lundi 28 décembre 2009

Le roman sans romance de Romain Romanow le Russe qui n'était pas Romanichel

Romain Romanow était Russe comme d'autres sont Romanichels. Il n'y voyait là rien de bien particulier puisqu'à Rome on fait comme les Romains.

Ce n'est pas qu'il se trouvait à Rome, Romanow. Il se trouvait plutôt à la Pharmacie Populaire pour s'acheter des capotes. Ce n'est pas qu'il baisait particulièrement par les temps qui courent, mais bon, c'est quand même plus propre si vous voyez ce qu'il veut dire.

C'est du moins ce que nous a rapporté la caissière de la pharmacie, une femme un peu grossière qui accoste les clients avec des formules du genre «M'sieur, savez-vous ça? J'ai pogné la picole.» Et là vous lui demandez ce qu'est la picole.

-La peau du cul qui décolle! Arf! Arf! qu'elle répond, en gloussant comme une grosse dinde.

Et vous vous dites, franchement, on n'a pas élevé les cochons ensemble. Et le lendemain la voilà qui vous raconte sa vie et dit n'importe quoi sur les immigrés, dont Romain Romanow.

Quant à Romain Romanow, eh bien il se cachait toujours derrière sa barbe. Il ressemblait vaguement à Karl Marx qui porterait des bigoudis. Oui, Romanow portait aussi des bigoudis, allez savoir pourquoi, ce qui est tout à fait banal à Twois-Wivièwes, où tant de gens attrapent la picole. Sans compter qu'on y picole jusqu'à ne plus s'étonner de rien.

Il paraît qu'hier en achetant ses capotes, toujours selon la grosse dinde qui a la peau du cul qui décolle, Romanow aurait dit qu'il aimait bien prendre un café de temps en temps.

La caissière lui a répondu oui, imaginez.

-Oui j'aime ça e'l'café moé tou!

Et elle a un rendez-vous avec Romanow. Romanow qui est tombé sur la fleur des fleurs de toute la ville, la grosse torrieuse qui a la picole et vous raconte n'importe quoi n'importe comment.

Pas plus tard qu'il y a trois jours elle médisait sur Romain Romanow. Elle disait qu'il sentait l'ail et l'oignon frit, la crème sûre et les patates moisies. Et là, franchement, elle s'excite de finir dans son lit, parce que les bigoudis ça lui rappelle des bons souvenirs.

-Ma tante en portait des pareils! qu'elle disait. J'espère qu'i' aime e'l'cognac, Romain, pa'ce que moé j'tanke en tabarnak! En tout cas, j'sais qu'i' a des capotes pa'ce qu'i' vient n'acheter tous 'es jours! Arf! Arf! Arf! On va fourrer en hostie pour moé.

Les clients se demandaient s'il fallait se plaindre au gérant. Mais ils n'avaient pas que ça à faire, se plaindre.

-Qu'A' s'fasse fourrer par un Russe ou ben un truck d'la voirie m'en crisse!

Les gens sont comme ça, de par chez-nous. Ils n'aiment pas les files d'attente.

Ils n'ont pas la patience des Russes...

 

 

 

5 commentaires:

  1. kesse tu veux que je te dises ?

    bonne soirée (aprem pour vous, enfin... berf)

    RépondreEffacer
  2. même pour les bigoudis ?

    RépondreEffacer
  3. Cette vérité m'assommes ben raide, moi le montréalais barbu ... qui ne dit pas un mot de russe !

    RépondreEffacer