Essayez-le pour voir. Essayez de vous procurer un roman de Milan Kundera dans une bibliothèque publique. À moins que je ne sois frappé d'une guigne terrible, je ne suis jamais arrivé facilement à mettre la main dessus. Évidemment, Kundera est un grand romancier. Cela peut expliquer, partiellement selon moi, l'engouement des lecteurs pour les quelques exemplaires de Kundera que l'on trouve dans les bibliothèques publiques. Je conçois aussi que l'on ne peut juger d'une situation à partir d'un maigre échantillon de lecteurs trop chiches ou trop pauvres pour s'acheter les romans de Kundera. Ils font donc la queue pour le lire. J'ai été du nombre, je l'avoue volontiers. J'ai fait la file pour Kundera, et non seulement pour Kundera, mais c'est une toute autre histoire...
Évidemment, cela ne vous dit pas où je veux en venir. Et je ne sais pas trop où je m'en vais avec cette anecdote, mais je vais y arriver, croyez-moi.
Donc, voici ma démonstration, qui ne vaut guère mieux que celle d'un Rogatien dans la télésérie Taxi 22. Selon l'ignorant que je suis, ce n'est pas facile d'emprunter Kundera dans les bibliothèques publiques du Québec tout simplement parce que l'on s'y reconnaît tout de suite, comme si le monde vain, absurde, bureaucratique ou ridicule décrit par Kundera, dans un roman tel «La vie est ailleurs» par exemple, représentait aussi notre société sclérosée par des sermons soviétiques. La poésie s'est vraiment perdue quelque part, quoi qu'il en soit. Et c'est ce que tend à me raconter Kundera, un Tchèque qui a écrit son oeuvre en exil.
Après Tchekhov, me voilà à délirer sur Kundera pour en arriver au thème de l'exil.
Le plus fameux cas d'exil intérieur, en littérature, est sans doute de Mikhaïl Boulgakov, génial auteur du roman «Le Maître et Marguerite»(Мастер и Маргарита), , mon roman préféré vous l'aurez deviné. Boulgakov n'a pas pu publier ni jouer ses pièces de théâtre sous le régime stalinien. Il a vécu d'absurdes boulots de gratte-papier, tout en étant le plus grand auteur russe du vingtième siècle. Son âme, il l'a réellement coulé dans son oeuvre qui pourrissait dans ses tiroirs, compte tenu de la censure du régime communiste. Interdit de vivre de son métier d'écrivain, Boulgakov adresse à Staline, au début de juillet 1929, une requête dans laquelle il demande l'autorisation de quitter, avec son épouse, l'U.R.S.S. D'autres que lui en sont morts.
Il est mort le 10 mars 1941, en dictant à son épouse, de son lit de mort, des corrections à apporter à son roman «Le Maître et Marguerite»(Мастер и Маргарита).
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