Germain Larriviste tenait son propre cabinet de psychiatre où il lui était loisible de soigner des hordes de dépressifs qui s'en remettaient à lui pour être délivrés du fardeau de leurs peurs.
Germain Larriviste était mince et toujours bien vêtu. Son teint frais et ses vêtements griffés respiraient le bonheur et l'argent bien investi. Il n'était pas très beau, mais son fric lui avait permis de se faire arranger le portrait comme on dit. De sorte qu'il avait l'air moins laid qu'il ne l'était vraiment. De plus, il sentait bon. Il s'achetait de l'eau de Cologne de première qualité à deux cents dollars pour cent millilitres. Il ne sentait jamais le gras de peau, même après une partie de squash ou de polo.
-Pourquoi le monde est-il si malheureux? disait-il à tout le monde pour marquer sa différence avec les esprits rustres et mal avisés. Les gens devraient faire comme moi. J'ai une maison, un chalet, deux piscines, trois automobiles, une moto, un yacht, une femme qui ne travaille pas et qui m'obéit au doigt et à l'oeil, deux enfants qui fréquentent le Séminaire, des amis dans le milieu de la haute finance... Bref, je suis gâté par la vie parce que je suis intelligent, brillant, génial, confiant envers mes forces et surtout sans faiblesses... Je suis un exemple de réussite et de confiance en soi! Ah! je ne suis qu'excellence!
Ce pharisien avait peine à contenir ses rires chaque fois qu'un patient racontait ses maux et ses misères. Il se défoulait avec sa femme et ses amis pour semer à tous vents ses impressions sur cette foule de corniauds qui venaient le voir.
-C'est évident qu'ils sont malheureux! Ils ne connaissent rien à rien! Je dois leur prescrire de la médication aussi forte que possible pour qu'ils cessent de m'embêter! Ha! Ha! Ha! Une fois bien gelés, ils se mettent à devenir presque normaux. Il faut qu'un filet de bave pende aux commissures de leurs lèvres avant qu'ils ne trouvent le repos de leur âme tourmentée par des peccadilles... Évidemment, ils ne savent pas placer leur argent ni jouer avec... Du coup, ils sont victimes de leur ignorance financière qui leur crée un dérèglement du cerveau... On n'enseigne pas suffisamment l'économie à l'école... Voilà. Je ne saurais voter que pour le Parti libéral ou bien pour la Coalition Avenir Québec... L'argent ne pousse pas dans les arbres... J'en fais parce que je suis rusé, futé et pro-actif... Et cette manie qu'ils ont d'être si négatifs... Je leur conseille tous et toutes de ne plus regarder les bulletins de nouvelles... Écoutez de la musique, pardi! Faites du vélo! Prenez du soleil... Ça ne coûte pas cher du soleil... On s'en achète pour trois fois rien dans les mers du Sud...
Tout allait fort bien dans la vie de Germain Larriviste, comme vous pouvez le constater. Et si tant de gens se pressaient à la porte de son cabinet, c'est bien parce que l'on ne cherche que ce que les autres ont trouvé. Larriviste connaissait le bonheur le plus compréhensible qui soit: un compte bancaire bien garni. On ne pouvait que lui accorder sa confiance. D'autres vous diraient de parler avec un philosophe. Comme si les philosophes n'étaient pas des pouilleux qui se contentent de peu pour faire semblant d'être contents.
Malheureusement pour Germain Larriviste, la vie n'est pas toujours le statu quo. Comme elle est changeante, elle ne va pas toujours dans la direction que veulent prendre les gens riches et intelligents.
Tout commença par un cancer dont la fulgurance dévisagea Germain Larriviste. Il devint si laid et si malheureux que toute sa pharmacopée ne suffit à le guérir de son désespoir. Il perdit sa femme, puis sa maison et tout le reste, ayant investi dans un traitement aux États-Unis qui valait au-delà de huit cent milles dollars américains. Son chalet passa au feu. Comme il tomba en chaise roulante, il dut cesser de conduire ses automobiles, sa moto et son yacht. Il vendit tout cela pour s'offrir un nouveau traitement tout aussi coûteux en Suisse. Il revint ruiné avec le visage encore plus difforme. Il ne pesait plus que trente kilos. Il s'était transformé en squelette ambulant qui sentait mauvais.
-Ah que je suis malheureux! disait-il à quiconque ne voulait plus l'entendre. Je vais mourir! Je le sens! Quel est le sens de cette fichue vie? Pourquoi tant de misère et d'amertume en ce monde? Pourquoi suis-je si vil, si nul à chier, si stupide?
Comme il n'y avait pas de réponses à toutes ces questions existentielles, Germain Larriviste goba un plein flacon de barbituriques et mourut dans l'heure qui suivit.
Quelle est la morale de cette histoire? Vous savez bien qu'il n'y en a pas. Comme d'habitude.
Comme disait notre frère Molière ,reprenant proverbe et cultures populaires , comme il le fit tout au long de sa vie , en digne acteur des planches :
RépondreEffacer" il n ' y a pas de sot métier , il n ' y a que de sottes gens ! "
Il y a m^me de bons psychologues qui donnent leur don à aider les autres .
Germain Larriviste sera sans-doute mort souffrant - souffrant certainement , non de ses cancers - mais de ne pas avoir vu que la moitié de notre bonheur réside dans le partage .
Nous n ' aurions m^me pas réussi à l ' en convaincre .
http://mondeindien.centerblog.net/31-troc-ou-partage
@Monde indien: Il y a beaucoup de sottes gens. Beaucoup. Mais il y en a d'autres qui ont l'humilité au coeur et la main secourable...
RépondreEffacerPeu nous cheut ( encore un coup de ce maudit vieux françois de mardre ! ) qu ' il y ait des cons et des connes , beaucoup en effet , le principal est qu ' il y a des gens KooooooL avec qui nous allons faire - c ' est sûr - notre monde !
RépondreEffacer( à propos de ton précédent post sur ce sujet , j ' enseigne à mes petits élèves non-pas la grammaire et l ' orthographe , mais qu ' on peut ouvrir notre gueule avec notre langue ( francaise ?? ) - ) . Peu importe l ' orthographe ou le wokabülère !!!