Le gros Bobin est un hostie de sans-dessein. Du lever jusqu'au coucher du soleil, le gros Bobin accumule les bassesses humaines, les niaiseries et les violences gratuites. Il ne vaut guère mieux la nuit bien qu'il finisse par dormir et crisser la paix à tout le monde.
Le gros Bobin se lève toujours en sacrant comme un déchaîné.
Il se cogne l'orteil ou bien s'invente un autre prétexte pour sacrer.
-Comment ça s'fait que tu r'gardais le gars d'même au dépanneur hier soir ma tabarnak? qu'il dit à Lucie, la femme qui partage sa vie, une petite femme chétive qui ne raconte jamais rien. La victime idéale pour ce gros calice de sale jaloux comme tous les hosties de tarlais.
Évidemment, le gros Bobin se metà cogner tôt le matin. C'est parfois les murs et souvent Lucie. Pif! Paf! L'hostie de maillet bûche pour se donner de l'existence alors qu'il ne fout rien de ses journées, sinon trouver des trucs pour boire et des fleurs pour s'excuser auprès de celle qu'il appelle tendrement «sa crisse de folle».
Le gros Bobin frappe ensuite ses enfants. Puis ses employés, verbalement seulement, pour ne pas se faire pogner par les boeufs. C'est un homme respectable et respecté dans la ville. Un gars qui fait de l'argent.
Il peut donc continuer à frapper toute la maisonnée en toute impunité, en autant que rien ne sorte de la maison évidemment.
Aussi le gros Bobin fait-il régner un véritable régime de terreur dans cette calice de cambuse de plein d'marde qu'il s'est acheté dans un beau quartier de sans-génie qui se prennent pour des dieux.
-Mes hosties, qu'il raisonne à voix haute, m'en va's toutte vous faire passer out!
Puis, un beau jour, son fils Raymond Bobin Junior, un petit gars aussi timoré que sa pauvre mère, décide de ramener un peu d'ordre et de justice dans ce monde.
C'est le matin. Le gros Bobin est en train de battre sa femme à coups de ceinture. Il sacre comme le gros crisse de sale qu'il sera toujours. Il sacre à en cracher son dentier. Il est chaud comme un hostie de politicien provincial et il faut qu'il lui crisse une rince.
Raymond Bobin Junior médite ce coup contre son père depuis longtemps.
C'est le coup dit de la poêle de fonte.
Il y a bien sûr le coup de la DPJ, ou le coup de la police, mais Raymond Bobin Junior est timoré et plutôt ignorant. Il ne lit jamais et tout ce qu'il a pour se représenter la justice c'est une poêle de fonte.
Bien entendu, il crisse un solide coup de poêle de fonte sur la tête de son père, le gros Bobin, un hostie de trou d'cul si vous voulez mon avis.
Le gros Bobin meurt après le quinzième coup bien que le premier eût été suffisant.
C'est la veille de Noël.
Le sapin scintille encore dans la demi pénombre du matin.
Personne ne pleure dans la maison.
Tout le monde ressent la délivrance, la rédemption.
-Tu nous as fait un bien beau cadeau de Noël mon junior... lui dit sa mère en séchant des larmes de joie.
-On va enterrer le corps dans la fosse à purin des Galarneau... qu'il lui répond. Comme ça personne ne va s'en rendre compte. Au lieu d'essuyer le sang on mettra un nouveau prélart...
Oui, Raymond Bobin Junior est devenu l'homme de la maison en cette veille de Noël féérique où régne enfin la paix sur terre pour les hommes et les femmes de bon vouloir.
Moi après qu'il soit "mouru", j'aurais fait frire sa cervelle dans la dite poêle et l'aurais manger en buvant un excellent chianti... mouhahaha!!! Hannibal sors de mon corps! Héhéhé...
RépondreEffacer...Bobin Junior va se marier rien que pour cogner sur sa femme comme son défunt papa!
RépondreEffacerBobin Junior est plutôt devenu professeur de ballet-jazz après un séjour de trois ans et demi dans un centre de transition.
RépondreEffacerDire que j'fais cuire mes galettes de sarrasin dans ma grosse poêle de fonte nouère, achetée dans une brocante. Jamais j'aurais cru queu'l contondant dessous de celle-ci avait, jadis, si bien servi contre l'engeance.
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