L'homme a fondamentalement le besoin de tout expliquer, de tout comprendre et, bien entendu, de concevoir le monde comme un tout ordonné dont rien ne lui échappe.
Je me reconnais dans cet homme-là. Je suis moi-même atteint de cette manie de tout expliquer. Une manie qui n'a pas que des avantages. Les questions meurent parfois dans les explications. Il ne reste alors qu'une science sèche et amère qui ne peut être remise en question puisqu'on prétend avoir trouvé la réponse pour toujours et à jamais.
La jeunesse est particulièrement propice à ce type de comportements qui, sous prétexte de lutter contre tel ou tel fanatisme, en épouse tous les caractères.
Il m'est arrivé d'être athée comme une roche et cynique comme une pierre envers l'amour.
Tout s'expliquait par l'échange des fluides corporels et les réactions biochimiques qui y sont associées. L'homme me semblait une machine à peine plus complexe que les autres. Elle nécessitait son changement d'huile ponctuel. La spiritualité était ridicule et essentiellement comparable à la peur d'un grille-pain confronté à l'idée qu'une panne d'électricité pourrait survenir. L'amour était encore plus un mensonge que nous nous faisions tout un chacun pour jeter un peu d'encens et d'incantations sur la bestialité désavouée de nos actes sexuels.
Les plus sensibles d'entre vous aurez sans doute compris qu'on ne va pas loin dans la vie avec de telles idées. En ne laissant pas de place aux mystères de l'existence l'amour ne trouve pas son chemin. D'où la science sèche et amère, désenchantée et même ironique.
Le scientifique le plus zélé ne tolérerait pas cette idée que l'amour échappe à toutes les définitions.
C'est pourtant le cas. C'est le mien à tout le moins.
J'ai eu le privilège de grandir auprès de parents qui s'aimaient tendrement.
Mon père et ma mère formaient un couple d'amoureux exemplaires. Ils marchaient encore main dans la main après trente ans de mariage. Je les aurai vus toute ma vie s'embrasser, se caresser et se dire des mots doux. Tant et si bien que j'aurai même cru qu'il feignait l'amour. Les parents de mes amis étaient tous séparés, divorcés ou bouillants de colère l'un envers l'autre. C'était ça pour moi, la normalité d'une vie de couple: se détester, crier comme des fous, se lancer des batteries de cuisine par la tête.
Cet amour que mes parents manifestaient m'aura rendu la vie dure au tout début de mes relations dites amoureuses. Je cachais que je croyais en l'amour pour passer pour un gars bien de son temps. Je ne voulais pas que l'on me prenne pour un gars fleur bleue qui voit des anges là où il n'y avait qu'une fille qui disait tu mets une capote et il n'y a pas de problèmes...
Je me suis donc retenu d'aimer et, pour faire comme tout le monde j'imagine, j'ai fait semblant de ne pas avoir besoin d'amour.
Évidemment, cela ne fonctionnait pas comme je le souhaitais. Les sentiments empiétaient sur mes désirs. Quelque chose clochait avec ma science et mes fines explications.
D'une relation à l'autre, j'ai eu de moins en moins honte d'aimer, malgré les échecs inévitables et les mauvaises passes. Quelque chose me disait en moi-même que l'amour existe encore, aussi stupide que cela puisse paraître.
J'ai trouvé cet amour il y a seize ans aujourd'hui. C'était quelques jours avant la Saint-Valentin. Je niaisais sur des sites de clavardage et, d'une niaiserie à l'autre, j'ai rencontrée ma douce. Elle habitait à Saint-Hyacinthe et moi à Trois-Rivières. Nous nous sommes rencontrés par un jour de verglas et ne nous sommes plus jamais quittés depuis. Ce fut un coup de foudre instantané, suivi d'un irrépressible besoin d'aimer et d'être aimé.
Avec elle, je n'eus plus aucun doute sur l'amour. Ou si peu que cela ne vaut pas la peine d'en parler.
Je me suis senti aimé comme jamais je ne l'avais été. C'était une sensation douce et étrange qui bouleversait tous mes points de vue sur l'amour tel que je le concevais jusqu'alors.
Je n'étais plus amer. Je n'étais plus cynique. Je n'étais plus un grille-pain qui craint une panne d'électricité.
Cet amour n'a aucunement été affecté par les années. Il s'est épuré, clarifié, illuminé.
Je la vois encore dans ma soupe. Je pense à elle à tous les jours, à tous les moments de ma journée et j'en rêve même la nuit quand je dors à ses côtés.
Elle est plus que ma muse. C'est ma compagne de vie. C'est mon interlocutrice préférée. C'est mon amour.
Nul mot n'est assez fort pour vous décrire ce que je ressens face à ma bien-aimée.
Saint-Valentin ou pas, tous les jours sont devenus pour moi la fête de l'amour.
Sans vouloir déplaire à qui que ce soit, il me semble qu'un tel amour relève plus de l'exception que de la règle.
Je ne saurais vous dire pourquoi la vie m'a gratifié d'une telle récompense.
Serait-ce à porter sur le compte de l'amour que mon père et ma mère éprouvaient l'un envers l'autre?
Je n'en sais trop rien à vrai dire.
Je suis certainement un privilégié.
L'amour est un état de grâce d'autant plus précieux qu'il est rare sur cette Terre.
Ça ne court pas les rues.
On le voit plus souvent au cinéma que dans la réalité.
Pourquoi moi, hein?
Je me le demande tous les jours...
Je vous souhaite, chers lecteurs et lectrices, de rencontrer un tel amour pour combler d'infini toutes vos questions sans réponses.
Je vais sûrement passer pour un gars fleur bleue.
Mais si vous saviez comme je m'en fous maintenant...
Sans doute y a-t-il d ' autres façons d ' aimer , mais je sais que celle que tu décris existe car c ' est la mienne aussi , et je remercie la vie de me la donner - Souhaits à vous deux !
RépondreEffacer@monde indien: Ouais! Et c'est un privilège qui n'est pas accordé à tout le monde malheureusement... Je me sens comme un exploiteur d'amour qui en reçoit plus que sa part!
RépondreEffacerVingt-deux ans en mai prochain qu'on est ensemble, moi et ma poupoune. On est chanceux, j'imagine. On évolue mais au lieu de nous séparer, comme ça aurait pu être le cas. Ça nous rapproche, on dirait.
RépondreEffacerC'est ma meilleure amie. Ma confidente. Mon amante.
Être en relation amoureuse pendant vingt-deux ans pour une bebitte indépendante, solitaire et sauvage comme moi, c'est surprenant.
@Misko: Ma blonde est aussi sauvage que moi. C'est le ciment de notre couple: ce besoin de ne pas s'étourdir en groupe...
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