vendredi 7 juillet 2017

Pourquoi je n'aime pas entendre hurler

Je suis allergique aux cris et aux hurlements. Quand on hausse le ton devant moi c'est comme si quelqu'un faisait crisser une craie sur un tableau noir. Cela vient me chercher jusque dans le fin fond de mes testicules. Cela fait monter ma température et la vapeur finit par me sortir par les oreilles. Tant et si bien que je ne vois plus clair et que je ne réponds plus de mes actes.

Je suis une personne relativement calme. Je crois, sans rire, avoir une voix douce. Je parle plutôt posément et suis affable. Peut-être que je suis ainsi pour imposer mon style. Ou bien pour me protéger du bruit, des cris stridents et autres sautes d'humeur qui menacent de révéler au monde le Mister Hyde qui est en moi.

Plus une personne est hors d'elle-même devant moi et plus je deviens froid et posé. Si la personne en question n'est pas capable de se calmer et continue de gueuler, je dois me retenir pour ne pas la gifler ou bien la grimper dans le mur en la tenant par la gorge...

Évidemment, je me retiens. Surtout si c'est une femme. Je n'en ai jamais blessé une seule. J'ai appris à fuir les femmes qui hurlent plutôt que de les confronter.

Mais je crains parfois de ne plus savoir me contenir devant un homme qui cherche à m'intimider avec des hurlements de gorille. Pour tout dire, j'ai peur de mes réactions devant quelqu'un qui hurle devant moi. Il ne sait pas qu'il me scie les testicules. J'ai l'air calme, emphatique et tout le tralala, mais en hurlant il réveille en moi le monstre qui sommeille. Et il est affreux, ce monstre. Il perd la carte et se réveille seulement après avoir commis l'irréparable.

***

On dit qu'il faut se méfier des gens calmes.

Et je me méfie de moi.

J'ai le physique d'une armoire à glace. Je ne crains personne et je le dis sans vantardise ou fanfaronnade. Je me crains, moi.

Il m'arrive de penser que la génétique intervient dans mon caractère tout aussi calme qu'explosif.

Ma mère était soupe au lait. Mon père aussi. Les meilleures personnes du monde jusqu'à ce que vous abusiez de leur bonhomie.

Les colères de mon père, surtout, étaient démesurées.

Mon père devait rencontrer le directeur de ma polyvalente. J'avais été expulsé de l'école pendant une semaine pour avoir balancé un banc de palestre de trois cents livres au bout de mes bras, comme si c'était un fétu de paille.

-Monsieur Bouchard, lui dit le directeur, votre fils est dangereux. Il a balancé un banc de palestre de trois cents livres au bout de ses bras et a pété les murs du gymnase avec un extincteur d'incendie... Toute la classe avait peur et s'est enfuie en courant... Il devrait consulter un psy...

-Tabarnak de calice de ciboire de christ! hurla mon père en tapant des deux poings sur le bureau du directeur. Qu'on vienne me dire que j'su's un gros nounours parce que j'su's pas bon au volleyball pis moé 'ssi j'casserais toutte étole de viârge de calice!

Le directeur me fit réintégrer l'école. Il conclut que mon problème était sans doute génétique.

Mon prof d'éducation physique m'avait traité de gros nounours, effectivement, et j'avais pété les plombs. J'ai une vision perturbée par l'astigmatisme et cela affecte mon focus quand c'est le moment de faire la réception d'une balle ou d'un ballon. J'étais donc un mauvais joueur de baseball, de volleyball et de badminton. J'étais par contre excellent pour la natation, le ski de fond et le canotage.

Heureusement que ce genre d'épisode de violence ne s'est pas reproduit souvent. J'ai pu me rendre jusqu'à l'université et éviter la prison pour meurtre.

***

Je suis l'homme le plus calme du monde. Mais ne criez pas devant moi, je vous en conjure. Je vous dis ça pour votre bien...

King Kong est gentil avec un peu de bouffe et un peu d'amour.

Mais ne venez pas le piquer. Ne cherchez pas à le confronter. Tenez-vous loin de lui et calculez une bonne distance pour prendre la fuite.

Il ne vous fera aucun mal si vous le laissez rêver, boire et manger sans faire trop de bruit...



4 commentaires:

  1. C ' est rigolo ton texte - tu avais déjà un parlé de ça je crois - c ' est rigolo comme l ' existence nous réserve à chacun.e des destins (!) si différents -
    Moi , par exemple , je n ' ai rien d ' une armoire à glace , mais pas malingre non-plus - un type normal , quoi - j ' ai sans-doute m^me de quoi me frrriter avec [ presque ] n ' importe qui .
    Oui mais voilà - ...
    peut-être est-ce la conséquence d ' un père trop effrayant ? ou de je ne sais quoi d ' autre ( ? ) , voilà que je me retrouve être quelqu ' un qui s ' effraye du battement d ' ailes d ' une mouche - ( j ' exagère un peu ) - les années passant j ' arrive un peu à dépasser ce lamentable état et il m ' est m^me arrivé ces dernières années de me prendre par deux fois frontalement avec deux terribles crétins -
    Je n ' en suis pas devenu , hélas , un gros-bras pour autant -
    Je me console en me disant que la vie m ' a appris à me méfier de ceux.celles(?) qui ont de + gros biscottos que moi comme le feraient de petits choucas au passage d ' un tigre - La situation me convient bien - ;) ;)

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  2. @Monde Indien: Je ne voulais pas tant montrer mes muscles, avec ce texte, que démonter ma tête et exposer mon âme...

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  3. T ' inquiètes , on avait compris - peace !

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