jeudi 30 juin 2016

Aurore nietzschéenne

L'aurore apporte toujours des moments de grâce dont je ne saurais me passer. Il fût un temps où je vouais un culte à la nuit. Ce temps est révolu. La nuit, c'est fait pour dormir. L'homme est biologiquement conçu pour être une créature diurne. Comme ses cousins les singes. Comme ces oiseaux qui se mettent à chanter dès qu'ils voient les premières lueurs d'un nouveau jour.

Nietzsche, que les cuistres apprécient pour les mauvaises raisons. a pu se faire aussi tendre et délicat qu'un bruissement d'ailes de papillon. On en a fait le philosophe de la dureté, le barde aryen de la volonté de puissance, lui qui rappelait que l'antisémitisme était le socialisme des imbéciles.

Il en est venu lui aussi à vénérer l'aurore, le soleil et la culture méditerranéenne. Apollon plutôt que Dionysos. La lumière plutôt que les ténèbres. Le gai savoir plutôt que le savoir ennuyeux.

Cette partie essentielle de son oeuvre a été malheureusement occultée par quelques saillies malheureuses sur l'organisation de la société où le poète cédait sa place au porte-étendard de préjugés sociaux mesquins et aristocratiques.

C'est quand il est léger, loin de l'esprit de sérieux, que Nietzsche se montre à son meilleur.

C'est du moins mon avis. Un avis que ne partagent pas les gens aigris qui n'aiment boire que du fiel philosophique.

Cela m'avait d'autant plus frappé au cours de mes études universitaires en philosophie que la plupart de mes confrères se réclamaient de Nietzsche en occultant sa légèreté.

Nietzsche a trop souvent servi de caution pour ceux qui souhaitaient passer pour des durs. Cela me fendait le coeur de voir tant de larbins incultes et illettrés se réclamer de lui qui les aurait certainement méprisés.

Ce n'est pas le Nietzsche que j'ai lu. Un Nietzsche nettement plus sensible et moins vociférant que ces quelques lignes tirés de ses pamphlets à l'emporte-pièce.

Je n'arrive pas à comprendre tout à fait pourquoi je vous parle des états de grâce, de l'aurore et de Nietzsche dans un même texte. Cela me vient naturellement à l'esprit. Cela guide mes doigts sur le clavier. Ça sort de moi sans efforts, comme un chant de Zarahoustra.

Peut-être que c'est pour me faire comprendre quelque chose...

J'écris souvent sans but, sans nul autre objectif que celui de mieux me connaître moi-même.

Je n'ai jamais dressé de plans de rédaction au grand dam de mes professeurs qui restaient campés dans une méthodologie bonne pour tous et inutile pour le particulier.

L'introduction, le développement et la conclusion, c'est l'idéal à atteindre de ceux qui n'ont rien à dire mais s'efforcent de nous le faire savoir.

Bien sûr que je n'ai pas raison. Ce n'est pas tout le monde qui se met à pérorer sur un prétexte comme l'aurore, les états de grâce et la suavité occultée de Nietzsche.

Qu'on me donne un mot et je deviendrai intarissable.

Tout simplement parce que c'est le matin.

Et parce que le matin, moi, je chante à ma façon.

Comme les oiseaux qui pépient à ma fenêtre.

Ces oiseaux qui me rappellent que la vie n'est pas que souffrances et mortifications.

Ces oiseaux qui nous feraient croire que les anges existent bel et bien.

6 commentaires:

  1. Très très belles paroles que tu dis là - qui me donneraient envie de lire Nietsche que je n ' ai toujours pas encore lu - Ce que j ' appelle l ' insouciance , ou la confiance , trésors inestimables , les + précieux peut-être , qu ' il ne nous faut perdre sous aucuns prétextes -
    Les anges ont certainement été inventés grâce aux ailes des oiseaux - qui sait s ' il ne va pas , quelque jour , nous pousser des ailes à nous aussi ?

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  2. @Monde indien: Comme dirait Michel Fugain, que tu dois certainement connaître en tant qu'amateur de bossa nova, fais comme l'oiseau. Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau. Et jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut...

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  3. @Monde indien: Fais comme l'oiseau, comme tu le sais peut-être, est tirée d'une chanson brésilienne intitulée Voce abuso. Ça ne parle pas d'oiseau, mais d'une femme battue... Pas tout à fait le même thème!

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  4. Oui cette chanson de Fugain est + belle que l ' originale brésilienne -
    D ' autres adaptations ont été moins heureuses -
    Nougaro a commis " ah tu verras " , pas terrible , alors que l ' originale " Ah que sera " est une des + belles chansons que je connaisse -
    M^me Moustaki a commis " j' sais pas danser " qui est assez lamentable , adaptée de " no balancé balancé " une chanson carnavalesque sympa , chantée par Gal Costa -
    Dommage - Il avait fait " les eaux de Mars " ( Antonio Carlos Jobim ) qu ' il avait vraiment bien faite , très fidèle aux paroles d ' origine -
    Il y a aussi Bernard Lavillier , rocker-crooner mais que j ' aime bien qui a fait de belles chansons sur le Brésil - il y a habité je crois -
    etc ... etc ...
    Tiens , ça me fait penser , je me suis dit que je vais peut-être essayer d ' écrire des paroles de chansons ... essayer ... La chanson française , qui a pourtant fait des trucs pas mal dans les années 60 , est maintenant dans un tel état lamentable que j ' aurais du mal à faire pire ...
    Bonne vie à toi , peintre-musicien !

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  5. @Monde Indien: En passant, les créateurs de la bossa nova se sont inspirés d'un chanteur français: Henri Salvador. C'est du moins ce que prétendait Gilberto Gil.

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  6. Henri Salvador a été un très grand créateur , de vraies chansons magnifiques et de chansons " comiques " + ou moins valables -
    Caétano Veloso a interprété , en français , une de ses très belles chansons : " Dans mon île "
    http://www.vagalume.com.br/caetano-veloso/dans-mon-ile.html

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