Boisclair a démissionné à titre de chef du Parti Québécois (PQ). Il n’y a rien d’étonnant à cela. Même si le score du PQ était mauvais aux dernières élections, je prétends qu’il aurait été encore plus mauvais avec Pauline Marois ou n’importe quel autre chef du PQ.
Le problème du PQ n’est pas le chef. Le problème du PQ ce sont ses idées surannées, ce vieux verbiage passéiste sur la décolonisation, l’impérialisme et Ottawa-la-méchante. Ces conneries finissent par faire bayer aux corneilles non seulement les électeurs, mais aussi plusieurs militants souverainistes qui ressentent une petite gêne d’être représentés ainsi comme faisant partie d’une ligue « communiste-ouvrière » du vieux poêle… Le problème du PQ c’est sa raison d’être : l’indépendance du Québec coûte que coûte, dusse-t-on faire quelques distorsions à la vérité.
LE CIEL EST BLEU, L’ENFER EST ROUGE…
Mon père a toujours été un libéral, c’est-à-dire un Rouge, sans pour autant provenir d’une famille de bourgeois.
Mon père provenait d’une famille très pauvre du Bas-du-Fleuve. C’était une famille de 18 enfants. Il aurait souhaité continuer ses études. Il aurait aimé devenir médecin ou avocat, le rêve de toute personne aspirant à un avenir meilleur dans le Québec des années ’30 qui, incidemment, ne savaient produire que des médecins, des avocats, des politiciens, des curés ou… des joueurs de hockey!
Ses études ont terminé abruptement. Duplessis, à la même époque, disait imbécilement que « l’éducation c’est comme la boisson : y’en a qui ne supporte pas ça. » Les Rouges, au contraire des Bleus, croyaient en la modernisation de la société québécoise, en la possibilité pour tout un chacun de trouver une meilleure place au soleil.
Mon père était Rouge, pas Rouge comme Lénine, mais Rouge comme T.D. Bouchard, Rouge comme Jean Lesage, Rouge comme René Lévesque (il a été Rouge, ne l’oublions pas!), Rouge comme Pierre Eliot Trudeau…
Il n’aimait pas les Bleus. Cependant, il a suivi René Lévesque en 1976. C’était la première fois de sa vie qu’il ne votait pas pour les Rouges. Il s’est probablement dit qu’il y avait un fond rouge chez Lévesque.
Il a vite déchanté. C’était en 1978. À l’approche du référendum, dans le but de former la plus large coalition nationaliste qu’ il soit possible de former, le PQ a cru bon de faire une fleur à l’Union Nationale en sortant des caves de l’Assemblée Nationale la statue de Maurice Duplessis.
Dès l’inauguration de la statue, mon père a déchiré sa carte de membre du PQ : « J’le savais don’ que c’était des maudits Bleus! » Il redevint Rouge, pour longtemps et jusqu’à sa mort.
Il détestait autant le PQ qu’il avait détesté l’ Union Nationale.
« Le ciel est Bleu, l’enfer est Rouge » disait-il, pour rappeler les sermons que les curés faisaient à leurs ouailles pour les inciter à voter pour « Maurice ». « Les péquistes, on leur dirait de manger d’la marde et ils en mangeraient si le chef leur disait que c’était bon. C’est ben des maudits Bleus comme du temps de l’Union Nationale! »
Le Québécois moyen est loin d’être un mouton, comme le prétendent certains souverainistes qui ne font que bêler en chœur les mêmes comptines d’enfants et les mêmes slogans depuis 40 ans.
Le Québécois moyen déteste les chefs omnipotents, les « amis du peuple » autoproclamés, les positions tranchées, le manque de nuances.
Au fond, c’est parce que le peuple québécois ne suit pas le PQ que j’ai vraiment l’impression qu'il n’est pas un peuple de moutons. Les Québécois sont constitués d’hommes et de femmes libres, provenant de tous les horizons, qui n’ont pas besoin de se faire dire quoi et comment penser pour être considérés comme des Québécois à part entière.
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