vendredi 31 octobre 2008

QUATRE VARIATIONS SUR LE THÈME DE L'HALLOWEEN

RÉCIT 1 - UN OURS BRUN & UN LAPIN ROUGE QUI PASSENT L'HALLOWEEN DANS LA P'TITE POLOGNE
RÉCIT 2 - LES BOULES NOIRES DE L'HALLOWEEN
RÉCIT 3 - LE CRAYON FEUTRE DE L'HALLOWEEN
RÉCIT 4 - L'HALLOWEEN CHEZ LES DRAG QUEENS

RÉCIT 1 - UN OURS BRUN & UN LAPIN ROUGE QUI PASSENT L'HALLOWEEN DANS LA P'TITE POLOGNE

Moi et mon frère benjamin avions chacun notre propre costume pour l'Halloween. C'est ma mère, une couturière formée à la Wabasso Textile et aux menus travaux payés à la pièce, qui nous les avaient confectionnés. Mon frérot avait été déguisé en lapin rouge et moi en ours brun.

Je détestais d'être déguisé en ours parce que j'avais l'air gros.

On passait l'Halloween dans la P'tite Pologne, au Nord de la Wabasso.

On ramenait toujours beaucoup de bonbons et on les mangeait.

Et vous savez quoi? J'ai encore mes vraies dents. Donc, on peut manger des bonbons sans retenue si l'on se brosse les dents régulièrement.

RÉCIT 2 - LES BOULES NOIRES DE L'HALLOWEEN

On avait seize ans, l'âge où l'on ne passe plus l'Halloween. L'âge où l'on prend plaisir à faire peur aux passants tous les jours de l'année. Et c'était pourtant l'Halloween et on voulait des bonbons, comme tout le monde. Mais on était cassés cette fois-là ou bien on gardait notre argent pour boire la fin de semaine. Toothpick, le plus frêle mais le plus audacieux d'entre nous, alla s'acheter des boules noires, des bonbons qui vous bleuissaient la langue compte tenu de je ne sais trop quelle teinture ils y mettaient. Tootpick suça une pleine poignée de boules noires et se les recracha dans la main pour ensuite se teinturer la face en bleu.

-Pis les gars?

-Super man. T'as l'air d'un vampire.

Toothpick partit avec un sac de plastique. Il sonna à une dizaine de portes. Puis il revint partager avec nous des tas de bonbons.

On y a pris goût, évidemment. On a fait la tournée de l'Halloween avec notre mascotte qui allait de porte en porte, rien que pour nous, parce que c'était un bon Jack, un gars qui aimait rendre service les soirs d'ennui. Au moins, cette fois, il ne les avait pas volés...

RÉCIT 3 - LE CRAYON FEUTRE DE L'HALLOWEEN

Il y a un cover charge de cinq piastres à l'entrée si tu n'es pas déguisé. Cinq piastres, c'est au moins une bière dans ce maudit club de péteux, Le Meurice à Quouibecqueciti. Une faune insolite se presse dans la file pour aller voir les péteux au Meurice. Je ne sais pas trop ce que je fais là mais je m'improvise un déguisement en repensant aux enseignements de Toothpick.

-Avez-vous du scotch tape quelqu'un? N'importe quoi? Faut que j'colle que'que chose... que je demande à tout un chacun.

Une fille sort de sa sacoche un bout de ruban gommé. Les filles ont toujours n'importe quoi dans leur sacoche, c'est pas mêlant.

À l'époque, je me rase la boule à zéro pour avoir l'air bouddhiste. Je prends un crayon feutre que je traîne sur moi et je me le colle sur la tête, simplement, avec le bout de ruban gommé.

J'arrive devant le portier, un gros barbu qui me dévisage de pieds en cap.

-C'est quoi c'déguisement-là? qu'il me demande d'un air dubitatif.

-Je suis déguisé en poète.

-En poète?

Et là il regarde encore mon crayon feutre collé sur le sommet de mon crâne dépoilu. Ça lui fait l'effet d'un satori. Le voilà qui rit de bon coeur.

-En poète! Hostie est bonne! Rentre... Bonne soirée man!

-Bonne soirée monsieur-le-déguisé-en-doorman!

Je fais fureur ce soir-là avec mon déguisement. Je suis même en nomination pour le plus beau déguisement de la soirée, au grand dam de ceux qui ont mis bien plus d'efforts que moi. Ma mise en nomination me vaut un pichet de bière. Un prix de consolation qui me réjouit. J'ai sauvé cinq piastres à l'entrée et j'hérite d'un pichet. Pourquoi se casser le cul, hein?

RÉCIT 4 - L'HALLOWEEN CHEZ LES DRAG QUEENS

C'est quasiment pas racontable cette histoire-là...

J'étais à cette époque un genre de rédacteur technique doublé d'un statisticien. Dix huit piastres de l'heure, conditions plus qu'excellentes, beaucoup de liberté quant à l'exécution de mes tâches: la job rêvée quoi!

L'Halloween s'en vient et mon boss, Valentino, m'invite chez-lui pour célébrer cette fête païenne.

Valentino m'avait dit que tout le monde serait là. Et là il me nommait les noms de tous les collègues du bureau, Clarissa, Sarah, Dorothée, Félicia, Ruth, etc. Je n'avais rien à foutre ce soir-là et je me dis pourquoi pas? J'avais un oeil sur Ruth...

Le hic c'est qu'il fallait se déguiser. C'était un party d'Halloween, non? Je regarde dans mon garde-robe: ça fait dur. Je ne peux pas leur refaire le tour du crayon feutre. Donc j'opte pour un déguisement tout en noir et je me fais un bandeau autour des yeux, découpé dans du drap noir, et hop! je suis devenu un bourreau! J'accroche une hache dans mes affaires et je lui mets un peu de pâte de tomates dessus. Puis je m'en vais chez Valentino.

Je savais que Valentino était un peu gay. Mais je ne savais pas encore que c'était une drag queen. Ni que le party s'adressait essentiellement aux gays.

J'arrive chez Valentino avec ma hache. Aucune des collègues du bureau ne s'y trouve! Pas même les gars! Je suis tombé dans un piège!!!

Valentino est déguisé en Michèle Richard et il est tout émoustillé de me voir déguiser en bourreau. Il y a aussi un grand Torontois déguisé en Dalida et un petit Haïtien déguisé en Donna Summer qui n'arrêtent pas de me demander si j'ai déjà joué au football ou si je m'entraîne pour avoir des muscles si rebondis. Paraît que j'ai pas besoin de mettre d'épaulettes dans mes costards et que j'ai des épaules solides, quoi.

Deux ou trois gars sont déguisés en cow-boys ou bien en curés. Et là, ils pensent tous que je suis gay, un top quoi, un bourreau barbu avec une hache qui vient les soumettre... Je suis déguisé en leur fantasme ciboire!

Tous les gars se mettent à danser: Dancinq Queen, Gino l'amoroso et toute la panoplie rose, en faisant de grands gestes féminins. Je suis dans La cage aux folles. Et ils dansent devant moi en se frottant l'un contre l'autre. Hum! Je bois ma bière plus vite et je quitte le salon qui leur tient lieu de piste de danse.

Pendant que les gars s'ébrouent les ailes, je vais rejoindre les filles dans l'arrière-cuisine, car heureusement il y a des filles sur les lieux. J'imagine qu'elles ne sont pas toutes lesbiennes. Je le souhaite ardemment d'autant plus qu'elles sont bien jolies. Mes paupières s'écarquillent. Je deviens plus volubile.

Sur le coup, je les intrigue un peu. Mon déguisement fait gay hardcore mais je le laisse rapidement tombé. Fuck le bandeau noir et la hache. J'aime mieux être moi-même devant la femme-chat, la ballerine, la soeur décadente, Vampirella, nunuche la branleuse et toutes les autres. Pendant que les gars s'amusent dans le salon, je parle de tout et de rien avec des filles qui commencent à s'emmerder royalement, surtout la femme-chat. Elles se sentent de trop. Elle me le dit. Je le lui dis. «Chez-toi?» «Chez-moi?»

Au bout d'une demie-heure, je pars en catimini avec Cat-Woman. Miaou! Elle traîne son fouet et moi ma hache.

Elle me confirme que nous étions les deux seuls hétérosexuels sur les lieux: le bourreau et la femme-chat. Pour le reste, y'a pas de quoi fouetter un chat.

Splouche! Splouche! Haaa!

Encore une fois: happy Halloween!

5 commentaires:

  1. Tes Halloween sont de plus en plus fructueuses. Ça commence petit, et ça finit par vraiment un gros "candy".
    La plus palpitante est vraiment la dernière mais la plus cocasse (pour moi), c'est vraiment de s'étaler du bonbon dans la face pour en avoir dans la bouche.
    On a toujours dit que l'argent attire l'argent, mais ici ce sont les bonbons qui ...
    HAPPY HALLOWEEN ! Et merci pour ces histoires.

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  2. Une crayon feutre dans le front.

    Comment tu veux te départir d'une image de même astheure? C'est bon, Bouchard, c'est bon en joual vart.

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  3. Hé bien tu vois ???
    Pendant que moi j'en écris même pas une, toi tu en écris quatre...

    Et splouche! splouche! Haaa!
    C'est comme ça que te vient l'inspiration ???
    ;-)

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  4. Heille, chuis la première abonnée.

    J'gagne-tu un couteau à patates, kekchose?

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  5. Toutes ces histoires sont vraies et ne doivent être répétées à personne...

    La première abonnée se mérite un Wally Waller two thousand six...

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