'est peu dire.

Si vous voulez penser comme moi, fouillez dans mes poubelles. Je me débarrasse de mes vieilles idées au moins une fois par semaine. J'évolue. Je suis une certaine ligne directrice à laquelle s'agglutinent quelques mesquineries du moment. Dont celle d'en vouloir à ceux qui tondent leur gazon. Ils vont certainement m'envoyer chier et me dire «va te faire couper les cheveux gros crotté!» ou quelques formules passéistes du temps où Duplessis régnait sur cette lamentable ville qu'est Trois-Rivières, quand on la regarde du point de vue de Sirius.

Trois-Rivières est parfois en banlieue de Hérouxville, saint lieu du nationalisme primaire. D'où son taux de chômage relativement élevé, conséquence directe de l'exode des cerveaux qui cogitent mieux sous les cheveux longs, bien que je ne dise ça que pour favoriser mon camp, celui des crottés aux cheveux longs, cultivés, raffinés et bons vivants, tant qu'à nous vanter.

Nous, les crottés aux cheveux longs qui laissons pousser les fleurs et les pins, qui ramassons nos ordures pour en faire des sculptures ou bien qui ne voyons que de la joie chez l'étranger, vous ne voyez pas qu'il y en a quelques uns parmi nous qui sont médecins, juges ou avocats?

Eh oui, il y a des crottés aux cheveux longs dans toutes les couches de la population de nos jours. Comme quoi le monde change. Une journée c'est court comme du gazon frais tondu. Le lendemain c'est long comme la tignasse de Samson. Et ça vous remue les colonnes du temple pour laisser pousser les fleurs parmi un champ de ruines.

Selon ce que je peux voir, les ruines de la civilisation des années '70 sont parfois plus jolies que les constructions modernes. Les fleurs et les plantes communes qui poussent parmi les ruines me rendent romantique, que voulez-vous...

Je vais encore passer pour Shiva, le destructeur, alors que je ne suis qu'un plaisantin. Je ferais mieux de me la fermer. «J'aurais dû, don' dû, ben dû farmer ma grand' g'y'ueule» comme chantait Richard Desjardins.

Maudit Internet! Je me permets toutes les libertés. Il n'y a même pas un rédacteur en chef pour m'arrêter.

Si mon génie était reconnu par Québecor ou bien Power Corporation, je sais, je serais obligé de la fermer.

Ce que vous venez de lire là, j'aurais dû le ravaler.

À moins que je ne me trompe. Alors là, je suis prêt à discuter de mes tarifs.

Je suis une pute raisonnable. Je vous ponds des textes en moins de deux.

Je vante le golf et le gazon frais tondu pour un léger supplément.

Évidemment je ne saurais écrire que sous le pseudonyme de Jos Bine, spécialiste du journalisme gonzo francophone.

Je ne signe de mon nom que les textes les plus importants.

Le golf, le gazon, je laisse ça à Jos Bine.

dimanche 15 juin 2008

RENCONTRE AVEC UN GRIZZLI


«Si tu as faim dans la forêt, suis un ours.» Difficile de dire si ce proverbe autochtone était suivi à la lettre. Surtout au printemps, quand les ours ont faim. Prenons-le donc au figuré. L'ours est omnivore et ses empreintes dans le sol nous conduisent vers tout ce qu'un homme pourrait aussi manger.

Suivriez-vous les empreintes d'un ours, en forêt, juste pour le plaisir de le surprendre en train de manger des bleuets ou du rat mort? Pas sûr...

Cela dit, je n'ai personnellement pas besoin de suivre les ours dans les bois. Ce sont eux qui viennent vers moi, malheureusement. C'est mon animal-totem j'imagine et je dois apprendre à vivre avec. Peut-être que les ours me suivent pour que je les mène vers quelque chose à manger...

Rencontre avec un grizzli

Le temps devient frais dès la mi-août au Yukon. Il peut commencer à y avoir du gel au sol la nuit. C'est ce moment que j'avais choisi pour revenir au Québec afin de rallonger mon été de quelques semaines supplémentaires.


J'étais avec Eddy, un ingénieur albertain dans la vingtaine, d'ascendance ukrainienne. Eddy était de stature moyenne. Blond comme un Slave et fumeur de ganja, il portait des fonds de bouteille en guise de lunettes, comme si ses yeux étaient forgés pour les opérations mathématiques trop compliquées. C'était un chic type qui ne se plaignait jamais et n'avait jamais froid aux yeux. Le partenaire idéal pour apprécier la nature sans se faire emmerder par des considérations oiseuses sur l'argent, l'économie, l'informatique, etc.

J'étais donc heureux de faire ce trajet avec Eddy.

Nous étions partis de Whitehorse tôt le matin pour emprunter The Alaska Highway à bord de son jeep dans lequel nous écoutions CCR ou bien les Traveling Wilburys . J'irais jusqu'à Edmonton avec Eddy. Ensuite, je me débrouillerais pour revenir sur le pouce, d'Edmonton à Montréal.

Nous nous sommes arrêtés à la croisée de la Prophet River pour y passer la nuit. Il restait encore quelques heures de clarté, le soleil ne se couchant pas avant minuit à ce temps-là de l'année. Après avoir dressé nos tentes sur le bord de la rivière, je suis allé du côté du sous-bois pour y ramasser un peu de bois mort pour faire un feu.
Fouillant parmi le bois mort, je suis tombé à ma grande surprise sur une carcasse de grizzli qui devait être là depuis quelques mois, sinon quelques années. Il ne restait que la fourrure et les os, dont les griffes. Sans réfléchir, j'ai ramassé ces griffes qui devaient bien faire une dizaine de centimètres chacune d'entre elles. «Tiens, je ferai un collier...» que je me suis dit en moi-même, naïvement.
Je suis revenu vers Eddy et notre campement de fortune pour ramener le bois mort et lui montrer ma découverte. Bon prince, je lui ai laissé la moitié des griffes que j'avais trouvées.
-Take it, man. This is for you.
-Really? Thanks man. I'm gonna make a necklace or a kind of what-do-we-call-it...
J'ai parti le feu: de la mousse, de la brindille puis de la plus grosse brindille, des branches, un vieux tronc pourri, en prenant toujours bien soin de l'alimenter en oxygène. Et voilà: le feu était vivant. Il n'y avait plus qu'à cuisiner.
J'ai déposé ma bonne vieille gamelle sur une pierre pour y faire bouillir l'eau dans laquelle j'entendais cuire des macaronis. On tenterait bien de pêcher, un peu plus tard, mais au cas où il n'y aurait pas de poissons, nous pourrions toujours nous rabattre sur le Kraft Dinner, qui tient lieu de pemmican pour l'homme des bois moderne.
Assis près du feu, attendant que l'eau bout, nous parlions entre autres de ma découverte.
Comme je manipulais les griffes d'ours, je fus subitement surpris par un drôle de bruit provenant du sous-bois, à quelques dizaines de mètres d'où nous nous trouvions. Le drôle de bruit est rapidement devenu une apparition pas drôle du tout. Un énorme grizzli est sorti du bois, surpris lui aussi, mais pas tant que ça. Ses yeux me regardaient nonchalamment. Et franchement, j'ai eu peur.
Eddy, manifestement, n'avait encore rien vu.
-Hey man! lui dis-je en murmurant, there's a bear...
-Oh yeah? s'excita-t-il. A beer? I want a beer!
-Not a beer... a beer... b-e-a-r, a beer!
Voyant l'effroi sur mon visage, il s'est retourné du côté où se perdait mon regard puis il a figé raide.
-Oh man! It's a grizzly bear! It's not a beer!
Je dois avouer que je parle l'anglais avec un accent français qui peut me jouer bien des tours. quand un grizzli tombe dans mon champ de vision. Bear se prononce bère, comme dans plaire. Je prononçais bire, ce qui signifier plutôt bière, donc beer. D'où la confusion.
-Holy shit! It's not the time to learn your English... it's a big fuckin' grizzly bear!
-I know, Eddy, but what could we do?
Le grizzli restait là à nous observer sans broncher. Je ne le quittais pas de l'oeil, prêt à lui lancer du feu à mains nues s'il fallait qu'il s'approche. Néanmoins, il ne s'approchait pas et nous ne pouvions pas passer la nuit à le regarder...
-Some says that we must make some noise to afraid a b... e... a... r...
J'ai pointé les chaudrons. Eddy a compris sans que je n'aie à épeler l'action. Pris de panique, nous nous sommes mis à cogner les chaudrons ensemble, gueulant comme des gorilles pour faire fuire le grizzli. Il nous a regardé du coin de l'oeil puis, lentement, il s'est enfoncé dans la forêt, comme s'il se foutait totalement de nous.
Cinq minutes plus tard, nous défaisions nos tentes et remontions à toute vitesse vers la jeep stationnée près de la route. Eddy a démarré le moteur et est parti en trombe de ce lieu qui nous faisait encore trembler comme des feuilles. Nous avions eu une bonne frousse, mais nous étions toujours en vie. Nous pouvions donc rire aux éclats, pour faire redescendre le stress et remercier la vie de ne pas avoir voulu que nous finissions entre les mâchoires d'un mastodonte de plusieurs centaines de kilos qui faisait au moins trois fois mon poids, ce qui est beaucoup quand on me connaît.
Il n'était plus question de dormir sur la rive de la Phophet River, près d'un cimetière de grizzlis. Nous avons balancé les griffes de l'ours mort par la fenêtre. Fuck le collier et les babioles. Désormais, je ne profanerais plus jamais un cadavre de grizzli.
Comme disent les Autochtones, en parlant de l'ours, je laisserais désormais grand-père tranquille...


samedi 14 juin 2008

LANCEMENT DE MA CAMPAGNE CONTRE LE BRUIT

Je lance ma campagne contre le bruit. J'ai commis une affiche. Vous pouvez enregistrer l'image dans vos dossiers. Faites-en ce que vous voudrez: des tracts, des affiches, des macarons et récolter l'argent pour vous-mêmes et vos beuveries s'il le faut, mais saoulez-vous en respectant la nature, le clapotis des vagues sur la rive, le chant des oiseaux, la quiétude et la tranquillité des animaux, des gens...

Le bruit éloigne l'homme de lui-même et de son devoir de protéger ce monde qui lui est donné comme s'il en était le gardien, et non pas son fossoyeur.

LCN rapportait ce matin, dans son bulletin de nouvelles, que l'application d'une nouvelle loi plus répressive envers les excès de vitesse aurait eu un impact majeur sur la diminution de ce genre de comportement sur la route.

Il faudra en venir à la répression contre les excès de bruit, interdire les silencieux des motos trafiqués pour faire plus de bruit, bannir les systèmes de son d'automobiles qui troublent la quête de paix et de bonheur de centaines de personne pour le plaisir vide, vain et égoïste d'une seule personne qui pollue la santé physique et mentale de la majorité silencieuse.

Une société moins bruyante sera nécessairement une société moins stressée, plus terre à terre, en symbiose avec la Nature.

Je suis donc devenu membre du Regroupement québécois contre le bruit (RQCB). C'est facile et c'est gratuit. Pour ce faire, vous n'avez qu'à vous rendre sur leur site Internet.

LA VIRÉE DU MAIRE

Ce sera la virée du maire demain, une activité de cyclotourisme qui se tient à tous les ans à Trois-Rivières.

Il y a quelques raisons pour virer le maire Yves Lévesque.

Je souhaite, franchement, un maire plus à gauche, plus cool, moins catho, plus libéral, plus vert, etc. Bref, je flancherais pour une mairesse. Il y en a une qui songe sûrement à se présenter.

Trois-Rivières doit devenir une ville cool où l'on ne s'emmerde pas d'une prière avant l'ouverture du conseil municipal, comme à Saguenay, une autre capitale du chômage. À trop s'enraciner dans un passé qui s'étiole, on ne fait qu'accélérer l'exode des cerveaux et la fuite des investissements.

Dans le monde où nous sommes, l'économie se forge avec des cerveaux, pas avec des yesmen ou des béni-oui-oui, des «oui monsieur l'maire vous avez raison sur toute la ligne»...

Y'a trop de lèches-bottes à Trois-Rivières...