Magloire tient beaucoup du pachyderme. Il vivrait bien nu comme un éléphant s'il le pouvait. Mais il préfère porter vêtements et sous-vêtements pour se conformer aux us et coutumes de son peuple dans lequel il ne se reconnaît guère.
Tout le monde déteste Magloire. Bien qu'il soit jovial, son besoin d'attention est tellement immense qu'on finit tous par avoir envie de l'étouffer.
On ne le déteste pas parce qu'il est Acadien ni parce qu'il s'appelle Magloire. Je dirais même que son air de pachyderme n'a rien à voir.
On ne veut rien savoir de lui tout simplement parce qu'il est bizarre et un peu gluant dans ses bizarreries.
Le gros Magloire aime beaucoup parler des sites pornographiques qu'il fréquente sur l'Internet. Il raconte à tout le monde qu'il aime les corsets victoriens et autres trucs fétichistes.
Ça ne faisait même pas trois minutes qu'il avait été engagé à la quincaillerie qu'il racontait au patron et aux employés ses passions les plus bizarres, dont celle de fabriquer des porte-clés en forme de coeur et celle de pleurer souvent parce qu'il se dit un gars ultra-sensible.
Au bout de trois heures, on savait aussi qu'il avait fait de la prison pour exhibitionnisme dans les parcs. On l'avait aussi arrêté pour d'autres conneries pas racontables. Il aimait, entre autres, regarder sous les jupes des dames à l'église. Le curé avait dû lui interdire l'accès à l'église. Magloire s'était rabattu sur les évangélistes qui l'avaient aussi banni. Les bouddhistes, que l'on dit pourtant calmes et mesurés, avaient tellement été excédés par Magloire qu'ils lui recommandèrent aussi d'aller voir ailleurs. Pas une religion ne sut l'accueillir. La compassion a des limites et Magloire se tenait en-dehors des frontières de la pitié tellement il était désagréable.
Il n'est pas resté longtemps à la quincaillerie, Magloire. On l'a mis à la porte parce qu'il passait son temps à se sortir la langue tout en se massant les seins chaque fois qu'il parlait aux commis ou bien au patron.
Suite à la perte de son emploi, Magloire s'est acheté un béret rose et s'est mis à se promener presque tout nu dans le quartier. C'est-à-dire qu'il portait une robe de chambre et qu'il continuait à tirer la langue devant tout le monde en se massant les tétons. De plus, il chaussait des bottes de caoutchouc fleuries... De quoi se demander de quelle planète il provenait.
D'autres accusations lui sont tombées dessus, évidemment.
On l'a surpris en train de sucer des bananes à l'épicerie. Il les suçait devant tout le monde et les remettait ensuite à leur place. Le gérant de l'épicerie lui a fait comprendre que cela ne se faisait pas. Magloire l'a regardé dans les yeux en se pourléchant les lèvres et en se massant les seins. Le gérant a fait venir les agents de sécurité puis les flics, le lendemain, lorsqu'il revint pour sucer des bananes.
Que faire de Magloire? Les flics lui ont fait visiter une cellule pendant deux ou trois heures. Puis ils l'ont relâché en lui conseillant de porter autre chose que des bottes d'eau fleuries.
On l'a arrêté deux heures plus tard alors qu'il se zignait sur la statue de Monseigneur Lapêche en plein centre-ville.
Il a passé quelques heures de plus en cellule avant de passer devant un juge au Palais de Justice.
Le juge a recommandé une évaluation psychiatrique.
Le psychiatre lui-même s'est senti dégoûté et dépassé par Magloire.
-Ce gars-là va me rendre fou! Pas moyen de lui dire quoi que ce soit! qu'il s'est confié à sa femme. Magloire est complètement siphonné! Tu lui parles et il tire la langue en jouant avec ses bouttes! J'en ai vu des fuckés dans la vie mais lui... sacrament! Y'est pas battable...
Encore une belle histoire !
RépondreEffacerLes fous sont attachants - ils valent mieux que les méchants .
( une autre histoire ,
http://mondeindien.centerblog.net/35-l-arbre-de-la-connaissance )
@monde indien: les fous sont attachants...et attachés!
RépondreEffacerLes fous sont certainement attachés -
RépondreEffacerLes tarés qui saignent les pauvres à coup de milliards , dans une misère économique et culturelle qui génèrent ces folies dont tu parles , sont encore + fous et attachés que les petits fous que nous côtoyons -
Ces grands tarés , je ne les plains m^me pas -
Ils-elles sont de vrais méchant-e-s .