samedi 24 janvier 2015

Un coeur de pierre

C'était un homme froid avec un coeur de pierre qui savait parfois singer quelques émotions de bon ton pour ne pas être tout à fait ostracisé.

Tous les malheurs passés, présents et futurs de l'humanité ne suscitaient en lui que de l'indifférence, à moins que son argent n'y soit en cause. Alors là, il vous aurait inventé mille et une raisons, quitte à faire semblant de pleurer, ne serait-ce que pour préserver son fric.

Il ne se sentait pas vraiment seul en ce monde puisque dans son monde à lui les coeurs de pierre n'étaient pas une rareté. Il se trouvait des tas de personnes infâmes parmi les notables qu'il fréquentait pour préserver sa morale de merde, sa bonne réputation et ses honneurs immérités.

Il occupait un rang élevé dans la hiérarchie sociale. En plus d'être un homme d'affaires avisé, il était ministre dans le gouvernement nouvellement élu. Ministre de l'entraide sociale ou quelque truc pléonastique du genre, je ne me souviens plus.

Il s'était fait beaucoup d'argent à vendre trois fois le prix des maisons qui ne valaient rien. Le bon peuple, naïf et béat d'admiration devant tous les gros comptes bancaires, l'avait élu commissaire scolaire, puis conseiller municipal, maire et enfin député.

Quand il revenait du travail, rien ne l'amusait autant que de louer les services d'une escorte pour s'amuser à la fouetter à grands coups de ceinture. Ça le détendait de toutes les pressions subies au cours de la journée avec les médias, les manifestants et autres petits enfoirés qu'il aurait très bien pu écraser comme des punaises si cela n'avait pas nui à ses intérêts. Son épouse fermait les yeux sur ses fantaisies parce qu'elle savait qu'il était dangereux et sans pitié, même avec elle, son esclave en chef.

Ses amis Roger et Bérubé partageaient avec lui ces séances de flagellation d'escortes en tous genres.

Les escortes étaient d'ailleurs mieux de se la fermer si elles ne voulaient pas finir dans le fleuve, enrobées dans un sac de couchage, avec les pieds attachés à un bloc de béton.

C'était déprimant que de vivre en un monde où de telles charognes étaient récompensées jour après jour dans tous les médias pour avoir distribué des peccadilles prises sur l'argent qui était quotidiennement volé au peuple et transféré aux banquiers et autres fumiers de paradis fiscaux.

Ceux et celles qui n'avaient pas un coeur de pierre et qui raisonnaient un tant soit peu finissaient par rêver de voir s'écrouler tout ça plutôt que de se sentir toujours impuissants devant ces manquements constants à la dignité humaine.

Lui, il s'en foutait pas mal.

-Après moi le déluge! qu'il disait, cigare en bouche, après une session de libertinage bien payée.

Quand il voyait un mendiant, il l'insultait.

Quand on lui disait que les deniers publics étaient détournés vers les coffres des banques, il s'en gaussait.

C'était un homme de son temps.

Oui, c'était un vrai charognard.










3 commentaires:

  1. Ben oui ,
    le problème avec ces enculé-e-s c ' est qu ' ils ont le pouvoir - et ce n ' est pas qu ' un simple mot :
    ils ont les lois ( puisque c ' est eux-elles qui les font ) , donc aussi la " justice " ( puisqu ' elle ne fait que faire respecter ces lois ) et de m^me , la police , l ' armée , et enfin les médias et la culture ( qui comme chacun sait sont - comme le disait Mao à propos de la religion - l ' opium du peuple - pour le moins quand ils sont à la solde de ces crapules ! )
    Le capitalisme , le libéralisme , le système des héritages ne sont que tout ce que leur permet le pouvoir de ces lois et de cette force brutale -
    Il faudra bien trouver un moyen de se défaire de ces monstres si nous voulons vivre un jour heureux et heureuses - Et je répète à l ' envi que nous aurons du mal car je pense qu ' ils sont majoritaires - mais que celà n ' est pas impossible - bien au contraire - il y faut un peu de patience , de clairvoyance et de ruse -

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  2. On verra ce que décideront les Grecs aujourd'hui même...

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  3. Ils vont le faire !
    Ce n ' est pas une facétie de l ' histoire s ' ils avaient mis en mots , il y a 2000 ans , la démocratie , tout comme vos ancêtres indiens - votre tour viendra , j ' en suis sûr -
    Ma femme adorée Rochellaise et paysanne dit toujours : la roue finit toujours par tourner ! -
    Ici aussi en Gaule nous avons nos forces de vrai peuple - notre tour viendra aussi -
    De plus , nous sommes maintenant internationaux et donc + forts-fortes !
    Axè à toutes et tous !

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