mercredi 7 décembre 2011

Proust, Dostoïevski et l'ennui

Je n'ai retenu qu'une seule phrase après avoir lu tous les tomes d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Je les ai tous lus dans le cadre d'un séminaire de lecture à l'université. Tous...

Et je n'ai retenu qu'une seule phrase, tirée de Du côté de chez Swann.

«Il se pourrait que certains chefs-d'oeuvre aient été écrits en bâillant.»

Pour le reste, rien. Cette phrase m'obsède et résume toute l'oeuvre de Proust: un chef -d'oeuvre d'ennui.

***

L'ennui est un moteur des actions humaines.

Certains préfèrent continuer à vivre telle ou telle bêtise plutôt que de s'ennuyer.

Souffrir vaut même mieux que de s'ennuyer.

Alors ils souffrent, pour échapper à l'ennui. La souffrance, ça rappelle qu'on est sculpté dans du vivant. C'est physique, j'imagine.

Je ne vois pas très bien le rapport que ça peut avoir avec Marcel Proust, que j'aurais bien aimé apprécier et qui finalement ne me dit rien du tout.

Ne retenir qu'une seule phrase d'un auteur après s'être claqué l'épaisseur d'une bible, c'est pas pour se faire aimer.

Vous n'avez pas idée comment l'on peut s'ennuyer à l'université...

***

Dostoïevski? Je pourrais vous citer des tas de passages. Ce n'était pas un maître de l'ennui. Mais il comprenait sans doute que l'ennui était au coeur des actions et des inactions humaines.

Il rapporte dans une de ses nouvelles que si nous vivions tous dans un beau palais de verre l'avenir de l'humanité dépendrait de celui qui, par lassitude et ennui, briserait ce palais de verre. Comme si l'homme n'était fait que pour le mouvement, l'action, l'aventure...

Bon, vous pouvez croire que je délire.

Pourquoi pas, hein?

Y'a pas de raison de s'en priver.

3 commentaires:

  1. J'arguerais que Marcel a écrit ça, de fait en bâillant, tout bêtement parce qu'il travaillait au lit, et qu'il a bâillé. You know the drill, héhé.

    Ça n'excuse pas qu'on doive le lire en bâillant, ce chef-d'oeuvre. Gaawwwd it's boring! Ben, faut avoir lu Swann, mettons, pour s'imprégner de Proust et comprendre où va la littérature française ensuite, mais fuck, c'est ben en masse.

    RépondreEffacer
  2. J'aime beaucoup votre texte sincère et vrai,intelligent,réfléchi .Merci ! Amicalement , Dominique Giraudet

    RépondreEffacer