Il est important pour quiconque comprend le ouèbe de faire valoir son point de vue sans trop s'embarrasser des médias traditionnels. Il faut au contraire les embarrasser. Mêler à leur objectivité tout proprement bourgeoise ce zeste de canaille subjective sans laquelle les dictateurs auraient toujours beau jeu.
D'où ce texticule, pour informer le monde entier et les Trifluviens à propos de ce qui s'est passé hier dans les rues du centre-ville, à Trois-Rivières.
Tout a débuté vers 13h00, au Parc de l'Exposition. Une foule bigarrée, de tous les âges, et probablement de gauche, prend un bain de soleil dans le stationnement situé derrière la bâtisse industrielle. L'atmosphère est bon enfant et le rouge écarlate domine. Votre humble serviteur et sa blonde sont armés de tambours pour rythmer un peu la partie. J'ai cru bon d'ajouter un drapeau rouge, celui de 1848, seulement rouge et sans symbole, sinon celui de porter l'idée des combats menés par tous les pauvres de la terre depuis. Membre d'aucun parti, je n'en supporte pas moins l'idée du socialisme, une idée indissociable de la liberté et des droits humains. Une idée qui rejette l'égoïsme comme fondement des rapports sociaux. Une idée qui accorde autant de liberté au pauvre qu'au riche, dans la mesure où elle lui enlèvera le stress de crever de faim s'il fait faillite ou bien termine ses jours dans de pas trop beaux draps..
J'ai testé mon drapeau rouge en me rendant à pieds au Parc de l'Exposition. Je l'ai déployé juste au-dessus du Pont Lejeune, le viaduc enjambant l'autoroute Jean-Lesage.
Ah! Lesage... un rouge, quoique libéral, qui voulait l'éducation pour tous, du primaire jusqu'à l'université. Et qui a promis de financer ça avec la nationalisation de l'électricité. Évidemment, Jean Lesage aurait dû nationaliser tout le reste tant qu'à y être. Que voulez-vous! Il fallait bien que la révolution reprenne un jour. Et ce jour, oui monsieur, oui madame, pour moi c'était hier. Hier avec mon drapeau rouge qui flottait au vent au-dessus du Pont Lejeune, avec le pont Laviolette en arrière-plan!
Ah! Lesage... un rouge, quoique libéral, qui voulait l'éducation pour tous, du primaire jusqu'à l'université. Et qui a promis de financer ça avec la nationalisation de l'électricité. Évidemment, Jean Lesage aurait dû nationaliser tout le reste tant qu'à y être. Que voulez-vous! Il fallait bien que la révolution reprenne un jour. Et ce jour, oui monsieur, oui madame, pour moi c'était hier. Hier avec mon drapeau rouge qui flottait au vent au-dessus du Pont Lejeune, avec le pont Laviolette en arrière-plan!
Évidemment, j'ai revu tous mes potes et camarades de combat au Parc de l'Exposition. Nous ne sommes plus très jeunes et nous sommes encore dans la rue, là où il faut être pour vivre en insoumis. Il y avait le gars qui manifeste tout le temps contre le nucléaire et celui qui déteste les gaz de schiste. Il y avait aussi des gens qui ne font partie de rien du tout, sinon de la vraie vie quoi. Dont cette famille de Sud-Américains qui portaient des tas de pancartes où il était clair pour eux qu'un pauvre doit aussi pouvoir aller à l'université.
Une journaliste d'une quelconque radio m'a interviewé au Parc de l'Expo. Elle m'a demandé pourquoi j'étais là. J'imagine qu'elle ne parlait pas espagnol.
-Pourquoi j'suis là? La santé pour tous, le travail pour tous, l'éducation pour tous. Bref, le pouvoir au peuple, que je lui ai répondu.
-Et comment va-t-on financer ça? qu'elle me demande.
-Comme on a financé l'éducation pour tous en 1962, lorsqu'on a nationalisé l'électricité. Il reste plein de ressources naturelles a nationaliser...
Bon, la dame s'en va et jamais elle ne diffusera cet extrait, j'imagine. C'est pourquoi je vous ai écrit ma répartie camarades.
La parade commence vers 13h30 ou 14h00, avec un peu de retard, comme d'habitude. Il y a des clowns montés sur des échasses, un tube de dentifrice rouge et même des chiens vêtus de rouge. Nous sommes entre 400 et 600 personnes si je me fie à ce que je voie de la rue Royale jusqu'au Pont Lejeune enjambant l'autoroute.
Et on gueule. Et on tape sur nos tambours.
UN PEUPLE INSTRUIT
JAMAIS NE SERA SOUMIS!
Les gens rient. Applaudissent. Ou ne font rien. Personne ne nous insulte. C'est une bonne et belle gang de protestataires. Pas de violence. Ni coups ni blessures.
La rue des Forges en a vu d'autres, mais je dirais que cette manif fesse encore plus que les autres, si je puis m'exprimer ainsi. D'abord, il fait beau. Les gens sont sur les terrasses du centre-ville à siroter du café ou bien de la sangria -la belle vie! Puis voilà que débouche toute une troupe de braves gens réclamant l'éducation pour tous et préparant le printemps québécois en région... Oua! Le monde trippe.
C'est le party. Même Jean Charest s'en mêle. Il fait un discours devant l'édifice Capitanal. Le type ressemble à s'y méprendre au Premier Ministre et certains lui conseillent déjà d'arrêter de boire alors qu'il peine à monter dans le pick-up pour tenir son discours. D'autres lui suggèrent de visiter la prison située à quelques pas.
Cela se termine au Parc Champlain. Tout le monde est heureux. Le soleil brille. Pas une goutte de pluie, comme si le printemps aussi était de notre bord. Discours. Drapeaux au vent: le mien, celui des Patriotes et le fleurdelisé. Des automobilistes nous klaxonnent en faisant le V de la victoire avec l'index et le majeur.
Moi et ma douce rentrons ensuite à la maison, fiers d'avoir accompli notre devoir civique.
Un inconnu nous salue, moi, ma blonde et tout ce rouge que nous portons.
-Yes sir! qu'il dit, simplement.
Le monde et les temps changent. Les perdants finiront par gagner. Ne serait-ce que pour leur foutre un cours d'histoire en pleine gueule. Leur non-modèle de société, leur ennui viscéral, libéral et corrompu, même pépé et mémé n'en veulent plus. Ça fait vomir tout un chacun. Tous ceux et celles qui regardent la parade défiler devant eux se disent, mouais, c'est pas fou... Et ça finit par se dire que, oui, heureusement, le monde et les temps changent.
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