Je suis un Métis. Je ne le suis pas officiellement, parce que les règles me semblent trop complexes et parce que je n'ai pas un rond à mettre sur un généalogiste pour prouver que je suis d'ascendence iroquoise, huronne-wendate, attikamekw, micmac et, bien sûr, ouest-européenne, voire kényane puisque les premiers hommes proviendraient de cette région du monde...
Je sais intrinsèquement que je suis un Métis. Dans mes gênes, tout converge vers des racines dites «de Sauvage», tant du côté paternel que maternel. La honte de passer pour des «Sauvages» (les «Juifs» et les «Gitans» du Québec...) a fait en sorte que cette partie de notre histoire a été volontairement occultée, au fil des ans, pour que nous puissions nous fondre totalement aux mythes de la Laurentie catholique et canadienne-française, mythes repris ensuite en filigranes dans le discours nationaliste québécois. Nos ancêtres sont devenus Frontenac et l'intendant Talon, uniquement.
Nos ancêtres autochtones ont été oubliés, rejetés hors de notre histoire, comme une vieille pantoufle dont on n'a plus besoin, comme une vieille peau de serpent au pays du grand cercle de la vie.
La langue nous a fourchue, par nécessité. Parce que nos ancêtre autochtones étaient sédentaires, puis déplacés, déportés, comme c'est souvent le cas des pauvres de nos jours.
De toutes les tribus du Québec, il semble que ce soit les tribus nomades qui s'en soient tirées le mieux. Les Cris, les Inuits et les Innus parlent encore leur langue: ce n'est pas un rêve, mais une réalité.
Les Hurons tentent désespérément de recréer une langue que plus personne ne parle depuis 200 ans. Il ne reste plus qu'une vieille chanson de Noël et un Notre Père en huron ou, si vous préférez, en wendate. Le groupe, dont ma grand-mère paternelle est issue, semble s'être complètement assimilé aux francophones. Une assimilation qui n'est pas à sens unique, par ailleurs, puisque la fameuse «ceinture flêchée», symbole traditionnel du folklore québécois, est aussi le symbole traditionnel des Wendates.
Cela dit, il se pourrait bien que les Européens soient au Québec depuis 20 000 ans. C'est du moins ce que prétendent plusieurs anthropologues qui se sont penchés sur le sujet. Des hommes de Cro-Magnon auraient tout simplement pêché le long des banquises pour finalement aboutir en Nouvelle-Angleterre, puis au Québec, où ils se mêlèrent avec d'autres tribus provenues du Kamchatka ou du Tibet. Dans ce contexte, il me semble que le nationalisme et l'idenditarisme est toujours un phénomène toujours situé dans un court intervalle de temps, rarement plus de 2000 ans, qui ne tient compte que des vérités qui ne contredisent pas leurs slogans.
Je suis un Métis, un parfait bâtard. Je me suis identifié comme tel lors du dernier recensement fédéral. Pour vous prouver que l'on ne doit pas faire des farces avec de tels sujets, j'ai reçu un traitement spécial. J'ai passé deux heures au téléphone à répondre aux questions stupides d'une fonctionnaire de Statistiques Canada. Et quand je dis deux heures, c'est vraiment deux heures, avec des questions comme celles-ci:
1) Avez-vous une ceinture flêchée à la maison?
2) Fumez-vous le calumet de la paix?
3) Votre père, votre grand-mère ou votre cousin savent-ils construire des canots d'écorces?
Deux ou trois mois plus tard, pour me remercier d'avoir répondu à toutes ces questions plus ou moins stupides, j'ai reçu un calendrier affreux, qui semble avoir été monté à la hâte à partir d'albums à colorier (sic!).
C'est ma première démarche en vue d'une reconnaissance en tant que Métis.
J'entends montrer mon «calendrier colorié» à tous ceux qui douteraient que je sois un peu Huron-Wendate, Attikamekw et Micmac. Mon calendrier est mon nouveau passeport pour être reconnu pleinement à titre d'autochtone à 50%...
kuei (bonjour)
RépondreEffacerje suis heureuse de voir qu'il y a des gens qui pense comme moi. je fais partie d'une organisation que le gouvernement essai d'éteindre. car notre but est d'unir les métisse qu'il se réveille et reprenne leur place au québec.
Alors que le créateur de protège et te guide sur le chemin rouge....
Josanne métisse et tres fière de l'être.