dimanche 4 novembre 2012

Rien à foutre du bonheur et des états de grâce

Il n'y a rien de plus ringard que de parler du bonheur, surtout pour un niaiseux comme moi qui baigna longtemps dans la contre-culture et les préjugés favorables envers les artistes maudits.

Je devrais me taire sur mes états de grâce, ne serait-ce que pour les savourer au lieu de me répandre en élucubrations.

Les mots sont vains pour décrire une expérience humaine authentique comme l'amour ou bien les états de grâce.

Bien sûr que je peux vous raconter la recette mais vous n'en aurez que les idées des odeurs, saveurs et textures. La vie, elle se mange. Elle ne se raconte pas vraiment. Voilà pourquoi la plupart de nos lectures nous ennuient. Pour un Rimbaud il y a mille millions de poètes insipides. Pour un Dostoïevski, ce n'est guère mieux et ça bouffe du temps qu'on pourrait employer à ne rien faire. Devenir Rimbaud et Dostoïevski en même temps est bien plus difficile. Personne ne vous demande de faire ça bien entendu. Même moi, je ne veux rien savoir. Je préfère être niaiseux tout compte fait.

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Parlons maintenant du bonheur. Permettez-moi un peu de ringardise.

D'abord, il n'est jamais là vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Autrement, ça voudrait dire que nous sommes morts ou sous une trop forte dose de sédatifs. Il ponctue la journée, le bonheur. Il est là à 7:06 puis, hop! il revient à 7:47 jusqu'à 8:21. Il est bloqué un temps par une publicité. Puis par une tâche quelconque. Et c'est reparti pour du bonheur à 9:12. N'est-ce pas merveilleux?

Le bonheur, c'est capter un poste où tout n'est que sérénité et harmonie. Ça ne dure jamais des heures et des heures parce que nous avons autre chose à faire dans la journée que de capter la sérénité et l'harmonie. Il faut aller chasser. Il faut se plier et se faufiler ça et là. Il faut soigner les bobos inhérents à tous ces déplacements sans lesquels la vie ne serait pas aussi remplie d'images et de sensations. Il faut avoir mal au cul ou bien aux dents. C'est ça aussi, la vie, de la souffrance et du grouillis-grouillage pour rien.

Le bonheur, c'est quand on ne sent plus de pression. Quand on contemple l'ensemble d'un rapide coup d'oeil où le nombril se sent satisfait. C'est comme la sensation de planer ou de nager ou de sauter à cloche-pied ou de ne rien faire.

Évidemment qu'il se passe de grandes questions, le bonheur. Il est une réponse. Je veux dire que c'est impossible d'être heureux et de se casser la tête en même temps. Donc, sans sombrer dans le syllogisme, je dis que le bonheur ça ne s'explique pas, tiens. Et tout ce que je peux écrire là-dessus est déjà inutile et plutôt vain.

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«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent.» Le gars qui disait ça s'appelait l'Ecclésiaste. Ses amis l'appelaient Jointure parce qu'il avait une jointure fêlée. L'Histoire n'a retenu que l'Ecclésiaste. Il ne servait à rien de le surnommer Jointure. C'était même tout à fait vain.

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État de grâce: deux bouteilles d'un excellent rouge fruité et généreux, de la bonne musique, ma blonde à mes côtés. Le reste je m'en fous.

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Je retourne à mes pinceaux pour peindre des personnages qui sourient.

Le bonheur, c'est niaiseux...





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